Accolée à la porte Nord, la caserne de la ville de Cuvalier formait un ensemble hétéroclite de bâtiments de bureaux, d’habitations, le tout ceinturant deux cours en enfilade servant à l’entrainement. Rachetées lors de la période de déclin de la ville, ces maisons appartenaient alors à des familles modestes. Depuis, des murs avaient été rajoutés pour bloquer des rues, et faire de cet ensemble un lieu fermé, ouvert sur l’extérieur uniquement par deux extrémités. La porte principale de la caserne, qui ouvrait sur Cuvalier juste à côté de la porte de la ville elle-même, disposait d’un poste de garde servant à ces deux entrées.

Les aventuriers avaient rendez-vous avec le Sergent Ronchard dès sept heures et demi du matin, quelques heures seulement après le lever du soleil. Un des gardes situés à l’entrée de la caserne inscrivit leur nom sur un registre, ainsi que l’heure approximative de leur entrée, avant de leur indiquer le lieu où le Sergent les attendait : Un bureau au rez-de-chaussée d’un bâtiment sans lustre particulier, de l’autre côté de la première des deux placettes encerclées par les bâtiments de la caserne. Les lieux avaient l’air d’être bien entretenus.
Un homme dans la cinquantaine, les cheveux gris, la moustache frémissante, les accueillit un par un, à la porte de la pièce, dans leur ordre d’arrivée. « Bonjour, je suis le Sergent Ronchard. Content de votre venue. » Devant un bureau se trouvaient quatre sièges pour les nouveaux arrivants.

Borzorck avait laissé les deux jeunes femmes, ses aînées, s'offrir une chambre à l'auberge alors que lui le "gamin" avait préféré se trouver une place dans une bonne grange comme à la maison.
Le matin c'est a grands pas qu'il arriva à la caserne où se tenait son lieu de rendez-vous.
La carrure et l'aspect du jeune demi-orc était des plus impressionnantes sans parler de sa lourde hache qu'il portait naturellement sur son épaule.
Les quelques passants à cet heure matinale, s'écartaient naturellement de son chemin bien qu'il ne chercha pas à s'imposer plus que de besoin et se retournaient souvent pour contempler son aspect étrange, rapport à sa peau anormalement sombre pour ceux de sa race.
« Enchanté Sergent Ronchard, je me nomme Borzorck Sangfier, fils de Ormak Sangfier pupille de Runica et de Jean des Loups, prêtre d'Uthgar le puissant.
Mes sœurs ne devraient plus tarder à nous rejoindre pour pister vos kidnappeurs. »

Flora fut la seconde à pousser la porte du bureau du Sergent Ronchard. Elle avait eu besoin de poser quelques questions, mais elle était heureuse de découvrir qu'elle était arrivée à Cuvalier juste à temps.

Une jolie blonde aux yeux émeraudes, mesurant presque un mètre soixante-dix, toute fine, elle était vêtue de jolis habits brodés, plus faits pour la cour baronniale que pour le voyage. Armée à la fois d'un fleuret et d'un arc, elle portait surtout une grosse mandoline sur le dos.

Elle ne perdit pas de temps en entrant, saluant le demi-orque déjà présent d'un signe de tête et le sergent de même. Flora se tira une chaise et s'assied dessus dans le même mouvement fluide. La voix agréable, une expression confiante, elle se présenta sans tarder.

« Bien le bonjour, Sergent Ronchard. Je suis Flora Botaniate, fille de Michael et Zoe Botaniate.

Je suis venue depuis Horbourg aussi vite que j'ai pu, dès que j'ai appris ce qui se passait à Cuvalier. Et que la ville recherchait de l'aide. »

Un jeune nain entra à la suite. Il était arrivé quasi à l'horaire demandé, ni avant, ni après. Trapu et bien charpenté, il arborait une barbe et chevelure d'un roux flamboyant. Peu amène, il ne souriait pas. Il faisait un effort pour être protocolaire. Il était déjà équipé plutôt lourdement : une cuirasse de conception naine qui semblait peu l'entraver, une hache de même origine, un bouclier en métal et une arbalète lourde. ainsi que tout un attirail de voyage. Il n'était pas venu en touriste.
Il salua le sergent Ronchard d'une façon toute militaire.

