Message secret pour keyradin.Il était midi lorsque Clostriana quitta la bibliothèque où Ruyl disposait de ses bureaux.
Le temps de se préparer au départ, ils ne seraient qu’à mi-chemin de Cuvalier avant la nuit. Cependant, cette route était sûre, et ils pourraient certainement demander l’hospitalité dans un hameau ou une ferme.
Le trajet complet pour l’Abbaye prendrait quatre jours : Un pour Cuvalier, un pour rejoindre la mine d’or, et deux autres pour l’Abbaye, en devant dormir à la belle-étoile.

Message secret.Réfléchissant un instant, Clostriana décida d'attendre le lendemain. Non pas qu'elle craignait grand chose mais par les temps qui couraient, elle ne pouvait être sure de rien...

Message secret pour Keyradin.Le lendemain matin, juste au lever du soleil, les deux cavaliers prirent donc le chemin de Cuvalier, qu’ils rejoindraient à la fin de l’après-midi.
La route entre Rivourbe et Cuvalier, passant par Horbourg était la plus fréquentée de la Baronnie. Après la capitale de la région, elle passait au Nord de l’Aurole pour s’approcher de la forêt des elfes, qui portait ce nom alors que les elfes n’y habitaient que bien plus au Nord encore. Puis la route traversait l’Aurole à Cuvalier avant de rejoindre Sangris et de franchir le col de l’Orme.
Des habitations plus ou moins regroupées en hameaux succédaient à des bosquets ombragés et des champs à perte de vue. Ici, il n’y avait que peu de risque de faire de mauvaises rencontres. Aucune bande organisée n’avait été vue de ce côté depuis bien longtemps, surtout que Foulques d’Horbourg veillait à rendre sûr le cheminement des caravanes de la guilde des marchands-caravaniers de l’Aramante.

Alors qu’ils effectuaient une pause méritée sur le bord de la route pour se sustenter en milieu de journée, ils furent rejoins par un paysan cherchant de la compagnie.
« Je peux ? » demanda-t’il avec un accent campagnard assez fort. Habillé d’habits amples, pratiques, rapiécés, et un peu sale des travaux du matin, il s’assit comme si la réponse avait été positive. « Voulez un peu de vin ? » Il tendit en guise de droit de s’assoir une flasque de deux litres d’un liquide rosé. « Vous venez d’Horbourg ? C’est qu’il en passe, des gens, par ici. Je trouve toujours quelqu’un avec qui manger. C’est que mes champs sont bien loin de chez moi, vous savez. Et les impôts sont si sévères que je peux pas me payer une maison ici. Vous z’êtes pas bien bavards, vous autres, de la capitale, mais je peux parler pour deux ! Ha ha ha. »

Message secret.« Faites donc. »

Clostriana refusa poliment le vin et écouta calmement le nouveau-venu avant de simplement ajouter:

« Nous pouvons aussi être bavards quand ça nous prend. Mais il est vrai que les échanges se font rarement sur les bords des routes et plus dans les alcôves discrètes...


Non pas que ça me plaise, ce qui explique ma présence ici. Donc, vous êtes fermier? Que cultivez-vous donc? »

Message secret pour Keyradin.Le paysan ayant été officiellement accepté, il redoubla de paroles tout en coupant une tranche de son pain gris. Il y ajouta rapidement du lard, des morceaux de viande et quelques légumes.
« Rendolfe, gente Dame. Monsieur a bien de la chance d’avoir une épouse comme vous. Le blé, l’orge, et des pommes. Y aura des pêches, cet été, pour sûr, aussi. Ca a besoin d’eau, et il y en a ici. Vous savez, il fait beau, aussi, par ici. Ha ha ha. Les alcôves discrètes, hein. C’est que vous êtes discrets, té, à Horbourg. Même prêts à chevaucher à côté de la route pour pas se faire voir, hein ? Ha ha ha. » dit-il d’un air entendu. « Z’allez à Cuvalier, alors, ou plus loin ? »
Le repas se poursuivait gaiement.

Message secret.« Marié? Mais... »

Clostriana posa sa main sur le bras de son garde du corps pour le calmer et l'interrompre:

« Nous y allons, en effet. Pour ce qui sera de la suite de notre route, et bien, elle dépendra grandement de diverses choses... Je suis médecin et mon devoir m'impose d'aider ceux qui en ont besoin. »

Message secret pour Keyradin.« Et bien, si vous pouviez soigner mes rhumatismes et mon bouton sous l’aisselle, j’en serais heureux. Un pauvre homme comme moi ne peut pas travailler aussi durement qu’il le voudrait avec tout ces inconvénients, et j’aurais pas de quoi vous payer, ma bonne dame, mais si vous pouviez faire ça, ce serait une bien bonne action... »
Le repas tirait à sa fin, et Rendolfe, malgré son air enjoué et taquin, montrait les signes d’un départ imminent. Il devait reprendre le travail.

