6 mois avaient passés depuis la tentative d'invasion extra-terrestre et le retour au club avait été... sportif pour Sergeï. Désormais, les entraînement se limitaient au strict minimum, tout son temps étant utilisé en campagne de pub ou en séance photo. Un match se profilait à l'horizon contre les Colorado Avalanche et fut un magnifique match, une victoire décisive dans le championnat et Sergeï avait marqué 2 des 3 points nécessaires à la victoire.

Mais hélas, ce fut là que les choses empirèrent. Le staff des Avalanches porta plainte contre Sergeï pour utilisation de pouvoir durant le match et, après un procès très médiatique, un juge décréta qu'aucune preuve incriminant ou disculpant le hockeyeur n'ayant pu être trouvé, il ne pouvait que décréter le principe de précaution et révoquer sa licence au russe, le privant ainsi de sa place dans l'équipe.

C'est donc ainsi que 6 mois après, Sergeï était chez lui, sans emploi, en attente du jugement en appel, quand le ciel devint intégralement blanc et éblouissant pendant un instant avant de revenir à la normale...

Putain ça pique les yeux. songea Sergeï en émergeant vaguement d'un de ses plus beaux sommeils éthyliques.

« Gneugéfné. Quoi'spasse ? » marmonna-t-il en direction de Natalia.

« J'en sais rien... Mais c'est bizarre. »

La réponse de Natalya était succincte. Limitée. Il faut dire que ça n'arrivait pas tous les jours, ce genre de chose...

« Grumpf, font chier ces ricains. »

Sergeï se leva en titubant et se dirigea vers la fenêtre pour observer à l'extérieur. Il voyait légèrement trouble en raison de sa cuite pas encore dissipée mais tenta de distinguer un élément anormal - en dehors des canards multicolores qui faisaient du kart sur les murs des maisons - dans les rues.

Dans la rue en contrebas, Sergeï voyait plusieurs personnes s'enfuir en courant devant ce qui semblait être une femme tout ce qu'il y a de plus normal, si ce n'est sa peau chromée. Cette dernière ne semblait pas agressive et toute aussi paniquée que les autres, d'ailleurs...

« Gné vvié aller voir. » expliqua Sergeï la voix pâteuse.

Il récupéra une bouteille de vodka pleine au passage et sortit de l'appartement. Bien que titubant dangereusement dans les escaliers il parvint à sortir de l'immeuble sans chuter et surtout sans abîmer sa bouteille.

Il se servit de ses pouvoirs pour glacer la bouteille et refroidir l'alcool puis se dirigea ensuite vers la personne chromée et lui fit un grand signe de la main : « Eh, Tierminatoreuh, tu veux boire un coup ? »

Tandis que Sergeï s'avançait vers la terminatrice, il l'entendait tenter d'interpeller les gens autour d'elle dans la langue de la mère-patrie:

« Qu'est-ce qui m'arrive? Pourquoi ma peau a changé comme ça? Répondez-moi! »

Avisant la présence du hockeyeur, elle s'arrêta sur place et l'observa:

« Vous! Je vous connais! Vous êtes un de ces tarés à super-pouvoirs. Il faut m'aider! Ma peau, elle... Elle a pris cette teinte bizarre et je vois... Je vois des trucs pas normaux... »

« (En russe) : Oï. Une compatriote. Ça fait du bien d'entendre une langue qui soit pas celle de ces barbares d'amerloques. »

Il but une nouvelle gorgée de vodka glacée : « (en russe) : tu prendras bien une lampée ? C'est de la Poutinov Gropakov. » demanda-t-il à la jeune femme en lui tendant la bouteille.

« (En russe) : Ah toi gnuassi tu vois ces canards ? Ça m'rassure j'croyais qu'j'étais trop bourré encore. »

Sergeï regarda quand même autour de lui avant de se rendre compte qu'il était sorti en caleçon. « (En russe) : Oh putain, je me disais bien que j'avais froid au cul. »

« Non, non, je ne comprends pas. Que se passe-t'il? C'est... C'est vous qui m'avez fait ça? Bozhe Moï! »

La femme au corps de métal se mit à pleurer avant de s'interrompre quand un homme hurla un peu plus loin. Son corps semblait en train de fondre et de se mêler au goudron en dessous...

