« Su.Per. »

Ujio eut l'air tellement emballé par cette idée que Vitam n'eut même pas besoin de faire appel à ses capacités pour deviner ce qu'il ressentait. Le garçon continua alors son chemin vers son école tout en demandant:

« Et je l'explique comment que j'ai un fantôme de compagnie, moi? "Oh, bonjour, monsieur. Oui, je sais qu'on ne doit pas ramener d'animaux à l'école mais techniquement, c'est une fantôme, ça ne rentre pas dans cette catégorie."? »

« La réponse est dans la question : Je suis un fantôme, je peux donc me rendre complètement invisible des humains. »
Enfin, de la plupart...
« Et ouais, je peux être discrète quand je veux ! »

Avant qu'elle ne soit contrainte à s'effacer, Vitam demanda au gamin :
« Dis Ujio c'est bien l'école ? Ça dure longtemps ? »

« Tu sais pas combien de temps dure les cours? T'y as jamais été? »

Le garçon sembla passablement surpris par la question avant qu'il ne réponde:

« Là, on en a pour une bonne douzaine d'heures. Entre les cours, le repas, l'étude surveillée et les activités sportives. »

Vitam hocha la tête de gauche à droite.

« Jamais été. En tout cas j'en ai pas souvenir... Bien que je sais à quoi sert l'école hein ! Tout du moins dans les grandes lignes alors... Disons que je suis croyante mais pas pratiquante, voilà ! »

Ujio le pratiquant lui résuma donc le programme, et surtout la durée de celui-ci.

« Douze heures... sérieusement ?
Comment je suis sensé faire pour tenir douze heures à rester enfermée dans une salle, puis dans une autre, et encore une autre ?? »

La fantôme leva les yeux au ciel comme pour l'implorer de la re-tuer, là, tout de suite, maintenant !
Mais avant d'en arriver à de telles extrémités, la revenante demanda des tuyaux au jeune garçon.

« Comment tu fais pour supporter ça, Ujio ? Y'a des astuces ? Un "truc" à connaitre ? »

« Je fais ça depuis que j'ai 5 ans, ça aide. »

Ujio avançait nonchallament, raguerri à l'idée d'un peu de normalité dans sa vie... Même si l'idée d'avoir une fantôme à ses cotés ne le rassurait guère... Il ajouta néanmoins:

« Je ne sais pas, vois jusqu'où tu peux te déplacer et va te promener. On a une bibliothèque, un self, un stade, une salle virtuelle... Bref, tout ce qui compose un établissement moyen bas de gamme de nos jours... »

« D'accord ! »

Vitam se montra bien moins ronchonne depuis qu'elle avait apprit l'existence du self, le premier endroit à visiter de toute urgence en arrivant à l'école tant appréhendée !
Et puisqu'ils approchaient du bâtiment sus-cité, la fantôme activa ses camouflages habituels.

Vitam usa de ses dons pour disparaître et semblait satisfaite, jusqu'à ce qu'Ujio n'ajoute:

« Tu disparais quand tu veux. »

« Tu me vois encore ? »

Vitam ne s'en alarma pas plus que ça.

« Surement un effet secondaire de notre lien forcé. »

« Super génial. »

Et ainsi Ujio se dirigea vers sa salle de cours, saluant ses camarades au passage. Et Vitam se retrouva donc livrée à elle-même mais elle avait un objectif en vue, un et un seul: le self.

Et ce fut donc là, à observer les cuisinières travailler qu'elle sentit une haleine de croquette spectrale qu'elle connaissait bien, ainsi que la voix qui l'accompagnait dans une sortie toute pleine de délicatesse:

« Vous marinez encore chez vos harengs? »

« Tout est super génial, lalalalalala... »

Vitam chantonnait tout en observant le manège des cuistots, lorsqu'une voix bien connue vint lui rendre visite.
Une voix qui faisait dans un vocabulaire beaucoup plus directe que le Dandy.

« Non ça fait longtemps que j'ai quitté la poissonnerie, pas comme d'autres on dirait : C'est qu'il parait qu'on fait des paris qui finissent en queue de poisson ? »

Je précise que je pars du principe qu'on ne nous voit pas et nous entend pas. Enfin juste moi et Curly quoi !

