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Message Publié : 20 Octobre 2015, 20:01 
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Zahug gardait les yeux fermés. Sa méditation était profonde, le plongeant dans un état de calme et de plénitude que peu de personnes étaient capables d’atteindre. Néanmoins, un pli soucieux barrait le front du githzerai. Un léger tic agitait le coin de ses lèvres. Cela faisait trois semaines maintenant que… Il ne fallait pas y penser. Tout avait pu arriver. Il fallait se laisser aller à la méditation.

Néanmoins…

Zahug avait pris l’habitude de ses rencontres avec Tom, un petit garçon du village voisin de Froiderive, près du lac Brumhiver. Bien loin de toutes les discriminations qui l’avaient enjoint à se réfugier dans la Forêt de Blantronc. Cette rencontre avait été l’occasion pour le traqueur de redécouvrir les joies du contact humain, des relations simples et sincères. Il avait appris à l’enfant les secrets de la forêt et de la chasse, et ce dernier lui donnait des nouvelles du monde. Ses visites étaient irrégulières, et quelques jours s’écoulaient parfois sans que Zahug ait de nouvelles. Mais il avait l’agréable certitude, toujours confirmée, que l’enfant ne l’oubliait pas et revenait toujours.
Mais trois semaines.
Les yeux du githzerai s’ouvrirent lentement. Il n’arrivait plus à se laisser aller. Cela le tracassait trop. De plus, il sentait au fond de lui que la forêt elle-même était perturbée. Il ne savait l’expliquer, mais la vie primale qui peuplait les bois, de l’humus aux fenaisons, était… différente.

Le pli soucieux s’était changé en froncement de sourcils. Quelque chose n’allait pas. Quelque chose qui nécessitait son intervention. Le githzerai se leva du tapis de feuille qui lui servait de siège, et vint lentement ramener sa capuche afin de couvrir son visage.
Cela faisait maintenant quelques années qu’il vivait en autarcie, en communion avec la nature. Il était temps de revenir au monde.
Il était temps pour lui de s’assurer que tout allait bien dans le village de Froiderive.
Même si une partie de lui savait implicitement, au fond, que les choses n’allaient pas se passer comme il l’espérait.

Je te laisse décrire ton départ et l'approche du village que tu veux adopter !
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Message Publié : 21 Octobre 2015, 00:38 
Hors-ligne Magicien
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Zahug s'arrêta pour lancer un coup d'oeil aux ruines de pierre qui l'avaient abritées toutes ses années. Les habitants de Froiderive croyaient depuis longtemps qu'un esprit malin y rodait et Zahug raviva la croyance par ses actes. Tapi dans l'ombre des murs à moitié effondrés, il faisait sentir subtilement sa présence sans se dévoiler. La crédulité et la peur lui avaient assuré une certaine quiétude. L'insouciance de la jeunesse et la témérité d'un aventurier en devenir avaient poussé le petit Tom à franchir ce mur invisible.

Sa ongue absence l'inquiétait. Ce sentiment avait surpris le githzerai par son intensité. Il ne pouvait chasser de son esprit cette troublante idée que le garçon avait subi un malheur. Zahug avait donc ramassé ses affaires, non pas pour une simple tournée des environs, mais pour un long voyage. Le monde changeait autour de lui. Cette impression s'était intensifiée récemment, sans pouvoir l'expliquer. Il le percevait sur l'horizon de sa conscience primitive. Son intuition le portait à penser qu'il ne reverrait pas cette endroit de sitôt.

