Le prêtre s'adressa au paysan venu vendre ses fruits :
« Tu as une bonne histoire à raconter et cela n'a pas de prix mais prend quand même ces quelques pièces qui te dédommageront largement. »

Zorck lui tend 5 pièces d'or.

« L'affaire étant réglée et puisque vous pensez devoir disposer de nous, nous vous suivons. » Reprit-il à l'adresse des deux personnages d'importance.

Flora recommence à s'inquiéter. On ne va pas les tenir responsables, tout de même ? Ils n'y sont pour rien, ils s'apprêtaient à partir pour un grand voyage et soudainement ils étaient au milieu de nulle part. Enfin non pas nulle part, en pleine ville, mais aucun endroit qu'elle ne reconnait.
La musicienne panique vite et parle vite.

« On veut bien mais on n'est pas responsables. On marchait tranquillement et boum, nous voilà.
On est où là ? »

Kromiggs reconnait le symbole de Thyr, une divinité humaine qu'il respecte. il comprend le point de vue des autorités, il aurait fait de même.

« Bien évidement que nous allons vous suivre pour clarifier tout cela. »

Laurelle de Faucigny-Lucinges de Trois-Fontaines leva un sourcil étonné. « Et bien… vous êtes à Mascar, la capitale de l’Empire » répondit-elle à Flora.

Mais elle n’eut pas le temps de continuer la conversation : De la rue en face des compagnons (Neave perçut facilement qu’elle venait du Nord) une voix féminine rocailleuse grondait : « Laissez passer le Corps de la Magie, Merci, laissez passer le Corps de la Magie… »
La foule s’ouvrit sur une naine en cotte de maille, suivie d’une troupe de quatre personnes. Un écusson sur sa poitrine généreuse portait l’effigie de la ville : Un dragon rugissant sur la partie droite, et trois écus dorés sur la partie gauche.
La troupe se composait de trois soldats et de deux magiciens : Un homme et une gnome. Il semblait évident que de la magie protégeait cette équipe. La gnome se faisait guider par un soldat, les yeux dans le vide. Le mage, crâne rasé, yeux surlignés de bleu foncé, toge pourpre avec le même écusson que la naine, prit la parole après quelques instants d’observation de la scène : « Je suis le Magister Strongtius, du Corps de la Magie, de grade militaire équivalent Commandant. J’ai autorité pour intervenir, juger et exécuter les sentences concernant les incidents magiques interdits » se présenta-t’il.

« C’est donc vous les auteurs de cette magie de niveau noir. Je crois comprendre que vous vous rendez. Si tel est le cas, veuillez suivre Gramina au poste de notre Corps le plus proche » ajouta-t’il en désignant la naine.
Laurelle prit la parole à son tour : « Il semble que ces personnes ne savent pas ce qui leur arrive, il ne sont peut-être pas à l’origine de l’incident. Je suis prête à témoigner de ce qu'il s’est passé ici. »
Strongtius jeta à nouveau un coup d’œil rapide au symbole de Tyr, puis répondit : « Très bien, je vous remercie. Mes enquêteurs prendront donc toutes les dépositions, y compris des personnes présentes sur la place au moment de l’incident. »
« En attendant, veuillez vous présenter et expliquer rapidement ce que vous avez fait » conclut-il de ses premières questions, à l'adresse des aventuriers.

Les soldats qui arrivent ne font pas grand chose pour calmer Flora, prête à toute expliquer dix fois pour dire à quel point elle est innocente et clamer la vérité.

« Nous étions à Cuvalier, dans la baronnie de Horbourg. On s'apprêtait à partir en voyage, à pied et à cheval, .... »

Flora s'interrompt alors et ouvre grand les yeux. Oh non ! Calico ! Restée à Cuvalier. Avec tout son équipement en plus !!
C'est une catastrophe.
Elle ravale une envie de pleurnicher, ce n'est ni le lieu, ni le moment, mais la panique n'est pas partie bien loin.

« Soudainement c'était comme si on était pris dans un miroir, qui se brisait. C'est dur à décrire.
Et nous voilà ici sans savoir comment, ni avoir rien demandé. »

« Bonjour à toi Magister Strongt, comme je l'ai dit sans malice comme le veut vaillant Uthgar le puissant, je me nome Borzorck Sangfier. »
Le prêtre avait jaugé les nouveaux venus par habitude.
Ils ne semblaient pas si terribles mais comment savoir lorsqu'il y avait des magiciens... Les premiers à occire en cas de grabuge selon un vieux proverbe orc.

