1481 CV, année du halfelin souriant, 17e de Tarsakh, douze cloches au soir.

Le bourdonnement ininterrompu des conversations, ponctué de rires et de vociférations enthousiastes, remplissait chaleureusement le rez-de-chaussée de la taverne Chandelfe. Les buveurs, les mangeurs et les joueurs occupaient toutes les tables et profitaient pleinement de la soirée pour vider leur bourse et oublier leurs tourments.

L'établissement au plafond bas et aux larges poutres comprenait de nombreuses tables bondées, entre lesquelles naviguaient deux serveuses au poitrail vaste et au cabaret chargé. L'éclairage tamisé, composé de chandelles dégoulinantes et de lanternes aux lueurs bleutées, donnait une atmosphère d'intimité et de confidence à la salle. Le long des murs, de petites alcôves voilées contenaient des tables plus discrètes, à l'abri des regards. Des escaliers étroits et aux allures instables menaient à l'étage supérieur.

La clientèle, quant à elle, comprenait des racailles de toutes sortes: vieilles épaves de tavernes, nains bagarreurs défigurés, marins salés en congé et escrocs de la basse-ville. Tous étaient réunis ici pour leurs propres raisons, une main sur le gobelet, et l'autre main près de la dague. Malgré la vigilance assumée, l'ambiance n'en était pas moins festive et l'alcool coulait à flot.

La porte d'entrée était gardée par Skoona, une semi-orque de taille impressionnante. Klank, une armure animée par magie, veillait sur la salle en se tenant au garde-à-vous dans un coin. Nul d'entre eux ne réagissait d'aucune façon lorsque les clients se bagarraient avec d'autres clients. Mais lorsque quelqu'un avait le malheur de s'en prendre à l'une des serveuses, on pouvait sentir que tous retenaient leur souffle alors que Skoona et Klank brisaient tous les os du corps du contrevenant avant de le jeter dans la ruelle par la porte de derrière.

Le tavernier, siégeant derrière le bar soir après soir, était un homme grisonnant aux années difficiles à deviner vu son sang elfique. Alan Alyth était un pilier social très respecté de la basse-ville. Il accueille ses clients avec bonhomie et bière froide, s'ils ont de quoi payer, bien sûr.

Celui que l'on appelait communément Le Borgne se trouvait à une table dans un recoin faiblement de la salle. Arrivé depuis peu à La Porte, il avait pris rapidement habitude de venir passer un moment dans ce lieu où il pouvait s'imprégner en toute discrétion de la diversité du monde qui l'entourait. Il avait compris assez vite que le monde fonctionnait sous forme de caste et que ses accoutrements ne lui permettaient pas d'être ailleurs.
Le Borgne ressemblait à un chien galeux venu se réfugier d'une pluie battante pour reprendre des forces et repartir dans la souillure dans laquelle il avait l'habitude de vivre. Seul son oeil vif vert le laissait ressembler à un humain.
Les serveuses et le patron avaient remarqué son étrange façon de manger avec les doigts, dévorant ses repas comme s'ils étaient les derniers, mais ils l'avaient laissé faire car il était sans histoire, ne dérangeait personne, et payer à chaque fois sans discuter.
Affublé de vêtements en cuir près du corps, rapiécés à maintes reprises, de 2 épées courtes et 2 dagues à chacun de ses côtés, un gros sac bien rempli au sol, personne n'oserait s'approcher sans sentir la mort planer. Car bien que ressemblant à un sous homme sans défense, bien qu'armé, il émanait de lui une étrange aura mi animale, mi humaine, mi maléfique.

De ses doigts aux ongles sales il prit son gobelet en bois et le porta à sa bouche, regardant la vie autour de lui.

Chandelfe. La taverne était malfamée dans toute la ville pour sa clientèle. Du genre peu recommandable dirons nous. Et certainement pas un lieu qui devrait être fréquenté par un enfant. Et pourtant, sans doute à la surprise de plus d'un, c'était bien une gamine qu'on pouvait voir assise près du bar où se tenait le vieux tenancier.

Peut-être à cause de sa position, ou bien peut-être à cause de son apparence qui détonnaient grandement avec l'atmosphère de l'établissement, il était difficile de ne pas la remarquer jouer seule à un jeu échecs draconiques. Alternant tour à tour entrent les blancs et les noirs comme si de rien n'était.