Le deuil causé par son exil avait assez duré. Le temps était venu de s'impliquer, en commençant par savoir ce qui retenait Tom. Zahug se mit en route vers le village voisin, par les sentiers que lui seul pouvait reconnaître. À la faveur des épaisses frondaisons, le traqueur se faufila jusqu'à l'orée qui bordait Froiderive. Il patrouilla et scruta l'activité du village, bien caché par la végétation. Il attendrait quiétude apportée par la tombée de la nuit avant de s'approcher à portée d'ouie.
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Message Publié : 22 Octobre 2015, 20:43 
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Zahug attendait, dissimulé à l'orée des bois. La sève montait dans les arbres, irradiant de la terre la plus froide et la plus basse vers les feuilles les plus hautes et les plus vertes. Il entendait la vie bruire, les oiseaux s'époumoner et tourbillonner dans le vent, les rongeurs fureter avec adresse, l'humus respirer. Il sentait l'odeur du compost humide, des spores et du lichen, du bois tendre. Alors qu'il attendait la nuit, il se sentit empli d'une immense passion pour cette vie primale. Une part de lui était attristée à l'idée de la quitter, de laisser sa vie d'ermite et de revenir au monde.

Mais derrière ce bonheur de ne faire qu'un avec la nature se trouvait aussi une part de honte : il avait laissé sa mission s'éloigner, il avait laissé sa raison d'être en ce monde s'étioler comme du sable entre les doigts. Il était un traqueur, et il était plus que temps qu'il se comporte comme tel.
« Oh, élémentaire, tu vas donc nous quitter ? Nous étions devenus proches, tous les deux. Es-tu sûr des raisons qui te poussent à reprendre ta traque, à chercher cet enfant ? Je vois des choses, beaucoup de choses, et j'ai vu la fin de ce chemin : tu ne vas pas l'apprécier, élémentaire. »
Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas entendu cette voix diaphane, le murmure de la forêt de Blantronc et de l'esprit qui l'habitait. Il réalisa que son attente s'était muée en communion patiente, et que l'esprit lui offrait un dernier échange, intime et profond, avant qu'il abandonne sa vie d'ermite.
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Message Publié : 23 Octobre 2015, 00:01 
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Après la course à travers la forêt de Blantronc, le traqueur retrouva son calme aux abords du village. Son être se remit en phase avec la vie qui l'entourait. Sa respiration suivait le rythme du vent dans les feuilles. Ses sens percevaient la présence des créatures qui s'activaient à proximité. Zahug n'était plus un étranger dans ces lieux. Il était devenu ce lieu. Ainsi, dans la sérénité, son esprit s'étalait comme la feuille qui émergeait de son bourgeon.

Peu importe la distance qu'il parcourait sous la cime des arbres, Zahug ne pouvait échapper à la bienveillance de l'Esprit de la forêt. Ces explorations méditatives le menèrent jusqu'à une dimension spirituelle où il rencontra l'âme qui animait la forêt en toute discrétion. Ce qui était d'abord une présence silencieuse et curieuse se transforma tranquillement en une étrange amitié. L'Esprit ne s'encombrait plus de l'inhibition initiale et il s'invitait à tout moment dans les pensées du githzerai.

« Oh ! Esprit. Je suis 'hir avant tout. Je l'ai presque oublié. La perte de mon Rrakma m'a détourné le regard vers d'autres considérations. Mais une nouvelle amitié, spécialement gagnée puis possiblement perdue, m'a plongée dans une profonde réflexion où j'ai renoué avec un ego depuis trop longtemps enfoui.

Mais pourquoi me tourmenter avec tes allusions, Esprit ? Découvre tes mots pour exposer la vérité de tes visions. N'épargne pas ma sensibilité, Esprit. Je suis Githzerai. »
déclara-t-il, comme si le nom de sa race était un synonyme évident de résilience. « Dis-moi, le petit homme qui a mon affection marche-t-il encore parmi nous ? »
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Message Publié : 25 Octobre 2015, 17:41 
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Un silence accueillit les questions de Zahug. Il sentait que l'esprit pesait ses mots : non pas par goût pour les demi-vérités et les allusions ou par envie de le tourmenter, mais parce que sa perception du monde était différente.
« Plus parmi nous, non. Mais il marche encore. Tu sais comme moi, élémentaire, que je ne peux concevoir d'autres mondes que celui de la vie primale. Mais je peux les sentir. Celui que tu cherches est ailleurs. Mais la réponse est là. »
La réponse, bien qu'alambiquée, était claire, et signifiait une chose importante pour Zahug : un passage entre les plans existait peut-être non loin. Peut-être même une infime piste vers sa proie depuis longtemps égarée...
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Message Publié : 26 Octobre 2015, 03:08 
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À son tour, le githzerai resta longuement silencieux. Les paroles de l'Esprit de la forêt éveillait un espoir que Zahug avait occulté de ses pensées. Pourrait-il retrouver un passage qui le ramènerait dans son propre monde ? Zahug évita de s'avancer trop loin dans le dédale de possibilités dont la première lui avait révélé par son compagnon.

