Le soleil tapait dur en cet après-midi d’été. La pluie manquait depuis plusieurs semaines, et la récolte, au cœur de toutes les conversation du hameau, était en danger.
Pourtant, malgré la chaleur étouffante, cet adolescent courrait, une missive à la main. Il portait des habits colorés, un peu à la mode dans la ville de Cuvalier non loin de là. Il croisa un vieillard qui prenait l’air sous un arbre. Celui-ci secoua la tête : Les citadins n’apprendraient-ils jamais qu’en été, il fallait se reposer l’après-midi ?
Essoufflé, le visage en sueur, le gamin s’arrêta devant la maison de Wyvine. « Mademoiselle Hêtraie ? » appela-t’il. A part son père et son tuteur en magie, Wyvine ne connaissait personne qui l’appelât de la sorte, par son nom de famille.

Une fumée noire s'échappait par la cheminée de la maison que la sorcière avait élue pour domicile. Une odeur âcre et irritante se faisait aussi sentir, et ce à plus d'une centaine de mètres de la bâtisse. La chaumière était quelque peu à l'écart du hameau. À l'orée du bois le plus proche. Le lieu n'avait pas été choisi par hasard. La propriétaire appréciait sa confidentialité, et les villageois n'étaient pas vraiment curieux de savoir quelles sombres sorcelleries pouvaient bien être pratiquées à l'intérieur.

L'arrangement convenait donc à tout le monde. Tous sauf une. La jeune apprentie que la lanceuse de sort avait récemment prise sous son aile. Une petite peste du nom de Lyla qui l'avait harcelé des mois durant jusqu'à ce qu'elle cède finalement. La petite avait eu du cran à s'être présenté tous les jours à la porte de la mystérieuse alchimiste qui avait élu domicile dans ce village tranquille pour lui demander de lui enseigner la magie. Et ce jusqu'à ce qu'elle accepte. Au grand dam de ses pauvres parents sans doute.

Cela ne la concernait pas. Lyla avait choisi de sa propre volonté sa voie, ce que ses parents pouvaient penser de la chose n'avait pas dès lors plus vraiment d'importance aux yeux de la sorcière. Personne n'avait osé se plaindre en tout cas!
Même si la jeune fille venait à peine de débuter son apprentissage, et donc encore loin d'être une sorcière accomplie. Wyvine devait avouer qu'elle était bien utile.
En échange de seulement quelques heures d'enseignement, sa disciple s'occupait de la plupart des tâches ménagères et des courses. Wyvine commençait à comprendre pourquoi les magiciens étaient aussi friands de leurs apprenties. ils étaient quand même bien pratique.

En ce moment, Lyla n'était pas présente à l'intérieur du domaine de la sorcière. Non, elle était sortie dans le bois chercher des herbes pour sa maitresse. Celle-ci s'était en effet levée avec une idée géniale. Si on ajoutait de l'arsenic à une potion de soin qu’elle en serait le résultat? Sans aucun doute une chose grandiose!

C'était ce que Wyvine était en train de tester avec enthousiasme à l'arrivée du messager. Son mentor avait toujours désapprouvé les expériences "insensées" de sa pupille. Quel dommage que le magicien fût incapable de comprendre qu'une certaine fantaisie était nécessaire pour stimuler la créativité. A être trop prévisible, on finissait par stagner. La magie était ainsi. En particulier celle pratiquée par la sorcière.

Par contre, la fumée était un peu trop épaisse à son gout. Peut-être la solution n'était pas assez acide? Ou alors il fallait ajouter plus d'arsenic. C'est en réfléchissant a ce petit problème que Wyvine entendit qu'on l'appelait. Par un nom bien particulier en plus.

Le jeune homme put entendre qu'un petit rire amusé répondit à son appel. Peu après, la porte s'ouvrit pour dévoiler une jeune femme au sourire charmeur et aux formes généreuses. Belle sans le moindre doute. Avec ses long cheveux noirs soyeux, et ses yeux de couleur ciels.

