Alex émergea donc paisiblement du sommeil en sentant l'odeur d'oeufs et de vrais bacons en train de cuire. Le soleil pointait à l'horizon et elle n'avait pas grand mal à s'en rendre compte, étant donné que son appartement loftien ne comportait pour ainsi dire aucun mur si ce n'était la salle de bain.

Dans la cuisine, un de ses robots s'affairaient à préparer à manger.

*snif snif ?*
Le nez frétillant, Alex se redressa lentement dans son lit, attirée par l'odeur. Après une profonde inspiration, pleine de senteurs annonciatrices d'un petit déjeuner excellent, elle décida d'ouvrir les yeux.
Pas de vilaine surprise, seulement le plaisir de voir son nouvel appart en ordre, les robots faisaient le travail .... et Elliot dormant paisiblement à côté d'elle.
Et puis quoi encore ? Quel gros flemmard. Après le repas va être froid. Et cela, il ne faut pas.

Après avoir rapidement considéré et rejeté l'idée de se jeter sur lui, à califourchon ou non, pour le réveiller, Alex opta pour une méthode plus douce. S'allongeant sur le ventre à côté d'Elliot, elle fourra son visage dans le creux du cou d'Elliot et commença à lui donner de petits coups de langue. Miaou.

« Bonjour, petit chat. »

Elliot ouvrit donc les yeux sur sa chère et tendre:

« J'ai connu réveil plus désagréable. Mais c'est que ça sent bon, dis donc! Fais attention, je vais finir par y prendre goût. »

« Bien le bonjour, jeunes maîtres. J'ose imaginer que la nuit a été reposante, si j'en crois votre tension et vos taux d'hormones respectifs. Je me suis permis d'ordonner a l'un des androïdes de Madame de vous préparer une collation, quand j'ai vu le taux d'adrénocorticotropine de madame commencer a grimper.

J'ai aussi fait envoyer les vêtements de Monsieur au pressing et en ait fait chercher d'autres chez lui. »

Elliot, légèrement surpris, regarda Alex:

« Ah d'accord, trop dure ta vie de super héroïne. Bon, petit dej puis douche et direction les cours? A moins qu'on ait une autre crise mondiale a gérer ? »

« Sachant que ça a commencé hier "cette vie de super héroïne", je suis toute aussi surprise que toi. Je suis un magical girl moi, c'est pas la même chose.
À moins que le Porteur ne nous garde une nouvelle surprise ou crise planétaire, on devrait pouvoir aller en cours. Après le petit-déj et s'être lavés », insista Alex très sérieuse, bien qu'elle savait Elliot déjà d'accord avec ce programme. Vu qu'il venait de le dire et tout.

« Okay pour le petit dej. Et puis, j'ai les crocs! »

Le jeune homme se leva alors et se dirigea vers l'espace salle à manger où l'androïde dressait la table avec ce qu'il avait préparé. Les petits pains sortaient à peine du four, le café et le jus d'orange étaient frais et des oeufs et du bacon siégeaient fièrement et parfaitement cuits dans deux assiettes.

Autrement dit, un petit-déjeuner parfait, comme on en voit que dans les films d'habitude. Alex suivit son boyfriend et s'installa en face, avant de se servir une assiette raisonnable. Si elle avait encore faim, elle se resservirait, mais l'habitude lui disait que ça ne serait sûrement pas nécessaire.

« Je vais avoir quelques cours à rattraper moi avec les événements de ces derniers jours. Et de ton côté, beaucoup de travail t'attend aujourd'hui ? »

« J'ai du monde à voir pour un projet de groupe. Tu sais, un truc inter-classe où on va être 12 mais seulement 3 à bosser, pour un exposé ennuyeux que personne n'écoutera. Bref, rien de folichon. »

Elliot n'y allait pas avec le dos de la cuillère, lui. Il se servit plus que copieusement, engloutissant des quantités phénoménales de nourriture.

