« Oh mais non, ne te sous-estime pas comme ça, t'es capable de bien d'autres choses. Déjà t'as réussi à me supporter pendant des dizaines d'années et ça, c'est pas donné à tout le monde ! » plaisanta Vitam avant de revenir à sujets davantage sérieux.

« Ce sont eux, mes "proches" , qui m'ont faite devenir comme ça. J'ai eu une vision là dessus. »

Comme pour appuyer son propos, elle s'était levé pour se regarder sous toutes les coutures.

« Et même si elle est vraie, cela n'explique pas pourquoi ils ont tenu à me transformer en fantôme tout en me passant la bague au doigt. Je suppose que je devrais aller les voir en personne pour le savoir mais vu qu'ils ont l'éternité devant eux et nous aussi... »

La revenante s'était approché de Kaido, une bonne partie de son ectoplasme traversant son corps.

« ...tu me raconte tes souvenirs sur l'époque où on traînait ensemble pendant que "je" finis les fruits ? J'ai faim et l'aventure mine de rien, ça creuse ! »

« Il n'y a pas grand chose à raconter. J'étais blessé et perdu, tu m'as recueilli et soigné. Bon, tu as aussi abusé de mon corps de rêve en échange mais qui pourrait t'en vouloir, hein? »

Le samouraï laissa la fantôme faire son office avant de continuer à raconter:

« Non, j'étais effectivement reclus dans les bois et tu as fini par me trouver. Tu m'avais cherché, en fait. Tu voulais un professeur pour t'améliorer dans la voie des armes. J'ai refusé au début mais tu t'es accroché et un jour, j'ai fini par céder. Tu étais déjà bien trop têtue à l'époque. Fin, bref, je t'ai enseigné tout ce que je savais ou presque, ça a pris du temps et on s'est lié d'amitié. Tu m'as appris de nouveau à m'ouvrir au monde et avec le temps... Je te fais pas un dessin.

Fin, bref, un jour, tout est parti en couille et puis voilà.

Bon, on s'bouge? »

Une énorme gêne était perceptible l'épéiste, peu habitué qu'il était à raconter certains passages de sa vie mais elle cachait surtout la douleur que ces souvenirs lui évoquaient.

Avant que la fantôme ne quitte le corps du rônin, Kaido-Tam avait recraché son fruit en toute délicatesse à cause de l'évocation du "dessin".

« Et tu me dis ça comme ça ? Okay d'accord... » fit la fantôme une fois ressorti du corps de son ami (et amant, aussi) avec une pointe de reproches dans la voix. Pas qu'elle était en colère contre Kaido mais bon, il savait pertinemment qu'elle était à la recherche des moindres éléments de son passé alors pourquoi ne le dire que maintenant et encore, en insistant ? Sans doute avait-il ses raisons, ses émotions allant clairement en ce sens, aussi par respect envers la volonté de l’épéiste, Vitam changea de sujet.

« N’empêche que je me serais imaginé tout sauf avec une arme dans les mains, m'enfin... t'as raison, faut se bouger.
Mais on va où ? Voir Ujio ? Retrouver un de mes proches ? A moins que... à moins qu'on retrouve ceux de ton clan pour leur expliquer notre point de vue aussi gentiment que fermement à coups de bourre-pifs ? D'ailleurs il en faisait parti, de ton clan, le "Mister-Chemise-Flanelle-Ninja-A-Ses-Heures-Perdues" ? »

« Je suis désolé. J'ai voulu t'en parler mais je trouvais pas les mots... J'avais bien pensé à ça quand on s'est retrouvé "Salut, tu m'connais pas mais t'as été le grand amour de ma vie y'as plusieurs siècles. Sinon, ça roule, pour toi?" mais ça faisait un peu creep... Et après, bah, avec le temps, à moins de sortir un "Hé, Vitam, comme ça fait quelques temps qu'on traine ensemble, je me dis que je peux t'en parler mais y'as des lustres, on a été ensemble quand tu étais vivante. Sinon, japonais ou mexicain ce soir?", j'étais bloqué.

Hé, russkof, renvoie moi au japon, tu veux? En plus, j'ai un fils à rencontrer, vaut peux-être mieux que j'aille faire les présentations en solo... Je vais aller m'occuper de mon clan, va retrouver les tiens pour avoir les explications que je ne peux pas te donner. Et fais attention à toi, d'accord? Ta "famille", ce sont ceux qui t'ont fait ça. Ils peuvent avoir l'air de vouloir t'aider pour certains mais ils ont quand même participé à ça, d'accord? »

Sergeï opina du chef et déjà, les racines commençaient à former un cocon autour de Kaïdo et rapidement déjà, ils disparaissaient dans le sol tandis que Sergeï demandait:

« Bon, on va où? Retrouver ton pote le déprimé à Barrow? D'ailleurs, je sais pas si il sait mais y'en a genre une vingtaine de Barrow à travers le monde... Du coup, on commence par où? Royaume-uni? Etats-Unis? Australie? »

« Mexicain plutôt : J'ai eu ma dose de Japon pour aujourd'hui. »

Ce furent les seuls mots que Vitam avait dit sur le ton de la plaisanterie car en entendant le plan prévu par Kaido, elle n'avait plus du tout le cœur à rire.