« Kromiggs Sanfaille, mandaté par la Guilde des Marchands-Caravaniers de l'Aramante.
A votre service. »

« Bonjour… » répéta le sergent à l’arrivée de Zork. « Vous êtes… Ha ! Jean des loups. C’est lui que nous attendions, mais vous le remplacez, très bien. Qu’Uthgar guide votre bras justicier. Vous êtes aussi pisteur, donc ? Vos sœurs ? Ha, on ne m’avait indiqué qu’une seule personne venant de Sangris… Y-a-t’il eu un changement de dernière minute ? Combien de sièges doit-on prévoir ? » Une fois le renseignement obtenu de Zorck, il mandata un soldat pour obtenir deux sièges de plus.

Tous les regards de la caserne, hommes et femmes, se tournèrent vers Flora quand elle traversa la placette pour rejoindre le sergent. « Mademoiselle Bataniate, votre père nous a envoyé une missive indiquant votre venue » dit-il, impressionné par la classe de la jeune femme, que tous auraient juré comme étant noble d’origine.

Une fraternité de veillée de camp se manifesta quand Krommigs se présenta. Affable, le sergent accueillit cet ancien camarade. « Krom’, heureux de te revoir parmi nous ! Cela fait combien d’années que tu as quitté la garde ? » Le calcul renvoya le sergent à son propre âge. Il balaya cette image désagréable pour revenir au nain. « Les affaires marchent pour toi, dit-on ? »

« Retrouve-moi là-bas! »

Neave avait du tirer Nahyla du lit. La chasseresse avait demandé une chambre avec fenêtre et avait dormi à même le sol, profitant de la lueur des étoiles. Elle aimait voir le ciel pour dormir, cela l'apaisait.
Et avec Nahyla pas loin, elle s'était sentie en sécurité, tellement en sécurité qu'elle avait trop dormi et voilà, maintenant, elle était en retard! Nahyla ne se levait jamais en première et elle comptait sur Neave. Neave avait failli.

C'est donc une Neave pressée et passablement stressée qui s'était habillée et avait quitté l'auberge en laissant derrière elle sa camarade pour rejoindre l'endroit du rendez-vous. Elle n'avait pas besoin de son cheval pour y aller, aussi le laissa-t'elle profiter de l'écurie. Elle rabaissa sa capuche sur sa tête puis commença à courir, faisant compter chaque foulée. Elle évitait les passants, tendait l'oreille pour repérer les gens qui risquaient de déboucher à un coin de rue et elle arriva finalement au bâtiment.

Prenant un instant, elle inspira profondément pour se calmer et reprendre une apparence normale avant de toquer à la porte et d'entrer. Son nez restait toujours aiguisé mais elle espérait que ça ne lui jouerait pas de mauvais tour. Elle retira sa capuche, laissant ses cheveux roux foncé apparaître au grand jour. Sa cuirasse articulée épousait chacun de ses mouvements tandis qu'elle avançait et observait chaque personne dans la pièce. Une odeur de métal et de roche. Une odeur de fleur et de citron? Non, d'huile de citron. Une odeur de rage contenue. Une odeur de... Etrange. Une odeur difficile à définir. Instinctivement, elle se dirigea vers le demi-orque puis s'arrêta. Elle avait oublié de se présenter.

« Ahem. Je suis Neave de Laurencis, monsieur. Je suis envoyée par Jean des Loups avec Borzork et Nahyla. Elle... Elle arrive. Je me suis levée en retard et ne l'ai pas réveillé assez tôt pour qu'elle soit prête à l'heure. Navrée, ça ne se reproduira plus, monsieur. »

Flora sourit joliment et opina du chef, suite à la mention de la lettre paternelle.

Merci Papa.

Elle accueillit les arrivants suivants avec bonne humeur, avant de réaliser le nom annoncé par Neave. Les noms, en fait. Mais surtout un.

« Vous êtes Neave de Laurencis ?
C'est un grand plaisir pour moi que de faire votre connaissance, damoiselle. »

Nahyla avait passé une agréable nuit. La jeune femme dormait toujours mieux lorsqu'elle était accompagnée de Neave et il fallait admettre que les draps de l'auberge étaient particulièrement douillets. Aaaah c'est quand même mieux que le sol de la forêt. Mais mais pourquoi ça tremble ?

Nahyla ouvrit les yeux pour voir une Neave stressée la secouer avant de quitter la pièce. Elle est toujours aussi belle lorsqu'elle est stressée. sourit intérieurement la bretteuse.

Elle se leva d'un bond et utilisa les commodités de la pièce pour se rafraichir rapidement. Puis elle déposa une goutte de parfum sur sa nuque, elle adorait ce doux mélange de rose et de framboise qui était suave avec juste une pointe d'acidité. Plus important encore pour elle, elle savait qu'il s'agissait du parfum préféré de Neave. Prenant une pomme au passage elle quitta l'auberge et se dirigea d'un pas preste vers le lieu de rendez-vous. Arrivée sur place elle remercia le garde qui lui indiqua le bureau du sergent avant de s'y rendre.

