Clostriana observa les échanges avec intérêt mais elle n'avait qu'une envie: rentrer chez elle. Elle attendit patiemment et poliment le bon moment pour prendre congé. Elle tenait à voir son père mais avant tout, elle avait une question à poser à Sylas:
« Tes parents, où puis-je les trouver? »
« Mes parents vivent en bordure de la ville. Pourquoi? »
« Oh, pour rien. J'ai envie de les rencontrer, c'est tout. »
Sylas sentait que la noble ne lui disait pas tout. Mais au final, que risquait-il? Au pire, il allait pouvoir la présenter à ses parents et vu le nombre de fois où sa propre mère l'avait tannée de rencontrer une fille bien... Et bien, pour une fois, elle allait être servi.
Sylas et Clostriana se rendirent donc dans le coin des tanneurs, où l'odeur était si forte qu'on l'avait placé à l'écart. Sylas toqua.Son père partit vendre ses peaux, il fut accueilli par sa mère qui l'étreignit solidement, malgré son armure:
« Sylas, mon petit! Ca fait plaisir de te voir! »
« Moi aussi, j'suis content de te voir, m'man mais je suis pas tout seul! »
« Oh, oui, pardon. Mais entrez, entrez donc. Qu'est-ce qui nous vaut le plaisir? »
La mère observa Clostriana de pied en cap, passablement étonnée de voir quelqu'un comme elle venir dans ce quartier mais son fils parla, ne lui laissant pas le temps de poser d'autres questions:
« Oh, je rentre de mission. Et Clostriana voulait vous rencontrer. »
« Nous rencontrer? Mais pourquoi? Je vous ai déjà vu, en ville. Vous êtes noble. De Laurencis, celui qui a construit les bâtiments, c'est votre père, non? Je vous ai vu lors de la dernière foire, vous étiez assise dans le coin des nobles. »
« Je tenais à voir les parents qui avaient élevé un homme si formidable, voilà tout. Il a veillé à ma protection depuis maintenant un certain temps et j'étais curieuse. »
« Ah. D'accord. Si vous avez rien de mieux à faire... Allez, fils, viens donc me raconter ce que tu as fait ces derniers temps. »
La réponse de Clostriana était ce qu'elle était et la mère de Sylas était une femme simple, aussi cela lui convenait-il. Clostriana et Sylas discutèrent donc avec la mère de ce dernier, en attendant que son père ne rentre. Puis finalement, quand il revint de sa transaction, la mère proposa aux jeunes gens de rester manger, Clostriana acceptant la proposition. La soirée se passa donc dans la joie et la bonne humeur, le jeune homme ellipsant les passages les plus dangereux pour ne pas inquiéter ses parents. Il n'évoqua cependant pas sa relation avec la noble dame, préférant éviter que sa mère n'en fasse une syncope de joie. Clostriana écoutait calmement puis, alors que la fin de la soirée approchait, elle prit la parole pour demander quelque chose:
« Avant que nous ne nous séparions, je tenais à vous remercier. Sylas m'a protégé durant ces mois que nous avons voyagé ensemble. Il a risqué sa vie pour me protéger, au début pour de l'or puis, avec le temps, pour une autre raison... »
Naturellement, elle attrapa sa main qu'elle serra en le regardant tendrement. La mère de Sylas, Beth, comprit ce qu'il se passait entre les deux et si elle évita la syncope, elle n'en fut que plus joyeuse. Richard, le père de Sylas, lui félicita son fils d'avoir enfin réussi à trouver quelqu'un qui le supporte. Sylas observa Clostriana, il l'aimait profondément et, pour autant qu'il le sache, elle l'aimait tout autant. Elle avait tenu à venir rencontrer ses parents et à leur annoncer elle-même leur relation. Elle était incroyable, elle n'avait rien à voir avec l'image que les nobles ont chez le peuple, Sylas le savait. Elle se sacrifierait sans hésiter pour sauver et protéger les autres et c'est ce qui faisait d'elle l'une des âmes les plus belles et pures qu'il...
« Et j'aimerais vous demander sa main. »
La traîtresse. C'était ça son plan depuis le début. Quelle femme diaboligue, capable de fourbir de pareilles sournoiseries, elle qui l'avait emmené jusqu'ici pour le faire tomber dans son piège devant ses parents, le privant de sa liberté d'agir! Ah, quelle diablesse! Quelle démone! Elle l'avait bien eu, au final. Elle ne faisait décidément rien comme tout le monde!
Mais en même temps...
Ca aurait pu être pire,non?
Les parents exultaient, heureux que leur fils ait enfin trouvé quelqu'un, mais ils reprirent rapidement leur calme, préférant laisser le choix a leur fils. Clostriana regarda alors Sylas et demanda, simplement:
« Alors? Tu en dis quoi? »
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