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Ambiance portuaire ![musique barde :musique:](./images/smilies/musique barde.gif)
1481 CV, année du halfelin souriant, 2e de Kythorn, cinq cloches à l'aube.
Le cri des goélands retentissait avec écho sur les façades de la cité endormie. La brume matinale se dissipait doucement pour laisser place aux rayons de Lathandre. Les oiseaux de mer tournoyaient au dessus du vieux port de Baldur en attendant impatiemment la venue des bateaux de pêche. Chaque matin, à l'aube, les navires arrivaient de part et d'autre de la rivière Chiontar pour débarquer leur cargaison juteuse. Une l'opportunité parfaite pour un piaf entrepreneur d'usurper un repas facile.
Le Lady Marianne sonna sa cloche pour annoncer son approche. Le navire fluvial en provenance de Scornubel venait décharger son cargo plein à craquer de saumons frais, lesquels remontaient la rivière par centaines de milliers en cette saison. Une opportunité en or pour les pêcheurs d'eau douce. Le bateau à coque peu profonde avait cependant peu d'espace de cale. Il était donc coutume pour ce type d'embarcation de transporter sa pêche dans des filets suspendus par dessus bord, de part et d'autre de la coque, pour gagner de l'espace et maintenir une pêche mouillée et fraîche jusqu'à son arrivée.
"Lancez les amarres!"Deux lignes d'attrapes jaillirent du quai de Baldur vers le pont du Lady Marianne. Deux impeccables arcs de cordes lancés de façon experte par des marins qui pratiquent leur métier depuis visiblement des lustres. Les matelots du navire saisirent les lignes d'attrape et s'empressèrent de hisser les amarres sur leurs bollards.
La grue du quai était prête. Perchée au dessus de tous telle une tour de bois, les gnomes à l'intérieur activaient des leviers et des poulies pour faire descendre le crochet. Une à une, les lignes du filet le tribord furent détachées pour permettre au crochet de la grue de hisser la pêche sur le quai avec une facilité ébahissante pour ceux qui n'avaient encore jamais vu une telle merveille d'ingénierie gnomesque.
Alors que le filet engorgé de poissons sortait de la flotte pour aller vers le quai, l'un des marins portuaires hurla
"mais qu'est-ce que... STOP!"La grue arrêta son mouvement à mi-chemin, laissant le filet de poissons pendre quelques mètres au dessus de l'eau.
"Par la chienne d'Umberlie, qu'est-ce que c'est que ça?," s'écria le marin en pointant un amoncellement d'algues vertes et gluantes accroché comme une sangsue au côté du filet.
- C'est juste une branche, Morris...- Non, regarde! Ça bouge!Au milieu de la masse de plantes aquatiques, une petite main verte et maigrichonne relâcha un poisson qu'elle était en train de dévorer à travers les mailles du filet. La tête du tas visqueux se tourna pour révéler deux petits yeux jaunes et une bouche aux dents acérées. Elle émit un gargouillement irrité dégoulinant d'arêtes de poisson cru avant de se laisser tomber dans l'eau du port. Là où elle était accrochée, une douzaine de saumons à demi dévorés pendouillaient entre les mailles du filet.
L'un des marins portuaires était arrivé armé d'une perche pour investiguer l'étrange créature, mais il était déjà trop tard. Hors de portée de tout homme, la gobeline se faufila à la nage dans l'obscurité sous le quai. À l'abri des grandes personnes hostiles, elle pouvait observer une étrange forêt de colonnes de bois, chacune recouverte d'une épaisse couche de bernacles, de moules et de crustacés. Des faisceaux de lumière descendaient obliquement entre les planches du quai au dessus d'elle et une forte odeur de marée basse remplissait l'air humide et lugubre.
"...mais qu'est-ce que...créature des abysses...où ça?...là!... non pas là..." entendait-elle derrière elle, cris indistincts mêlés au bruit des vagues, alors qu'elle nageait vers le rivage pour s'éloigner des humains.
Des échelles pour remonter sur le quai pouvaient être aperçues ça et là, installées ponctuellement sur quelques montants. Plus loin, un escalier de pierre sortait obliquement de l'eau pour mener vers une rue pavée. Aussi, quelques coques de navires qui mouillaient au port pouvaient être aperçues plus loin entre les montants des quais.