« ...ends ceux des chevaux. »

Jean avait beau être proche d'elle la rôdeuse eut l'impression qu'il lui parlait d'extrêmement loin.

Depuis combien de temps était-elle plongée dans cette torpeur ? Qu'avait-il bien pu se passer pour que l'habituelle grande gueule qui la caractérisait lui ait fait défaut quand elle avait revu Sélène et Mélor ? Runica n'avait guère pipé mot depuis bien trop longtemps.

Par Malar il était temps que je me réveille. songea-t-elle furieuse envers elle même.

« Quelle plaie bordel. Pourquoi c'est toujours la merde quand on est tous au même endroit ? » râla-t-elle en visant le loup situé au bout de son champ de vision.

Elle bandit son arc et décocha trois flèches en sa direction.


« Karaka, chasse l'autre. » ordonna-t-elle à son compagnon.

Le serval obéit immédiatement et se dirigea vers l'autre créature qui s'attaquait aux chevaux. Après une course rapide l'animal sauta sur sa proie en vue de lui infliger le plus de dégâts possibles.

Eryn frappa le prédateur face à elle, prête à reprendre sa revanche.

Mélor partit au secours d’Eryn, un peu esseulée face à son adversaire. D’un puissant coup, aidé par sa magie, il entailla les jambes arrière de l’animal, alors qu'Eryn s'occupait de faire tomber quelques crocs à l'animal. Dolit et Carmina apportèrent également leur contribution à la curée par une flèche bien placée.
Cependant, l'animal, maintenant passablement enragé, tenait toujours debout. D'un bond, il se retourna, et mordit Mélor, le projetant au sol grâce à sa puissance.

Jean, libre de son combat, alla chercher d’autres ennuis auprès de l’assassin d’Erdules et de Bonatare. Au terme d’une charge enragée, il taillada profondément la créature. Mais celle-ci était d’un autre bois que les animaux que le rôdeur connaissait, et malgré la fureur déchainée par le rôdeur, la bête tenait toujours debout !

Pendant ce temps, Runica décochait ses flèches contre le monstre qui s'en prenait aux chevaux. Ses trois traits touchèrent, mais en étant trop éloignée, ils ne portèrent pas assez de force pour ébranler le loup-tigre. Celui-ci, piqué au vif, chargea l'archère, la renversant au sol tout en lui faisant de profondes blessures. Heureusement, Runica eut assez de force et de souplesse pour éviter d'être étreinte par les pattes de l'animal.

Karaka s'élança vaillamment vers l'adversaire bien plus fort que lui désigné par sa maîtresse. Faisant preuve d'un courage et d'une détermination étonnante chez un animal, il planta ses petites griffes dans le pelage épais de la bête. Celle-ci, trouvant dans le serval un adversaire plus dangereux que les chevaux, se retourna contre lui. En quelques secondes, Karaka était jeté à terre, sanguinolent. Il ne tiendrait pas quelques secondes de plus face à ce monstre redoutable.

Sylas et Vaillant s’échinaient à aider Echtach à finir le loup-tigre qui leur faisait face. A eux trois, ils en vinrent à bout.

Si les aventuriers avaient été surpris dans leur sommeil par ces bêtes discrètes et organisées, leur vaillance leur permettait de reprendre le dessus. Cependant, les deux camps comptaient des pertes...

Dans la forêt

Clostriana se pencha vers le loup et, du bout du doigt, lui toucha la truffe en incantant, revigorant sans peine l'animal. Voyant les deux bêtes féroces aux prises avec Mélor, Eryn et Jean, elle se dirigea alors vers les animaux, voyant le félin de Runica en mauvaise posture et pointa le loup du doigt:

« Vaillant, attaque! Sylas, Echtach, si vous pouviez... »

Le chien grogna et chargea bille en tête en direction du loup-tigre pendant que Sylas opinait du chef:

« Bien, m'dame. »

Il se mit alors lui aussi à courir, bouclier levé, en direction de l'animal pendant que Clostriana ajoutait une simple injonction de pouvoir pour revitaliser Karaka

Du coin de l'oeil, jean aperçu la bête fondre su Runica.
San hésiter, il utilisa son formidable déplacement pour fondre sur elle et l'assaillir de ses multiples coups.
« Croc Noir avec moi. »

Mélor commençait à en avoir marre de se faire mettre au sol par ces créatures. Celle qu'il avait devant lui semblait être proche de la mort. Aussi ne réutilisa pas la même stratégie que la fois d'avant pour pouvoir se relever, mais il attaqua directement pour l'achever.

