William revint tard de ses investigations. Ayant pris un repas sur le pouce préparé par les domestiques, il déboula dans la bibliothèque. Sa première action fut d'écouter avec attention les propos du jardinier et du médecin militaire.
« Il semble que notre dame de la roseraie, et celle que nous avons vu hier soir au palais national, soient cette Rose Lebrun... », dit l'anglais, allant dans le sens de ce que les autres avaient compris. Lui qui avait traversé le monde, avait rencontré nombre de cultures et cas étranges au cours de son existence. Aussi, les thèses paranormales ne lui paraissaient pas aussi infondées qu'à d'autres.
« Il peut être intéressant de rencontrer ce maître Sidieux, ou cet Antoine Bourdelle, pour en savoir plus si nous pensons avoir besoin de ces informations. » William se reprit, après s'être rappelé des informations sur les médicaments :
« Peut-être pouvons-nous aussi rencontrer ce docteur Alain ? »« Pour ma part, mes... amis... m'ont informés que la casquette retrouvée est d'une facture plutôt ancienne. Elle est le signe d'appartenance à une bande de malfrat, qui se fait appeler les Singes Bleus. Ce sont tous d'anciens militaires des colonies... malades, certainement, en tout cas, qui ont abandonné tout honneur. Leur chef serait un certain Capitaine Duport. Ils changent souvent de lieu de planque, d'où la difficulté qu'à la police à mette la main sur eux. Il faudrait pouvoir les localiser.
Également, l'un de mes amis anglais m'a suggéré de trouver des renseignements sur l'affaire Magnolia, dans les archives de la presse. Peut-être auprès du journal qui a dévoilé l'affaire, au départ? »Alors que William expliquait son point de vue, Auguste et Louis continuaient leurs investigations documentaires.
La seule correspondance restante dans les malles du docteur Lebrun était celle avec son épouse, durant les périodes pendant lesquelles il était en mission dans les colonies et où elle restait à Paris. Les mots les plus doux montraient l'amour qu'ils avaient l'un pour l'autre. Rien de particulier n'attira leur attention.
Les formes des caractères découpés sur les lettres anonymes correspondaient bien à celles des journaux et du livre trouvés dans la malle. Étant donné que certaines lettres anonymes avaient été brulées, il serait maintenant difficile de retrouver exactement quel caractère découpé correspondait à quelle lettre dans tel ou tel journal, mais il ne subsistait aucun doute que les journaux et ce livre aux caractères si particuliers avaient servis à composer les lettres anonymes.
Quoi qu’il en soit, ni colle ni ciseaux ne furent retrouvés dans ces malles, qui n’avaient pas été ouvertes depuis des années. Est-ce que tout peut être expliqué ? L’esprit rationnel du militaire en prit pour son grade.
(*)De tous ces documents, aucun information expliquait pourquoi la roseraie avait été condamnée. Peut-être Maître Sidieux, le notaire qui avait signé ces actes, en saurait-il plus ?
Les esquisses de Bourdelle tentaient de reproduire, avec talent, la forme du visage et du profil de Rose Lebrun à partir de photographies d’elle prises à différentes époques, aussi présentes dans le dossier. Les photographies devaient avoir été soigneusement choisies, car Rose y était magnifique. Monsieur Lebrun avait commandé ce buste après la mort de Rose, mais nulle raison particulière ne pouvait être lue. A peine transparaissait-il de tous ces documents, et des autres, l’amour immense d’un homme pour son épouse, et la douleur, l’absence, ressentie par sa perte.
Parmi les documents étalés sur la table, Louis trouva les adresses de Maître Sidieux, notaire dans le quartier, et d'Antoine Bourdelle, sur la butte Montmartre.
William, reposant sa tasse de thé vide sur sa soucoupe, demanda :
« Quelles pistes vous semblent dignes d'être suivies cet après-midi ? Et comment nous répartissons-nous, pour suivre ces pistes? »
► Afficher spoiler(*) Il fallait que je la sorte un jour ou l'autre, celle là... 