Message secret.Eryn leva sa main en guise d'adieu pour sœur Béorna, tandis que le corbeau tournoyait autour d'elle.
Meldo'ch brisa l'instant solennelle.
« Comme vous le savez Dame Eryn, votre amie Éléonore de Sangris m'a engagé pour veiller sur vous et utiliser mes remèdes pour que vous puissiez à nouveau retrouver votre aplomb. »
Eryn se retourna en affichant un air désolé, regrettant la promesse faite plus tôt et ayant une pensée pour son Eléonore.
Ma pauvre chérie, tu aurais mieux fait de garder tes pièces plutôt que de prendre un gardien d'enfant.
Elle décida de jouer carte sur table, ne cherchant cependant pas à froisser son compagnon forcé.
« Je le sais bien. D'ailleurs, sieur Meldo'ch... c'est bien comme cela que vous vous nommez ? Vous devez rester en ma compagnie pendant combien ? Pour être franche je ne crois pas avoir besoin de vos services. Je vais bien mieux depuis quelques jours...
- Vous m'êtes assez charmante pour espérer rester en votre compagnie tout le reste de mon existence madame, mais je pense que nous nous séparerons lorsque nous aurons avancer dans votre thérapie... Je vous en prie, si je ne peux vous appeler Eryn de Liret, appelez moi simplement Meldo'ch !
- Ma "thérapie" ?!
La raison est surtout que je ne vois pas pourquoi on devrait m'appelez comme ça, n'étant pas noble, je n'ai droit à aucun titre ! »
Eryn monta sur sa monture en allant dans ses pensées. Elle se dit qu'elle allait peut-être jouer le jeu, un jour ou deux, pour avoir la paix avant de le congédier. Elle estimait ses promesses comme une chose sacrée, elle ne pouvait pas faire moins. Meldo'ch ramena la jeune femme au réel par un ton enthousiaste.
« Tout à fait, votre thérapie. Votre bien être m'importe plus que tout à présent.
Je tiens en outre à vous dire que c'est un plaisir d'être à vos côtés. Je suis impatient de voir l'un de vos exploits de mes propres yeux ! Me raconteriez-vous l'histoire de la libération de relais ? Je veux dire, la vraie version, pas les rumeurs des villages ni les romances imaginées des bardes ! Avez-vous entendue leurs chansons ? Avec vos compagnons ? Je suis un piètre chanteur mais je pourrais vous en faire un morceau si le cœur vous en dit... D'ailleurs voyez-vous encore vos compagnons d'armes ? Allons-nous les rejoindre ou bien errer selon la détresse des opprimés comme à votre habitude ? »
Eryn commença à faire avancer son cheval vers le nord pour annoncer le départ.
« Vous allez le savoir certainement... et non je n'ai pas perçu les échos des bardes sur le relais... et non... nous ne sommes pas revus depuis.
Nous avons besoin d'informations, et je ne voudrais pas vous faire courir de risque.
D'abord à la mine qui est sur notre route, car il y a un lieux de culte dédié au Prince de sang non loin. Cela uniquement pour en savoir plus en cas de besoin, et non partir explorer seuls. Ensuite nous continuerons jusqu'à l’Abbaye de Vallirée. Le voyage durera plusieurs jours, mais là-bas au moins je suis presque certaine de trouver mes réponses. »
Meldo'ch acquiesça, avant qu'Eryn ne reprenne la parole d'un air interrogateur.
« Vous semblez presque tout savoir de moi, mais ce n'est pas réciproque, mise à part que vous n'êtes pas originaire de la baronnie.
- Je suis arrivé depuis plusieurs années, j'utilise mes talents pour rendre les gens heureux, les soulager de leurs maux du corps comme de l'esprit.
- Oui et c'est d'ailleurs la seule chose que je sais. Vous utilisez la magie pour le faire ?
- Non, du moins pas directement. Il m'est plus agréable et gratifiant de mettre en avant la botanique, la réflexion et l'introspection ainsi que la communion avec ses émotions et les énergies de la nature. Dame Eléonore de Sangris m'a confié vos troubles et leur potentiels causes. J'ai déjà suivi un cas similaire ! Voilà comment nous allons procéder... Ce soir, et comme chaque soir, nous allons tous deux respirer des inhalations d’encens et vous me raconterez comme vous avez ressentit votre journée, les sentiments éprouvées et leur échos, je veux dire, ce dont votre regard un peu plus détaché peu conclure de cela. Ensuite nous parlerons de vos espoirs et de vos craintes pour le lendemain avant de mettre un collier de pierre de granit et de calcaire pour le couché. Le lendemain matin, vous me raconterez vos rêves, vos visions et ce qu'elles vous évoquent. Pour seul petit déjeuner, je ne vous autoriserai qu'une poignée de feuilles de mandragore mélangée à des noix sauvages. Je retirerai la cosse au soleil levant pour en préserver l'essence, ne vous inquiétez pas ! Puis nous rechercherons tous deux un arbre au tronc assez large pour l'enlacer et communier avec l'énergie du vivant tellurique ! »
Eryn le regarda fixement. Elle ne savait pas s'il se moquait d'elle ou s'il se prenait au sérieux, mais elle était cependant consciente qu'elle ne s'engagerait pas dans cette perte de temps.
« Vous avez... vraiment aidé des personnes ?
- Bien sûr ! Votre amie a fait ma connaissance lorsque je rendais service à son noble père pour d'horribles problèmes d'articulations ainsi qu'un accommodement... aux commodités... Le résultat fut tellement positif, qu'elle songea directement à vous ! Cela même si j'en convient que raconter ainsi, la relation peu sembler malheureuse...
Sans vouloir me vanter, il est vrai que les effets bénéfiques ne sont que rarement apparues aussi vites, à part peut-être avec un problème de boisson d'un nain vivant dans les marais de Hagetlande. »
La paladine plongea dans une multitude de plans pour se dégager de sa promesse et se séparer du mystique sans le froisser lui ou Eléonore...