L'Anguille Ivre, taverne de marins, mariniers et dockers de Yhaune
Le service est assuré par des serveuses qui ne cherchent à aguicher personne
mais savent esquiver avec brio les débordements des clients trop imbibés.

Le tavernier est un ancien marin d'après sa casquette.
La soixantaine largement dépassée, il essuie ses verres avec un torchon qui n'a probablement pas été lavé depuis des siècles.

Cette salle n'est pas si vide que sur la photo : toutes les tables (ou presque) sont prises...
Yhaune

Milieu de la nuit ...
Dehors, la pluie tombe, « froide », « serrée », et surtout « mauvaise » ...

Tina est entrée un peu plus tôt, pour s'abriter de la pluie. En d'autres circonstances sa présence aurait probablement attiré plus d'attention -- ne serait-ce que du simple fait de la présence d'une très jeune femme, seule, dans ce bouge à matelots. Si son physique présente des formes "attractives", cependant, ses cheveux gris presque blancs, la pâleur de sa peau, et son air a priori vaguement absent, ne trahissant aucune émotion particulière et aucune envie d'interagir avec qui que ce soit, contribuent généralement à tenir les gens à distance. Mais même cela semble passer inaperçu ce soir. Un grand demi-orque bizarrement suréquipé attire, a priori, plus qu'elle, les rares regards qui ne sont pas consacrés à ce que les clients ont sur la table devant eux ou à la pluie battante au-dehors.

Au comptoir, Tina commande une soupe de poissons et un broc d'eau.

Elle a laissé dans une mansarde trois rues plus loin le cadavre intégralement écorché du noble voonlarite qu'elle a traqué jusqu'à Yhaune, le dernier nom qui restait à barrer sur sa liste.

Un travail bien accompli, se dit Lucyan après s'être acquitté de sa dernière missionvoir BG. Le Maître sera content.

Dissimulé parmi les ombres, immobile, Lucyan observe le port et ses jetés, les allers et venus des marins avinés et des hommes peu fréquentables que la nuit attire dans les endroits de perdition les plus mal famés de Yhaune.
La pluie - sournoise à glacer le sang - pousse ces individus patibulaires vers les tavernes, les clubs de jeu, ou les maisons de passe. Lucyan, quant à lui, apprécie le contact oppressant et presque douloureux de la pluie, qui lui rappelle la Gisombre.

Une jeune femme vient de passer. Elle dénote du reste de la faune locale. Qui est-elle ? se demande la Main Noire.
Il a remarqué ses cheveux blancs, sa peau pâle. Une shadovar ? se demande-t-il. Mais Lucyan ne se souvient pas l'avoir aperçue lors des réunions du Maître avec ses pairs.
Le Maître voudra savoir... se dit-il comme pour justifier sa propre curiosité. Lucyan est sa Main Noire en certaines occasions, mais plus fréquemment encore simplement les yeux et les oreilles du seigneur shadovar.

La femme entre à l'Anguille Ivre. Elle n'en ressort pas. Lucyan laisse passer quelques longues minutes, et se décide à entrer à son tour, en essayant de ne pas trop attirer l'attention sur lui.

Lucyan a la corpulence d’un humain plutôt svelte. La couleur grisâtre, presque cadavérique, de sa peau trahit sa véritable nature de shadar-kaï. Son visage est percé et marqué par des bijoux et des scarifications.
Il est vêtu d’une armure de cuir sombre hérissée de pointes. Son arme de prédilection, une longue chaîne d’acier couvertes de lames, est enroulée et attachée sur son flanc, prête à être empoignée à tout moment.

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le jet mystérieux demandé: Florimel lance 1d20 et obtient 17 (17)
Discrétion: Florimel lance 1d20+15 et obtient 28 (13)

Paradoxalement, si le tavernier ne bronche pas à l'entrée de Tina ni de Lucyan ;
par contre, il vitupère contre les clients suivants : 3 dockers sales avec des capuchons suifés.

« Barrez-vous !
J'veux pas d'vous ici !
allez faire vos saloperies ailleurs !!! »

Toute la salle se retourne sur les arrivants qui ne se font pas répéter la consigne.
Reculant doucement vers la sortie, ils s'abstiennent de tout commentaire et surtout du moindre geste brusque.

Leur départ laisse dans son sillage un abondant brouhahas, les uns et les autres s'interrogeant sur la brusque sortie verbale du patron qui replonge dans son mutisme comme si rien ne s'était passé.

« Des mauvais payeurs ? » demande simplement Tina d'un ton neutre, posant pièces de cuivre sur le comptoir tandis qu'elle récupère son assiette de soupe.