Bien évidemment, un client sagace saurait se méfier d'une telle image qui pourrait se révéler être trompeuse. Et il aurait bien raison, car Alora n'avait rien d'une enfant. Oh, non. L'halfeline était bel et bien adulte. Comme pouvait l'indiquer ses vêtements de commerçante où les deux bières tièdes qui étaient à sa droite. Même si la joueuse d'échecs n'avait pas posé un seul regard sur les bières qu'elle avait commandées.

L'halfeline à l'allure sombre avait beau ne porter aucun intérêt pour les consommations locales, il fallait bien payer la place. Histoire de ne pas vexer le propriétaire. Et donc, la jeune femme commandait une boisson par heure. La moins chère. Et chaque fois sans même toucher le gobelet qui lui était servi.

De temps à autre, Alora levait la tête pour regarder le reste de la taverne. Les faits et gestes d'Alan Alyth, le tavernier, retenaient en particulier son attention. Et sa position était idéale pour l'écouter et l'observer avec le plus grand détail.
Elle prêtait aussi une spéciale attention aux tables de jeu proches, ne manquant aucun jackpot, revers, ou dispute qui menaçait de dégénérer.

C'est au plus sombre de la nuit qu'un homme large d'épaule, aux traits tirés par le fardeau d'une trop longue insatisfaction, entra dans la taverne où il repéra une place au comptoir de l'établissement. Tout naturellement, le chemin s'était ouvert devant lui. Il fallait être insouciant pour oser se dresser dans le chemin de cette force de la nature. Et un saoulard étourdi le découvrit douloureusement lorsque sa tête instable se buta au torse massif du nouvel arrivant. D'un simple geste de la main, il repoussa le client enivré, qui culbuta hors de la trajectoire du colosse. Le pauvre roula sur une table et envoya valser les quelques gobelets qui s'y trouvait.

Biliber leur accorda un bref coup d'oeil, le temps qu'ils comprennent qu'il ne s'excuserait pas et qu'il accueillerait avec entrain les éventuelles récriminations de ceux qui se lèverait pour lui transmettre. Les jointures calleuses, le nez épaté, les ecchymoses marquant la peau sous une pilosité sombre et abondante, tout indiquait que l'homme savait prendre les coups, et sans doute, les rendre avec la même vigueur.

Sa lourde main ouverte s'affaissa sur le comptoir. Le bruit sourd de la peau rugueuse se mêla à celui du métal qui cogna sur le bois patiné. Lorsque l'attention du tenancier était tournée vers lui, l'homme retira sa main pour laisser voir quelques piécettes. Il éructa simplement: « À boire. »

Sans plus, il tourna le regard vers la scène qui s'offrait devant lui. On aurait dit qu'il était à la recherche de quelqu'un ou quelque chose. Parfois, son regard s'attardait dans le vide, pendant un long instant, impassible aux stimulations de son environnement. Parfois, d'autres regards croisaient le sien, mais on ne pouvait y lire aucune chaleur, aucune cordialité. Que des questionnements et un mince espoir de réussite.

Le Borgne mange son ragoût en pigeant dedans avec ses doigts sales, puis en buvant le reste directement dans le bol sans jamais considérer la cuillère en bois bien disposée devant lui sur la table. Un morceau de lard glisse doucement le long de son menton le temps qu'il finisse son bol, après quoi il aspira le bout de gras visqueux d'une succion sonore qui aurait fait évanouir n'importe quel professeur d'étiquette.

Assis sur la table d'à côté, deux matelots au visage plissé de rire avaient interrompu leur conversation pour observer le spectacle d'un regard amusé, ricassant de leur vieilles dents pourries.

- Hé Harold, dit-il à son collègue marin, c'est à ça que tu ressemblais après trois semaines de rations-porridge sur le Sainte-Catherine!
- Hahahah ouaip! J'oublierai jamais cette salope de chèfe qui a mis le feu à nos réserves avant de sauter par dessus bord. Puisse Umberlie lui mordre le cul. J'ai jamais avalé autant de ragoût que le jour qu'on a enfin accosté ici.
- Heheheh! Hé! Falten! FALTEN! s'écria-t-il en se tournant vers une des serveuses et en pointant Le Borgne. Jcrois qu'y va avoir besoin d'une blonde de Luskan lui hahah!

Le marin déposa trois pièces de cuivres sur sa table avant d'envoyer au Borgne un clin d'œil plein de sympathie qui voulait dire quelque chose comme: "entre créatures misérables, on se comprend."