« Pour ton honnêteté, Esprit, tu as toute ma gratitude. Accorde-moi encore quelques réponses, si tu le veux bien et si tu le peux. Tes sens te permettent-ils de connaître le monde dans lequel il se retrouve ? Sens-tu la présence du passage entre les mondes près d'ici ? L'apparition d'une telle faille doit sûrement laisser sa trace. »

Zahug soupçonna même que l'amalgame des mondes avait contribué au changement qu'il avait perçu dans la vie primale autour de lui. À la réflexion, il s'étonna que l'Esprit ne l'ait pas mentionné. Le githzerai pensa qu'il avait des raisons de le taire. Ou bien, l'Esprit est-il autant affecté que tout le reste et qu'à ses yeux, il n'a pas changé. Il est lui, mais un autre lui, que seul un regard externe pourrait remarquer.

Lorsqu'il trouvera le calme requis pour approfondir ses pensées, Zahug explorera cette idée. Pour l'instant, il devait réfléchir à la suite des choses.
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Message Publié : 28 Octobre 2015, 15:40 
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Un silence troublé montra l'hésitation de l'Esprit.
« Je... ne peux exprimer ces imperfections dans la trame du monde, elles sont si peu naturelles... Toi, élémentaire, qui n'appartient pas à mon monde mais qui peut le parcourir, tu trouveras les réponses à tes questions. Tu vois si peu de choses en ce monde, mais tu as la possibilité d'appréhender des choses que je ne peux concevoir. Je te fais confiance pour comprendre, et trouver. Aider les humains ignorants de la vie primale, et aider la Forêt. Et surtout, t'aider. »

Zahug sentit un élan de confiance l'envahir, et il comprit que l'Esprit quittait leur communion. Il le remerciait de ces instants de méditation et d'échange passés au creux de la forêt. Il le laisait après l'avoir gardé en autarcie pendant tant d'années. Plus vieux, bien loin de sa mission, mais aussi plus sage. Plus détaché. Le détachement ne ferait-il pas la différence lorsque enfin il se trouverait face à sa proie ? Zahug inspira profondément : il était revenu au monde.

Un bruit régulier attira son attention, et il tourna son regard vers le pont qui enjambait l'Hivernale, permettant aux voyageurs venus du Sud du Val de passer sur la rive Nord du lac et ainsi rejoindre Froiderive. Trois cavaliers dont les montures faisaient claquer leurs fers sur la pierre du pont : deux hommes, une femme. Un des hommes était lourdement chargé, et un tintement métallique accompagnait le balancement de son cheval : il portait une armure. Derrière l'autre homme se trouvait un genre de félin, roulé en boule sur la couverture de selle. Le githzerai sourit : il n'avait rien perdu de ses talents d'observation. Néanmoins, l'arrivée d'inconnus dans le village risquait de modifier ses plans...
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Message Publié : 29 Octobre 2015, 02:07 
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À nouveau, Zahug se sentit abandonné. La coupure fut vive. Il n'aurait pas espéré mieux. L'Esprit délaissa son emprise sur les pensées du githzerai. Cette soudaine liberté causa un instant de vertige au rôdeur. Il ne lui restait que les dernières paroles de l'Esprit qui agissait comme un ultime ancrage.