« Han, comment il m'a balancé alors que c'était son idée... Saleté de spectre anglais,tiens. »

Le chat fantomatique alla s'etendre sur le cuiseur a riz geant, encore chaud, avant d'ajouter:

« Je m'attendais a ce qu'il soit plus grand, quand meme... T'as une idée de qui peut t'en vouloir? »

« Ça, tu vois, je m'attendais à ce que tu me le dise ! Dandy m'a juste dit que j'aurais -parait-il- mis une Amatsukami en rogne, sauf qu'il a même pas voulu me dire qui c'était alors c'est surement pas une marrante parce qu'il est pas du genre à rester muet.

Alors pour que même moi je n'arrive pas à tirer les vers du nez du Dandy, elle doit être au moins aussi dangereuse que moi, voire autant que le Capitaine en personne ! »

Cette pensée fit sourire malicieusement la spectre captive, car le Capitaine était une sacrée carne dans son genre. Une des nombreuses raisons pour laquelle Vitam l'appréciait, allant parfois jusqu'à parfois faire une escale dans l'Outre-Monde dans l'unique but de le taquiner. Certains prétendaient même que c'était en parvenant à le faire rire que la revenante avait obtenu son titre de fantôme de classe 4, puisque des mauvaises langues remettaient parfois en cause ses capacités de commandement qui laissaient "à désirer" selon ces mêmes personnes. Parce que des choses comme les rumeurs de pistonnages résistaient encore et toujours aux effets du temps ou des dimensions.

« Quant à savoir pourquoi on m'en voudrait j'ai eu le temps de réfléchir à quelques idées mais avant... »

L'être intangible rejoignit Curly en volant nonchalamment dans la vapeur du cuiseur de riz.

« ...Je peux connaitre l'histoire du pari ? »

Parce que malgré sa condamnation à durée indéterminée, Vitam restait Vitam, avec son singulier sens des priorités et sa faculté à passer du coq à l'âne quand l'envie lui prenait.

« Bah, une affaire en or, tu vois. Je pensais avoir trouvé le nigaud parfait et... Il a triché. Un match de boxe entre Myke Tyson et Fred Rogers, dans les limbes. Bref, je me suis fait avoir. Et j'ai besoin de toi pour me sauver la couenne spectrale, si on peut dire... C'est que, comme j'ai perdu et que je pouvais pas payer mon dû, il m'a demandé de t'arranger un rencard avec lui. Tu verras, c'est un type sensas, une fois qu'on fait plus attention à l'odeur du souffre. »

Le chat fit un clin d'oeil à la fantôme avant d'ajouter:

« Si tu dis oui, j'te révèle ce que j'ai déjà trouvé sur ton affaire. Parce que, visiblement, y'as eu des ficelles tirées. Et des grosses... Par qui, je sais pas encore mais là, la coïncidence est tellement énorme que même moi, je vois que quelqu'un a tout arrangé. »

« Hey... Hé hé hé hé hé... Je crois que je le connais déjà ton gars. Me dit pas que c'est le "Mad Alchemist" ? Si oui, v'la l'erreur fatale que t'as faite en pariant avec lui ! »

C'est que Curly ne serait ni le premier, ni le dernier à succomber à ce qu'elle appelait familièrement la "fièvre du 36e dessous" ! Ce que les mortels voyaient comme étant un lieu de souffrance éternel était en réalité un des lieux underground les plus géniaux existants, toute dimensions confondues. Les limbes étaient en effet un de ces endroits que tout le monde ne prétendait connaître que de nom, mais où n'importe qui y avait déjà été au moins une fois "juste pour voir si c'est aussi dépravé qu'on le prétend". Bref, c'était un peu l'équivalent de certains magasins à thématique particulière chez les humains.

Mais avec le temps, les limbes s'étaient faites une spécialité d'occuper les longues éternités via des combats à paris où n'importe qui pouvait y participer, en tant que public ou concurrent, ce qui se révélait être à la fois un bon moyen de se defouler en plus de se changer les idées à coups de choses diverses et variées : de poings, de pieds, de chants, d'insultes plus ou moins raffinées... Et ce n'était qu'un mince échantillon des affrontements que le lieu pouvait offrir selon l'offre, la demande, et l'humeur du chef !