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Alan était un homme à la fois charismatique, accueillant et autoritaire quand il le fallait. Il gardait une énorme claymore bien en vue derrière le bar, prête à décapiter tout ce qui se tenait à proximité du comptoir, si le besoin s'en faisait sentir. L'état poli, affuté et rarement utilisé de la lame témoignait du travail efficace de Klank et Skoona.

C'était une soirée assez occupée et Alan ne prit de pause que pour se couler une stout pour lui-même entre deux commandes. Jouant seule aux échecs sur le bar depuis les deux dernières cloches, Alora senti le regard du tavernier sur elle pendant qu'il calait son verre. Il essuya sa moustache de mousse avant de dire:

"Si tu ne bois pas tes bières, tu pourrais les offrir à quelqu'un en échange d'une partie. Je suis certain qu'il y a des bons joueurs ici ce soir."

Il ne semblait pas aussi étonné de voir une "enfant" assise au bar que le reste des clients qui lui jetaient occasionnellement des regards de biais. Chandelfe était une taverne fréquentée par des gences de partout sur la Côte des Épées, et un établissement populaire chez les aventuriers revenant d'une quête éprouvante en dehors des murs de la ville. Alan en avait vu passer, des gens bizarres, et il savait reconnaître une halfeline quand il en voyait une.

Sans crier gare, un vieil ivrogne puant se leva pour accoster Alora, mit sa main puante et veineuse sur la petite épaule de la jeune femme et lui dit de son halène de fond de baril:

- Hé toi, fillette, fais attention à qui tu tournes le dos. Il y a un dicton qu'on dit ici: "À Chandelfe, surveilles toujours tes arrières, sauf quand la Dame chante."
- Va te rasseoir, vieux pouilleux, répondit Alan d'un ton nonchalant. Tu sais pas à qui tu t'adresses.

C'était un léger bluff de la part d'Alan parce que lui non plus ne savait pas trop qui était la fille assise au bar. Mais il connaissait assez la racaille de la basse ville pour savoir comment les remettre à leur place et éviter un bain de sang.

Le croûton puant alla se rasseoir en ricanant comme une vieille sorcière de comptes de fées.

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Biliber entra.

Un ivrogne se heurta sur le colosse, perdit équilibre, puis tomba sur un autre client, qui, à son tour, tomba de sa chaise. Renversa sa bière sur son voisin, lequel se leva brusquement pour s'essuyer et fit basculer sa table. Les mises en argent, les verres et les jeux de cartes s'envolèrent dans toutes les directions.

Biliber avança vers le bar parmi les cris d'indignation et de colère.

- Hé ho toi pour qui tu te prends?
- Bravo Gus, espèce de rat de fond de cale! Donne-moi ta chemise, maintenant que la mienne est pleine de bière!!
- NOON J'ÉTAIS EN TRAIN DE GAGNER!! FILS DE HARPIE!!!
- FILS DE QUOI???

Gueux et roturiers se jetèrent par terre pour ramasser la pluie d'or, d'argent et de cuivre tombée au sol en s'écriant: "SI C'EST À TERRE C'EST À MOI!" Ce qui incita encore plus de gens à essayer de récolter des piécettes.

Biliber marcha sur une main qui essayait d'attraper une pièce de cuivre. Cris de douleur.

Le chemin s'ouvrait devant lui alors que derrière lui, le chaos dégénérait. On jurait. On criait. "Touches pas à ça c'est MON argent!" Le premier coup de poing décolla. "Ta gueule!! T'étais en train de perdre!!"

- FOUTAISES!!

Biliber s'installa au bar.

- À boire.

Alan, amusé au plus haut point par ce qui venait de se produire, lui servit une Rousse de Baldur en disant d'un ton enjoué:

- Tiens, c'est la maison qui t'offre la première. Dépêche-toi de la boire parce qu'il y a un gourdin qui viens vers... ah trop tard.

MD: Jet d'initiative, tout le monde.

Initiative: Daevore lance 1d20 et obtient 7 (7)

Le Borgne avait entendu les marins parler de lui juste à côté de sa table mais ne comprit pas sur l'instant ce qu'avait dit le marin à la serveuse
C'est quoi ça une blonde de Luskan ?....