Message secret.« Montrez-moi ça. »

Sortant sa trousse, Clostriana versa un peu d'eau sur ses mains avant de les égoutter au dessus du sol, en attendant que le paysan lui montre ce fameux bouton, tout en ajoutant:

« Pour ce qui est de votre logement, voyez avec les habitants du coin. En échange d'une petite partie de votre récolte ou même d'aide pour leurs récoltes à eux, ils vous aideront surement à vous construire un petit chez vous, ça vous éviterait les longs voyages. Le travail de ferme n'est pas facile et toute l'aide et bonne à prendre.

Pour vos rhumatismes, essayez la décoction d'orties ou l'écorce de saule blanc. Si vous préférez les infusions, privilégiez les feuilles de frênes ou la Reine des prés. Ça n'empêchera pas la douleur mais ça aidera à ne pas évoluer de trop. Essayez aussi les bains d'eaux chaudes pour vos articulations, cela vous apaisera... Je sais, ce n'est pas toujours facile ni même dans toutes les bourses mais c'est tout ce que je peux pour vous avec les moyens du bord. Il faudra que vous passiez me voir quand je reviendrai à Horbourg. Les médecins se doivent de soigner tout le monde, sans que la question de l'argent ne rentre en ligne de compte... Je mettrai votre facture sur celle du prochain noble à passer me voir pour une quinte de toux pour avoir trop prisé. »

Elle accorda un clin d'oeil au fermier avant de se pencher sur son patient.

Message secret pour Keyradin.« Mais c’est que ma femme préfère vivre là-bas » gémit le paysan en agitant sa main vers le lointain. Il se laissa bien sûr ausculter et soigner par Clostriana. « Merci bien, ma dame ! Je passerai la consigne à Gertrande, pour les infusions. Vous savez, moi, aller à Horbourg, à mon âge... » dit-il en riant.

Rendolphe se leva après ses soins : « Merci encore, et au plaisir de vous revoir. Je dois retourner travailler, maintenant. Allez, un bon conseil : Si vous avez à passer la nuit dehors, essayez d’éviter la compagnie des quatre cavaliers qui sont passés juste avant vous, ce matin. Ils étaient trop louches pour être honnêtes, ces gars-là. Avant eux, y avait par contre une famille de marchands avec leur carriole que vous devriez pouvoir rattraper avant la nuit. »
Le paysan avait dit cela, mais Clostriana et Sylas avait le temps de rejoindre Cuvalier avant la tombée du jour, comme prévu.

Message secret.« Merci bien. Bonne route à vous. Et il n'y a pas d'age pour s'inquiéter de sa santé. »

Clostriana attendit donc que le fermier reparte et partit à la suite de Sylas, lui demandant simplement:

« Vous connaissez un autre chemin pour rejoindre Cuvalier. Au besoin? »

Message secret pour Keyradin.Sylas plissa les yeux. « Vous avez le même mauvais pressentiment que moi, je vois. » Le garde du corps était satisfait de voir que la jeune femme prenait autant à cœur sa sécurité. Il avait eu à protéger des riches bien moins prudents.
« Nous pouvons décider de marcher à l’écart de la route, par les chemins à travers champs, et de contourner les bosquets. Si ces hommes sont des agresseurs potentiels, je parierai que c’est dans l’un d’eux qu’ils nous attendent. A l’abri des regards d’autres paysans. »
Il leva les yeux vers le ciel, semblant calculer l’heure. « Nous arriverons plus tard à Cuvalier. Partons maintenant, si vous êtes prête. Nous devrons décider de passer la nuit dans une ferme, ou de continuer jusqu'à Cuvalier à la lumière de votre torche magique... »
Passant à plus de deux cents mètres de la route, ils ne voyaient celle-ci que par intermittence. Ils pouvaient espérer ne pas être vus grâce à cet éloignement. Comme annoncé par Sylas, les bosquets furent évités.

Message secret pour Keyradin.Passé la tombée de la nuit, la Dame et son protecteur continuèrent à la lumière de la torche éternelle. Les chevaux, plus nerveux, s’accommodaient mal de cette lumière magique, mais continuèrent leur route jusqu’à Cuvalier.
Les gardes à la porte de la ville n’eurent aucune objection à faire entre le couple. Ils se dirigèrent vers la demeure de l’amie de Clostriana. La maison, plus grande que celles des riches marchands d’Horbourg mais qui était juste d’une taille normale pour une famille aisée de Cuvalier, donnait sur une portion calme du Liret. La guérisseuse avait assisté cette amie lors de son accouchement, un an plus tôt, d’une petite fille.
Bien sûr, l’accueil fut chaleureux.