« (En russe) : hein ? j'ai rien fait moi. Je viens de me réveiller d'une sieste à cause d'la lumière. »

Sergeï entendit le cri et observa l'homme fondre avec un ménage d'incrédulité et d'indignation : « (En russe) : non mais c'est dégueulasse comme façon de faire. Même grand-papy père des peuples nous aurait pas fait ça pour refaire le sol à bas prix. Ces américains, toujours à la course au profit et c'est le peuple qui paye le prix. T'façon c'est d'leur faute si j'suis obligé de faire venir de la vodka du pays, ces cons boivent que de la merde ici. En plus ils écoutent de la musique pourrie et leurs joueurs sont cons. »

Sans faire plus attention à la situation Sergeï se lança dans un violent pamphlet anti-américain primaire que c'était quand même de leur faute s'il était dehors à se geler les miches à moitié à poil et qu'en plus il avait quasiment fini sa bouteille et qu'il avait la gorge sèche.

L'homme acheva de fondre pendant que la femme metallique regardait la scène, horrifiée. Elle tourna son regard vers Sergeï, passablement ivre, et secoua la tête:

« Retournez cuver chez vous au lieu de venir raconter des âneries pareilles... »

La remontrance de la jeune femme ne parvint pas aux oreilles du hockeyeur qui s'était déjà écroulé sur le sol pendant que son corps essayait de pomper quelques millilitres de sang au milieu du liquide à 75° qui emplissait ses veines.

Son état était-il du à l'alcool? C'était difficile à dire mais il valait sans doute mieux éviter de craquer une allumette pendant que Sergeï éructait.

En tout cas, son sommeil éthylique était différent cette fois. Plus profond. Plus... Apaisant? Tout autour de lui se dévoilait un immense jardin, dont la beauté suffirait à couper le souffle à n'importe qui, et un sentiment de plénitude intense l'étreignait. L'ex-hockeyeur se sentait parfaitement bien, frais et surtout entier, comme si quelque chose lui avait manqué toute sa vie et qu'il venait de le découvrir. Une voix puissante provint alors de derrière lui:

« Bonjour, petit homme. Cela fait longtemps que je t'attends... »

Tiens, qu'est ce que j'ai ce matin ? J'ai la frite oh putain. songea Sergeï.

Il profita un instant du calme et de la sérénité qui l'envahirent avant d'être interrompu par une grosse voix.

Jamais moyen d'être tranquille cinq minutes... grommela intérieurement le hockeyeur avant de se retourner vers la Voix.

Sergeï se tourna et se trouva face à un colosse noir, vêtu d'un simple pantalon de toile bleue. Ce dernier lui lança un sourire chaleureux avant de parler:

« Non, tu n'as pas la frite, même si j'ignore ce que ça veut dire. Pourrais-je te demander comment tu es mort? »

« J'suis mort ? » répondit Sergeï rigolard.

Putain il est balaise ce délire. songea-t-il.

« Bein j'en sais trop rien en fait. Y'a eu une lumière blanche dans le ciel, j'suis sorti d'chez moi et là y'avait une nénétte en métal comme dans Robocop 2069. Y'a aussi eu un mec qu'a fondu. Et j'avais plus à boire. »

Le hockeyeur se gratta la tête puis reprit : « Après j'me souviens plus, j'ai du m'endormir. »

« Bienvenu dans le Jardin Ancestral, en tout cas. C'est ici que se retrouvent les âmes des nôtres quand leur heure est venu. Je suis le précédent, celui qui était là avant toi. Appelle-moi Aba.

Mais je sens quelque chose de... Différent en toi. Non, tu n'es pas... Tu n'es pas mort, en effet. »

Sergeï vit alors apparaître une multitude de visage aux alentours, portant vêtements et accoutrements de diverses époques. Un trappeur colonial, un noble de la renaissance hollandaise, un homme arborant une tenue de feuille, et ainsi de suite, de toutes origines et de tout milieu. Tous le dévisageaient avec curiosité et semblaient passablement heureux de le voir, même si un sourire semblaient s'épanouir. Aba reprit alors la parole:

« Tu la sens, n'est-ce pas? »

Le hockeyeur ne comprenait pas, jusqu'à ce que l'image ne disparaisse et qu'il ne se retrouve sur un toit, en compagnie de Vitam. Une voix murmurait dans son oreille:

« Bienvenu, chaman. Ton monde a besoin de toi. »

Sergeï se mit à vomir tripes et boyaux, un liquide noirâtre et âcre mais qui laissait une sensation de paix une fois parti. Sa perception de ce qui l'entourait changea, sans changer. C'était différent. Il se sentait bien, à l'aise mais surtout, connecté au monde. Il pouvait sentir sur sa peau comme des fourmillements mais il se rendit compte bien vite que c'était quelque chose de différent. Il sentait la Vie qui coulait à travers la planète. Toutes les formes de vie qui la composaient, la nature elle-même et un battement sourd et puissant. Se concentrant dessus, le hockeyeur se rendit compte que c'était son coeur qui battait ainsi, à l'unisson avec le coeur de la Terre dont il pouvait sentir la présence réconfortante tout autour de lui.