Après avoir frappé à la porte elle rentra, remarqua immédiatement la jeune blonde qui parlait à sa chère Neave ainsi que le nain en armure lourde et Zorcky. Elle fit une révérence en ôtant son chapeau et s'inclina juste à côté de sa préférée. Elle savait que son odorat développé noterait rapidement la fragrance qui lui était destinée.

En souriant elle se présenta « Bonjour sergent Ronchard, Nahyla des loups de Vabres, fille de Runica et de Jean des loups, sœur de Borzock et de Neave ici présents. A votre service. »

En se redressant elle examina les chaises et les personnes présentes dans la salle. Intérieurement elle fut rassurée. Je ne suis pas en avance mais au moins je ne suis pas la dernière.

Ah Cuvalier. Cela faisait un moment que Wyvine n'avait pas eu l'occasion d'être en ville. Dès lors, il fallait en profiter! La sorcière s'affaira donc après son lever à faire le tour des échoppes. En quête des dernières nouveautés qui ne demander qu'a être découverte. Et qui n'avaient pas encore atteint le hameau rural où elle avait élu domicile.

Le temps passe malheureusement trop vite lorsque l'on s'amuse. Sept heures et demie du matin. La jeune femme eut un pincement au cœur lorsqu'elle s'aperçut de l'heure. Déjà! Elle aurait tellement aimé passer encore une heure ou deux à explorer le Marché. Voire même trois. Il était encore si tôt! C'était presque un crime que de travailler en cette heure si précoce. Vraiment!
Elle avait néanmoins promis à son mentor de s'occuper de cette triste affaire. Et le décevoir la chagrinait bien plus que d'abandonner son petit tour. Forçant bon gré mal gré, la lanceuse de sortilèges se dirigea finalement vers la caserne où elle était attendue.

Sur place, c'est avec une patience tout à fait relative qu'elle endura les nécessités administratives, avant d'être enfin dirigée vers la salle où la réunion d'information aurait sans doute lieu. Ces bureaucrates et leur nécessité d'annoter le moindre geste. Il fallait être bien étranges pour aspirer à ces professions qui drainent le moindre égaiement de leurs pratiquants, pensa la sorcière.

La belle brune ne put réprimer un roulement des yeux en apercevant le sergent qui se tenait devant la porte. Aussi vieux jeu que son âge laissait entendre. Halalala!

« J'espère que vous n'êtes pas aussi ronchon que votre nom laisse entendre, Sergent. Ce n'est pas bon pour votre santé, vous savez. »

Ceci dit, les yeux bleu clair de Wyvine se détournèrent du soldat pour observer l'intérieur. Elle compta trois femmes déjà présentes. Ainsi qu'un nain, et un... demi-orc? Une telle carrure ne pouvait qu'indiquer un lignage orc. Hmm... restait à savoir si les individus présents étaient qualifiés pour la tâche qui leur incombait. Il n'y avait qu'une seule manière de le savoir: entrer. Ce qu'elle fit sans se presser.

« Naeve de… La sœur de … aheum… » Une lueur d’incompréhension passa dans les yeux du Sergent. La chasseuse ne ressemblait pas vraiment à son « frère » demi-orc. Mais peut-être était-elle une « sœur » dans l’esprit d’Uthgar ? Ces choses religieuses étaient vraiment compliquées.
Aidée par l’intervention de la barde, Naeve reconnut Flora pour l’avoir vue au château lors d’une représentation théatrale. La présence d’une actrice avait de quoi surprendre en ces lieux.
Il avait fallu quelques secondes au sergent pour se rendre compte de qui il avait à faire. De Laurencis : Il s’agissait de la famille du Baron. Affable, il indiqua un siège à la nouvelle venue.

Un peu comme Flora précédemment, Nahyla avait attiré les regards de la caserne. Et les jalousies masculine envers le Sergent. « Hé bé il s’emmerde pas, le Ronchard… » entendit-elle chuchoter.
« Qu’Uthgar vous porte » répondit le sergent à l’accueil de la guerrière, se méprenant en pensant encore à une sœur religieuse plutôt que de sang. Nahyla ne ressemblait ni à la chasseuse ni au prêtre, le mot « sœur » devait être une façon de parler. Mais Nahyla avait bien indiqué qu’elle était fille de Jean des loups… comme Borzock !?! Cela devenait vraiment compliqué pour le Sergent.

« Installez-vous, nous attendons encore une personne. » La précision était inutile : Il restait un siège vide.

