Kromiggs compléta le résumé.

« Le Prince du sang a disparu en disant que le rituel avait été un succès et qu'il allait donner son pouvoir à d'autres disciples.
Cette secte représente toujours un danger.
Il y avait un tombeau dans la pièce à côté, avec un symbole religieux inconnu. Nous pouvons vous le dessiner. »

« Ha. Vous pensez donc qu’il y a encore un danger potentiel ? » nota le sergent Ronchard aux propos de Flora et Kromiggs. Il savait surtout, connaissant le nain, que celui-ci n’avait pas pour habitude d’exagérer les faits.

« Oui, dessinez moi ce symbole. Ca intéressera peut-être Messire Aguin… » Les compagnons se rappelaient que ce Aguin avait été cité, quelques jours plus tôt, quand le sergent Ronchard leur avait donné la mission. C’était lui, l’homme de confiance de Jana de Cuvalier, qui avait décidé de faire confiance à une équipe hétéroclite pour cette affaire de police, plutôt qu'aux soldats de sa propre caserne. « Pourriez-vous rester quelques heures en ville, afin de voir si Messire Aguin serait intéressé par plus de détails ? » demanda le sergent.

Flora hocha la tête.

« Tout à fait. Ce culte pourrait resurgir là quand on s'y attend le moins. »

Elle entreprend de dessiner le symbole pour le sergent.

« Voilà, ça ressemble à ça.
Je ne suis pas pressée, je veux bien rester quelques heures si cela peut aider », ajouta t-elle en souriant doucement.

« Je me tiens à votre disposition. »

Le nain salua de façon stricte, comme il avait l'habitude de le faire dans el cadre professionnel.

Nahyla profita de la fête pour servir de bouclier à Neave. Elle avait plus l'habitude que son amie de ces mondanités et elle les appréciait bien plus que les escapades en forêt à salir ses habits.

Mais cela ne durait qu'un temps et il fallait maintenant se plier à l'exercice obligatoire - mais néanmoins barbant - du rapport à l'autorité. Heureusement pour la jeune femme ses camarades d'aventure avaient pris les choses en main et elle avait pu les laisser répondre.

Alors qu'elle s'attendait à pouvoir quitter la pièce le sergent leur demanda de rester plus longtemps. C'est la mort dans l'âme mais toujours souriante qu'elle déclara avec simplicité. « Oui je peux également rester si le besoin s'en fait sentir. »

Sortant de son silence, Zorck trouvait que le sergent Ronchard prenait les choses un peu à la légère :
« On savait que le Prince du sang était une plaie pour ce royaume depuis deux génération puisque le père de Jean des Loups faisait déjà parti des compagnons de la rose blanche mais en fait, la venue de ce démon est bien plus ancienne et il ne compte pas renoncer. »

Le sergent Ronchard nota les derniers éléments, notamment l'avertissement du prêtre d'Uthgar (« Compagnons de la rose blanche, vous dites ? »), puis estima qu’il avait assez d’éléments pour faire son rapport. Il remercia chaleureusement les aventuriers pour leur aide. « Une récompense de trois cent pièces d’or étaient prévue pour la résolution de cette enquête. Vous êtes six, je vous donne donc cinquante pièces à chacun ».
« Dites-moi où je peux vous joindre, au cas où Messire Aguin désirerait vous rencontrer… »
Le renseignement obtenu, il salua une dernière fois les compagnons avant de les laisser repartir.

Flora accepta la récompense des cinquante pièces avec grand plaisir. En ce qui concernait la suite, en revanche, elle était perdue.
Venue seule, l'artiste se tourna vers les autres.

« Qu'aimeriez-vous faire, en attendant ? »

« Trouver une patisserie, pour mes parents. Ma mère adore les beignets. »

Neave paraissait presque guillerette:

« Si nous devons lui annoncer le retour des gens qu'elle a combattu il y a 20 ans, mieux vaut lui offrir quelque chose de doux avant. »

« Ma mère, avec tonton Jean, tata Eryn, tatie Sélène et oncle Mélor. Ils ont eu affaire au Prince de Sang après des disparitions d'enfants. »

Neave sembla hésiter un instant avant d'ajouter:

« Tout a fini dans un relais au nord, si je ne me trompe pas. Tatanica était là aussi mais c'est... compliqué.

