Vitam adorait ces retrouvailles mensuelles, et pas uniquement pour le buffet. Ca faisait plaisir de revoir tout le monde enfin... presque tout le monde. En effet, malgré son état éthéré, la fantôme avait toujours un pincement au coeur de ne pas avoir revu Menerith depuis son départ, partie un beau jour sans laisser de traces en prétextant faire de vagues recherches. Elle comprit très vite que la recherche en question consistait simplement à s'éloigner de M.D (laquelle s'habituait plus ou moins bien à sa vie d'humaine) mais... merde, elle aurait pu lui en parler avant quoi, peut-être que Vitam aurait pu faire quelque chose pour empêcher cela !

Pour faire passer sa peine, la revenante s'était davantage réfugiée dans la musique et le piano (au sens littéral du terme en ce qui concerne ce dernier objet) et par ailleurs, ne manqua pas d'en surgir pour dire bonjour à Sergei lorsqu'il arriva pile poil pour profiter de l'entrée : Même si ce n'était pas "officiel", il faisait parti de la famille, à présent.

Et pour manger l'entrée qui prenait la forme d'un savoureux ceviche de cabillaud, rien de tel que de posséder les papilles gustatives d'un cuisinier émérite. Surtout que Greg présentait l'avantage indéniable d'être habitué à ce genre de possession, il ne devrait pas dire non. D'autant plus que cette version de la recette est un test et qu'il sait que Vitam est très douée pour donner un avis objectif sur sa cuisine !

« Tu me fais rater mon dessert soufflé, je t'exorcise, Vitaminette. »

Greg accepta l'invitée surprise en lui, avec l'expertise d'un veteran de la possession. Vitam s'y glissa comme dans une vieille paire de charentaise confortable et put donc deguster le plat. Elle servit par l'entremise de Greg avant d'en profiter et elle se rendit compte qu'il l'avait sans doute laissé mariner trop longtemps mais que ca restait quand meme bon.

La faute aux filles, elles m'ont..
Retardé.

Vitam savait que Greg filait le parfait amour avec des associees mais qu'entretenir une relation avec non pas une mais deux personnes ponctionnait enormement de temps a Greg, qui passait le reste en cuisine du restaurant qu">( avait ouvert avec Marjorie et Christina.

Elle se rendit aussi compte qu'une certainr personne avait un probleme avec la coriandre qu'il avait mis dedans, Maddy goutant avant de glisser sa part dans l'assiette de Boro. Pas dépaysé pour un sou, l'asiatique mangea avec un appétit redoublé.

Au final, le plat était bon, certes un peu trop mariné, mais mangeable. Greg avait prévu d'autres choses pour la suite, fort heureusement. Hélas, la suite sembla compromise quand la lumiere vacilla et finit par s'éteindre quelques secondes avant de revenir sur le systeme de secours, installé par Ptah juste au cas où.

Noooooonnnn, mes soufflés!

Noooooonnnn, les soufflés !

En phase avec Greg sur ce coup-là, Vitam était prestement sorti du corps du cuisinier suite à la coupure de courant afin de se précipiter vers le four, puis sortir lesdits soufflés. Greg venait tout juste de les mettre en cuisson, alors peut-être qu'il y avait encore moye de les sauver avant qu'il ne soit trop tard !
Et puisque le courant ne semblait pas vouloir se remettre tout seul, la fantôme demanda à l'assemblée :

« Quelqu'un pour venir avec moi pour remettre le disjoncteur ? L'est bien caché et je le remettrais bien moi-même mais je ne peux pas, j'ai pas de mains » fit-elle en agitant ses doigts intangibles devant tout le monde pour appuyer un autre souci technique affectant cet appart' .

Sergeï ne laissait rien paraître mais il adorait ces réunions familiales et le temps passé avec les enfants et leur mère.

S'il avait au départ craint des incidents avec les pouvoirs des enfants il avait été rapidement rassuré par leurs capacités à les maîtriser. Et s'il regrettait un peu de ne plus pouvoir aussi facilement parler à Vilmy et aux autres il devait avouer qu'il était content de savoir qu'ils étaient entre de bonnes mains.

Le repas était agréable et Sergeï passait une excellente soirée. Alors qu'il discutait avec Lupe de sa prochaine venue chez elle pour faire cours aux enfants la lumière vacilla.

Vitam demanda de l'aide et le russe se leva. « Da. Je t'accompagne. Faut aller où ? »

Tandis que le Russe se levait, Greg regarda par la fenêtre:

« Je suis pas sur que d'aller voir les plombs soit utile... »

En effet, la ville entière était noire. Enfin, presque, un quartier, légèrement surélevé, semblait encore avoir de la lumière:

Hollywood.

Sergeï observa le quartier hollywoodien briller de manière encore plus ostensible maintenant que le reste de la ville était plongé dans le noir.

Afin que personne ne se cogne à un meuble il fit briller une petite flamme dans sa main pour illuminer la pièce.

