Il n'y a pas si longtemps, un optimisateur disait que l'ensorceleur c'est le mage en mode "very hard". Ce n'est pas totalement faux, mais pourquoi donc ?

Beaucoup pensent que l'ensorceleur n'est qu'une version du mage avec des sorts non préparés. C'est une grosse erreur : les rôles de ces deux classes sont très différents. Il faut savoir que le mage est avec le barde la classe la plus érudite. Il est donc très utile en dehors de sa magie dans les scénars qui ne sont pas que du PMT. Et encore, même dans du PMT sa connaissance des donjons et mondes souterrains peut sauver la mise des aventuriers plus d'une fois. A lui seul, le savoir d'un mage peut lui permettre de faire de remarquables découvertes ou d'atteindre les plus hautes sphères, comme celle à Nex des seigneurs de l'arche.

A l'inverse, l'ensorceleur est la classe de jeteur de sorts la moins érudite. C'est d’ailleurs probablement la classe la moins "cultivée" en terme de compétences de classe (à égalité avec le barbare, sauf que lui a 4+INT points à répartir contre seulement 2+INT pour l'ensorceleur). Ce n'est pas un hasard si les ensorceleurs sont beaucoup plus présents chez les peuples barbares ou parmi les vagabonds païens que dans les citées dites civilisées.

Si l'ensorceleur est la classe la moins érudite, la moins débrouillarde, mais alors à quoi sert l'ensorceleur en dehors de sa magie ?
Certains diraient que c'est un "Face", c'est une réponse un peu bateau sachant que n'importe quelle classe avec un Charisme élevé peut être un "Face". Certes l'ensorceleur pourra faire un peu de bluff et de diplomatie... à condition que la conversation ne dévie pas sur un sujet qui demande à en être un minimum instruit. Car dans bien des cas être un "Face" revient seulement à donner l'illusion du savoir et de l'intelligence. Notons par ailleurs que la compétence Diplomatie n'est même pas une compétence de classe pour l'ensorceleur (à l'exception des lignages Infernal et Serpentin). En revanche il possède déjà 6 sorts de niveau 0 (à volonté donc) au niveau 5 et 9 au niveau 10, ce qui lui permet de faire dans l'utilitaire et avec un "couteau suisse magique" plus gros que celui du magicien.

Mais alors à quoi un ensorceleur peut il être utile en dehors de sa magie ? La réponse est simple.... la baston. Contrairement au magicien, l'ensorceleur a accès à des armes qui inspirent le respect, comme la morgenstern.
On remarque très vite que le Charisme est la seule caractéristique principale de l'ensorceleur, elle sert pour la magie et pour la majorité de ses compétences de classe. Rien n'empêche alors l'ensorceleur de miser tout le reste de ses points dans la Constitution et la Force/Dextérité. De plus on remarque que ses pouvoirs de lignage lui donnent des outils pour la mêlée ou le contrôle, séparant les ensorceleurs en deux catégories distinctes : les ensorceleurs de mêlée et les ensorceleurs snipers.

L'ensorceleur de mêlée.
Dans le premier cas, il est important pour l'ensorceleur de se blinder pour compenser son misérable D6 (Robustesse, Port des armures légères, Port des armures intermédiaires, Port de l’armure magique, Maîtrise de l’armure magique...) et d'augmenter ses dégâts au contact, donc sa Force. C'est d'ailleurs le cas par exemple pour les ensorceleurs devenant des Signifers infernaux, qui jouent le rôle de commandos au sein des chevaliers infernaux. Ils sont employés pour garder et protéger les endroits importants (comme les caches d'O.M.) ou pour s'emparer et tenir une position en attendant la cavalerie infernale. Au corps-à-corps afin de minimiser les risques on peut opter pour une arme à allonge. Pour l'anecdote, lorsque le MJ interdisait le multiclassage c'est la classe d'ensorceleur qui servait de guerrier-mage (ou plutôt de barbare-mage) profane en 3.5 avant l'apparition du mage de bataille, puis en Pathfinder avant l'apparition de l'invocateur et du magus. Ce n'est pas un hasard si la classe d'ensorceleur sert souvent de tremplin pour la classe de champion occultiste (avec un niveau de guerrier) ou de disciple draconien. Un ensorceleur de mêlée peut aussi évoluer en agent de la cour ombrageuse, en prêtre razmirien ou en maître des tempêtes. On peut voir l'ensorceleur de mêlée comme un combattant secondaire limite kamikaze qui dispense ses sorts en étant au cœur de la bataille (comme un genre de prêtre profane ou un barde batsonneur), protégé par un costaud. En apothéose de l'ensorceleur de mêlée on a le sanguin, beaucoup moins doué en magie mais qui n'a plus besoin d'escorte.