Vitam herself y avait déjà participé dans un pas si lointain passé, à l'époque où elle n'était qu'un fantôme parmi d'autres. Ce fut marrant, surtout l'équivalent du catch spectral en fait, parce que ne plus craindre les fractures amenait le potentiel d'excentricités et d'exagération de cette discipline à son paroxysme. Et le Mad Alchemist qui sentait le souffre ? Un vieil adversaire récurrent, puis un peu trop collant aussi.

« N'empêche que tu ne manques pas de souffle quand même... Me demander de payer de ma personne pour éponger tes dettes, franchement t'as un de ces culots... On dirait moi ! »

La revenante fit un ghost facepalm qui dissimulait néanmoins un sourire amusé par l'impertinence de son subordonné félin.

« Bon écoute... C'est pas que l'idée de sortir avec un mec random pour la bonne cause me rebute mais je suis un peu beaucoup liée en ce moment donc tant que je reste coincée ici je vais pas pouvoir t'aider dans tes affaires. Alors tu ferais mieux de me dire ce que tu sais déjà car pas sur que ton créancier voudra attendre la fin de ma peine avant de voir la couleur de son remboursement, surtout que tu dois certainement détenir des infos que je finirais par savoir tôt ou tard.
Après je vais pas te laisser dans la mouise non plus hein, c'est pas mon genre tu sais bien, alors je verrais ce que je peux faire pour te sortir de ton pétrin... sauf qu'il faut déjà que je sorte de ma prison ! »

C'est pas faux, va pour l'ennemi inconnu !

« Hmmm, t'es dure en affaires... Mokay. Je vais voir ce que je peux faire pour toi dans le cas présent. Tout ce que je sais, c'est que tout ça pue le coup monté. Rien qu'en terme de probabilités, que tu te trouves à ce cimetière au moment précis où Izanami le surveille et qu'en plus, tu aies l'aide du gamin, et de ce gamin en particulier, hein. Ça aurait été un autre, ça aurait pu passer à l'as mais là? T'as plus de chances de gagner au powerball que de réunir tous les paramètres à charge contre toi.

Et Izanami a été soft, concernant ta punition. Je sais, on dirait pas comme ça mais d'habitude, c'est la destruction assurée avec une chtite damnation éternelle et pour moins grave que ça,hein, avec elle on rigole pas. Même elle doit trouver ça louche, vu qu'elle a clairement dit avoir été prévenu par un de ses suivants... Qui a depuis disparu.

Et pour finir... »

Curly prit son air mystérieux/comploteur et s'avança pour parler à voix basse:

« J'ai fureté à droite à gauche dans les Limbes mais aussi sur le plan Terrestre, tu me connais, je suis toujours prêt à remuer la boue pour les amis et à me plonger dans la fange de ce monde pour réussir à découvrir le fin mot de l'histoire. Bon, ok, j'ai été voir mon contact à la MMC. Tu sais que je leur sers de consultant en paranormal, hein? Bref, j'ai été lui parler de cette histoire et il m'a parlé d'une liste avec des noms dessus, des méta. Et ton pote Kaïdo était en tête de liste. Les numéros 2 et 3 sont sous surveillance en ce moment, voir si ça se reproduit...

Je te tiendrais au courant, bien sur...

Et non, c'est pas le Mad Alchemist. »

Lorsque Curly se mit à mentionner sa petite parenthèse où il disait être prêt à remuer ciel et terre pour aider ses amis, la revenante ne put s’empêcher d'ajouter :

« Comment qu'on doit trop être des réincarnations de paladins en fait... Ou de Deadshot/Will Smith !

Puis c'est dommage que tu n'aies pas perdu contre le Mad Alchemist parce que c'est un sacré phénomène et que j'aurais bien aimé lui serrer la pince. Je me demande ce qu'il est devenu d’ailleurs... »

Puis elle laissa son indic continuer à livrer ses infos jusqu'à ce que le reste des nouvelles, et surtout la mention de la "liste" ne la fasse revenir dans le monde sérieux.