Il ne comprit que lorsqu'il vit Falten se glisser entre les tables et revenir avec une pinte de bière et la poser bruyamment devant lui.
« Euh....merci » dit-il timidement à la serveuse.
« C'est pas moi qui faut r'mercier mais c'marin là »lui répondit-elle en montrant du pouce le comparse d'Harold.
Le Borgne regarda alors ses deux chopes de bière. Il y en avait une de trop. Il n'avait pas l'habitude de s'enivrer, il avait déjà eu l'occasion de l'être et avait détesté cette sensation de ne plus être maître de lui.
Il savait qu'il était capable de perdre le contrôle, et il ne voulait pas que l'alcool puisse en faire partie.
Il tourna alors la tête vers le marin et ne voulant pas l'offusquer, leva sa chope vers lui sans un sourire et la porta à ses lèvres laissant juste la mousse lui faire une moustache blanche disgracieuse mais sans en boire la moindre gorgée.

« ....FILS DE HARPIE!..... »

Son sang ne fit qu'un tour et il redressa immédiatement, son unique oeil vert brillant comme un possédé, renversant par-là même sa chope de Luskan fraîchement servie.
Qui m'appelle, qui me connaît ici
Ses idées s'embrumèrent soudain, le monde tout autour de lui devint vague, les bruits s'estompèrent pour ne laisser que ceux d'où provenaient "l'appel".
Là bas, à 2-3 tables de là, c'est de là qu'on l'avait appelé.
Délaissant nourriture et sac à dos, Le Borgne se dirigea vers la tablée d'un pas ferme et décidé, faisant fi de qui se mettrait sur son passage.

Alors que le tenancier refusait de prendre son argent en échange du breuvage, Biliber souleva les épaules en signe d'accord. Il approcha sa main vers le gobelet alors que le vieil elfe lui fit une mise en garde. Généralement, dans une situation semblable, où les chicots de la place gonflent les muscles, on le laissait tranquille. Sa carrure imposante et sa mine de malfrat suffisaient à décourager les plus téméraires.

Quand le gourdin, suivi l'individu qui le maniait s'en prit à lui, Biliber tenta d'intercepter le coup malgré sa surprise.

Initiative: Puncho lance 1d20+2 et obtient 3 (1)

Alora ne se préoccupa pas au début de recevoir l'attention du tenancier. Sans doute se lassera-t-il à force de la regarder. Ce n'est qu'après avoir été adressée directement, que l'halfeline leva lentement la tête pour observer à son tour son interlocuteur trop curieux. Sa mine montrant clairement la confusion qu'avaient suscitée les propos de ce dernier.

« Offrir mes bières en échange d'une partie? Pourquoi ferais-je cela? »

Ce n'était pas au fond payé pour jouer?

La question était sincère, car la jeune femme a l'allure enfantine ne voyait vraiment pas la chose autrement. Et dans ce cas quel intérêt? Surement n'était elle pas assez désespérée pour payer pour avoir de la compagnie? Et combien même, elle n'avait tout simplement pas les moyens d'entretenir de telles lubies.

Mais peut-être que le tavernier voulait lui communiquer autre chose?

Cela lui rappelait une leçon que Razil lui avait enseignée, il n'y a pas si longtemps. Que parfois, il fallait savoir investir, à perte s'il le faut, dans des projets prometteurs… ou des individus tout aussi encourageants. Certes, ces placements pouvaient se révéler décevants éventuellement, mais le risque en valait tout de même souvent la chandelle. Tout était une question de dosage.
Vue comme cela, une bière qu'elle n'allait pas boire de toute manière était elle vraiment une perte inacceptable?

Posée comme cela, la question méritait d'être méditée. Néanmoins, Alora n'eut pas vaiment le temps de la pondérer plus longtemps que déjà, un autre gêneur, du genre nauséabond, vint interrompre ses pensées.

Elle resta de marbre face au vagabond. Elle avait vu bien des ivrognes puant dans sa jeune vie, et elle savait pertinemment que ces bons à rien se nourrissaient des réactions outrées de leurs victimes. Et l'ensorceleuse n'allait pas lui donner cette satisfaction.
Tout juste, s'autorisa-t-elle à glisser discrètement l'une de ses mains à portée d'une de ses dagues, une formule magique prête aussi à fuser à tout moment de ses lèvres pulpeuses. Au cas où le goujat se ferait des idées.

Une remarque par contre, perplexa la petite femme.

La Dame chante?

Qu'entendait-il par la pensa-t-elle. Alors qu'elle l'observait d'un oeil se rasseoir tandis que de l'autre, elle regardait le chaos provoqué par le grand homme au physique de guerrier qui s'approchait du bar se répandre dans tout l'établissement.
Son cœur se pinça à la vue de toutes les pièces qui trainaient au sol, et des individus qui se précipitaient pour récolter la mise inespérée. Dans d'autres conditions, Alara aurait pu être tentée elle aussi. Mais elle pouvait sentir que le climat de la taverne devenait dangereux, et que se précipiter dans la chienlit n'était peut-être pas très sage.

