Malduke semblait presque dans son environnement dans ce tunnel sombre et inquiétant.... tel un alien rôdant dans les coursives d'un vaisseau abandonné ou un insecte-champignon hantant une grotte obscure.

Malgré tout, il n'était pas à l'aise. D'une part, il fouillait la pénombre à la lueur fluorescente de ses phalanges, attentif au moindre mouvement dans les ombres rampantes, et d'autre part sa cervelle rejetait les souvenirs qui l'envahissaient. Non pas qu'ils fussent à proprement parler désagréables, mais plutôt... incongrus, dans une telle situation. Il savait que cela venait de ses saloperies de mangeurs de mémoires, et cela ne lui disait rien de finir amnésique ou fou.
L'alien continua donc sa marche, laissant à fantômette le soin de s'occuper des petits humains.

« C'est...c'est un labyrinthe c'est ça ?
...
Me ment pas Malduke, c'est un labyrinthe ? »

L'alien ne répondit guère, pour la simple et bonne raison qu'il avait surement mieux à faire que de répondre à cette question alors qu'ils avaient parcouru une dizaine de mètres à tout casser. Se faisant gagner par l'ennui petit à petit, Vitam ne trouva rien de mieux que de se faire la représentante des ondes négatives des lieux, se mettant ainsi à parler à tout le monde et personne à la fois.

« J'en étais sure... Tu veux rien me dire pour essayer de me rassurer mais ça marchera pas. On est perdu et on va rester ici pour toujours, sans même une Playstation pour se passer le temps ! On aurait du courir comme machin pour avoir une chance de s'en sortir, lui au moins il est malin, pas comme moi. Moi, à part voler et faire disparaître des trucs comme un mauvais magicien je suis inutile de toute façon... J'aurais bien aimé faire du hockey pour épater la galerie moi aussi mais même ça, je suis incapable de le faire, alors... (etc etc...) »

La revenante faisait ça tellement bien qu'on pouvait décemment se demander si elle ne s'était pas entraînée à la comédie dans une vie antérieure, à moins qu'elle ait déjà oubliée son rôle actuel de gardienne protectrice des enfants.
Autre théorie tout autant probable : La peur de ses petits protégés combinée à l'atmosphère oppressante du coin avaient mutés en une sorte de cocktail dépressif dont la fantôme paraissait s'être enivrée par son nez spectral, hypothèse certes New Age, mais qui pouvait peut-être expliquer pourquoi des parties de ce qui lui servait d'enveloppe corporelle saccadaient de temps à autre tel un hologramme mal réglé.

Au moins Vitam suivait le chef de file. Bon, il fallait supporter son pessimisme ascendant en plus du risque de se faire boulotter par une créature des Ombres d'une minute à l'autre, mais c'était déjà pas mal.

Finalement, le malduke de compétition finit par entrevoir au loin le passage par lequel ils s'étaient engouffrés. La pression qu'ils ressentaient commençait à s'estomper tandis que la surface redevenait accessible.

« ...Non et puis c'est pareil pour la bouffe : Je peux même pas manger toute seule sinon ça me passe au travers de la gorge, et c'est pas une façon de parler ! Contrairement à ce qu'on peut croire c'est trop nul d'être un fantô... »

Et la lumière fut. Et coupa court à la déprime passagère de Vitam aussi surement qu'un couteau bien aiguisé dans une entrecôte, alléluia !

« La sortie ! » s'exclama la revenante en fonçant tout ectoplasme dehors vers celle-ci en dépassant/traversant Malduke sans autre forme de procès, ayant visiblement retrouvé son énervante vigueur fantomatique d'antan.

Cet acte est plus réfléchi qu'il n'y parait : Au moins elle sera la première à se manger un éventuel machin baveux dans la face si machin baveux il y a ^^

Et hop. Vitam émergea à l'extérieur, constatant la présence de policiers sur place qui installait un périmètre de sécurité en repoussant la populace. Du personnel de la ville se dirigeait vers le trou, aussi furent-ils surpris en voyant émerger la fantômette.

