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Dimanche 15 novembre 1467, à 10h, Bibliothèque du palais d'Alessandro ....

Étienne revêt ses plus beaux habits et attend Indibil pour accéder au Palais.

« Ne soyons pas agressifs... Il faut installer l'idée que
de cet entretien
tous ne peuvent qu'en sortir gagnants! »

le « Grand Chancelier » de Chalion accorde audience
Ce dimanche 15 novembre 1467, à 10h, en la Bibliothèque du palais dy Jironal en Sacedón ...


Ne soyez pas en retard

Un parfum de lavande se dégage doucement de l'homme bien baigné, vêtu d'une cape de sable sur une chemise blanche. Au-dessus de sa poitrine gauche est brodé un arbre portant cinq fruits bigarrés.

« Bien sûr, mon jumeau. Je suis indifférent à toute préoccupation personnelle et je ne me soucie que du royaume. On espère que les preuves que nous avons contre dy Jironal l'aident à voir la situation de la même manière. »

Déclara-t-il avec un clin d'œil hyperbolique.

dimanche 15 novembre 1467, à 09h30

Les gardes à la porte font attendre les compères,
le temps que le Gardien vienne les chercher
et surtout confirmer leur droit d'accès.

Le Gardien est prompt à venir.
Beaucoup moins, à les laisser entrer.

« Messires, « le Maître des Lieux » est absent.
On me fait dire que vous prétendez avoir « Audience » en ces lieux ...
Ce n'est pas l'usage de la Maison ... »

Raide et blafard, le Gardien escorte les compères jusqu'à la bibliothèque.

...

Étienne parle sauf si Martou est annoncé par le portier...

« « Grand Chancelier », « Commandeur-Général de l'ordre du Fils » ,« March dy Jironal »,
et « Provincar dy Ildar » , je vous salue ! »

dit Étienne avec une révérence.

« « Grand Chancelier », « Commandeur-Général de l'ordre du Fils » ,« Grand Patron des Bouffons Battus » et « Chat autoproclamé et grand intimidateur aux souris, je vous salue ! » »

Indibil imite les salutations de son jumeau, s'inclinant en révérence.

Si Martou avait eu l'habitude d'abuser du vin, il eut pu croire qu'il voyait double
mais en fait, les deux personnages, bien que de mines semblables, étaient très différents l'un de l'autre
et cela était vrai aussi dans leurs salutations.
Pourquoi n'avait-il pas fait rosser ce manant comme il le méritait...
Martou avait toujours été fier de son habilité politique
mais, depuis qu'il prenait conscience de toute la duplicité de Dondo, ses certitudes volaient en éclat
et peut-être était-il temps de trouver une porte de sortie ?
Néanmoins : Le capitaine n'abandonne pas le navire lorsque se lève les vents mauvais.
Sans faire part de sa surprise de voir les jumeaux, l'intendant relança les hostilités d'un air désinvolte :
« Lorsque le chat est fatigué de jouer, cela se finit généralement par un coup de patte ou de crocs fatal. »

« C'est une consommation à souhaiter ardemment !
Mourir... dormir... dormir : peut-être rêver... » Dit-il, montrant un sourire saugrenu.
« ... mais dans ce sommeil, quels rêves peuvent venir ? »

Indibil secoue la tête d'un détresse momentanée, puis sourire encore.

« Mais puisque mon jumeau pourrait trouver énervant de me voir déchiré en lambeaux sous votre patte,
je m'efforcerai d'être le plus amusant possible, afin que le chat ne se lasse pas du jeu. »

...

Étienne y va d'un sourire indulgent.

« Excusez mon compagnon. On ne peut aller contre sa nature. Il est un baladin...

Je suis, de mon côté, homme des Grands Espaces. Permettez-moi de m'exprimer en fables animalières...
Évidemment, comme toute fable, il ne faut pas voir une correspondance physique entre l'animal et son modèle.
La Grandeur morale est en tout point supérieur à la physique, votre excellence!

Un lion fatigué prématurément règlait sur la partie centrale d'une péninsule.
Il n'y pouvait rien, une Malédiction était la source de son état.

2 frères règnant sur le Royaume durant les 'absences du Lion'.
D'un cigale, l'autre fourmi.
La cigale, qui ne pensait qu'à fêter, fut mangée par un Renard tricolore, rouge, bleu et blanc.
La fourmi fut sage et chercha à guérir ou remplacer le Lion.

Mais le Lion ne pouvait être sauvé.
Il y avait deux jeunes lionceux prometteurs dans le Royaume,
l'un au tempérament de cigale, l'autre de fourmi.

La fourmi ne pouvant devenir Lion,
reçu un songe lui indiquant qu'un autre Lion aux inclinaisons de fourmi
vivait quelque part dans l'Ouest...

Je continue ? »

Le discours d’Étienne quoi que obscure pour le moment semblait contenir une part de sagesse et l'intendant fit signe au poète adepte des grands espaces de continuer afin de savoir à quelles préconisations pouvait aboutir cette fable.

« La fourmi, habile, se méfiait de ses voisins du Ponant,
deux renards ne sachant que se disputer.
Ce qui n'était pas bon pour la péninsule.

Mais les Renards et les Lions peuvent vivre en bonne entente,
afin de repousser les attaques septentrionales.

La cigale, s'alliant avec le jeune Renard, ne s'est jamais doutée
que son allié avait un autre frère, plus jeune. »

Étienne se redresse et quitte le monde des fables

« Il existe un Prince qui serait
le meilleur parti pour Iselle- pour le bien de la Péninsule! »

Étienne parlait politique, un langage qui convenait parfaitement à Martou.
« Vous êtes affiliés à l'ambassadeur Payo Gomez dy Sotomayor et donc à Ibra.
Vous n'avez eu de cesse que de comploter contre ma famille.
Les mariages de Chalion sont traditionnellement tournés à l'est et Brajar.
En quoi un un Prince d'Ibra marié à Iselle pourrait assurer le bien de la Péninsule ? »