« Attends, mais quel rapport il pourrait y avoir entre Kaido, moi et mon affaire ? Il était quelqu'un qui ne se prenait pas la tête alors je ne le vois vraiment pas s'occuper des soucis du paranormal ! Et d'où venait cette liste ? Quels étaient les autres noms dessus ? Parce qu'il ne va pas falloir les faire que les surveiller les cocos : C'est que pour avoir vu mon cher rônin répandu façon tartare dans le cimetière, je peux te dire qu'ils courent un grave danger ! »

Vitam secouait son subordonné, à moitié envahie par la panique à cause de souvenirs remis à vifs. Il était rare de la voir dans cet état-là. Et parce qu'elle ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin avec ses questions, la fantôme renchérit avec une nouvelle salve d'interrogations.

« Et pourquoi toi aussi tu parles du gamin, de Ujio, comme quelqu'un de spécial ? »
L'être diaphane relâcha son emprise en déclarant, un brin blasée :
« Me dit pas que c'est une histoire d'Élu, de prophétie, ou bien quelque chose du même tonneau parce que sinon, comptes sur moi pour faire un procès à ceux qui veulent me couler pour flagrant délit de manque d’originalité. »

« Puis en plus ça casse toutes mes jolies théories en l'air tes révélations, là... Perso, j'était bien parti sur la possibilité que certains Dieux auraient voulu m'écarter du monde matériel parce que les morts qui côtoient les vivants ne collent pas tellement avec leur stratégie marketing dépassée, mais comme tu m'as dit que même Inazami s'est montrée clémente avec moi Y'a surement du Capitaine là-dessous et bien mon hypothèse, elle est toute foutue maintenant ! »

« Pour ton Kaïdo, je sais pas... Mais concernant le gamin... Je peux pas en dire plus, étant donné que même lui n'est surement pas au courant et que tu es à peu près aussi douée pour garder un secret que moi pour faire des économies.

Ils sont sous surveillance, ne t'en fais pas, mokay? J'ai placé mes meilleurs éléments sur le coup, histoire de leur filer un coup de main... Ok, j'ai graissé quelques pattes, en les mettant sur ta note mais qu'est-ce qu'on ferait pas pour sa liberté, hein? »

Le chat avait un petit coté Cheschire quand il souriait comme ça et il ajouta néanmoins:

« Le fait que tu sortes avec ce Bill ne regarde que toi, cocotte. Même si ça déplaît à certains, j'te l'cache pas... Rapport à sa famille, chasseurs de fantômes, tout ça... Mais y'as vraiment aucunes regles a ce sujet, sauf panthéon particuliers auquel tu échappes... »

« Rooh non... Me dis pas que toi aussi tu vas te mettre à faire des cachotteries façon Dandy ? Je te pensais vraiment pas comme ça !
Là t'en as soit trop dit, soit pas assez alors autant que je sache maintenant pas vrai ? Puis en plus j'ai payé pour savoir des choses, c'est toi-même qui vient de me le dire, alors j'en veux pour mon argent !
Allez Curly... ça restera entre nous. Motus et bouche cousue, toussa toussa... »

Vitam mima l'invocation d'une fermeture éclair sur ses lèvres... avant de se rouvrir en pouffant de rire !

« Pffffhahahaha !!! Je ne sais pas d'où tu sors ça mais sérieux, faudrait vraiment qu'il sorte plus souvent ! Alors ça y est, on parle de Grand Amour dans mon dos dès qu'on partage des plats à emporter avec un mortel ! Yeah !
Non mais franchement, celui qui a lancé cette rumeur devrait cesser de sniffer les couvs de OK magazine. »

« Bah tu diras à ton diseur de consignes qu'il est pas drôle... Puis s'il t'as rien dit là-dessus, je vais de ce pas ne pas oublier de farfouiller du côté de ce vide juridique. Tu viens avec moi ou bien les instructions te l'interdisent ? C'est que ça a l'air pas si mal ici finalement... »

La fantôme n'ajouta rien sur les échos concernant sa liaison éventuelle, car :
- Etre chef en étant qu'à peine centenaire avait la fâcheuse tendance à faire jaser les plus frileux.
- Encore davantage lorsqu'on possédait un caractère imprévisible l'ayant, entre autres incartades, conduite à préférer le monde des vivants à celui des morts.
- Alors si en plus on ajoutait à ça le fait que Vitam avait la réputation d'être plutôt "bien conservée" parmi la majorité de ses pairs alors là... on atteignait des rumeurs level OVER9000 !§§.
- Et puis il n'y avait rien d'autre à dire sur son lien avec Bill, point !