« Clostriana, mon épaule ! » Mélor savait que la guérisseuse allait encore lui tomber dessus plus tard pour ne pas avoir fait attention à sa blessure, mais il allait avoir besoin de soins s'il voulait rester efficace.

Face à au cadavre de son ancien ennemi, Eryn se retourna pour pourfendre le loup-tigre derrière elle et ainsi protéger les arrières de Jean.

La rôdeuse avait envoyé son compagnon protéger les chevaux malgré la différence de puissance entre les bêtes et elle le regrettait déjà tandis Karaka avait souffert lors de l'assaut.

Mais elle avait toutefois un problème plus urgent à régler. Elle était au sol et dangereusement exposée. Runica se relevant en essayant de laisser le moins d'ouverture possible à son adversaire puis fit un petit bond en arrière avant de décocher une flèche dans sa direction. « Crève saloperie. »

Libre de toute menace, stratégiquement placée, Clostriana dispensait ses soins aux animaux combattants bravement contre cette vermine géante. Croc-noir, sous l’ordre de Jean, maintenant ragaillardit, fonça sauver Runica, en bien mauvaise posture. Ses crocs se plantèrent dans la chair poilue de l’animal, encore plus enragé par son sang versé. Jean, laissant son adversaire à Eryn au mépris du coup reçu dans son dos, volant bravement au secours de Runica, au bout d’une puissante charge, transperça également l’animal d’un puissant coup de hache. La rôdeuse, ainsi libérée de l'emprise de l'animal, se relevant avec peine, banda rapidement son arc pour une flèche qui complétait cette attaque.
Cependant, malgré ces coups mortels et nombreux, couverte de sang, la créature d’origine magique et nécromantique tenait encore debout. Trouvant en Jean un adversaire plus teigneux que la femme, le Loup-Tigre se jeta sur le rôdeur. Malgré la puissance des coups reçus, Jean, dopé par sa rage, tenait droit sur ses jambes, le corps lacéré par toutes les attaques furieuses du monstre déchainé. Mais pour combien de temps encore ?

Mélor, projeté au sol il y a quelque secondes, décida de profiter de sa position inférieure pour taillader les jambes du loup-tigre. Passant son épée jusqu'au niveau supposé du coeur, il acheva la bête, qui faillit s'écrouler sur lui. Dolit et Carmina s'assurèrent par leurs coups respectifs, qu'elle ne se relèverait pas.

Eryn, ainsi libérée, se tourna vers l'ancien adversaire de Jean. Son coup d'épée ne l'acheva pas, mais l'ébranla suffisamment pour que le loup-tigre, peut-être intimidé par la force de la foi de la paladine, rate toutes ses attaques.

Runica étant épaulée, Echtach décida de suivre Sylas et Vaillant. Sa charge impressionnante se solda par des gerbes sauvages de sang que seul un orque peut produire. Sautant haut dans les airs, sa grande hache s'enfonça deux fois dans le crâne de la bête avant qu'il ne soit retombé au sol. Le loup-tigre, presque décapité, s'écroula sous cet assaut qui montrait toute la fureur dont était capable le demi-orque. Un instant, le temps sembla s’arrêter. Personne dans cette bataille n'aurait survécu à une telle charge.

Dans la forêt

En regardant autour de lui, le soldat voyait tomber les créatures les unes après les autres. Celles qui restaient n'allaient pas faire long feu, alors le soldat scruta autour de leur camp pour s'assurer qu'aucun autre ennemi approchait, tout en faisant quelques moulinets de son épaule pour faire passer la gêne causée par sa blessure ouverte.

(en Familier) « Balar, assure-toi que personne d'autre n'arrive. »

Le petit hérisson répondit aussi sec à son maître. (en Familier) « Tu crois que je fais quoi depuis tout à l'heure ? »

« Merci mon grand. » déclara Runica à l'adresse de Croc noir.