La première chose que Vitam vit en sortant du trou était incroyable, même pour un fantôme civilisé.

Devant elle se tenait des fonctionnaires s’apprêtant à travailler, pour de vrai en plus. Mazette.

Face à cet élan de vaillantise qui était à la limite du surnaturel, la translucide leur confia un boulot à la hauteur de leur compétence, c'est à dire une tâche que n'importe quel humain pouvait théoriquement réaliser.

« Ah nan nan messieurs, désolée mais je vais pas pouvoir vous laisser entrer là-dedans, c'est trop dangereux pour vos petits yeux chastes mais vous en faites pas, j'ai trouvé des copains pour s'en occuper à votre place. Laissez-nous juste dix minutes ou vingt et tout devrait être réglé, d'accord ?
Et si vous pensez que je mens ou une connerie du genre, y'a les petits mômes qui seront bien content d'être d'accord avec moi. Et de retrouver leurs parents, aussi. »

Malduke émergea à nouveau du tunnel. Il fit disparaître les cloques fluorescentes sur ses mains, et avança doucement, tout doucement. Il savait que les humains avaient parfois des réactions dignes des mammifères apeurés qu'ils étaient, et il suffisait que quelques individus paniquent pour que la foule deviennent folle. Il préféra ne pas activer son camouflage, car il valait mieux ne pas chercher à se dissimuler si l'on voulait inspirer confiance.

« La demoiselle a raison. Nous sommes vénous vous prévénir dé né pas descendre. Dans cé tounnels. Il y a des créatoures hostiles qui s'y tapissent. Nous allons donc y rétourner pour les soumettre. Il mé faudrait un détecteur des gaz, si quelqu'un a ça sour lui, d'ailleurs. »

Malduke avait toujours à l'esprit la possibilité d'une fuite de gaz, et il se doutait de l'impact négatif que cela aurait sur les hommes s'il faisait tout exploser autour de lui, là-dessous.

Si les agents de la voirie s'arrêtèrent dans leurs mouvements, se regardant en hésitant, ce ne fut pas le cas de l'un d'entre eux, qui accorda un sourire charmeur à la fantôminette:

« Y'as des gosses là-dedans, m'dame. C'est pour ça qu'il faut que l'un de nous y aille. Vous connaissez le réseau comme nous? Non alors il faut quelqu'un pour vous guider. J'vous fais confiance pour veiller sur moi, mam'zelle. J'ai pas l'intention d'aller me coltiner ce qui a fait ce genre de trou mais vous pourriez vous perdre en dessous et là, il vaudra mieux que je sois là pour vous indiquer le chemin. »

L'un des autres agents opina du chef aux propos de l'insectoïde:

(en espagnol) « Ar! Le pañarin ser y tig esión lonaqu vaban, Entans. »

Sans doute l'avait-il confondu avec un des héros mineur d'Amérique du Sud, connu sous le nom de Mosquito Man, combattant sauvagement les trafiquants de drogue au sud de la frontière. Revenant rapidement, il ajouta en tendant une trousse à outil:

(en espagnol) « Scocuía cier lonaqu sinaugrua carananmie y arcigadon meiocore viel scocuía ho y e pacos ichochad tigrabrarorabu la e arano prono y y y lanmala, scocuía as qujobiorin ntes ciaren có arariabontradicu nteses vigrie ari scocuía la. Anmades, tan'igara sfremam laro io lonaqu ta en cujalan erobrada. Ar tan'igara a quesar, vigrie tegrmbu tig aresuabl nteses tig te pese y, crin yoba esión zo ciaren. Vigrie ahon sfremam cíaui ntes cierorca lonaqu e ida'a anmades la tig suyond derala lalee serinmió, intesesose lonaqu arabliormiamico nteses lonaqu laro y porcasiorobrare ida'a.

