Présentation / background.Maigrichon, le regard fuyant, Ismail Bensaïd est un jeune homme rasé et coiffé à la tondeuse. Il ne dégage rien de particulier, et les gens qui le croisent peuvent facilement oublier l'avoir rencontré. Pragmatique, il s'efforce de minimiser ses traits arabes par des tenues vestimentaires très classiques et passe-partout. Son élocution et son non verbal lui rappelle néanmoins à ses origines banlieusardes, et il doit fournir des efforts pour qu'on voit en lui autre chose qu'un branleur de cité.
Ismail est tombé dans l'informatique depuis tout petit. Il vit chez ses parents, dans une barre HLM à Villetaneuse. Sa chambre est encombrée d'unités centrales ouvertes, de cartes graphiques, de câbles, de papiers griffonnés, d'outils, ... Il y a tout de même un lit qui surnage de ce foutoir, une penderie Ikea, une table et une chaise.
Il est connu dans son quartier pour pouvoir intervenir sur tout problème qui puisse se résumer par "mon ordinateur ne marche pas", et pour pouvoir fournir n'importe quel jeu vidéo, film ou album de musique. Il a un mi-temps chez un assembleur informatique, et travaille également quelques heures par semaine dans un centre social ou il donne des cours d'informatique à des retraités. Tout cela lui permet d'assurer son train de vie et d'aider ses parents à vivre.
Il a ses entrées dans nombre de réseaux pirates et de communautés web, publiques ou privées. Il est très discret sur la plupart d'entre elles - se contentant de lire et de copier des données, comme la plupart de ceux qui y ont accès - mais participe activement à quelques-uns de ces réseaux. Il s'essaye également à la programmation et au hacking, prudemment car la dernière chose qu'il souhaite est d'attirer l'attention sur lui... et sur sa famille.
Il est très peu souvent connecté chez lui, préférant l'anonymat de connexions nomades éphémères. Lorsqu'il ne s'introduit pas tout simplement dans les appareils ou les réseaux wifi qu'il repère.
Dans ses rapports à autrui, il se retrouve souvent enfermé malgré lui dans le rôle de "la racaille", et n'apprécie pas cette étiquette et celles et ceux qui la véhiculent. Il est très patient, calme et ne s'énerve que rarement même lorsqu'on le provoque. En revanche en présence de personnes qui le connaissent bien, il fera son possible pour garder la face.
~~~~
Deux semaines que la mère d'Ismail est décédée. Malgré son âge et le soutient de ses proches, il ne s'en remet pas. Insomnies, crises d'angoisse, hyper-nervosité, ... Le médecin lui a expliqué qu'il souffrait d'un traumatisme lié à sa disparition, qu'il lui fallait faire le deuil. Le sac de médicaments, qu'il n'a pas été chercher à la pharmacie, devait aider à combattre ses symptômes. A commencer par cette soudaine peur panique du noir.
Sa mère est décédée d'une attaque cardiaque, a-t-on dit. Lui sait très bien ce qu'il a vu : sa mère, allongée, ensevelie sous plusieurs couches d'ombres
mouvantes. Trop effrayée pour crier, tétanisée par la vision de ses agresseurs, elle n'a pu que tendre le bras vers son fils. Qui n'a rien pu faire. Une fois le vieux corps raidi et sans vie, les ombres se sont alors avancées vers lui. Il a reculé, reculé... et allumé le plafonnier. Les ombres ont sifflé, hurlé, une horrible cacophonie. Puis elles ont disparu par le plancher et les murs. Ismail est resté prostré des heures, sans lâcher l'interrupteur, face à sa vieille mère décédée. C'est son grand frère qui l'a découvert, gémissant et pleurant.
Deux semaines qu'il est terrorisé par le coucher du soleil, par l'obscurité, par les ombres. Qu'il ne dort la nuit qu'une fois au bout du rouleau, toutes lumières allumées, au milieu de lampes de poche. Des fois que le courant ne saute. Il essaye de comprendre. Mission impossible. Sur le net, rien. Rien de crédible, en tout cas. Alors cet appel, peu importe qu'il s'agisse d'un canular... au point ou il en est, autant essayer.