« De bien bonnes nouvelles que voilà ! Comme je vous l'ai annoncé, vous serez certainement accueilli à bras ouverts. »

Il commença à trancher son jambonneau d'un timide coup de couteau, avant de reprendre la conversation, tout sourire.

« Je compte sur vous pour ne pas les brusquer, »
« Ni en profiter pour trop les frusquer. »
« Car, ayant subi l'ire du dodo dodu, »
« Ils ne méritent pas d'être en plus tondus. »

« Les nichées des environs se retrouvent emmurées. »
« Les oisillons s'y blottissant, tous ligotés. »
« Même si ces clients ne sont pas du milieu, »
« Ils sauront mettre à profit leurs bras, leurs têtes, leur yeux. »

« Débusquer les suivants du dodo dodu »
« Et retrouver leur prestance, désormais perdue. »
« Ce doit être les objectifs des nichées encore vivantes. »
« Ce qu'elles pourraient faire en piaillant auprès d'autres, vaillantes. »

Un poème improvisé qui saurait émoustiller les oreilles d'un amateur lambda... et retourner celles d'un amateur plus avisé.

« Oooooooooooooohhhh ! »
Le marchand grimace.
« Et que risquerais-je à contenter
un adversaire d'un si bien né ? »

Tout en terminant de mâchonner son morceau de viande, Javier haussa les épaules.

« Promouvoir l'inaction serait sans appel : »
« L'extinction, douce, lente et cruelle »
« De l'espèce, dans son intégralité. »
« Ce n'est pourtant pas une fatalité. »

« Débusquer les nourrices, les neutraliser »
« Et ainsi se libérer de ses liens trop serrés. »
« Retrouver la sensation de voler »
« Et pourquoi pas, à terme, se venger ? »

Javier soupira, tout en prenant le temps d'avaler les patates sautées qu'il avait en bouche.

« Rien de plus difficile que de faire le premier pas. »
« Fondre sur son prédateur, en faire sa proie. »
« Pour autant, je le comprends, il faut être sûr de soi »
« Pour ne pas finir sa course, écrasé sur un toit. »

« Les pions du plateau ne sont pas encore bien placés. »
« Trouver qui souhaiterait avancer revêt une certaine complexité. »

« On peut toutefois participer au jeu, sans en être un acteur. »
« Laisser l'action aux autres, rester en observateur. »

« Les nourrices du dodo sont très bien cachées. »
« Toutes rumeurs et révélations seraient très appréciées. »
« De bouche à oreille, ou dans des tapis, tissés »
« De tels gazouillis seraient bien utilisés. »

« Tout de suite, et maintenant, ou dans quelque temps. »
« Le plus tôt serait le mieux. La balle est dans votre camp. »

En souriant, le marchand opine du chef, presque imperceptiblement

« Vous ne croyez pas si bien dire !
C'est surprenant tout ce qu'on peut trouver fourré dans les tapis ...
de la poussière de toutes les couleurs, des messages encodés,
des feuilles à fumer et mêmes des donzelles à peine formées ! »

« Je m'en tiens aux étoffes, je ne me mêle pas de tapis.
C'est trop peu rentable, pour bien trop d'ennuis. »

« Maintenant, si vous voulez bien m'excuser.
J'ai longue route à faire demain, je dois me reposer.
Je vous souhaite la bonne Nuit. »

Javier acquiesça, saluant le marchand en levant sa chope dans sa direction.

« Ainsi soit-il. Puissiez-vous bien vous reposer. »
« Ne me reste plus qu'à trouver l'entrepôt »
« Où stationnent ces tapis, à l'abri de l'eau. »
« Si vous souhaitez me faire avancer, vous savez où me trouver. »
« Des étoffes bien enroulées et bien livrées »
« Peuvent cacher bien des choses, à n'en pas douter. »

Il passa ensuite un peu de temps en salle, à papillonner un peu et à récolter les rumeurs flottant dans l'air.

Il se commanda un bain pour se décrasser convenablement.
Il paya ensuite sa chambre, pour la rejoindre aussitôt.