« Et bien, et bien. Qu'avons-nous là? »

Certains détails de son apparence pouvaient en effaroucher plus d'un par contre. Même si la robe de la sorcière semblait se marier parfaitement à ses courbes envoutantes, sa tenue était remplie de charmes qui semblaient plus destinés à provoquer le mauvais sort qu'à séduire. Le crâne attaché à son chapeau pointu en particulier avait l'air très réaliste.

La sorcière posa son regard pétillant sur l'enfant qui se tenait devant sa porte. Malgré la chaleur étouffante et l'odeur maintenant carrément insupportable qui s'échappait avec hâte de l'intérieur, Wyvine ne semblait guère être incommodée, ou suer.

« Je m'attendais à trouver un prince charmant après avoir été invoqué de manière si galante. Me voilà bien déçue. »

Wyvine fit la moue. Quoique celle-ci était plus moqueuse que véritablement désappointée.

L’adolescent fronça les sourcils d’incompréhension en entendant l’expression de « Prince charmant ». Puis rougit. Ses yeux brun avaient du mal à se détacher des formes envoutantes de la sorcière pendant qu’il bégayait son message : « Hum… C’est … heu… Maître Sortice, votre tuteur… Il voudrait que vous alliez le voir à Cuvalier. Il dit que c’est urgent. » Et il avait certainement dû bien payer l’enfant pour que celui-ci fasse les quelques lieues de distance en courrant en plein après-midi.

Le gène du jeune homme ne fit qu'accentuer l'amusement de la sorcière. Elle fit quand même l'effort d'étouffer ses gloussements. Elle n'avait pas cœur à se moquer à la face du messager. Aussi drôle ses réactions pouvaient être pour la femme plus âgée.

« Aahh. Maitre Sortice… ce vieux crouton est-il devenu trop sénile pour se déplacer par lui-même? Ça lui ressemble bien tient… »

Wyvine joua machinalement avec une de ses boucles d'oreille, son visage se tordant légèrement comme si elle est réfléchissait à un dilemme.

« Halala. Est-ce vraiment si urgent que cela? Je suis bien embêtée. Ma chère apprentie est sortie. Je crains que la pauvre petite soit complètement perdue si elle ne me trouve pas. Cela ne peut pas attendre jusqu'à demain? »

En vérité, Wyvine ne s'inquiétait pas du tout pour Lyla. Sa disciple était pleine de ressource, et elle avait assez de devoirs pour continuer son apprentissage seule pendant quelques semaines au moins. Tout en tenant la boutique en parallèle. Un simple mot suffira à l'informer de son absence.

Non, l'alchimiste était préoccupée par un problème bien plus important. Sa potion! Elle était certaine qu'elle était proche d'une découverte cruciale. Il fallait juste plus d'arsenic! Elle en était sure maintenant. Une journée d'essai sera amplement suffisante pour finir son chef-d'oeuvre. Ou se lasser, et passer a l'expérience suivante le cas échéant.

Le garçon répondit à moitié à la question, qu'il n'avait visiblement pas anticipé. « Heu... ch'sais pas ».

« C'est rapport à une de ses nièces, il aurait dit » parvint-il à articuler, comme si cela donnait un élément supplémentaire d'information permettant à Wyvine de décider entre s'absenter de suite ou se rendre à Cuvalier le lendemain matin.

L'après-midi n'était pas encore assez avancé. Si Wyvine partait immédiatement, elle pourrait faire l'aller-retour à Cuvalier avant la nuit. Si elle attendait une heure ou deux que son apprentie revienne, elle atteindrait la ville avant la tombée du jour, certes, mais il faudrait qu'elle prévoit d'y dormir, car il n'était pas bon de s'aventurer de nuit sur les routes dans la Baronnie. Des créatures pouvaient rôder. Mais Maître Sortice avait des chambres qui pourraient l'accueillir, comme ce fut déjà le cas de nombreuses fois, cela ne posait donc pas un problème en soi.

« - Ennuyeux. Vraiment. »

De dépit, la jeune femme couvrit en partie son visage de sa main gauche. Visiblement, aucune des options qui lui étaient offertes ne lui plaisait vraiment. Ce qui avait le malheur d'assombrir sa bonne humeur. Elle en arrivait presque à penser que tout ceci était l'oeuvre d'une sombre puissance qui cherchait saboter ses efforts d'avant-garde.