« Ha, la voila ! » indiqua le sergent en observant la traversée de la cour de Wyvine. Décidément, le sergent recevait aujourd’hui de belles femmes.
Wyvine, au lieu de s’excuser de son retard, préféra attaquer le soldat. Le sergent Ronchard, pour montrer que son nom n’était pas usurpé, se renfrogna quelque peu, et d’une façon dédaigneuse, indiqua le siège restant. « Maintenant que nous sommes tous là, nous pouvons commencer. »

Il s’assit derrière le bureau et alla directement au but, en reprenant les notes manuscrites dont il disposait.
« Je vous remercie d’avoir répondu à notre appel. Nous souhaitons constituer une équipe afin d’enquêter sur la disparition de trois femmes dans les trois dernières semaines. Nous n’avons aujourd’hui aucun indice permettant de les localiser, et personne n’a demandé de rançon. Les battues n’ont rien donné. Pas de corps, pas traces de lutte, pas de sang…
Ces trois femmes ne semblent pas avoir de liens entre elles.
La première est tanneuse et tailleuse, et pratique la chasse. Arondia, Dix-huit ans. Elle aurait disparu dans la forêt, alors qu’elle chassait. La battue a été courte : La forêt est dangeureuse. Peut-être a-t’elle été emportée par un troll, ou que sais-je. Elle habitait le hameau de la Seguinerie, près de la Mine d’or.
La deuxième s’appelle Bistane, elle est mère de famille, trente-cinq ans, paysanne, travaillait aux champs quand elle a disparue. Elle habite le hameau de Pistouléou, près de la forêt.
La troisième commence la pratique de la magie, selon sa mère. Elle n’a que seize ans, s’appelle Lycia. C’est la nièce de Sorsctice, un magicien habitant à Cuvalier. Il y a dans sa chambre des livres, elle sait lire. Sa mère dit qu’elle était partie chercher des racines, et qu'elle ne l'a plus revue. Elle habitait le hameau de Peyremale, très proche de la route allant de la mine d'or à Cuvalier. » Il jeta un coup d'oeil à Wyvine pour voir si elle savait déjà tout cela.

Puis le sergent laissa quelques secondes à ses interlocuteurs digérer ces informations.

Borzorck n'avait rien à dire et ne dit donc rien se contentant de changer de position sur sa chaise en bois.
S'il cela n'aurait pas paru impoli, il serait bien resté debout mais bon...
Pourvu que ça ne dure pas trop.

Flora écouta attentivement. Elle nota attentivement les noms dans sa mémoire. Puis répéta, à haute voix, ses réflexions, afin que tout le monde puisse en profiter.

« Arondia, la Seguinerie.
Bistane, Pistouléou.
Lycia, Peyremale.

Je ne suis pas souvent venue à Cuvalier, mais que trouve t-on entre ces trois hameaux ? Deux sont à proximité de la route de la Mine d'Or, mais le troisième ? N'y a t-il que la forêt pour les séparer ?

Les disparues étaient-elles toujours seules ?
Y avait-il toujours une semaine exactement entre chaque disparition ?
Et si le rythme est gardé, quand est prévu le prochain incident ? Y aurait-il un autre hameau, à proximité de la Sequinerie, Pistouléou et Peyremale ? Peut-être plutôt du côté de Pistouléou. »

Kromiggs était resté silencieux, détaillant les nouveaux arrivants. Un groupe hétéroclite, pas de gardes, cela allait être compliqué à organiser. Il ne dit rien toutefois et son regard restait impassible, le nain avait pour principe de prendre du temps pour juger. Même s'il n'aimait pas le ton désinvolte de la dernière arrivée; Il aimait que l'on respecte l'autorité. On n'était pas à la taverne, que diable.
Il écouta, analysa, les premiers éléments et les réflexions de la noble.

« Hum, les lieux, les dates et la méthode sont trop proches pour que cela ne soit pas lié.
A priori, ça cherche et observe sa proie, pour trouver une femme isolée.
Prédateur intelligent ou groupe organisée. »

« Hm... »

Neave ajouta calmement, réfléchissant à voix haute:

« N'y-a-t'il pas eu, il y a un quart de siècle, une succession de disparition? Des gens quittant foyer et famille, du jour au lendemain? Ni trace, ni mot d'explication, ni piste à suivre? »

