A la Grande BibliothèqueLes scribes guidèrent Iahn et Bérul vers d'autres sections de la Grande Bibliothèque. Au pavillon des Arts et des Terres, ils purent consulter des ouvrages d'architecture, de géographie ainsi que des atlas.
Ils dégotèrent une carte assez détaillée de la région de Cennuroth, et des précisions sur les territoires alentours. La côte qui longeait le fleuve était assez escarpée, et la ville constituait un des ports principaux du trafic fluvial. Les bâteaux marchands se rendaient notamment à Skalnaedyr, la capitale du Murghôm plus à l'est, ou vers le royaume d'Imaskar et la Mer des Etoiles Déchues, à l'ouest. Dans la proximité nord de la cité dragon, sur un plateau fertile, s'étendaient quelques terres cultivées qui nourrissaient les habitants de la région. Deux routes commerciales continuaient au delà. La première s'inclinait vers l'ouest en direction de Bois Ganath. La forêt abritait une communauté elfe mais également des tribus de créatures moins fréquentables, ce qui en faisait un endroit dangereux. L'autre route bifurquait vers le nord-est en direction des Monts de Cuivre. Une communauté naine en exploitait les mines. Les contreforts de ces montagnes étaient arides, presque désertiques. Là encore, un endroit où les dangers et les créatures hostiles ne manquaient pas. Les ouvrages mentionnaient que la plupart des dragons, victimes d'une épidémie, avaient quittés les Monts de Cuivre en 1409 (l'année des vrais auspices). On ignorait si certains y étaient retournés depuis lors.
La forteresse d'Ombregrise était située au milieu du cratère d'un ancien volcan, au coeur des Monts de Cuivre. On accèdait au volcan éteint par la passe d'Angorlan. Battie principalement par les armées de gobelins de Malvaï et selon les plans du nécromant, la forteresse n'avait brillé ni par l'élégance ni par la robustesse de son architecture. Pas étonnant alors, que les guerres, le cataclysme, et les affres de années aient suffit à la réduire en ruines. Il était cependant mention d'un vaste complexe souterrain. Mais les livres ne donnaient pas davantage de précisions.
Carte du MurghômLes deux héros studieux terminèrent leurs recherches au pavillon des Religions et des Arcanes. Dans la section nécromancie, ils trouvèrent avec l'aide des scribes un petit texte intéressant sur les derniers agissements de Malvaï.
Malvaï le libidineux, et autres génies retors a écrit :
Malvaï le libidineux, et autres génies retors, par Del Synon
[...]
Malvaï était fou, certes, mais sa démence était géniale, démesurée et fascinante. Il conçut le projet de créer l'oeuvre magique la plus odieuse et la plus ignoblement maléfique que les Royaumes aient jamais connue. A cette fin, ses gobelins pillèrent les régions voisines amassant tout le butin qu'ils trouvaient, et enlevèrent des vierges tremblantes qui furent parquées dans sa forteresse d'Ombregrise.
[...]
Lorsqu'après plusieurs années, les vierges rassemblées atteignirent le nombre de 6666 l'holocauste fut déclanché. Durant 13 jours et 13 nuits, elles furent sacrifiées, une par une, à l'aide d'une dague unique que Malvaï et ses disciplines se passaient, lorsque, épuisés par les crampes, ils devaient prendre un repos peuplé de délicieux cauchemars.
[...]
Peu après, à la fin de la guerre menée par Ataroq Ier, Mavaï fut retrouvé les membres éparpillés aux quatre coins d'une pièce aux vastes proportions. Nul ne sait ce qu'est devenue sa dague, ni en quoi consistait véritablement son phénoménal projet.
[...]De son côté, Kayah s'était interposée devant l'homme en gris à la mine patibulaire. Celui-ci sembla un peu décontenancé par les paroles abruptes de la deva, mais il garda son calme.
« Non, je ne pense pas vous avoir déjà rencontré jeune femme. Et pourtant, je crois connaitre par le prénom chacune des plus jolies filles de Cennuroth. Votre beauté ne m'aurait donc pas échappée... »Le trentenaire à la gueule cassée reluqua son interlocutrice d'un regard lubrique, puis continua.
« Par contre, dire que je ne vous suis pas inconnu est un plaisant euphémisme. Et bien que je suspecte que vous le sachiez déjà, laissez-moi me présenter, pour la forme. Je suis Yorenal, fils de Largos.
Etes-vous une nouvelle prétendante? Mon vieux père le vizir se donne bien du mal. Mais j'avoue que là, il me surprend tout à fait. Où vous a-t-il donc dégotée, vous? »