Wyvine laissa échapper un soupire. Même si ça ne lui plaisait pas, elle devait prendre une décision. La sorcière siffla donc deux fois, avant de lever lentement les yeux. Semblant attendre quelque chose... ou quelqu'un.

Le bruit de branches qui s'agitent répondit aux sifflements de l'humaine. Suivi d'une succession de croassements qui se firent entendre de plus en plus près. Peu après, un fier corbeau au pelage sombre comme la nuit fit son apparition dans le sillage des deux humanoïdes. Se posant délicatement sur l'épaule de la sorcière, l'oiseau se tourna ensuite vers elle pour lui demander:

« Craa! Vous m'avez appelé, noble Dame? »

Un léger sourire ironique se dessina sur les lèvres de Wyvine.

« Ah, messere Corvus! Oui, en effet. Maitre Sortice requiert mon attention pour une affaire "urgente". Je m'en vais donc sur-le-champ à Cuvalier voir ce qu'il en ressort. »

Le Corbeau sembla acquiescer.

« Oui, bien sûr. ce serait messeoir de faire attendre Maitre Sortice plus que nécessaire. Il est un gentilhomme distingué. En plus d'être votre vénérée tuteur. »

Wyvine dut réprimer l'envie de lever les yeux au ciel.

« Certes, certes. J'aurais besoin que vous veilliez sur la maison jusqu'au retour de Lyla. Et sur la potion. Elle devrait être prête dans deux heures. » Ses espoirs de découverte spectaculaire avaient été mis à plus tard. Mais qui sait? Il y avait peut-être quelque chose qui pouvait être sauvé de ses efforts du jour.

Corvus agita les ailes de mécontentement.

« Que nenni! En tant que chevalier à votre service, je me dois de vous accompagner! Et non-veilleur sur cette vilaine que vous avez prise comme apprentie. Je vous ai déjà prévenue que vous perdiez votre temps avec cette paysanne. »

La sorcière balaya les protestations de son familier d'un revers de la main. Manifestement, ce n'était pas la première fois qu'ils avaient eu cette discussion.

« Nous verrons bien. Vous pourrez me rejoindre lorsque Lyla sera revenu, mais pas avant. Et puis, j'ai déjà un chevalier pour m'accompagner sur la route, n'est-ce pas? »

Dit-elle en direction du jeune garçon, l'accompagnant même d'un clin d'oeil complice . Le corbin, quand a lui, était offusqué par la comparaison.

« Ce coquin un chevalier?! Vous ne pouvez pas être sérieuse! »

Pour toute réponse, Wyvine se contenta de rire.

« Heu… oui ! Je sais me battre, et il ne vous arrivera rien ! » annonça le « chevalier », avec une certitude naïve. Le corbeau se détourna dans un croissement pour surveiller la maison et avertir l’apprentie du départ de sa tutrice lorsqu’elle reviendrait.
Ainsi, Wyvine décida de partir sur-le-champ rencontrer Sorstice, son maître, avec le garçon.

En milieu d’après-midi, après une marche peu confortable par des chemins surchauffés, le garçon laissa Wyvine devant la bâtisse servant de demeure à Sorstice.
Parmi les dernières maisons de la ville de Cuvalier en direction de Sangris, celle-ci était érigée sur deux étages et présentait de nombreuses sculptures et moulures en platre représentant des arbres, des fruits, de petits animaux parfois. Wyvine savait qu’à l’arrière de la maison s’étalait un jardin de vingt pas sur quarante, où Sorstice cultivait lui-même certaines plantes utiles à ses sortilèges. Il vendait d’ailleurs certains composantes rares à d’autres magiciens.
Sorstice vivait également de l’apprentissage qu’il professait à des élèves financés par des familles généreuses, comme cela fut le cas pour Wyvine. Ainsi, ce fut un apprenti qui vint ouvrir la porte, reconnut la sorcière et la conduisit à travers une maison qu’elle connaissait par cœur jusqu’au jardin où son tuteur tentait de sauver un arbuste brûlé par les chaleurs de cet été.