Reprenant, il ajouta :
« Nous ne sommes pas les auteurs de cette magie que vous dites de niveau noir et qui est seulement inexpliquée pour moi.
Nous n'avons pas souhaité cette téléportation, nous en sommes les victimes. Quoi qu'il en soit nous ne ferons de mal à personne si personne ne nous agresse. »

« Zorky t'es gentil mais arrête de parler d'agression ça n'aide pas vraiment à calmer le jeu. » déclara la bretteuse en donnant un discret coup de coude dans les côtes de son ami.

« Comme le disent mes compagnons nous étions à Cuvalier en train de parler à Dame Clostriana de Laurencis. Nous nous apprétions à partir en voyage lorsque nous avons été téléportés ici. Par qui et pour quelle raison nous l'ignorons. Quoi qu'il en soit nous allons bien évidemment vous suivre, je suis certaine que tout malentendu sera dissipé rapidement. » affirma la jeune femme en laissant ses mains bien en évidence.

Le Magister écouta les arguments rapides des aventuriers, mais rien dans son attitude ne trahissait s’il les croyait ou pas. « Très bien, nous en discuterons plus calmement dans notre tour. »
Les aventuriers suivirent donc la naine, qui ouvrait la voie dans la foule rassemblée. Derrière eux suivaient le reste de la troupe et le Magister. D'autres personnes présentant un écusson de la ville, mélangées à la foule, commençaient à poser des questions aux personnes présentes. Ils n’étaient pas venus qu’à cinq pour discuter avec les aventuriers.

Neave remarqua aisément que le soleil était déjà sur sa phase descendante. Il devait être une heure plus tôt que celle à laquelle ils avaient quitté Cuvalier. Mais c’était peut-être normal, vu qu’ils s’étaient déplacés vers l’Ouest.
Les rues étaient encore très animées. Des étals colorés présentaient des objets, des fruits, des légumes, venant de tout l’Empire. Une diversité déconcertante, appuyée par des dialectes étranges aux oreilles des compagnons. Quelques races non-humaines déambulaient sans qu’elles ne soient particulièrement observées, mais pas d’orque ou de demi-orque comme dans la Baronnie. Aussi, nombreux étaient ceux qui se retournaient, parfois dégoutés, au passage de Zork.

Après trois bifurcations, les compagnons furent emmenés dans une grande tour à la porte monumentale, située au centre d’une place carrée. S'élevant sur plus de trente mètres, elle devait contenir pas moins de sept étages. Peu de fenêtres donnaient sur l’extérieur mais des tourterelles entraient et sortaient d’un pigeonnier au sommet. Une plateforme devait également se situer là-haut.

Dès l'entrée dans le bâtiment, les aventuriers perçurent une agitation inhabituelle. Ils ne connaissaient pas ce lieu, mais la nervosité y était palpable. Des hommes et des femmes s’activaient derrière ce qui faisait office de comptoir. La salle faisait au moins trente mètres de diamètre. La luminosité tamisée provenait de pierres blanches disposées un peu partout au plafond. Il ne fallait pas être grand clerc pour déceler la magie dans cet artifice.

Un homme vint trouver le Magister Strontius et lui parla à voix basse à l’oreille. Le Magister se redressa, envoya un regard courroucé aux aventuriers, et jeta des ordres secs. Les aventuriers allaient être conduits dans une cellule en attendant leur interrogatoire. « Nous verrons si vous êtes sincères. Passez les au casque » ajouta-t’il avant de prendre la direction d’un espace vide au plafond ouvert. Ils étaient entourés d’une garde d’une demi-douzaine de personnes, mais de l’ensemble de la pièce, plusieurs personnes leur jetait des regards en coin, prêts à intervenir s’il le fallait.

« Au ... au casque ? » Quoi que c'était, ça avait l'air menaçant.

Flora essaye de rester calme, de rester digne, mais cette expérience entière ne lui réussit vraiment pas. Elle se sent sur le point de pleurer à chaque nouvelle annonce, toute lui parait plus terrible que la précédente. Contrairement à certains autres, qui semblent aller bien, elle a l'impression que chaque pas la rapproche un peu plus de l'échafaud.
Pourquoi diables était-elle venue ici ? Que faisait-elle là ? Peut-être qu'elle aurait mieux fait de rester à Horbourg. A végéter. En sécurité.

« Nous avions pour mission, avant tout ça, de voir messire Ruyl, l'ambassadeur de la baronnie a Mascar. Nous avions vu ma mère, dame Clostriana de Laurenciis, quelques instants avant que notre voyage impromptu ne nous amène ici.