Message secret.Clostriana se dirigea vers la porte d'un air serein.
Cela faisait un an qu'elle n'avait pas revu Elisa, même si elles avaient échangé par correspondance. Elle se rappelait toujours leurs premières rencontres, quand elle était venu aider un tailleur de pierre qui s'était blessé sur une commande pour son père et qu'une certaine jeune femme ayant des vues sur lui voyait d'un mauvais oeil la présence de la noble dans l'entourage de Christian. Surtout que le fait qu'elle dorme chez lui pour veiller sur lui, le nourrir et lui faire ses toilettes avaient eu le don d'agacer Elisa au plus haut point. Mais fort heureusement, après quelques discussions, le couple se forma, se maria et donna naissance a une petite fille, Janna, nommée ainsi en l'honneur de la noble dame de la ville.
Mais point n'était le moment de se remémorer ce genre de souvenir, a la porte de la maison, en pleine nuit. Il fallait toquer...

Message secret pour Keyradin.Elisa et Christian accueillirent Clostriana comme il se devait. Ils ne surent pas comment traiter Sylas avant que la noble ne clarifie leur relation. Une chambre fut ainsi mise à disposition de chacun.
Un repas fut rapidement préparé, même si les amis du médecin avaient déjà mangé. « Alors, chère Clostriana, que viens-tu faire par ici ? Viens-tu soigner une connaissance, ou rencontrer ton amie … comment s’appelle-t’elle, déjà … l’héroïne de Sangris… Eryn, oui, c’est ça ? Elle est arrivée en ville ce matin, transportant le corps inanimé d’un homme jusqu’à l’hospice. Il me semble qu’elle s'est ensuite rendue chez le Chevalier… Tout le monde parle de cela, en ville. »

Message secret pour Keyradin.Elisa sourit en parlant de son petit. « La merveille se porte bien ! Elle commence à marcher, et les bêtises se multiplient. Comme avec tous les enfants curieux, je suppose. »

« La ville se porte bien. » déclara Christian. « Les affaires sont plutôt bonnes. Le Chevalier Nérévik joue à fond la carte de la guilde des marchands-caravaniers de l'Aramante et de l'ouverture de la passe. Par exemple, il retarde la levée des impôts pour ceux qui investissent dans le commerce, ce qui accélère le développement de la ville. Il aide ceux qui construisent des entrepôts ou des auberges. En ce moment, c'est une bonne période pour ceux qui savent en profiter... »
« Enfin... Nerevik signe les documents, mais toute ces idées nouvelles viennent de Janna, j'en suis sûre. » précisa Elisa. « C'est elle, la principale gouvernante de la ville. »
« Mmmm... Nerevik, sans sa femme, serait un bien piètre chevalier, je le crains. » avoua Christian. « Je comprends que votre oncle laisse cette situation en place. » En disant « votre oncle », Christian s'adressait à Clostriana, et donc parlait du Baron Foulques d'Horbourg.

Message secret.« Derrière chaque homme se tient une femme pour le soutenir et l'épauler, autant que nécessaire. »

Son regard se promena sur le couple un instant avant qu'elle n'ajoute:

« Mais je ne vais pas abuser, il se fait tard et nous aurons le temps de discuter un peu plus demain matin, avant que j'aille voir Eryn. Sans compter qu'il faut que je revienne une autre fois. Je n'ai pas pensé à amener le cadeau pour l'anniversaire de la petite... Faut dire qu'ils sont encore avec leur mère, pour le moment... On va attendre qu'ils aient pris un peu de poids avant que je n'en amène un.

Enfin, sauf si les chiens vous dérangent... »

Ses pensées dévièrent sur son fidèle canidé qui, il n'y avait pas si longtemps, n'avait rien trouvé de mieux que de s'accoupler avec l'une des femelles du chenil de son père et donc, une portée en était née. Et il fallait bien trouver des gens à qui en donner quelques uns...

Message secret pour Keyradin.Elisa rit au éclat. « Très bien ! Un petit chien lui fera plaisir, à coup sûr. »

La soirée ne s’éternisa pas, tous les protagonistes étant fatigués de leur journée. Clostriana et Sylas furent conduits dans leurs chambres respectives, et passèrent une bonne nuit de sommeil, très reposante.
Au petit matin, après un petit-déjeuner copieux, Clostriana se rendit à l’hospice, aux portes du quartier le plus pauvre de la cité (ce qui était bien relatif, vu la prospérité de la cité par rapport aux autres de la Baronnie), pensant avoir plus de chance de retrouver ici son amie Eryn. Elle fut accueillie chaleureusement par Sœur Béatrice, qui connaissait bien sûr la nièce du Baron.
« Dame Eryn n’est pas revenue. Elle a dû rester chez Monsieur le Chevalier pour la nuit. Son ... compagnon... Messire Dervon, a passé la nuit ici. »
Un homme d’une quarantaine d’année avec une barbe bien taillée, vêtu d’une cape et soutenu par un bâton aux nombreux grigris arriva. Il fit un baisemain distingué à la noble Dame « Enchanté de faire votre connaissance, demoiselle de Laurencis. Une sœur m’a fait part de votre présence. Je me présente, Meldo’ch Dervon. J’allais rejoindre Dame Eryn de Sangris dans la demeure du chevalier. Voudriez-vous m’y accompagner ? »

Message secret.« Pour sur. Alors, comme ça, vous êtes son compagnon? C'est récent, non? »

Clostriana prit le chemin du chateau