Wyvine se laissa escorter par le garçon. Elle connaissait bien sur la route jusqu'à la demeure de son ancien maitre, mais avoir de la compagnie sur la route n'était pas de refus pour la sorcière solitaire. La discussion permettait de soulager un tant soit peu la chaleur étouffante, ou du moins de l'oublier de temps à autre. La jeune femme pouvait aussi se mettre à jour sur les rumeurs et fait qui circulait ces jours-ci. Chose qui lui passait par-dessus la tête en temps normal. Tellement elle était obnubilée par ses recherches.

Même si la compagnie avait été sympathique, la jeune femme n'était pas mécontente de se séparer de l'adolescent. Le trajet avait été quand même éprouvant. En conséquence, la sorcière commençait à avoir hâte d'en terminer avec cette affaire dont elle ignorait encore tout.

Se laissant une fois de plus guider, cette fois par un apprenti, Wyvine se dirigea vers le jardin pour rencontrer son tuteur. En son for intérieur, la sorcière se demandait si elle devait lancer un maléfice sur le novice. Une petite brimade d'une senior envers son camarade plus jeune. Cela permettrait de briser la glace, en plus d'être divertissant. Décidant finalement qu'une telle opportunité ne pouvait être manquée, la sorcière profita du fait que l'apprenti lui tourna le dos pour lancer son mauvais sort.

Mauvais Oeil sur l'apprenti.

La durée du sortilège était courte, mais avec un peu de chance, le résultat pouvait être très drôle.

Ceci fait, la sorcière se désintéressa une fois de plus de son accompagnateur pour se concentrer sur l'homme qui s'activait désespérément a éteindre l'incendie qui s'était allumé dans son si précieux jardin. Son ancien tuteur était un homme d'âge mûr, comme l'indiquait très nettement le blanc qui recouvrait ses tempes et les autres extrémités de sa chevelure. Ainsi que les rides qui commençaient à s'enraciner aux coins de ses yeux.

Ou du moins, c'était l'apparence que le magicien avait choisi de se donner. Il était souvent difficile de déterminer le véritable âge des arcanistes. Surtout s'ils étaient puissants dans leurs arts. Sortice pouvait donc être bien plus vénérable qu'il ne le laissait paraitre. Wyvine se le rappelait tout de même plus jeune d'aspect pendant ses propres années d'apprentissage. Pour tous que cela puisse vraiment indiquer.

Au moins le vieux maitre offrait là un spectacle tout à fait hilarant pour son ancienne disciple. C'est donc en toute logique qu'elle se laissa éclater de rire. Dans son amusement, elle pensa même à lancer un maléfice sur le pauvre magicien. Elle réprima néanmoins cette envie. La sorcière avait toujours aimé tester la patience de son maitre. Un petit jeu qui ne l'avait jamais lassée. Mais elle avait appris rapidement les limites à ne pas dépasser. Dans son euphorie, elle se contenta donc de l'apostropher:

« - Ola! Un magicien qui se laisse dominer par un incendie? Voilà une bien pauvre publicité! Peut-être que les aspirants mages des alentours devraient chercher un autre tuteur, hmm? »

Sorstice tourna brièvement le regard vers Wyvine avant de reporter son attention sur l’arbuste. « Un incendie métaphorique, bien heureusement. Mais cette plante devrait survivre, une fois que j’aurais taillé les parties mortes. »
Il finit quelques opérations de taille avant de soupirer et de revenir à Wyvine.

« Allons dans mon bureau. »
Dans celui-ci, un apprenti apporta quelques boissons, que le magicien rafraîchit de quelques gestes de la main et d’une faible concentration. Après quelques banalités, il aborda le sujet qui l’importait.
« Wyvine, tu connais Licya, ma nièce ? Non ? Ce n’est pas grave. Elle habite dans un hameau, au Nord de Cuvalier. Elle a disparu la semaine dernière. La garde n’a rien trouvé, et cherche à monter une équipe pour sa recherche. A Licya, et à d’autres qui ont disparues également. J’ai pensé que tu pouvais participer à cette mission… »
Sorstice semblait mettre beaucoup d’espoir dans la réponse de la sorcière.