Le Sergent Ronchard s’y attendait, mais il n’aimait pas ces séances de questions-réponses. Il répondit cependant.
« Nous… Ahem… Avons souhaité créer une équipe d’enquêteurs avec des compétences variées, pour essayer une approche différente, une approche différente de ce qu’aurait prit la garde… » commença-t’il, même si cela lui pesait d’avouer cette incapacité. Il était probable, à son ton, que le Sergent Ronchard n’ait pas été heureux de ce choix.
« Les trois hameaux font partie de ceux disposés autour de la route de Cuvalier à la Mine d’or, il ne semble pas y avoir de logique géographique autre que celle-là. Je vous fournirai une carte. La forêt se trouve à l’Ouest de ces trois hameaux… Elle est dangereuse. Des trolls, des créatures crachant le feu, y vivent et s’aventurent parfois dans les zones proches des lieux d’habitations. C’est pour cela que la plupart des maisons de ces hameaux sont disposées en cercle, comme des fortifications. »
« Les disparues étaient seules, oui. Il n’y a pas exactement une semaine entre chaque disparition. Si vous pensez à quelque chose de régulier, la prochaine disparition pourrait avoir lieu dans un jour ou deux, peut-être… »

L’intervention de Neave de Laurencis surprit le Sergent. « Hum… Oui, tout le monde sait ça. Mais les disparitions d’il y a vingt-cinq ans concernaient plus de cinquante personnes, toutes parties le même jour… Cela a l’air différent. »

« Bon, si on allait directement sur place, avec le concoure d'Uthgar, nous trouverons rapidement les auteurs et nous les punirons promptement. »

Borzorck arborait un sourire satisfait de celui qui a un plan imparable.

« Il faut dans ce cas commencer par la dernière victime. C'est là qu'il y aura eu le moins de personnes à repasser derrière. Mais peut-être serait-il de bon ton de nous présenter plus avant, nos domaines d'expertises, bref ce pourquoi la Garde a jugé bon de nous recruter. Nous pourrons faire ça sur le chemin, si vous le souhaitez. »

Neave inspira profondément pour profiter du parfum de Nahyla, avant de laisser les autres décider si oui ou non, c'était une bonne idée.

« La carte sera utile. Nous vous en remercions. » dit simplement Nahyla en se levant de sa chaise.

« Juste une question : les trois disparues ont-elles quelque chose en commun au niveau physique ? La même couleur de cheveux, les yeux, le sourire peut-être ? »

« Merci pour vos réponses, Sergent Ronchard.
Et merci pour la carte. Cela nous sera sûrement d'une grande aide. »

Flora se tut et écouta les paroles et proposition des autres. Le demi-orque paraissait un peu ... vif. Doté d'un tempérament excessif. La dernière venue, elle, ne paraissait pas prendre le sujet très au sérieux. Restait trois personnes, sur lesquelles Flora attendait de se faire un avis. En tout cas, leurs suggestions n'étaient pas pour lui déplaire.
Pour l'instant, elle se tut. Elle avait posé nombre de questions. Et jugea préférable d'attendre un peu, de considérer les choses calmement, avant de balancer une nouvelle volée.

Wyvine jouait machinalement avec une boucle d'oreille pendant que le sergent récitait ce que la garde savait des disparitions. Une manière comme une autre pour tromper l'ennui qu'elle ressentait en ce moment. Sorstice n'avait pas eu tort. N'importe quel villageois des hameaux concerné aurait sans doute autant à dire que ces soldats. Ce qui en disait long sur leurs compétences.

Ce fut seulement après que l'homme d'armes mentionnât Lycia, la nièce de son tuteur, que la jeune femme sortit de son attitude blasée. La jeune fille avait donc disparu en forêt. Seul, alors qu'elle était partie récolter des herbes. Rien de vraiment exceptionnel pour une apprentie des arts magiques. Wyvine avait fait de même lorsqu'elle avait son âge aussi. Et Lyla, la jeune disciple de la sorcière sortait souvent récolter les ingrédients que sa maitresse requérait. Sans personne pour l'accompagner aussi. Wyvine s'inquiétait maintenant pour son élève. Assise les jambes croisées, la coquette sorcière changea nerveusement de côté. Comme pour se soulager inconsciemment d'un poids.
Elle se promit de demander à son familier des nouvelles de sa pupille.

« Hmm... La forêt, ou la mine. Deux points communs dans ces disparitions. Voilà qui est bien fâcheux. »

Une forêt, c'est large. Et les battues avaient déjà été faites. Autant dire qu'il y avait peu de chance de retrouver les disparues à l'aveugle. Surtout maintenant, après que plusieurs jours se soient déjà écoulés. La sorcière n'y connaissait pas grand-chose sur ces choses-la, mais elle était déjà pessimiste sur leurs chances de retrouver les femmes en vie. Ou même les retrouver tout court.