Un son incongru capta son attention et ses instincts de traqueur reprirent le dessus. Des cavaliers approchaient par le pont de l'Hivernale. À leur allure, on pouvait comprendre qu'il n'était pas de la place. Zahug ne les avait aperçu auparavant.

Zahug n'avait pas pu déduire le sort de Tom, ni par ses observations distantes, ni par les mots de l'Esprit de la forêt. Mais la présence des étrangers était un signe qui lui indiquait que la situation était aussi grave que l'avait laissé présager l'Esprit.

Le rôdeur roda, hors de vue et d'ouïe du trio. Il suivit leur déplacement, discrètement, tout en gardant ses distances. Zahug était curieux d'en apprendre plus, mais la prudence requérait la patience.
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Message Publié : 02 Novembre 2015, 11:17 
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Zahug suivit le trio jusqu'à la lisière des bois, évoluant sous le couvert des arbres avec grâce et furtivité. Son vêtement se fondait dans les branchages, son pas évitait racines et buissons épineux. Il ne s'arrêta, à peine essoufflé, que lorsque l'équipage franchit les premières maisons du village, se soustrayant à la vue du rôdeur. Le githzerai s'arrêta, le cœur palpitant. Il réalisa la limite implicite que constituait l'orée des bois, limite qu'il n'avait franchie qu'une fois dans sa vie : pour entrer dans la Forêt de Blantronc. Il n'en était jamais ressorti...

Un bruit furtif dans son dos attira l'attention du traqueur, qui se retourna d'un mouvement souple, faisant glisser son arbalète dans ses mains expertes. Face à lui, évoluant avec délicatesse sur le tapis de feuilles et de mousse, se tenait le félin qui un instant plus tôt occupait la selle d'un des cavaliers. L'animal de la taille d'un gros chat brillait par la splendeur de sa fourrure où se disputaient un noir irisé et un rouge écarlate. Les stries sombres, régulièrement espacées le long de son échine, tourbillonnaient sur ses pattes et se terminaient en pointe de flèche sur le plat de son crâne. Il se pourlécha les babines en regardant l'élémentaire, ses yeux félins rivés dans ceux citrins de Zahug. Ce dernier sentait toute l'intelligence animale de la bête, sa malice de prédateur. Mais le chat se détourna de lui et se dirigea vers le village d'une démarche nonchalante.

Le traqueur resta un instant pétrifié par cette apparition nonchalante. Un chat azéréen. Un chat azéréen. La dernière fois que Zahug en avait aperçu, c'était dans les jardins du Maz' har z'at, dans la Cité d'Airain. Chez... chez lui. Dans le Chaos Elémentaire. Qu'est-ce qu'une telle créature faisait ici ?

Son attention se reporta vers les maisons qui bordaient la frontière sylvestre du village. Il était temps d'agir s'il ne voulait pas perdre de vue les trois inconnus.
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Message Publié : 04 Novembre 2015, 17:09 
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Zahug gardait un oeil attentif sur les trois voyageurs. Ses autres sens auscultaient les alentours. Il fut doublement surpris qu'un animal s’approchât aussi près de lui. Il ne l'avait pas vu, mais il pouvait deviner qu'il s'agissait d'un prédateur.

Calmement, le rôdeur se retourna vers lui tout en braquant son arme. Dans ce genre de rencontre, il valait mieux démontrer qu'on était prêt à défendre sa vie. Après avoir détaillé la créature devant lui, la détermination de Zahug faillit un moment. Sa visée fut vacillante mais le félin ne semblait pas s'en soucier car il s'éloigna en direction du village.

Zahug avait reconnu l'improbable animal. Il resta longtemps immobile, à soupeser les ramifications d'une telle vision. À un certain point, il se demanda si l'Esprit de la Forêt ne lui jouait pas un mauvais tour. Mais le githzerai ne sentait pas sa présence enveloppante. Il ne pouvait donc s'agir qu'un chat azéréen, tel qu'on les retrouve à Az'réeje tente un nom !, dans son monde natal.

