Flora sourit en réponse à Kromiggs. Rangeant son fleuret, elle accepta ce que venait de raconter le guerrier.

« C'est une réponse que j'accepte, merci Krommings.
Tu as une bonne mémoire.
Et euh .. oui, si vos souvenirs ont été volés, je n'ai pas la moindre idée pour le détecte », avoua t-elle avec embarras.

« Qu'avez-vous vu, alors, en pillant la tombe ? »

« Nous n'avons rien pillé. »
Lâchât sobrement Zorck en laissant le soin à Kromiggs de développer s'il le souhaitait.

« Nous n'avons rien pillé. » dit en écho Kromiggs visiblement vexé.

« Le tombeau renferme un squelette de plus de cinq pieds de haut. Il porte un diadème finement ouvragé, ainsi qu’un bracelet en or sur la main droite. Il arbore aussiuUn symbole religieux avec le signe 鬼 vu les bords du tombeau. »

Flora roula des yeux. Elle avait donc eu raison. Ces deux entêtés n'avaient fait que leur faire perdre du temps.

« Et donc ? Vous avez refermé le tombeau ensuite ? »

Kromiggs regarda la jeune barde.

« Ah mince, je savais bien qu'on avait oublié quelque chose ... »

Deux traits d'humour en moins d'une minute, Kromiggs n'allait peut être jamais s'en remettre. Il ajusta son bardas.

« On peut y aller. »

« Vous êtes sérieux ? »

Flora regarda le nain qui se barrait, elle regarda les autres personnes autour d'elle.

« Il n'est pas sérieux, n'est-ce pas ? Hein ? Il n'est pas sérieux. »

Neave haussa les épaules et reprit la tête de l'expédition pour surveiller les alentours et retrouver leur chemin

« Si on avait eu un magicien, il nous aurait sûrement dit s'il y avait de la magie mais nous tu sais on est que deux brutes sans cervelle... »
Le demi orc tourna les talons et entreprit de suivre Neave

Nahyla était restée méfiante lors de l'arrivée des deux retardataires mais la dernière remarque de Zorck la rassura.

« C'est bon on peut y aller c'est bien mon abruti de Zorky. » dit elle en souriant avant de se lancer à la suite de Neave.

Les compagnons enfin réunis, Arondia, Bistane, Lycia et Korane saines et sauves avec eux, accompagnés des trois prisonniers, tous repartirent vers Rochelongue, le village le plus proche.
Après avoir fait le chemin en sens inverse, d’abord dans le canyon puis dans les collines boisées, et enfin dans la plaine, ils furent en vue du village. La troupe n’était visiblement pas passée inaperçue, car l’excitation était palpable de là-bas.
Une véritable liesse accueillit les aventuriers, héros du jour et pour toujours dans leur coeur. Les enfants coururent vers eux alors que les adultes, souriants, s’interpelaient, envoyaient certains des leurs dans les campagnes pour annoncer la bonne nouvelle et faire revenir au village ceux qui travaillaient dans les champs. Sur leurs chevaux, les quatre survivantes, après avoir vécu l’enfer, vivaient un jour qu’elles n’oublieraient pas.

Il fallut s'interposer avec fermeté et en faisant appel à la toute puissance d'Uthgard pour que les trois prisonniers ne soient pas lynchés sur l'heure. Le pire leur était promis, et la justice du Baron risquait d'être capitale, de toute façon, mais ils n'avaient pas encore livré tous leurs secrets. Une cave fut dégagée pour servir de cachot le temps de la fête.

Car fête fut organisée dans l’urgence. Un boeuf fut tué, embroché, alors qu'un tonneau de vin fut ouvert. La nuit serait longue, et les exploits des aventuriers pourraient être contés plusieurs fois, Flora pouvant laisser ses talents s'exprimer auprès d'un public déjà conquis.

Des villageois partirent vers la Seguinerie, vers Pistouléou et vers Peyremale pour avertir les proches d’Arondia, Bistane et Lycia.
Bien entendu, le gîte fut proposé pour les aventuriers.

Neave avait vu la fête se préparer et savait déjà qu'elle allait devoir y participer. Pire, elle risquait de devoir parler.
Neave pouvait affronter une meute de loups ou un sanglier énervé. Des gens, c'était autre chose...
Nahyla et Borzorck étaient là, elle ne pouvait pas jouer la carte de la mystarition en allant se cacher quelque part. Déjà parce qu'elle savait qu'ils la chercheraient et finiraient soit par la trouver soit par se mettre dans le petrin en la cherchant.

C'est donc contrainte et forcée que Neave se réfugia auprès d'eux, s'arrangeant pour s'installer entre ses deux camarades, prête a les utiliser comme boucliers pour se protéger des conversations...

Flora se sentait comme sur un nuage. La fête était des plus agréables. La joie des villageois de retrouver les leurs donnait envie de sourire et de pleurer. De joie, de soulagement.
L'auditoire était pendu à ses lèvres, ils lui demandaient de raconter l'histoire, encore et encore. L'artiste, la conteuse, était aux anges. Enfin, elle racontait une histoire originale. Elle racontait sa propre histoire, celle qu'elle avait contribué à créer, avec ses valeureux compagnons. Elle les avait accompagné, les avait soutenus, mais c'était parce qu'ils étaient un groupe qu'ils avaient réussi.

Ils avaient réussi !
Demain, elle se demanderait ce qu'elle ferait. Continuer, ou rentrer chez elle ? Peut-être les deux ?
Elle venait .. ils venaient de sauver des vies, d'empêcher le retour d'un fantôme !
L'avenir commençait ! Mais aujourd'hui, déjà, elle souhaitait apprécier ce qu'elle avait devant elle. Autour d'elle. Une fête !!