L'ensorceleur sniper.
Dans le deuxième cas, il est important pour l'ensorceleur de s'habituer à se planquer dans les endroits élevés (Talent : Discrétion ?) d'où il pourra effectuer son boulo de contrôleur en "snipant" son ennemi (carreaux, dards empoisonnées, épieux, sorts de débuff, shoot magic). La Dextérité sera donc pour lui sa deuxième caractéristique principale. Contrairement à l'ensorceleur de mêlée la Force n'est pas importante pour l'ensorceleur sniper, mais tous les dons améliorant son tir sont à prendre au sérieux. Par défaut c'est le rôle que l'on attribue le plus souvent à l'ensorceleur, car présentant le moins de risques. Certains ensorceleurs snipers se spécialisent même dans les attaques de zone grâce à une lignée ou des sorts particuliers : les blasters. Les ensorceleurs snipers peuvent évoluer en archer-mage, en mystique tatoué ou liseur de tourment.

Les ensorceleurs intellos ça existe ?
Il est malgré tout possible pour un ensorceleur d’acquérir un savoir rivalisant avec celui d'un mage en prenant des niveaux dans une classe de prestige comme gardien du savoir, cyphermage (l'archimage de Pathfinder) ou arcaniste Magaambyen (un je-sais-tout de la jungle). Il existe également des ensorceleurs dit psioniques dont les pouvoirs dépendent parfois d'une autre caractéristique que le Charisme (lignage Sage, lignage Empyréen), ce qui peut augmenter ses scores dans les compétences liées au savoir.

Pourquoi l'ensorceleur est-il conçu ainsi ?
On peut se demander pourquoi une classe destinée plus ou moins à aller au charbon n'a qu'un D6/niv. De la même manière, on peut se demander pourquoi la classe de mage, censé être un maître de l'érudition, n'accorde qu'un 2+INT à répartir dans les compétences contre 6+INT pour le barde ou 8+INT pour le roublard.

L'exemple du mage.
En fait les concepteurs ont anticipé la répartition des points de caractéristique qu'allait faire le joueur moyen. Il est clair que si ce dernier choisit par exemple un mage il bombardera son intelligence entre 14 et 18, ce qui lui donnera un bonus d'INT de +2 à +4 points à répartir dans ses compétences de classe ET comme bonus pour les compétences intellectuelles. Ajoutons à cela le fait que le mage possède pas moins de 16 compétences de classe, soit 45% de la totalité des compétences de classe et un quart des compétences existantes. Si nous partons d'un bonus INT de +3, cela fait que pour chaque point investi il démarre n'importe quelle compétence intellectuelle à +7 minimum (Rang 1, INT +3, bonus de classe +3), soit 5 compétences au niveau 1 (3+2) qu'il maîtriserait aussi bien qu'un personnage niveau 7 sans ces bonus. C'est déjà remarquable en soit, inutile de faire plus sachant qu'il a aussi la magie et que son intelligence risque en plus d'augmenter avec les niveaux ou les O.M. A côté de ça, un roublard ou un barde moyen n’augmentera guère son intelligence au delà de 12, donnant un bonus d'INT de +1. Cela fait tout de même 7 points à répartir pour le barde, mais il doit diviser cette somme entre les compétences physiques et mentales, puis cela compense le fait qu'un barde a passé moins de temps à étudier la magie, donc plus de temps pour apprendre d'autres choses. On peut faire la même réflexion pour le roublard et ses 9 points à répartir, qui lui n'aura pratiquement pas perdu de temps à étudier la magie.