Zahug devait absolument savoir comment l'animal avait pu franchir la barrière entre les mondes. Un des voyageurs, l'homme vêtu de cuir, pourraient certainement le renseigner. Mais pour l'heure, le githzerai hésitait à se manifester. Trop de yeux, trop de questions.

Il attendra la venue de la pénombre pour tenter de se présenter à lui. L'entreprise était risquée. Les voyageurs étaient clairement des combattants chevronnés. De plus, rien ne lui garantissait qu'une opportunité allait se présenter à lui. Mais il devait prendre ce risque, tôt ou tard. Plus tôt que tard. L'heure de la réclusion s'achevait.
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Message Publié : 04 Novembre 2015, 23:06 
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Du coup si tu ne bouges pas je suis obligé de faire avancer un peu les autres avant que la nuit tombe... :-|
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Message Publié : 04 Novembre 2015, 23:12 
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J'en suis conscient. Ça ne me gêne pas. Mais je ne souhaite pas causer de la friction quant à mon intégration.
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Message Publié : 06 Novembre 2015, 13:09 
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Zahug attendait, perché dans les branches d'un arbre assez massif pour soutenir son poids et dissimuler son corps. Un mouvement attira son attention, et le fit se déplacer sur une autre branche pour mieux observer la femme qui venait d'entrer dans la forêt. Elle n'alla pas loin dans les bois, s'arrêtant au pied d'un immense pin. Elle y déposa un tissu fin sur lequel elle disposa des offrandes : poissons séchés, fruits, petites sculptures de bois... Elle y ajouta quelques larmes, et le githzerai fut troublé par cette cérémonie intime emplie de tristesse. Lorsqu'elle releva la tête, le traqueur nota son nez fin, ses cheveux couleur de paille, et les tâches de rousseur qui parsemaient ses joues. La ressemblance avec Tom était frappante. Un murmure s'éleva, supplication ténue :
« Rendez-moi mon fils... Qui que vous soyez, vous qui me l'avez enlevé, rendez-le moi. Rendez-moi mon Tom... Nous vous offrirons tout ce que vous voulez... Qui que vous soyez, j'espère que vous m'entendez... Des cavaliers sont arrivés, et ils vous le reprendront par la force. Il est encore temps de me rendre mon enfant... »
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Message Publié : 06 Novembre 2015, 17:19 
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Zahug n'en croyait pas sa chance, sa déduction était bonne. Alors qu'il descendait agilement de l'arbre, il se fit la réflexion que l'Esprit de la Forêt, dans une ultime gratification, avait appelé à lui la mère du petit Tom. Quoiqu'il en soit, elle était là. Si le githzerai pouvait espérer prendre contact avec une personne du village, la mère de son jeune ami était celle qui recevrait ses paroles avec le moins jugement.

Par précaution, le rôdeur enfila sa capuche et remonta un foulard pour masquer le bas de son visage. Il glissa d'une ombre à l'autre pour s'approcher de la femme jusqu'au point où il pourrait l'interpeller tout en étant camouflé par le tronc d'un pin. Ainsi, dans la fin d'après-midi, s'éleva une voix rocailleuse dont les syllabes s'entrechoquaient, comme les cailloux de rivière brassés par le ressac.