Kromiggs était affaibli mais prenait sur lui de suivre le rythme. Il était satisfait d'avoir mené à terme cette enquête, il se faisait un honneur de remplir ses missions. Et celle-ci avait été la plus périlleuse de toutes celles qu'il avait accomplies dans sa courte carrière. Une fois les prisonniers mis à l'abri de la oule hostile, le nain se détendit. Il profita de la fête et des honneurs, il était doté d'un bon coup de fourchette et buvait modérément, enfin pour un nain. A tous ceux qui les félicitaient, il répétait que cela était le rôle normal de la garde. Il ne put cependant s'empêcher de poser des questions sur les légendes locales, pour voir s'il pouvait les rattacher à ce qu'ils avaient rencontré.
Tout en discutant avec ses compagnons et les villageois, se montrant plus loquace qu'à son habitude, il réfléchissait à son avenir. Après avoir fait son rapport à la garde, il demanderait surement à pouvoir enquêter sur cette secte, voir si elle pouvait avoir d'autres ramifications et l'éradiquer de la région. Mais pour l'heure il allait profiter d'un repos bien mérité.

Borzork avait du mal à savourer cette "victoire".
Certes, ils avaient empêché le prince de venir chez eux et sauvé quatre demoiselles (dont la vie lui importait assez peu en fait) mais il sentait bien que ce qu'il avait dit n'était pas des paroles en l'air.
Il avait beau le traiter de "prince de pacotille", il n'avait pas été des plus brillant face à lui et cela l'agaçait plus qu'il ne voulait l'avouer.
"A notre prochaine rencontre, tu ne perds rien pour attendre" se redisait-il à chaque verre qu'il buvait... et il en bu beaucoup.

Les familles d’Arondia et Lycia vinrent retrouver leur enfant dès le lendemain matin. L’époux et les enfants de Bistane la rejoignirent à Rochelongue également. Les retrouvailles furent d’autant plus émues que ces femmes étaient considérées comme déjà perdues pour ces familles.
Bien entendu, les compagnons furent chaleureusement remerciés, et les tensions qui avaient accompagné parfois leur enquête vite oubliées.
Les quatre femmes, profondément choquées par ce qu’elles avaient vécu, mettraient cependant plusieurs années avant de retrouver une vie normale.

Il fut bientôt temps de repartir vers la ville. Forts du plein succès de cette mission, ils entrèrent en héros dans la caserne de Cuvalier pour faire leur rapport, Krommigs insistant pour cette étape.
Les soldats ne savaient que penser de cette équipe hétéroclite qui avait réussi là où ils avaient échoué. Aussi, les regards n’étaient pas tous aussi chaleureux qu’à Rochelongue. Mais le sergent Ronchard les accueillit de façon tout aussi affable que lors de leur première rencontre, dans la même pièce au rez-de-chaussée de l’ensemble de bâtiments disparates qui formaient la caserne.
Cette fois-ci, six sièges étaient disposés devant le bureau de Ronchard. « Bravo pour votre réussite. On ne parle que de vous à Cuvalier, depuis que la nouvelle est arrivée hier. Finalement, Aguin avait peut-être raison de confier l’enquête à des personnes… hum… neuves. Alors, expliquez-moi cette histoire d’enlèvements… »

Borzorck laissa ses compagnons prendre l'initiative du récit en se posant dans un coin de la pièce.

Tout cela était tellement beau. Les familles réunies. Le retour à la normale, autant que possible. Mais l'homme aux guêpes s'était échappé et il n'était peut-être pas le seul autre survivant de ces bandits-cultistes.
Flora sourit tout le long du trajet de retour jusqu'à Cuvalier, fredonnant des airs, juchée sur sa selle.

Les réactions mitigées des gardes ne parvinrent pas à la faire redescendre sur terre. Mais elle comptait bien laisser ses camarades s'occuper de faire le rapport à leur commanditaire.

Après une hésitation, avoir regardé ses voisins, qui ne semblaient pas pressés de prendre la parole, la musicienne se dit qu'elle avait déjà tout raconté à de nombreuses reprises. Alors pourquoi ne pas l'expliquer au sergent Ronchard, maintenant ?

« Souhaitez-vous l'histoire complète, ou le résumé du récit ? » demande Flora, prête à conter leur histoire.

« Les choses les plus importantes pour la garde, cela sera suffisant » répondit le sergent en frisant sa moustache toujours aussi fournie. « Allez-y, je dois faire un rapport sur cette affaire à Aguin dans l'heure. »

Flora garda ses pensées pour elle, mais retint un soupir intérieur, un peu déçue.
Très bien, il voulait l'essentiel, l'essentiel il aurait.

« Très bien. Nous avons découvert des ruines non loin de Rochelongue, où des bandits cherchaient à mettre en oeuvre un rituel pour invoquer une sorte d'esprit, le "Prince de Sang".
Ils ont réussi, non sans torturer ignominieusement les quatre femmes disparues. Néanmoins, nous avons affronté et vaincu les bandits, interrompant alors le rituel. L'esprit a alors disparu et nous avons pu sauver les prisonnières.
Arondia, Lycia, Bistane et Korane ont retrouvé leurs familles à l'heure qu'il est.

Nous avons ramené plusieurs prisonniers, laissé plusieurs bandits morts, mais l'un d'entre eux, au moins, s'est échappé. Un homme qui contrôlait des guêpes géantes. Un beau salaud.

Les ruines sont normalement vides, à l'exception d'au moins un groupe de trois créatures aqueuses vivant dans un bassin de la troisième salle, qu'il est possible de contourner sans danger en escaladant le promontoire dans le couloir juste avant. »

Le prêtre guerrier se gratta le menton pour réfléchir :
Pas mal ce résumé sauf que ça dit pas qu'il compte revenir le gus...