« Des enrôleurs de la pire espèce » bougonne le tavernier en poussant vers la jeune femme l'assiette creuse où nagent divers morceaux de couleurs variées « les pov'bougres qui signent avec eux, ou qui refusent de signer d'ailleurs, on les r'voit jamais. »

La jeune femme accueille l'information sans manifester de réaction. Ce n'est pas son problème. Prenant son assiette, elle va s'assoir à la table vide la plus reculée disponible.

La pluie bat fort sur le chapeau de cuir de Dorm, ainsi que sur son long manteau de cuir. Son bagage est lourd, et il n'avait pas beaucoup aimé les heures qui avaient précédées son arrivée jusqu'à l'Anguille Ivre. C'est donc trempé et dégoulinant que le demi orque pousse la porte de la taverne, lieu à peu près familier pour lui, surtout lorsque l'on considère ce qu'il vient de vivre.

Dorm était la cible de quolibets de la part des membres de sa tribu des Crocs Entiers, et cela l'avait perturbé. Il s'était enfoncé dans cet énième souterrain pour eux malgré tout mais son esprit étai occupé à autre chose. Il vagabonda ainsi dans les ténèbres pendant... Il n'en savait rien et aurait été incapable de le dire. Mais l'incroyable sensation de froid qui l'avait sorti de sa rêverie ainsi que l'obscurité, plus intense que d'ordinaire avait fait traverser une idée saugrenue dans son esprit: était il passé en Gisombre, cet autre plan parois si proche et parfois si lointain.

Il n'avait pas paniqué sur le moment, ses réflexes de Survie ayant déjà pris le dessus mais il avait serpenté longtemps pour retrouver une sortie. TRop heureux de retrouver l'air frais, il pensait aussi retrouver la lumière. Il n'en fut rien. C'était la nuit et la pluie qui l'attendaient. Il dû presser le pas pour rallier une ville dont il a entendu rapidement le nom d'Yhaunne.

Son premier réflexe est de trouver une taverne voire une auberge: de l'eau, de la nourriture et un endroit sûr pour dormir et reprendre des forces. Il pousse la porte, accompagné du plic ploc des gouttes de pluie tombant depuis sa tenue. Beaucoup de têtes pivotent vers lui pour comprendre que Dorm avait un grain et était équipé. Il ne cache aucune pièce de son armement soit trois épées longues, trois arcs longs, un gantelet clouté, six dagues et un nombre important de flèches...Sa démarche pesante n'ajoute rien à sa non discrétion lorsqu'il arrive en position de commander de l'eau et de la soupe de poisson. Pour trois personnes...

Il ne regarde même pas où il s'assoit. Dans un premier temps, il veut se restaurer et se reposer, afin d'avoir les idées claires et pouvoir organiser le retour pour Grum, Kerak et lui.

« C'était pas simple de sortir de là... Ca m'a fait gamberger pas vous? Enfin, on se pose un peu et on rentre, vous en pensez quoi? »

Grum ne répond pas, comme d'habitude. Kerak est un peu plus bavard

« On fout l'ambiance, faudrait voir à se tirer fissa, j'suis mal dans c'cas là. »

Finalement, les craintes de Kerak se dissipent lorsque le tavernier invective les trois nouveaux arrivants. Qui n'ont d'arrivants que le nom vu qu'ils repartent aussitôt et que la nana à l'air patibulaire dans le fond lui demande qui sont ces gus au vieux navigateur.

« Mouais... » conclut Kerak sans grande conviction pendant que Dorm se remet à manger son repas.

Lucyan écoute d'une oreille discrète les explications du tavernier au sujet des dockers.
Qui sont ces hommes? Que deviennent leurs recrues? se demande-t-il.
S'agit-il d'une guilde œuvrant pour des Shadovars? Ou de simples criminels à la solde de marchands sembiens?

Et puis il a cet orque. Enfin ce demi-orque... à trois voix ! Un sesqui-orque en somme.
Lucyan l'écoute aussi, mais sans parvenir à rendre ses élucubrations compréhensibles.
Que de mystères, ce soir...

Voila qui change un peu de l'ordinaire pour le Shadar-kaï. Mais les nouvelles expériences sont toujours pour le ravir.

La soupe est accompagnée d'une tranche de pain gris et dur.
Les morceaux qui flottent doivent provenir de poissons ou autres trucs récoltés dans le port.
Le manque de goût général est masqué par une épice qui enflamme les papilles et anesthésie toute sensation buccale.
Fatalement, ça donne horriblement soif.