Le Borgne n'eut même pas le temps de faire trois pas que soudain tout ne devint que chaos et anarchie devant lui.
Quelle que soit la personne qui l'ait appelé, elle était maintenant noyée dans une masse informe de gens qui se marchaient dessus, se jetaient des chopes à la tête, certains à quatre pattes en train de ramasser des pièces de monnaie tombées au sol, d'autres se saisissant de chaises pour venir les fracasser sur un dos qui passait par là, tandis que d'autres encore tentaient de fuir la cohue en sauvant leur précieuse bière maintenant leur bras au-dessus de leur tête.
Il y en a même un qui s'approcha d'une montagne de muscles accoudée au comptoir. Le fou.

Des images d'Ashkal, sa mère, émergèrent alors dans son esprit. Images de son sourire aux dents acérées capables de dépecer les chairs sans difficulté, son visage tout près du sien tournant autour de lui, lui murmurant de sinistres paroles:

« Tues-les.....vois comme leur chair est tendre.
Garde le coeur pour la fin, c'est le meilleur.
N'aies pas peur, allez, mange.
Si tu ne manges pas tu vas mourir de faim
AH AH AH AH AH. »

Le Borgne se tint alors la tête entre ses deux mains et cria:

« ASSSSEEEEEZ........ »

Ordre d'initiative:
Le Borgne = 20
Alora = 15
MJ = 7
Biliber = 3

Attaque vs Biliber: Daevore lance 1d20+2 et obtient 13 (11)

Un gourdin apparut de nulle part pour se diriger à toute vitesse vers le crâne de Biliber. Ce dernier, averti par le tavernier mais aussi très alerte des dangers de la ville, eut le réflexe formidable de dévier le coup de son énorme avant-bras, tel le pugiliste habitué qu'il était.

Le combattant, faisant maintenant face à son assaillant, remarqua que trois personnes lui faisaient face, armes au clair, prêts à lui "donner une leçon."

Le premier en avant était un homme vêtu d'une armure de cuir qui recouvrait presque tout son corps. Il était armé d'un gourdin mais arborait aussi une dague à sa ceinture. Le deuxième à sa droite était un autre homme en torse poings levés, prêt à mettre des baffes. Le troisième, à sa gauche, était un homme barbu coiffé d'un chapeau de paille et armé d'un sabre.

Empathie Biliber: Daevore lance 1d20 et obtient 14 (14)

Biliber constata qu'ils étaient tous très souls et leur agressivité provenait sans aucun doute de leur niveau d'intoxication. Il serait bien étonné de voir quelconque racaille lui tenir tête en étant à jeun, mais la sagesse de ses saoulons était visiblement très affectée par les "blondes de Luskan."

Les deux autres se préparèrent à attaquer aussi, mais démontrairent une ou deux onces d'hésitation.

Les deux autres délayent leur initiative pour la condition suivante:
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Du côté de la table de jeu renversée, c'était la tohue. On se battait. On se mordait. On se volait les pièces. Le jeu n'arrêtait jamais: sur les autres tables, certains allaient même jusqu'à faire des paris sur lequel remporterait la mêlée.

Le Borgne se leva pour se joindre au capharnaüm, puis s'arrêta pour s'écrier, la tête entre les mains et d'un air très perturbé:

« ASSSSEEEEEZ........ »

Un moment de silence.
Des regards tournés vers lui.
Puis le branle-bat-de-combat reprit de plus belle sans porter attention à l'homme borgne dérangé au milieu de la scène.

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Fidèles aux politiques de l'établissement, ni Alan, ni Skoona, ni Klank n'intervinrent aux événements de la scène. Les serveuses Falten et Yimiur s'empressèrent de se mettre à l'écart pour éviter les coups.

Biliber n'eut qu'un instant pour comprendre l'insinuation du tavernier. En se retournant pour voir ce qui en était, il évita de justesse l'assaut de l'inconnu enivré. Et l'inconscient n'était pas venu seul.

Se dépliant de toute sa grandeur, l'homme du nord toisa le trio. Avant de se lancer dans la mêlée, il resserra la grippe sur son pichet de rousse. Il avala trois grandes goulées, tout en gardant un oeil alerte sur ses assaillants.

Il reposa lourdement son verre sur le comptoir, qui envoya quelques éclaboussures un peu partout.