Quel Rabat-joie! La réaction sans émotion du magicien avait de quoi rendre maussade le plus enjoué des bardes. À défaut de le voir partager son amusement, Wyvine avait au moins espéré voir son ancien maitre répondre de manière courroucée à ses moqueries. Que nenni! Quel ennui!

« Oui, faisons cela. »

Répondit-elle. Fâchée par l'attitude chagrinante de Sortice. Cet aspect de son tuteur ne lui manquait pas du tout. C'était certain.
La boisson fraiche aidait quand même beaucoup à la réconcilier avec lui. La route lui avait donné grande soif. Le geste était donc apprécié. Et elle but goulument le verre qui lui était offert.

« Mmh. Licya? » La sorcière s'interrogea après s'être rafraîchie. Posant pensivement un ongle sur ses lèvres. « Non, pas que je m'en souvienne. Je ne dis pas non pour une éventuelle participation, mais je ne vois pas en quoi je serais utile. La divination n'est pas mon expertise, mais tu le sais déjà, non? »

Malgré ce que l'on pouvait croire, Wyvine appréciait quand même beaucoup son vieux tuteur. L'une des rares personnes auquel la jeune femme tenait vraiment. Ne dit-on pas que qui aime bien châtie bien après tout? La sorcière était donc plutôt disposée à aider le magicien si elle le pouvait même si sa magie n'était pas vraiment la plus indiquée pour retrouver des personnes disparues.

Sorstice haussa un sourcil. « Je ne sais s’il y a quelqu’un dans la Baronnie qui aurait la divination suffisante pour retrouver des disparues en quelques sortilègres » répondit-il sérieusement. « Même Ruyl... Vois-tu, la magie permet de grandes choses, mais certaines demeurent hors de portée des simples mortels. » Pendant quelques instants, il avait repris ce ton professoral un peu pédant que Wyvine lui connaissait.

« Pour revenir à notre affaire, le problème est déjà de reconnaître la magie s’il y en a, et de quel type il s’agit. Tes compétences sont largement à la hauteur, Wyvine. »
L’homme se replaça dans son siège. « Egalement, grâce aux exercices que je t’ai fait faire, tu as des capacités d’analyse supérieures à celles de simples gardes. Tu pourrais comprendre des indices qui seraient hors de leur portée. » Après la troisième disparition, Sorstice mettait clairement en doute les capacités de la garde à comprendre cette affaire.
« Je comprends que je te demande beaucoup : Tu devrais laisser ton commerce vacant pendant quelques temps. Mais je te demande à nouveau de participer à cette enquête. »

Wyvine répondit au ton pontifiant de son ancien tuteur en roulant des yeux. Le magicien prenait bien trop de plaisir à faire étalage de sa culture. Tenter de l'en dissuader était donc peine perdue. Au moins cette fois-ci, la "lesson" avait la courtoisie d'être courte.

« Mon chef-d'oeuvre est déjà sans nul doute perdu. Par ta faute, bien sûr. Donc ça ne change pas grand-chose de mon côté… mais j'accepte tout de même tes excuses. »

Même si ses accusations avaient l'air graves, le ton de l'ancienne apprentie n'était terni par aucune hostilité ou rancune. C'était le tragique lot des savants que d'être ruinée par les circonstances… et par les envieux. Ce qui séparait les grands des anonymes était la manière dont ils répondaient au fâcheux tour du sort. -Sans jeu de mots-. La jeune femme n'allait donc pas baisser les bras pour si peu.

Quant au magicien, quand bien même il ignorait ce à quoi sa pupille faisait référence. Il la savait excentrique.

« Je dois dire que cela m'intrigue toutes ces disparitions mystérieuses. Je vais voir ce que je peux faire. On verra bien si je peux être utile, ou non... »

La sorcière en doutait toujours, mais qui sait? La magie peut apparaitre n'importe où. Surtout dans les endroits où on ne l'attend pas.

« Je te remercie, Wyvine, je savais pouvoir compter sur toi et ta sagacité. Le Sergent Ronchard t’expliquera demain matin les tenants et aboutissants de cette affaire. Il est en train de constituer une équipe. »
Sorstice invita son ancien élève à passer la nuit dans sa demeure, où sa propre chambre l’attendait.


La suite dans le Chapitre I