« Bon bein on va attendre un peu non ? Je pense que ça va vite revenir. » dit-il en essayant de rester positif.

J'espère...

« Meuh oui, y'a pas de raisons ! Même si je n'ai jamais eu de coupures de courant ici. »

De son côté, Vitam observa dehors vers la brillante Hollywood. Est-ce que quelque chose de plus lumineux que la moyenne se distinguait du reste ?

Vitam se retrouva accompagnee dans son observation de Hollywood par d'autres invités. D'aussi loin, il ne semblait y avoir rien d'étran...

Ah, si, une explosion suivie de laser brisa la monotonie de l'obscurité du ciel, laissant son sillage une empreinte lumineuse qui brilla sur les rétines des témoins.

« Hmmm, etrange. » lacha Boro, laconique.

Pfff. Forcément. On peut jamais manger tranquille.

« Qu'est ce qu'on fait ? On va voir de nous même où on attend que mon téléphone sonne pour me dire que je dois me rendre sur place ? » soupira le russe. Il était partagé entre la curiosité de savoir ce qu'il se passait et l'envie de rester ici avec Lupe et les enfants.

Et avec Vitam mais bon ce n'était pas comme si elle allait le laisser y aller seul de toute manière.

« Devine. Puis il n'y a rien de tel qu'une bonne baston avant de manger du soufflé, pas vrai les gars ? »

Tout en faisant mine de se craquer les phalanges, Vitam, souriant d'un air enjoué propre à ceux qui aiment se bagarrer, regarda les autres convives pour voir si d'autres qu'elle ou Sergei souhaitent se convier à la petite sauterie.

Sergeï et Vitam etant volontaires pour aller se jeter dans la gueule du loup, les autres se répartirent les taches. Boro resterait dans le quartier pour s'assurer que personne ne tente rien de stupide comme de piller ou casser des trucs.
Sonya et Wulfhilde iraient rejoindre les quartiers alentours, diffuser de la musique et veiller sur les gens.
Lupe, elle, confinait les enfants a leurs chambres parce qu'il etait hors de question que la chair de sa chair aille risquer sa vie en etant aussi peu préparé, ah ça non, c'etait hors de question et il etait inutile d'insister, jeunes gens. Ca pouvait etre dangereux et c'etait pas un endroit pour des enfants.

Bref, apres avoir utilisé le regard de la madre de la muerte, les enfants rejoignirent leurs chambres, Sergeï et Vitam purent partir.
Une fois sorti du perimetre immediat de l'immeuble, la situation partait allegrement en cacahuete. Pillage, vandalisme, certains habitants s'en donnaient a coeur joie tandis que d'autres s'organisaient pour proteger leurs quartiers. Ça et là, d'autres metahumains surveillaient les zones diverses, et le duo de compere finit par arriver en bordure de la zone illuminee. Un tas de civils attendaient la et des policiers formaient une ligne, surveillant la zone et ecoutant le briefing d'un colosse a peau rouge.

« Ecoutez, tant qu'on a pas de retour de nos equipes sur place, vous limitez vos deplacements aux endroits visibles de la rue. Allez frapper aux portes pour vous assurer que personne n'est resté derrière. L'équipe devrait faire son rapport dans 10 minutes, assurez vous que vos radios fonctionnent et si vous croisez d'autres metahumains, envoyez les moi. »

« Les méta-humains peuvent venir spontanément ou ils sont obligés de passer par la case police d'abord ? » demanda Sergeï en s'approchant du colosse et en montrant son badge de la MMA plein d'assurance.

La concernant, Vitam était invisible à côté de Sergei, peu rassurée par la présence policière si elle viendrait à la découvrir. Néanmoins en écoutant les instructions du colosse, elle ne put s'empêcher de confier à Sergei :

« Frapper aux portes, frapper aux portes... Il en a des bonnes lui ! On fait comment quand on les traverse ? »

Dépourvue de bras tangibles mais pas de bonne volonté pour autant, la revenante restait aux côtés de l'agent russe. Autant pour le protéger contre une éventuelle méta-attaque que dans l'attente de la réponse des forces de l'ordre.

« Ah, Radulov. J'ai entendu parler de vous... Depuis l'Instant Blanc, les métahumains ont plus que décuplé, je préfère qu'on passe par moi avant de prendre des initiatives. Même si vous n'êtes pas agente, vous allez pouvoir aider. Kaïdo parlait de vous constamment et je me fie à son avis vous concernant, même si je me garderais de répéter ce qu'il disait. »

L'homme sortit un datapad qui transmit en hologramme une vue du ciel du quartier:

« Des gens qui ont quitté le quartier ont signalé des machines quittant les lieux et tirant sur tout ce qui bougeait. Tout ce qui était organique, en l'occurrence. On a un autre problème, toute l'activité électrique de la ville et ses environs est redirigée vers l'un des studios de la warner, nous pensons que c'est de là que sortent les robots. En plus, tout ce qui a un ordinateur dans le coin semble avoir rejoint la cause de ces machines et semblent vouloir s'en prendre aux gens mais ça semble limité à la zone lumineuse. Problème: elle semble progresser lentement mais surement. J'ai contacté les services de la ville pour stopper le courant mais il faut croire qu'on arrête pas des réacteurs à fusion froide en claquant des doigts...