« J'ai des piécettes. Je vous paie une rousse ? »

Persuasion Biliber: Daevore lance 1d20-1 et obtient 17 (18)

Biliber se tenait prêt à réagir à un coup bas, ou deux, ou trois.

Si le vieux crouton et l'amas de pièces avaient jusque-là retenu toute l'attention de l'halfeline, elle s'était rapidement retournée en remarquant le combat qui s'était soudainement déclaré à seulement deux pas de sa personne.

Il semblait en effet que la grosse brute responsable de la pagaille ambiante s'était fait des ennemis en conséquence. Une conclusion toutefois assez logique à son entrée agressive. Même si apparemment, le guerrier n'était pas assez téméraire pour affronter trois de ces bandits à la fois. Dommage pour lui.
Alora esquissa un sourire mauvais devant l'ironie de la situation. Peut-être que la prochaine fois, il réfléchira à deux fois avant de bousculer de parfaits inconnus? Si prochaine fois, il y a.

L'ensorceleuse reprit par contre rapidement sa mine morose. Et pour cause. Il était bien problématique que le barbare ait choisi de se mettre si près d'elle. L'impliquant d'une certaine manière dans ce combat qui n'était pas le sien.
Dans d'autres circonstances, Alora se serait contentée de savourer le violent spectacle, mais présentement, elle était déjà assez proche pour sentir sur son visage les gouttes de la bière du géant humain l'éclabousser après que celui-ci eut rudement posé son gobelet sur le bar. Dans ces conditions, quels seraient les risques qu'elle encourrait si l'affrontement venait à se déclarer?
Certes, elle pourrait décider de vider sa chaise et de se mettre à l'écart du conflit, mais elle rechignait à commettre un tel acte de lâcheté. Surtout sitôt après, avoir été abordée par l'autre soudard.
Non, malgré la situation, rester près du bar demeurait l'option la plus sure. Après tout, elle n'était pas pour ainsi dire sans défense. Loin de là, même. Et ce, malgré ce que son apparence pouvait laisser suggérer.

La balle était donc dans le camp des ivrognes. Deux choix s'offraient désormais à eux: ils pouvaient choisir l'issue la plus sage. Et sortir gagnant en emportant avec eux des boissons gratuites comme compensations pour l'offense commise plus tôt… ou ils choisissaient l'autre option. Et celle-ci promettait d'être bien moins généreuse… se dit-elle en traçant aussi discrètement que possible des arabesques dans le vide.

Alora se tient prête. [Ready an action]

Tout autour de lui, tout n'était que chaos et confusion. L'espace d'un instant le calme était revenu puis les gens se mirent à se battre à nouveau sans se préoccuper du borgne.
Peut-être que son esprit avait été trompé comme ça lui été souvent arrivé, même si ça se passait généralement dans son sommeil.
Quelqu'un l'avait-il vraiment appelé " Fils de Harpie " ?
Personne ne le connaissait ici
Comment aurait-il su ?
La folie le gagnait peut-être de plus en plus. Tout se brouilla soudainement dans sa tête.
Il laissa alors échappait un grognement de frustration « Rahhhhhhh » et retourna s'asseoir à sa table, se frappant la tête entre ses deux mains.

La pagaille s'entensifiait.

Les gueux luttaient au sol, cul par dessus tête, pour s'arracher les pièces tombées au sol, désormais contestées par tous les clients à proximité. La misère et la pauvreté de la ville avait rendu beaucoup de gens désespérés au bord du précipice. Prêt à tout pour une miche de pain. Le fer commença à rencontrer le fer.

Les coups et les cris remplirent la pièce. Les deux marins se jetèrent dans la mêlée, le premier tenant une hache dans chaque main, et l'autre sautant sur la table en renversant tout ce qu'il y avait dessus et en criant "Yaaarrrrhhh!!!"

Falten s'éloigna de la mêlée pour aller se réfugier auprès du feu, de Klank et du Borgne, mais s'éloigna un peu de ce dernier lorsqu'il commença à se frapper la tête en émettant des sons de dérangé.

Du mobilier se brisait.
Les gardes ne bougeaient pas.
Du sang coulait.
Les gardes ne bougeaient pas.

Skoona avait les yeux rivés sur la mêlée et Klank avait la... eum... visière rivée sur la scène au bar.

Autour de Biliber, les trois belligérants firent un pas vers lui, toujours aussi contrariés de la bousculade et de leurs choppes renversées. Jusqu'à ce que l'un d'entre eux comprit à retardement l'offre qui s'offrait à eux, l'idée ayant fait son chemin dans son cerveau engourdi:

- Une rousse??, s'écria-t-il en rotant. Trois rousses et on n'en parle plus hahah!!!