C'est cette affaire qui a conduit mon grand-père a recruter un garde du corps pour sa fille, celui qui deviendrait mon père. Il a escorté ma mère pendant un an avant qu'elle n'ait le courage de lui avouer ses sentiments a son égard... c'est une histoire assez drôle, même si je préfère celle où elle a demandé l'autorisation aux parents de mon père de le demander en mariage... »

C'était sans doute la plus longue conversation que Neave ait pu tenir depuis sa rencontre avec Flora, Wyvine et Kromiggs, affichant un large sourire à l'évocation des détails, mimant les expressions qu'elle avait vu des dizaines et des dizaines de fois lorsque leurs parents racontaient leur rencontre a leurs enfants lors des longues soirées d'hiver. Hélas, cela ne dura pas plus longtemps que nécessaire et elle ajouta, simplement, son visage fermé:

« J'aime les histoires de mariage. »

Neave et le reste du groupe qui l'accompagnait trouvèrent une pâtisserie près de la place centrale de la ville. Outre du pain en grande quantité, des tartes à la carotte, des soufflets aux fruits, des brioches aux amandes et des gâteaux cuits recouverts de miel, cuits du matin, n'attendaient que les clients gourmands.

A l'intérieur de la boutique, une matrone au visage sympathique mais au regard sévère surveillait quatre enfants se léchant les babines devant l'étal, tentant de prévenir quelque mauvais coup. Un homme de haute stature lui commandait trois exemplaires de soufflet à la rubarbe. Une fois ces achats réglés - le prix évoqué était assez élevé - ce fut au tour des aventuriers d'être servi.

Etant donné que c'etait a cause d'elle qu'ils étaient là, Neave s'avança pour commander:

« Bonjour. Je vais vous prendre du pain d'épices et des choux a la crème. »

Avisant les enfants, elle ajouta:

« Et 4 parts de soufflets aux pommes. »

Elle demanda alors à ses camarades:

« Vous voulez quelque chose? »

Kromiggs savait vivre rudement quand i le fallait, mais il pouvait se laisser tenter par les plaisirs de la table en dehors de ses missions.

« Un gâteau au miel pour moi. »

Le nain sortit la monnaie de sa bourse, cette pâtisserie était amplement méritée.

Le prêtre guerrier n'avait jamais poussé la porte de ce genre de boutique et attendait donc "sagement" ses compagnons dans la ruelle.

« Un .. euh .. un chou à la crême », demanda Flora qui hésitait et avait du mal à se décider entre toutes ces pâtisseries. Elle n'en mangeait pratiquement jamais, mais aujourd'hui était une occasion importante, non ? C'était le bon moment, non ?

En tout cas, elle essayait de s'en convaincre.

Avec un sourire de façade, la pâtissière servit les aventuriers et empocha les revenus qui en découlaient. « A votre service, et à bientôt » dit-elle quand ils sortirent dans la rue.

A peine eurent-ils faits quelques pas en se demandant où aller que le sergent Ronchard les rejoignit, essoufflé.
« Ha ! Je vous trouve ! »
Reprenant son souffle, il ajouta : « Messire Aguin souhaite vous voir au plus vite. Il vous attends dans son bureau, à l'hôtel de ville. » D'un geste de la main, il indiqua la direction du bâtiment en question, pas loin de la boulangerie d'où les aventuriers sortaient. Pour y avoir déjà été à de nombreuses reprises, l'hôtel de ville de Cuvalier n'était autre que la demeure du Chevalier, grand bâtiment avec une cour intérieure qui longeait la place principale de la ville.

Neave recupera les gateaux et tendit le tissu contenant les 4 parts aux enfants avant de sortir. Quand elle apprit qu'ils allaient encore devoir faire un rapport, elle se mit en route aussitot, rangeant les précieuses patisseries dans son sac pour plus tard.

Kromiggs venait à peine de croquer son appétissant gâteau au miel que le sergent les rappelait déjà. Le nain se mit en route, tout en dégustant son biscuit, il ne fallait pas repousser à plus tard un plaisir qui n'attendait que ça.

« Oh .. euh .. on vous suit » répondit Flora avant de croquer son chou à la crême. Il ne fallait pas le laisser se ramollir. Pourvu que le trajet soit un peu long tout de même, pour pouvoir savourer la pâtisserie.