Fermant sa porte à clé et posant du petit mobilier derrière par précaution, il joncha les environs de la porte de petites billes métalliques avant de s'allonger sur son lit, gardant tout de même son armure de cuir sur lui, ainsi que son arbalète de poing et son carquois de carreaux à portée de main.

La chevalière du Saint-Général suspendue à son cou par sa chaînette, il la serra quelques minutes, ses yeux fixant le plafond de sa chambre.
Dans quoi me suis-je fourré ? Est-ce réellement moi que vous avez choisi pour sortir le Saint-Ordre de l'abyme dans lequel il se trouve, ô Fille ? Je ne suis qu'un vaurien parmi tant d'autres...

L'esprit bourdonnant de questions, Javier finit par ranger la chevalière sous son armure, auprès de son coeur, avant de s'abandonner à sa fatigue. La nuit n'était plus si longue... Il devrait être reparti dès les premières lueurs de l'aube...

Javier se réveilla soudainement, l'espace d'un sursaut. Le soleil n'était pas encore levé, et les occupants de l'auberge semblaient être encore occupés à ronfler.
Javier alluma la bougie posée sur sa table de chevet, avant de rapidement balayer sa pièce du regard.


Visiblement, rien n'avait bougé; ce qui le rassura en partie.

Il ramassa les billes d'acier qu'il avait éparpillées à proximité de sa porte et se prépara pour le voyage à venir.

Un morceau de pain, un peu de fromage, suivie d'une chope de cidre, et il serait parti pour le Nord...

A moins que quelque chose ne vienne, entre temps, contrarier sa volonté. Mais il se sentait prêt à affronter ce que cette journée lui apporterait. Cette courte nuit de sommeil lui avait étrangement apporté vigueur, endurance et résolution...

regarde ICI

Rien ne vient s'opposer à ce que Javier reprenne sa route.

Galopant vers le Nord aussi vite que le manque de visibilité le lui permettait, Javier n'avait qu'une idée en tête: atteindre la procession provincarienne au plus vite.

Le problème de la sûreté des routes ne devrait normalement plus être posé, s'il se basait sur les dires du "marchand" d'étoffes.
Pour autant, il resterait sur ses gardes et observerait tout ce qui pourrait sortir de l'ordinaire durant cette nouvelle chevauchée...

Javier reste attentif à ce qui l'entoure, malgré la pénombre enveloppante
Perception Jormund lance 2d20p+4 et obtient 12 (16, 8)

Alors que Javier galope « à tire-d'aile » sur la route à peine éclairée par de rares étoiles, un minuscule crachin embrume l'air.

samedi 18 février 1467 , 07:00

Dans l'aube naissante, Javier voit devant lui une longue colonne de cavalier dont les capes bleues claquent au vent.

Devant lui se découpaient les silhouettes de nombreux cavaliers du Saint-Ordre de la Fille. Etait-ce le tant recherché convoi provincarial ? Il fallait qu'il en ait le cœur net...

Il sortit un bref instant la chevalière attachée à son cou et la serra dans son poing droit.

Ô Fille. L'un des derniers remparts contre la déliquescence du Saint-Ordre se trouve devant moi. Est-ce celui que vous avez choisi pour porter votre voix en ce bas monde ?

Il rangea ensuite l'anneau avant de rejoindre au petit trot les frères-soldats.

Ce n'est qu'une fois à portée du peloton de queue qu'il se mit à les haranguer.

« Conscrit Segura du Saint-Ordre de la Fille ! »
« J'ai une missive de la plus haute importance à destination du Général-dédicat Dy Yarrin ! »
« Se trouve-t-il dans ce convoi ? »

« Oui, bien sûr.
Il est là. » dit l'un des deux cavaliers de queue.

pendant que son comparse sort sa corne et sonne le signal de la halte.

Javier prit donc la direction donnée par le soldat.

Portant son poing droit au niveau de son cœur, à l'endroit où pendouille la chevalière dissimulée sous son armure, Javier observa le provincar une poignée de secondes avant d'incliner sa tête.