Les deux autres baissèrent leur garde et acquiescèrent vivement. Satisfait de la tournure d'événements, le tavernier décrocha trois choppes et commença à les couler avant même que Biliber se tourna pour passer la commande.

Alora qui retenait subtilement un filament de la toile tendue comme une corde d'arc prête à tirer, sentit celle-ci se relâcher doucement par elle-même puis se dissiper tranquillement sans causer de vagues.

HRP: Fin des tours d'initiative.

« HaHaHa. Ben voilà ! C'est ce que je voulais entendre. »

En se retournant vers le tavernier, Biliber constata que le vieil elfe s'affairait déjà à remplir les choppes.

« Et lui aussi, il faut croire. »

La lourde main du colosse s'écrasa à nouveau sur le comptoir lisse. En la relevant, quelques rondelles métalliques légèrement oxydées captaient des reflets de lumière bleutée.

« S'il en faut plus, n'a qu'à m'le dire. » ajouta laconiquement Biliber à l'endroit du tenancier.

Le grand gaillard termina sa bière sans rien dire. Il restait stoïque devant la scène mouvementée qui se déroulait sous ses yeux. Sous sa barbe, on pouvait sentir un léger rictus satisfait du devoir accompli.

« C't'un bel endroit que tu tiens, tavernier. Je crois bien que je vais y revenir. »

Le tavernier déposa les choppes sur le comptoir, là où les trois saoulons s'installèrent pour célébrer leur nouvelle bière fraîche et mousseuse. Alan, de bonne humeur, encaissa neuf pièces de cuivres, puis laissa le reste à Biliber.

« - Merci du compliment! » Répondit-il. « C'est ma mère qui m'a légué cet établissement et je dois dire que c'est tout un privilège de tenir une taverne aussi réputée! »

Parmi la racaille sale des pauvres roturiers de la basse-ville, on pouvait apercevoir, ça et là, quelques clients un peu plus fréquentables. Certains portant des capes élaborées, d'autres des armures, d'autres des bijoux. Il y avait des elfes, des gnomes, des nains. Une clientèle variée, chacun ayant visiblement une histoire très différente à raconter.

« - Comme vous pouvez voir, Chandelfe est souvent le premier arrêt des voyageurs lorsqu'ils arrivent en ville. Bah! Je dois dire que ça aide d'être aussi bien localisés près de la Porte du Basilisque. Bref! Bienvenue à la Taverne Chandelfe! Je suis Alan Alyth. À qui ais-je l'honneur? », demanda-t-il aux deux assis au bar encore assez sobre pour tenir une conversation intelligible.

De l'autre côté de la pièce, Le Borgne, à proximité de Klank et Falten, pu entendre cette dernière lancer furieusement aux batailleurs:

« - ÇA SUFFIT BANDE D'IVROGNES! ASSEZ! Empochez vos pièces et faites la paix avec une bière, par Tymora! »

« - Fermes-là, toi, avant que je t'emmène de côté pour te faire ta fête, » répondit un sale gueux avec la lèvre boursoufflée et fendue par les coups. Klank descendit de son socle et fit un pas vers l'avant pour épauler la serveuse de sa présence infiniment imposante. « Euh! Je veux dire oui d'accord tout de suite madame, » s'empressa-t-il d'ajouter pour éviter le courroux de l'armure magique.

Si l'un d'entre eux se calma, les autres n'en firent rien et continuèrent à s'arracher les pièces les uns des autres.

Même si certains continuaient à se chamailler, petit à petit l'agitation générale finit par se calmer tout comme l'esprit du Borgne.
Il ne put cependant empêcher son regard de rester attardé sur les gouttes de sang qui tombaient au sol provenant des égratignures des saoulards. La chair humaine...son goût varie en fonction de ce que le corps ingurgite. A voir l'état de ces ivrognes, elle devait être de basse qualité.
Le Borgne secoua la tête et chassa ses souvenirs, portant ensuite son regard sur les pièces sur lesquelles l'avidité des hommes. L'or....il faisait tourner le monde, il était difficile de vivre sans lui et le sien diminuait à chaque jour qui passait. En arrivant ici il avait eu vite fait de comprendre que avoir de l'or, à moins de le voler, il fallait travailler. Le Borgne était un survivant, voler ne lui posait pas spécialement de problème, mais ce n'est pas ce qu'il voulait faire de sa nouvelle vie pour le moment. Avec très peu de repère de la vie en société, son seul espoir était de la copier pour en apprendre plus sur elle.