La rôdeuse fit un nouveau pas en arrière puis déclencha une salve de flèches en direction de la créature qui l'avait blessée.

Jean aurait peut-être du avoir la sagesse de s'appliquer à se défendre vaillamment mais habituer à triompher et accompagné de son fidèle croc-noir, il pensait pouvoir venir à bout de la grosse bébête... son déluge de coups resta pourtant bien vain.

Devant la réussite de son coup, elle refrappa encore.

Eryn et Runica achevèrent les deux dernières bêtes, mettant ainsi fin au combat.

Mélor, prudent, scruta la pénombre afin de percevoir si d’autres créatures, tapies, attendaient leur heure. L’obscurité et le silence de la nuit répondirent au guerrier mage et à son familier. Il semblait que rien d’autres ne se préparait.
Mais en était-il bien certain ? Les loups-tigres avaient profité de son propre tour de garde pour attaquer. Si ses connaissances étaient bonnes, les félins étaient d’excellents chasseurs, très discrets. D’autres monstres pouvaient se tenir à vingt mètres de là et il pourrait ne pas le savoir.

« Karaka, reviens. »

Runica rappela son serval puis examina les alentours. Certes le combat s'était achevé mais il était probable que d'autres créatures rodent dans la forêt et possiblement près d'eux.

« Tu sens quelque chose ? » demanda-t-elle à son compagnon tandis qu'elle inspectait également les environs en reniflant l'air ambiant.

Devant la fin du combat, Clostriana se précipita vers les corps allongés pour voir ce qu'elle pouvait tenter mais elle n'avait pas grand espoir. Sa magie n'était pas encore assez puissante pour guérir ce genre de choses et ses talents de médecin ne pourraient rien y changer. Sylas, lui nettoyait sa lame et félicita le chien d'une énorme gratouille derrière la tête:

« Rappelle-moi de ne jamais te mettre en colère, d'accord? »

Le molosse aboya puis se dirigea vers sa maîtresse qui finissait sa sombre tâche et se tournait vers ses camarades. Nombre d'entre eux étaient blessés et elle allait avoir du travail pour les guérir mais elle ne pouvait être sure qu'il n'y ait pas d'autres dangers aux environs et elle devait donc faire vite. Point d'auscultation et de travail manuel, la magie allait devoir y suppléer, aussi les appela-t'elle à se réunir pour qu'elle puisse procéder:

« Les blessés, rapprochez-vous de moi. Les indemnes, montez la garde. »

Incantant dans le calme, elle ajouta alors une phrase dans une langue incompréhensible mais dont les mots résonnaient de puissance à mesure qu'elle les déclamait.

Même si le binôme ne détectait rien aux alentours, Mélor et son familier s'approchèrent à la demande de Clostriana, et le soldat apprécia la sensation de revigoration qui accompagnait la fermeture de ses blessures. Il se massa légèrement l'épaule et regretta que cette blessure ne puisse pas disparaître. Elle s'ouvrait définitivement trop souvent.

Clostriana rassembla le groupe autour d’elle, et invoqua une fois de plus la puissance guérissante de Lurue. En quelques instants, tout le groupe était à nouveau sur pied, à part Jean, dont les blessures répétées avaient été plus profondes que les autres.

Les sens affutés de la rôdeuse et du guerrier-mage ne détectèrent aucune présence à part celle des multiples cadavres dont le sang, pas encore coagulé, abreuvait la terre.

Sortant sa baguette de vigueur, elle invoqua sa magie pour lancer un sort de guérison sur Jean qui allait prendre du temps, celui là.

Reprenant du poil de la bête grâce aux soins de Clostriana, Jean était d'une humeur massacrante.

Bien que l'attaque n'ait pas eu lieu pendant son tour de garde, il s'en sentait responsable.
Se faisant milles reproches aussi inutiles que vains, il déplorait surtout la mort de trois compagnons et de sept chevaux dont sa jument, Jolie-donzelle.

Homme d'action, il hésitait sur la conduite à tenir. Tout ce sang versé attirerait inévitablement les prédateurs de la région.
Devait-il déplacer les corps au prix d'un labeur harassant en pleine nuit?

A tout prendre, il préférait bouger le campement de quelques kilomètres.
C'est donc ce qu'il proposa à ses compagnons.