Toutefois, on a l'air d'avoir de l'aide sur place. Avant qu'ils ne soient infectés, nos drones ont repéré une fillette avec une baton et un homme au centre du phénomène. La fille semblait le protéger pendant qu'il discutait avec l'une de ces machines à l'air un poil moins aimable que les autres... »

Touchant la carte, il pointa 3 endroits différents:

« J'ai envoyé une équipe vers le studio de cinéma mais je n'ai pas de nouvelles de leur part. On a aussi l'hôpital qui dispose de générateurs internes pour éviter les grosses coupures, ils doivent encore avoir des patients bloqués sur place et il faudrait les aider.

Puis le dernier problème... »

La carte zooma et montra un énorme mall:

« C'est ce soir que devait avoir lieu la sortie de la nouvelle édition des furbys. Plus intelligents, plus autonomes, ils ont aussi été doté de puces et de connexion sans fil... J'ai pas vraiment envie de vous y envoyer mais il y avait des gens sur place et surtout, des gosses...

Voilà nos 3 plus gros problèmes, j'ai des agents sur le terrain pour gérer les civils mais là, il faut du lourd et j'ai que vous sous la main pour le moment. J'ai d'autres agents mais ils utilisent la technologie et je préfère éviter d'envoyer des armures mécanisés dans le quartier.

Bref, choisissez là où vous voulez aller, comme ça, dès que j'ai du renforts, je peux les envoyer ailleurs... »

Sergeï frissonna en entendant le mot Furbys mais resta stoïque.

Une fois le topo terminé il s'adressa à Vitam : « On fait quoi ? On y va ensemble ou on se sépare ? Et on commence par quoi ? »

« Je dirais l'hopital non ? Peut-être qu'il y a des gens qui sont dans l'incapacité de se déplacer et de plus, de toi à moi... Les Furbys m'ont toujours fait flipper. » Vitam jeta littéralement un froid en repensant à la gueule de ces petits monstres, à en faire frissonner un fantôme.

« J'suis assez d'accord. Ces saloperies auraient dû être éradiquées depuis longtemps et leur créateur avec. » répondit Sergeï.

« Va pour l'hosto alors. Mais dès qu'on a fini là-bas on va se colter les furbies, j'suis pas à l'aise avec l'idée de laisser de mômes avec ces merdes. »

« Okay, allez à l'hosto alors. Je vais essayer de vous envoyer des renforts le plus vite possible mais il va falloir que vous gériez en duo. L'hopital se situe au 6245 De Longpre Avenue. Allez voir Francis pour un moyen de communiquer puis allez-y, d'accord? »

L'officier pointa une camionnette arborant le logo du musée des vétérans. A l'intérieur, le dénommé Francis leur remit un paquetage radio de la seconde guerre mondiale en leur expliquant:

« Il a fallu sortir du matériel analogique parce que ces machins parasitent et infectent tout ce qui est numérique. Ca pèse un âne mort, ça a pas une portée de folie mais ça devrait faire l'affaire. C'est moi qui gère le poste radio donc vous me parlez directement, d'accord? »

Après un rapide test, le duo se retrouva donc envoyé en zone lumineuse. De-ci de là, ils virent des gens qui les observaient derrière leur fenêtre en attendant que les officiers viennent aider à les évacuer puis rapidement, plus personne. Le silence total. Enfin, le silence d'une ville où il n'y avait personne d'autres que des néons et des lampadaires à fonctionner, quoi. L'hôpital se situait à seulement 5 blocs de leur position, vers le nord.

Sergeï s'équipa de la radio et commença à se diriger vers l'hôpital. Il était tenté de voler jusque là pour y accéder plus vite mais l'hypothèse qu'il soit repéré et qu'un combat s'engage en présence d'otages potentiels le poussa à s'y rendre à pieds pour être le plus discret possible.

Enfin tout aussi discret qu'il puisse l'être avec un âne mort sur le dos...

« Allez vite vite vite, on y va on y croit on ne ralentit pas ! »
La coach sportive spectrale encouragea Sergei avec un maximum d'enthousiasme insupportable avant d'arriver en zone lumineuse. Et informa le chamane qu'elle allait d'abord partir en éclaireur vers les formes de gens disparues, ensuite vers l'hôpital directement pour avoir une vue d'ensemble parce qu'un fantôme, en plus d'être discret comme une ombre, n'a pas à porter une radio faisant sa taille sur le dos.

« Je reviens vite... Et n'en profite pas pour t'arrêter, je te retrouverai ! »