Sortant de ses réflexions, il appela la serveuse, personne qui lui sembla la plus à même de le renseigner gratuitement. Car ça aussi il l'avait intégré assez rapidement: il n'y avait quasiment rien de gratuit sur cette terre.
Il se souvint de son prénom et des paroles de sa mère Lorsque tu t'adresseras à moi, tu diras Madame ou Dame, les femmes aiment ça en général, retiens-le bien petit

« Dame Falten, j'ai une question à te poser. Tu sais où je pourrais trouver du travail ici ? »

Perception Falten: Daevore lance 1d20 et obtient 12 (12)
Intuition Le Bogne: Daevore lance 1d20+1 et obtient 21 (20)

Passablement irritée face à l'entêtement des clients batailleurs, Falten poussa un petit râlement d'exaspération.

Le Borgne, s'apprêtant à lui poser une question, remarqua que la serveuse portait maintenant son attention sur le reste de la pièce. Balayant tout l'établissement du regard, elle avait désormais un subtil froncement de sourcils qui témoignait d'une angoisse qui n'avait rien à voir avec le brouhaha.

Inconsciemment, ses mains étaient jointes devant elle pour gratter le coin d'un ongle, sa respiration était peu profonde, sa posture était un peu plus alerte, tous des signes de langage corporel qui démontraient, chez elle, une inquiétude croissante que Le Borgne su remarquer. L'empathie que le tourmenté pouvait ressentir pour Falten était telle qu'en suivant son regard, il comprit tout de suite ce qui la préoccupait: Mais où était passée Yimiur, l'autre serveuse?

Elle n'était nulle part dans la pièce.

« Dame Falten, » demanda Le Borgne assis à côté d'elle, « j'ai une question à te poser. Tu sais où je pourrais trouver du travail ici ? »

Cette question ramena Falten dans son rôle de serveuse et elle remarqua aussitôt la bière renversée sur la table de son client.

« Oh pardonnez-moi, je suis distraite, laissez-moi nettoyer ça, » s'empressa-t-elle en passant un torchon sur la table. Elle avait clairement la tête ailleurs. « Du travail? Euh oui.. Ça dépend de ce que vous cherchez. Mon beau-frère me dit qu'ils cherchent souvent de la main d'oeuvre à l'abattoir 'Le Jarret.' Euh.. à part ça il y a les docks, ils ont toujours besoin de bras pour charger et décharger les navires. À moins que vous pensiez à quelque chose de plus... eum, hasardeux? Faudrait plus de gardes ici, pour commencer... », dit-elle en se tournant brièvement la tête vers Skoona pour voir si elle aussi avait remarqué la disparition de Yimiur.

« Excusez-moi, je dois aller voir Alan, mon patron. Si vous voulez du travail, venez avec moi, je vais vous le présenter. Il saura sans doute vous pointer dans la bonne direction. »

Biliber répondit avec enthousiasme au tavernier. « Tu peux m'appeler Bil. Heureux de faire ta connaissance Alan. »

Le regard du gaillard fut attiré par les reflets dansant sur le métal d'une large lame.

« C'est la tienne, c't'épée ? Elle t'a servi à autre chose que d'ramasser la poussière ? »

Biliber posait la question en toute bonhomie. La conversation était plutôt plaisante, malgré la chaos ambiant.

Le Borgne remarqua l'absence momentanée de la serveuse Falten. Tournant la tête pour voir dans quelle direction elle cherchait ce qui semblait lui "manquer", il s'aperçut que l'autre serveuse n'était plus là. Il n'eut pas le temps d'essayer de la rassurer, quoique ça ne lui vint pas à l'esprit immédiatement, que Falten se retourna vers lui pour nettoyer sa table et répondre à sa question.
Plus habitué au gant de fer qu'à la main de velours, Le Borgne fut surpris de la gentillesse de Falten, qui malgré ses craintes concernant l'absence de Yimiur, garda tout sa quiétude pour servir son client.

Prenant son gros sac posé au sol, il emboîta le pas de Falten lorsqu'elle l'invita à la suivre pour rencontrer son patron.
« Je te suis Dame Falten....et ne t'inquiètes pas pour ton ami, elle est certainement aller en cuisine pour servir d'autres clients »

Arrivé au comptoir où se trouvait Alan le propriétaire il laissa négligemment tomber son sac au sol.