« Hein ? Non attend Sergei. »
Elle s'était approché du samouraï.
« Je viens avec toi ! Ton clan nous a tué tout les deux alors tu crois vraiment que je vais te laisser... »

La revenante avait beau faire des signes au russe et au rônin pour les sommer d'arrêter le rituel, mais trop tard : La téléportation avait fait son oeuvre en emmenant Kaido... quelque part au Japon. Vitam était peut-être rapide mais l’épéiste était des rares à pouvoir rivaliser avec elle en terme de vitesse, sans compter que les deux furent battus à plate couture par les prestes pouvoirs magique du Shaman. Il ne lui restait donc plus que ses yeux pour pleurer sa voix pour gueuler. Dans le vide.

« ...Non parce que tu crois que je peux passer ma vie à aller te chercher en Enfer ? »

La fantôme volait en rond et grommelait des choses telles que « Il m'fait toujours c'coup là, à partir et rev'nir comme un chat... En plus i'me dit de faire attention à moi sans faire attention à lui... Y'a pas deux heures i'me suppliait de l'aider et maint'nant, il fait comme si ça m'concernait pas... »
...
Jusqu'à ce qu'un rocher ayant le malheur d'être là ne se retrouve victime de ses nerfs fantômatiques, faisant d'un coup d'un seul les frais de sa colère en se retrouvant salement amoché par une frappe télékinésique.

« M'énerve ! » hurla t-elle dans la foulée, sans doute au cas-où cela n'était pas assez clair pour tout le monde. Et étant donné que "tout le monde" se résumait en fait qu'à Sergei qui lui suggéra de bouger d'ici. A juste titre. Sauf que Vitam ne semblait pas tout à fait d'accord concernant la destination future.

« Où tu l'as téléporté ? »

L'être diaphane lui lança un regard lui faisant clairement comprendre qu'il n'avait pas intérêt à lui répondre "Au Japon" ou "Dans ton c**" , n'étant définitivement plus d'humeur à faire dans l'humour.

« Pas de problème. »

Sergeï se concentra et resta silencieux pendant une minute, fronçant les sourcils jusqu'à finalement ricaner

« C'est compliqué. J'ai demandé à la Terre de l'emmener là où il voulait aller. Et il lui a dit à elle, pas à moi. Et il lui a visiblement aussi dit de pas nous le dire. Ah, l'enflure. Et ça fait marrer la Terre, visiblement...

Du coup, je peux quand même le rechercher mais c'est pas dit que ça aille vite... Sinon, reste l'option de la fille rose. Elle avait pu le repérer avec son vaisseau, elle pourrait recommencer, non? »

Après les fantômes et les dieux, voilà que la Terre elle-même se mettait à jouer aux devinettes ! En réponse de quoi Vitam avait fissuré quelques éléments naturels de décor en représailles, tout en continuant à grommeler plus ou moins intérieurement (surtout moins, en fait). Jusqu'à finalement se taire et finalement demander à Sergei, passablement calmée :

« ...quelle fille en rose ? »

N'était elle pas en mauve plutôt ? Qu'importe, la fantôme vit rapidement de qui le Shaman voulait parler car des demoiselles capable de commander à un vaisseau extraterrestre, ça ne courrait pas les rues. Ou plutôt le ciel.

« Ah ouais, elle... Ouais, c'est vrai qu'elle pourrait nous aider. Pour retrouver Kaido comme mes proches, d'ailleurs.
Moi je peux faire le tour de l'espace pour retrouver son vaisseau mais toi, tu comptes faire comment pour y aller ? Avec un nouveau tour de Dame Nature ? »

Parce que méta ou non, aux dernières nouvelles, les vivants pouvaient survivre dans le vide spatial. Mais pas très longtemps.

« Oh ? »

Tel un éveillé de soirée arrosée, Vitam mit un peu de temps avant de réaliser son geste, ou plutôt SES gestes de dégradations de l'environnement.

« Pardon. Et j'y vais... See ya ! »

Puis Vitam s'était envolé dans les airs à pleine vitesse, direction l'infini cosmique.

Vitam partit donc, vers l'infini et l'au-delà. Enfin, elle en revenait, plutôt. Mais ce fut une fois arrivée dans l'espace qu'elle se rendit compte d'une chose très importante.