« Général-dédicat dy Yarrin. »
« Je suis le conscrit Segura. J'ai participé avec ser dy Palliar à votre exfiltration et à la sécurisation de vos documents il y a de cela quelques jours. »
« Le légitime Saint-Général de l'Ordre m'a mandé de vous transmettre ce mot, écrit de sa main, pour vous convaincre de ma bonne volonté. »

Il défit son poing posé sur sa poitrine pour tendre au provincar la missive lovée dans une des poches intérieures de son manteau.

« Le Saint-Ordre doit tenir. Par la volonté du Saint-Général. Par la Volonté de la Fille. Et par les actes des valeureux pris dans la tourmente. »

Le Saint-Général lit la missive directement sur place, sans descendre de son cheval.
Le mot est court, la lecture est rapide.
Il se tourne alors vers le cavalier qui chevauche à son côté : « Connaissez-vous cet homme ? »

Celui qui se penche alors pour reconnaitre Javier n'est autre que Ser dy Palliar lui-même !

« Oh Oui !
Un bon gars ... et un sacré « difímatar » !
Il a réchappé à Gotorget ET AUSSI aux galères roknares ensuite.
Un solide. »

« Bon.
Courte halte alors !
On garde une seule compagnie, les autres continuent et montent le campement de la mi-journée »
Il descend alors de sa monture et s'adresse à Javier.
« et bien faisons quelques pas pour que vous m'expliquiez ce que vous avez à me dire. »

Javier descendit également de sa monture et lui fit signe de l'attendre d'un geste franc de sa main.

Il accompagna le provincar dans sa marche.

« Général. »
« Je ne vous apprends rien en vous disant que de bien sombres nuages couvrent actuellement le Saint-Ordre de la Fille. »
« Le vautour qui va bientôt se nicher à sa tête ne peut-être arrêté dans son ascension. Ses partisans remplissent les rangs du Saint-Ordre à mesure que le temps passe. Les hautes instances de la Royacie se contentent d'observer ce qui se déroule sous leurs yeux en haussant des épaules... »

« Seule une intervention du Roya pourrait changer le cours de ces événements... »

« Si les danses dans les hautes sphères semblent être menées par ce fat, celles se déroulant dans les caniveaux de Cardegoss peuvent encore être interrompues, si l'on prend le temps de s'y intéresser. »

« En plus de tenir les puissants dans le creux de sa main, Ser Dondo tient les oubliés, les rebuts et les voyous par la gorge. »
« Il dirige d'une main de fer toute la distribution de substances et de marchandises illicites de la région. »

« Herbes, poudres... et même très jeunes filles... »

« Mettre un terme à ses répugnantes activités porterait un coup retentissant aux coffres de cet individu. En plus de décroitre son pouvoir de corruption, et son influence dans la région. Et de le pousser à la faute. »

« Les frères-soldats de la Fille sont les yeux et les bras de la Paix sur les routes de la royacie. »
« Portés par un objectif commun, ils pourraient se montrer d'une redoutable efficacité. »

Il marcha silencieusement pendant un bref instant avant de reprendre, la main posée sur le cœur..

« Le Saint-Général dy Parillas m'a envoyé pour vous implorer de continuer à lutter. De tenir malgré la houle et de s'organiser pour survivre. De frapper lorsque le besoin se fera ressentir et de repousser ce qu'il faudra repousser. »

« La Déesse l'appellera bientôt à ses côtés. Il me l'a confié. »

« Reprendrez-vous les rennes qu'il sera contraint de lâcher ? Marcherez-vous dans ses pas, et aiderez-vous l'Ordre à naviguer dans les flots déchaînés qui manquent de la submerger ? »

« Les routes ...
Oui ...
Les routes et les voies ...
l'approvisionnement ....
OUI. »
Pensif, le général marche à grand pas vifs ... à l'unisson de la cavalcade de ses pensées ...
« Je comprends cette nécessité
de tenir ...
de résister ...
d'endiguer ... »
Il se tourne vers Javier
« Je vais m'y employer. »
« Loin de Cardegoss et des griffes de ces frères corrompus. »
« Mais je vais organiser tout ce que je peux avec les fidèles que je connais.
et surtout préparer la relève. »
« Dans un premier temps, je rentre chez moi.
Et je me charge de tout cela. »