Conception d'un prêtre/mage païen.
On aurait pu s'attendre à ce qu'un ensorceleur ait droit à un D8 comme le prêtre dont il partage le même armement. Après tout l'ensorceleur n'est-il pas un genre de prêtre profane ? Les lignages remplaçant les domaines ? Mais comme avec le mage et son intelligence, on peut raisonnablement penser que les concepteurs ont anticipé le fait qu'un joueur moyen ayant un ensorceleur investira en Con (puis en Dex/For) juste après avoir blindé son Charisme. Chose qu'il ne fera pas forcément en ayant un prêtre (qui doit penser à sa Sagesse en plus du Charisme) ou un barde (Dextérité en plus du Charisme). De plus c'est un moyen de faire payer cher à l'ensorceleur la liberté que lui apporte sa capacité à lancer des sorts spontanément (que n'a pas le prêtre) et le choix sans limites de ses sorts (que n'a pas le barde). On peut se demander alors pourquoi l'oracle, qui est la version divine de l'ensorceleur, a droit à un D8 au lieu d'un D6. Il est probable que ce soit pour compenser sa malédiction et le fait qu'un oracle (tout comme un barde) est plus limité qu'un ensorceleur dans le choix de ses sorts.

Il y a encore le BBA de l'ensorceleur, qui est légèrement en dessous du prêtre (de 1 pts en moyenne). Mais l'ensorceleur avec son Bonus de Force ou de Dextérité, sans oublier les cadeaux offerts par son lignage (comme un bonus de +2 en Force, des griffes de 1d6 points de dégâts passant la RD, la capacité de devenir géant, de conférer la propriété Froid à 50 munitions, de bloquer au contact les attaques d'une créatures sans jet de sauvegarde possible ou d'avoir un compagnon animal/végétal, d'avoir une allonge supplémentaire, de secouer une créature sans jet de sauvegarde ou doper sa constitution, d'accorder la propriété de foudre à une arme) compense largement cette différence. Tandis que le prêtre aura normalement un bonus en Force ou Dextérité moins important, puisqu'il doit d'abord penser à investir dans le Charisme (pour sa canalisation d'énergie), dans la Sagesse (pour ses sorts) et dans l'Intelligence (s'il veut profiter de toutes ses compétences de classe). N'oublions pas que le prêtre a aussi un rôle d'érudit, c'est la troisième classe pertinente dans ce domaine derrière le Mage et le Barde. Un rôle que l'ensorceleur n'a pas à jouer.

L'absence de formation au port des armures.
Reste à savoir pourquoi l'ensorceleur n'est pas formé aux boucliers ni au port des armures légères et intermédiaires, contrairement aux trois autres. C'est simple, précédemment nous avons vu que l'ensorceleur est une classe destinée essentiellement aux peuples indigènes ou nomades (sans oublier des monstres comme les dragons). Bref des peuples qui n'ont pas accès au matériel de combat "moderne", ni aux formations militaires (sauf en apprenant sur le tas dans les bains de sang - c'est à dire en étant un barbare). Cela offre la possibilité de pouvoir "ancrer" un jeteur de sorts profane dans n'importe quelle contrée sauvage, sans pour autant exclure la possibilité d'avoir ailleurs un "pseudo-magus" lanceur de sorts spontané comme les signifers, en prenant les dons qui vont biens. En parlant de dons, on remarque que le port des armures légères et intermédiaires correspond à l'obtention de 2 dons (4 si on veut éliminer tout risque d'échec des sorts) et si un ensorceleur n'est pas formé à cela c'est probablement aussi pour compenser ses dons gratis de lignage (3 au total - parmi 8 au choix), comme on peut le voir par exemple avec le lignage des Rakshasas.

En Résumé.
Il ne faut pas se leurrer, dans le style un ensorceleur n'est pas pour autant l'équivalent d'un magus : si l'on considère le magus comme de type [60% baston/40% magie], l'ensorceleur sera plutôt de type [60% magie/40% baston], le [50/50] étant décerné à l'invocateur. Bref pour imager le rôle d'un ensorceleur imaginez par exemple une sorcière indienne, un psionique errant, une prêtresse profane, un gardien mystique, un brigand-mage, un sorcier tribal, un maître vaudou, une amazone occulte, un tueur de mages, un guerrier-mage égyptien, un épouvanteur ou une bohémienne esotérique.

==>Voilà, je laisse le fil ouvert si des lecteurs souhaitent faire partager leurs expériences, avis, concepts ou builds avec cette classe.