J'imagine que votre casque est sans risque, il ne faudrait pas que l'héritière d'une des maisons nobles de la baronnie et ses compagnons ne soient blessés. »

Neave jouait la carte du nom de famille. C'était rare et elle n'aimait pas faire ça. Elle ne s'en servait que quand elle ignorait quoi faire d'autres pour protéger Nahyla.

Zorcky n'ajouta pas d'huile sur le feu mais hocha de la tête à la mention de Ruyl.
Un allier dans la place ça ne se refuse pas... Si tant est qu'il ait un quelconque pouvoir face à ces gugusses...

Le Magister n’écouta aucune des récriminations des aventuriers, même si la petite femme brune chargée de les amener en cellule précisa : « Le casque est sans risque. Il ne fait que vérifier votre bonne foi. Mais vous comprenez bien sûr ces objets magiques simples, vous qui usez de pouvoirs bien supérieurs. Vous n’en avez pas à Horbourg ? C’est bien loin d’ici. Un diplomate, Ruyl, vous dites ? Voulez-vous le faire prévenir ? » Malgré des paroles qui pourraient sembler prévenantes, le ton était suffisamment sec pour que les aventuriers ne se sentent pas totalement à leur aise.

Strongtius s’arrêta au fond de la salle, à un emplacement où le plafond était troué. Après un instant, il s’éleva dans les airs sans faire un seul geste. Il disparut en direction de l’étage suivant.
Malgré cette utilisation évidente de la magie, c’est à travers un escalier bien normal que les aventuriers furent conduits vers les sous-sols. Au deuxième sous-sol, ils furent conduits à travers un couloir humide, même si l’escalier continuait à descendre. Le couloir était éclairé par les mêmes pierres blanches qu’à l’étage supérieur, mais celles-ci étant moins nombreuses, elles maintenaient une atmosphère de cachot.
De part et d’autres du couloir, des portes métalliques fermées étaient couvertes de runes et d’inscriptions magiques. L’un des gardes ouvrit l’une d’elles, dans laquelle tous les aventuriers furent introduits. La cellule ne faisait que trois mètres sur deux, et deux bancs en bois, disposés face à face, composaient le seul confort de la pièce. Un pot de chambre permettait de faire ses besoins en public, si nécessaire.
« Nous sommes désolés de ce mobilier rudimentaire, vous devrez attendre ici quelques minutes, le temps que nous préparions une cellule plus confortable. Vous y serez conduits après avoir été passé au casque » précisa la petite femme brune. « Pour cela, nous viendrons vous cherchez un par un » prévint-elle.

Kromiggs suivit de bonne foi. Et même s'il trouvait la situation inconfortable, en bon garant de la loi et de l'ordre, il comprenait très bien que les autorités réagissent ainsi. C'est pour cela qu'il n'objectait rien et se pliait aux volontés des forces de l'ordre.

« Bien, nous n'avons qu'à attendre avant que notre bonne foi ne soit reconnu.
Quelqu'un a une idée de ce qui s'est passé ? Qui nous aurait téléporté ici ? Même si cela était notre destination, un allié nous aurait prévenu, non ? »

« Merci pour tant d'hospitalité. » Lâchât acerbe le demi-orc à la femme brune.

Les autorités sont-elles suffisamment confiantes pour nous avoir laissé nos effets personnels ?
Y-a-t-il un risque que la porte de la cellule soit refermée ?

Flora se laisse tomber sur un des bancs sans un mot. La tête basse, les bras pendants qu'elle ramène rapidement pour les croiser contre son torse, elle gémit doucement.

Neave n'aimait pas etre enfermé, encore moins contre son gré. Mais pour le moment, elle avait des choses dont s'occuper, c'est donc simplement qu'elle alla s'asseoir sur le banc a coté de Flora et lui demanda:

« Ça va aller? »

La porte se referma sur les aventuriers, les laissant dans l’attente de leur interrogatoire.
Celui-ci vint au bout de quelques minutes, le temps qu’il avait fallu pour préparer la salle, certainement.
Neave de Laurencis, grâce à son rang, fut appelée la première. Une dizaine de minutes après, Le prêtre d’Uthgar fut appelé. Enfin, Nahyla, Flora et Kromiggs, de dix minutes en dix minutes environ.

Un par un, la pièce se dépeuple et Flora se sent de plus en plus seule et désespérée. Et les autres restent si concentrés ... comment font-ils ? Elle n'a pas leur force.

Neave serra la main de Flora avant de partir, se voulant reconfortante:

« Ca va bien se passer. A tout a l'heure. »