« Je vois, et tu es l'un des trois bosseurs, n'est-ce pas ? » questionna Alex avec un petit sourire, la question n'étant là que pour l'embêter. Elle connaissait déjà la réponse.

Le regard de la rouquine alternait entre sa propre assiette, Elliot et l'assiette d'Elliot.
« J'arrive pas à savoir où tu stockes tout ça. Avec ce que tu manges, depuis le temps que je te connais, tu devrais être rond comme une boule de hamster. Au minimum », insista t-elle en levant l'index pour souligner la gravité de ses propos pourtant pas bien sérieux.

« Hm hm »

Elliot ne s'arrêta qu'un instant de manger pour répondre, avant de reprendre son train de dégustation. Ce n'est qu'après avoir mangé une douzaine d'oeufs et presque autant de tranches de bacon qu'il soupira:

« Ah, ça va mieux. Même si il reste un gout de trop peu... Enfin, bon. Preums sur la douche! »

Et le jeune homme de s'enfuir en courant vers la salle de bain qui, si elle n'était pas fermé, était toutefois entouré de panneaux de verres occultants quand on appuyait sur l'interrupteur. Alex entendit l'eau se mettre à couler:

« Hé mais c'est froid! Ah, non, là, ça va... Pampadapada... »

Elliot chantait sous la douche, l'androïde rangeait les assiettes, le soleil était magnifique. Cette journée commençait sous les meilleurs auspices.

Alex finit son assiette, but son verre de jus d'orange, puis décida d'aller préparer ses affaires. Ainsi, elle serait rapide à s'habiller une fois sortit de la douche et n'aurait pas à faire son sac en catastrophe.

En guise de résumé des procédés mentaux d'une jeune fille ordinaire, on décrira simplement sa tenue une fois ressortie de la salle de bain. Elliot avait fini et laissé la place et elle s'y était enfermée pour profiter de l'eau chaude de bon matin. Alex, si on l'interrogeait pour lui demander si elle avait apprécié la douche, répondrait par l'affirmative.
L'étudiante ressortit donc habillée d'un leggings, d'un tee-shirt blanc avec un motif en ombrages qui ressemblait au symbole de Superman, de bonnes baskets et d'une veste légère grise. Après une journée à parader en jupettes et autres costumes de magical girl, Alex n'avait pas d'autre envie que de porter des habits confortables et gardant ses jambes à l'abri de la brise.

Avant de partir pour aller en cours, elle rechercha Elliot, était-il encore là ?
Et comment allait-elle aller à l'université ? Est-ce que sa voiture attendait sagement au parking ?

Elliot l'avait attendu. Il n'allait pas partir sans son bisou. Quand à la voiture d'Alex, elle n'en trouva pas les clés. Tout au plus un boîtier avec une ribambelle de clé de voiture, de marque différente, visiblement neuve et, à regarder les marques, incroyablement chères.

Bien sûr qu'elle allait l'embrasser, s'il avait été assez mignon pour l'attendre jusque-là.

Quand aux clefs de voiture ....
« Sérieusement ? »
Alex leva les yeux en l'air.
« Je crois que je vais prendre les transports publics. Si je me ramenais à l'université avec une de ces voitures, je risquerais d'attirer l'attention et on me demanderait d'où je la sors. Ou alors tu peux m'emmener dans ta voiture, le temps que j'aille récupérer mon ancienne ? Elle doit toujours se trouver à la maison, avec un peu de chance. »

Et c'est ainsi qu'Elliot et Alex, quittant le nouvel appartement de la jeune femme et dans lequel elle espérait bien voir son copain s'installer tôt ou tard, coururent jusqu'au plus proche arrêt de bus pour y affronter les épreuves terribles du réseau de transport en commun de Los Angeles.
Qui n'est pas si mauvais que ça en vérité.

Et le couple partit, rejoignant un bus rapidement pour aller a la fac. A l'intérieur, ceux qui partaient au travail ne firent même pas attention a eux, pas plus que ceux qui rentraient du travail.