Tan'igara sfremam y qunte en latocerr tescayero, a lantabadi i nteses laro hue seblla. Eminmin carananmie lo laro fuaua en corma fentiós, vigrie condidod e y sicosia anmades zona. Pterecichade, le la pade ntab vigrie elela e Yes, Entans. Idié, y stral ma scran vinocorin tig, les pacos a lonaqu in e. »

Malduke accepta le matériel de l'ouvrier avec une courbette.

« Muchas gracias. Dis-moi, l'ami, vous n'auriez pas une carte du réseau aussi ? Nous avons affaire à des créatures douées de pouvoirs psychiques, et nous ne pouvons pas protéger l'esprit de ce gars » fit-il en pointant du pouce le gaillard qui s'était adressé à Vitam, « contre ces choses. »

« Ah bon ? L'était psychique, l'espèce de machin baveux ? » demanda la translucide à Malduke, vu qu'elle n'avait rien ressenti de tel et que c'était l'alien qui s'était fait cracher dessus. Après quoi elle répondit à l'agent impétueux.

« Mais sinon vous avez tous raison hein (sauf peut-être celui qui parlait un dialecte incompréhensible, mais à l'accent étrangement semblable à celui de la sauterelle explosive) , c’est dangereux, y'a des gamins, et comme on a moyen de se faire notre plan à nous tout seul, c'est pas prudent d'amener un "gamin" supplémentaire dans les égouts. »

Moquerie ou ironie ? Aucun des deux en fait, en tout cas à en juger par son visage inexpressif, ce qui pouvait tout et rien dire à la fois provenant d'un fantôme, sans âge qui plus est, donc logiquement plus vieux que le commun des mortels dont l'employé de la ville faisait partie.

Malduke se tourna vers la fantôme :

« Cé sont des voleurs dé souvénirs, dé mémoires. Et personnélément, jé n'ai pas la capacité dé protéger quelqu'un dé cé genre d'assauts mentaux. C'est tout cé qué yé voulais dire. »

« Boah, tant que c'est pas plus grand que le Palanquin ça devrait le faire ! Les enfants, je vous laisse avec ces messieurs, ils vont vous ramener chez vous.
Et toi... Malduke c'est ça ? T'es prêt à laisser un souvenir impérissable à ces voleurs de mémoire ? »

Grand sourire à l'adresse de l'alien qui laissa place à une interrogation.

« Attend une minute, comment tu sais ça ? Tu connais ces vilains ? »

« Donc, vous n'avez pas dé carte dé vos égoûts ? Oune...comment vous dites... oune cadastre ? »

Puis l'alien se détourna du courageux employé de la municipalité et répondit à la fantôme :

« Jé lé connais...disons que jé connais leur race. Cé sont des extraterrestres comme moi, qui viennent d'oune planète quelconque...j'ai déjà abordé oune vaisseau qui en abritait oune couple... tout l'équipage était en train dé sé baver déssous quand mes hommes et moi avons abordé... jé... hum... »

L'alien ne développa pas plus, peut-être gêné par ses souvenirs ou bien par la présence des humains craintifs, et se tourna vers le tunnel qu'ils avaient quitté quelques minutes plus tôt.

Ne restait donc plus qu'à redescendre pour le duo de héros héroïques.

« Comptez sur nous ! » Répondit Vitam à l'adresse des employés de la ville avant de retourner au tunnel avec Malduke, non sans leur adresser un étrange salut qui se voulait mystique (mais en fait totalement pompé sur Star Trek) .

Ayant au préalable réactivé sa lumière, la fantôme rejoignit son compagnon d'aujourd'hui, étrangement optimiste. Était-ce une manière inconsciente de se protéger contre l'environnement oppressant des lieux ?

« Allez arrête de te faire du mouron la sauterelle, on va leur en faire baver avant qu'ils nous en fassent baver, puisque je peux pas baver et je pense pas que toi non plus !
Par contre pour Sergei j'en suis moins sûre, sans compter que du feu baveux est peut-être dangereux pour la santé des alentours... Tu veux que j'aille traîner ma lumière là-bas pour vérifier ? »

Si Duduke accepte je foncerai à travers roche et terre puis rechercherai Sergei grâce à sa signature magique.