Message secret pour Baloo.Après leur étreinte passionnée, les deux amants mangèrent gaiement le repas de fortune.
Celui-ci terminé, l’archère accepta de laisser Jean commencer la garde et profiter de ces quelques heures pour lire le contenu carnet.
« Mais tu ne me refais pas le coup d’hier, hein, tu me réveilles au milieu de la nuit ! » dit-elle, joyeuse, avant de se coucher.
A la lueur du feu de camp, Jean éplucha le document. Leuthaire, dans les premières pages, décrivait des journées sans grand intérêt, partagées entre le service des armes dans la garde du chevalier de Bocsombre et les études dans sa bibliothèque. Il semblait manier autant l’épée que la magie. La résolution des larcins des gens malhonnêtes de Bocsombre rythmaient la vie de ce soldat.
Grâce à quelques indications temporelles, Jean data le document : Il avait un peu plus d’une trentaine d’année.
Ce n’est que vers la moitié du carnet que Leuthaire parla d’un appel des Compagnons de la Rune Blanche. Un descendant des anges du nom d’Amilial Lilgegryl venait rappeler une veille dette au guerrier-mage, et demander son aide pour vaincre définitivement les démons.
Une explication un peu compliquée suivait : Ces démons étaient ceux ayant pu passer à travers les plans pour rejoindre le Plan Matériel Primaire lorsque les gobelins ouvrirent un « portail » dans le Nord, afin de vaincre les orques, une vingtaine d’années plus tôt. Cette guerre était connue dans la Baronnie grâce aux familles orques venus vivre parmi les humains, majoritairement à Sangris et Hagetlande.
Les Compagnons – Jean comprenait au fil des pages qu’ils n’étaient qu’une poignée, mais qu’ils bénéficiaient d’appuis dans toute la Baronnie - avaient acculé ces démons dans un ultime repaire, puissamment gardé : Un Vieux Temple au fond de la forêt située entre Sangris et Bocsombre. Les compagnons montaient une petite armée d’une cinquantaine de soldats, de mages et de prêtres, tous choisis avec soin, pour en finir une fois pour toute.
La plupart des noms cités étaient inconnus du rôdeur, mais il repéra la mention d’un certain Jacques Boisrock, guide principal de l’expédition et Compagnon de la Rune Blanche. Ce dernier faisait partie de ceux qui prenaient les décisions, et avait la confiance absolue de l’aasimar ainsi que des autres Compagnons. Parmi ceux-ci, Jean nota un certain Tancrède, herboriste. Il se pouvait qu’il s’agît là du père de Sélène de Simore.
L’arrivée de la troupe, trop bruyante, avait été anticipée par les habitants du Vieux Temple. Ceux-ci étaient composés de démons au corps rouge et aux cornes apparentes, mais aussi d’êtres à l’apparence humaine. Amilial Lilgegryl leur expliqua qu’il s’agissait là d’une race particulière des plans des Abysses, en tout point semblable aux humains du plan matériel primaire, mais dont le principal objectif était la domination des races qu’ils considéraient comme plus faibles. Ainsi, ces créatures d’un genre plus insidieux que les démons plus brutaux avaient fait main basse sur plusieurs plans d’existence.
Leuthaire décrivit en détail le premier assaut. Frontal, il permit aux forces du Bien de prendre possession des bâtiments au Nord du Temple, alors que les dernières forces démoniaques se retranchaient à l’intérieur même de la pyramide à degré. Les pertes étaient terribles des deux côtés, et le sang versé par les deux armées ennemies se mêlait en une flaque écarlate que la terre avait du mal à absorber. Il ne restait qu’une quinzaine de membres des troupes de la Baronnie, alors que les démons n’étaient plus qu’une poignée. Aucun soldat ne recula : Tous décidèrent de participer au dernier assaut.
Leuthaire en décrivait les préparatifs. Il avait hâte d’entrer à nouveau dans le temple : Les inscriptions qu’il avait pu y entrapercevoir lors du premier assaut lui semblait de la première importance. Il déplorait que les Compagnons ne voient aucun intérêt à la bâtisse même du Temple. Il lui semblait que les démons y portaient un attachement qui allait au-delà d’un simple repaire, mais les Compagnons avaient balayé l’argument, préférant se concentrer sur la bataille à venir.
« S’il n’y a plus de démons, leur « attachement » n’a que peu d’intérêt » lui avait-on répondu.
Il n’y avait rien écrit d’autres dans le carnet. Leuthaire avait certainement succombé à l’assaut.
Runica se leva, à peine vêtue d’une tunique et d’une culotte, mais portant une couverture autour de ses épaules. Elle prit appui contre Jean et regarda par-dessus son épaule le carnet qu’il tenait. Elle demanda :
« Alors, l’étalon, tu as appris des choses ? »
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