Finalement, après pas mal d'arrêt, le coupé se retrouva a proximité de la fac. Elliot attrapa alors sa moitié par la taille:

« Je te tiens au courant pour te dire si on peut manger ensemble ce midi? Ou tu as quelque chose de prévu ? »

« Rien du tout », répondit l'étudiante en droit, avant d'embrasser puis de quitter son copain pour aller de son côté. « Bonne journée. »
C'est qu'ils n'avaient pas les mêmes cours et n'allaient donc pas dans le même coin. C'est ainsi.

Et Alex de partir de son coté pour rejoindre son cours. Le thème du jour était le principe de la vacuité morale et son application dans l'exercice de la fonction d'avocat, sujet oh combien passionnant mais que nombres d'étudiants peinaient à trouver intéressant voir même utile. Ce fut donc une Alex presque seule qui se retrouva dans l'auditorium, face au professeur et son assistant. Ne restait que quelque filles qui papotaient derrière... Parlaient-elles d'Alex? Elle aurait pu jurer avoir vu l'une d'entre elle regarder son téléphone portable puis la montrer du doigt.

Mais elle n'eut pas vraiment le temps de s'en inquiéter car le professeur l'interpella:

« Mademoiselle Duncan, je viens de recevoir un message du bureau des élèves. Ils souhaiteraient vous voir immédiatement. Vous pouvez y aller, ne vous en faites pas, Archie vous enverra un mail avec le cours. »

L'assistant opina du chef et le prof reprit alors son cours.

« Oui monsieur.
Ont-ils précisé pourquoi ? » demanda Alex en se levant, ne s'attendant pas à une réponse positive.

Elle rangea ses affaires sans sa sacoche et quitta l'amphithéâtre sans se dépêcher. La rouquine ne souhaitait pas attirer l'attention. Pas plus que c'était déjà le cas ? Il semblait se passer des choses ... qui concernaient l'université ? En tout cas personne ne l'avait regardé dans le bus comme les filles dans les gradins l'avaient observé.
Comme il n'y avait pas grand monde et que les autres ne suivaient pas le cours, elle s'autorisa à saluer en sortant.

Puis elle referma la porte et prit le chemin du bureau des étudiants, se demandant ce qu'on lui voulait au juste. Et pour cela, rien ne marchait mieux que de sortir son téléphone et consulter internet, savoir si des informations particulières ne circulaient pas dans ses réseaux sociaux. En tout cas dans les cercles d'étudiants et d'amis dont faisait partie Alex.
Par conséquent, marchant tout en consultant son téléphone, elle évita certains obstacles de justesse. Mais elle n'avait jamais eu d'accidents. Il suffisait de regarder où on mettait les pieds.

Le prof fit non de la tête puis reprit son cours, l'étudiante partit donc vers le bureau des élèves. Et alex sortit donc son portable. Et là, bim, elle se retrouva agressée par de nombreuses notifications. Déjà, elle avait reçu plusieurs appels, manqués du coup, de ses parents avec des messages qui vont bien et certains de ses amis lui avaient aussi envoyé quelques sms du genre "est-ce que c'est vrai?" ou "tu vas rire mais là, sur LLL news, ils parlent de toi, lol". Puis là, un sms venant d'Elliot arriva alors qu'elle regardait:

"Houston, on a un problème. "

Si Alex avait très, très envie de téléphoner à Elliot. Mais ça ne serait pas du tout discret et si le sujet était du genre sensible un sms ... mais un appel avait l'avantage de ne pas laisser de trace sur le téléphone.
Elle envoya une réponse à Elliot en vitesse "Une seconde" avant de bifurquer pour rejoindre un coin tranquille du bâtiment, où à peu près personne ne venait. Il faudrait faire attention à ses mots, mais la conversation vocale irait très vite.
Elle écouta d'abord les messages de ses parents sur le répondeur, avant d'appeler Elliot. Elle évita de parler trop fort, pour ne pas déranger d'éventuels cours dans les salles voisines.

« Ici Houston, quel est le problème ? »