Laquelle?

Et bien, que le vaisseau ne portait hélas pas une pancarte clignotante suffisamment grande pour qu'elle puisse le voir de là où elle était. Il lui fallait donc choisir une direction dans laquelle aller. Le nord? le sud? L'est? L'ouest? Les 4 à la fois? Ne demandez pas comment elle fait, vous n'êtes pas prêt.

Zut c'est vrai que l'espace, c'est un poil plus grand que l'Enfer.

De plus, elle ne pouvait vraiment compter sur ses subordonnés étant donné que ceux-ci étaient trop lents et risqueraient de se perdre dans l'espace par dessus le marché. Autrement dit, Vital et son sens de l'orientation foireux allaient devoir se débrouiller seuls pour ce coup-ci. La fantôme se mit à regarder autour de soi, cherchant du regard le point/planète/étoile/whatever pourquoi que ce soit brillant et/ou suffisamment voyant pour pouvoir servir de point de repaire. A défaut tout droit ferait parfaitement l'affaire, bien que "tout droit" soit une direction très relative lorsqu'on vole parmi les astres.

Quoi qu'il en soit, Vitam s'y dirigea à toute vitesse, ralentissant toutefois de temps à autre afin de vérifier ses alentours tout en s'assurant de sa "direction" .

Vitam chercha et ne trouva pour seul repère qu'une vilaine boule grise appelée Lune qui flottait nonchallament pas très loin de la Terre. S'y dirigeant, elle vola à toute vitesse et, rapidement, se rendit qu'elle n'allait pas être rendu tout de suite sur place. Mais fort heureusement, du coin de l'oeil, elle aperçut quelque chose qui brillait au loin, en orbite de la Terre et qui était trop gros pour être un satellite.

Plus attirée par le point brillant et orbitant autour de la Terre que par l'affreuse Lune, Vitam s'approcha de celui-ci pour voir ce que c'était.

En s'approchant, Vitam réussit a discerner la forme familière du vaisseau qu'elle avait déjà aperçu avant. Il lui fallut de longues minutes mais finalement, elle arriva à portée immédiate du vaisseau.

Ça, c'est fait. Maintenant, évitons de se faire emprisonner comme la dernière fois.

Que ce soit dans ce but ou bien pour passer le champ de force de la dernière fois, Vitam généra une bulle protectrice de plusieurs mètres de diamètres capable de faire valdinguer cages électriques et autres armes farceuses.

« Hé Luminous Girl t'es là ? On a besoin de toi en bas ! »

Comme d'habitude, pour la discrétion, on repassera.

Pendant ce temps Sergeï se téléporta à Vera cruz où il s'assit sur un banc et regarda passer les voitures.

Depuis son banc, Sergeï regarda passer les voitures, juste à coté d'une petite épicerie. L'endroit était calme et paisible, pour changer. Parce qu'après sa journée de folie, Sergeï avait un peu besoin de se détendre quand même...

Sauf que, visiblement, ça n'allait pas être pour aujourd'hui, même si Sergeï ne le savait pas encore...

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Vitam se protégea comme elle put face à une possible interaction négative avec le vaisseau comme la dernière fois. Puis elle lança quelques mots dans le vide, sans faire le moindre bruit. Parce que l'aurait-elle oublié mais dans l'espace, nul ne peut vous entendre parler.

Peut-être que dans l'espace, personne ne vous entend crier, mais pour sûr qu'une fois dans le vaisseau, on allait entendre Vitam.
C'est donc qu'une fois après avoir franchi la paroi et de ce fait à l'intérieur de celui-ci que la fantôme avait réitéré sa question.

« Ohé y'a quelqu'un ? »

Quand Vitam traversa la paroi du Porteur, elle sentit le vaisseau trembler puis se calmer une fois sortie. Elle appela alors en haussant le ton et entendit une réponse provenant d'un peu plus loin:

« Tout doux, tout doux, pas la peine de hurler. »

Ce qui semblait être un diablotin arriva alors au bout du couloir, portant un T-shirt Steven Universe et buvant un smoothie qui, à l'odeur, semblait être au concombre et à la carotte:

« Wowowow, qu'est-ce que tu fais là? Hé, John, qu'est-ce qu'elle fait là? »

Qu'est-ce que quoi fait là?

« Bah, elle. »

Elle qui? Je ne détecte rien.

« Ah, zut. Appelle Luminous, préviens là qu'on a un fantôme à bord. »

Navré, elle a demandé à ne pas être dérangée. Je ne vais donc pas la prévenir. Oh, les calzones sont prêtes. Fin de la discussion.

Le diablotin observa Vitam les yeux plissés et la pointa du doigt:

« J'ai un smoothie et j'hésiterai pas à m'en servir alors pas de gestes brusques, okay? »