« Psssst. Par ici. J'aimerais vous parler. Je ne vous veux aucun mal. Je suis un ami de Tom. Son ami qui habite la forêt. Peut-être vous a-t-il parlé de moi ? Je m'inquiète pour lui. Son dernier passage remonte à trop longtemps. Venez vers moi. N'ayez crainte. »
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Message Publié : 08 Novembre 2015, 16:08 
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La femme sursauta et se releva d'un bond brusque, comme un animal pris au piège. Dans sa main luisait l'éclat d'un couteau à écailler. Ses yeux rougis fouillaient la pénombre de la fin d'après-midi pour trouver l'origine de la voix. Lentement, elle s'avança vers les arbres dont semblait provenir la voix. Zahug se fit la remarque qu'elle était belle pour une humaine, malgré la peur et la détresse qui l'étreignaient. Car dans ses pupilles brillait la rage d'une mère défendant son enfant.
« Je... non... Il ne m'a rien dit, mais je voyais bien qu'il s'éclipsait souvent dans la forêt. Je fermais les yeux, il en revenait toujours heureux, avec du gibier. Je préférais le laisser profiter du bien que lui faisaient ces escapades que briser son secret. »
Sa voix se brisa en un sanglot étouffé.
« Qui que vous soyez, aidez-moi. Aidez-moi à retrouver mon fils. Il a disparu à la dernière lune, comme les autres... Dix des enfants de ce village ont disparu durant les dernières nuits de pleine lune. La garde de Cascadonne nous a enfin envoyé des renforts, mais... J'ai peur de ce qui a pu arriver à mon Tom... M'aiderez-vous ? »
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Message Publié : 09 Novembre 2015, 01:08 
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La réaction première de la femme était attendue. Elle était moins intense que la rencontre directe du githzerai, pensa-t-il. Mais le temps était peut-être venu de sortir de l'ombre. De se dévoiler et assumer ce qu'il était dans ce monde.

Zahug s'avança tranquillement hors de sa position. Il avait les mains bien en vue, mais la capuche et la masque couvrait toujours son visage.
« Si mon jeune ami est retenu contre son gré, il est de mon devoir de lui venir en aide. Rien n'est plus frustant que d'être séquestrer. Mais je suis un étranger dans ce pays. Certains diront même que je suis étrange. Mon apparence y est pour beaucoup. »

Zahug fit un pas de plus. Il retira doucement le masque et il abaissa la capuche.
« Mon est Zahug. Je me dévoile à vous en supposant que vous verrez au-delà de la surface, comme l'a fait votre fils. Pour cela, je lui serai reconnaissant à jamais car son amitié m'est désormais précieuse. »

Le githzerai accorda quelques secondes à la femme pour lui laisser le temps d'accueillir la levée du masque.
« Je peux aider. Je suis traqueur. Un g'hir, comme on dit dans ma langue. S'il subsiste une piste, je trouverai votre fils. »

Zahug détourna son regard vers le ciel, à la recherche de la lune, puis il posa les yeux sur le village.
« Ces renforts ? Ce sont les cavaliers arrivés dans la journée ? Si leur intention est d'aussi de retrouver les enfants disparus, il me parait sage de mettre nos efforts en commun. Ceci dit, vu la situation tendue, je souhaiterais retardé le moment de me dévoiler à vos cohabitants. Je pense que vous comprenez maintenant mes raisons. »

Le rôdeur croisa les doigts à la hauteur de sa taille. Le geste marquait un moment de réflexion. Après un court moment de silence, il reprit la parole.
« Peut-être pourriez-vous les mener jusqu'à moi, ici, à votre convenance. Le plus tôt sera le mieux. À deux, nous pourrions les convaincre qu'une personne de plus ne sera certainement pas nuisible pour ramener ces enfants à leur famille. »
Ou pour remplacer l'incertitude par une certitude, tragique ou non. se garda-t-il de mentionner pour préserver la mère affligée.

Zahug mettait beaucoup de pression sur la jeune humaine. Il espérait que Tom avait hérité du caractère courageux de sa mère.
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Message Publié : 11 Novembre 2015, 13:38 
Hors-ligne Nécromancien
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La mère ne put réprimer un pas en arrière en voyant le visage de Zahug, mais elle résista à l'envie de s'enfuir ou d'appeler à l'aide. Elle avait la certitude que la créature en face d'elle, de par sa démarche patiente et pacifique ou de par son attitude, était réellement capable de l'aider. En un sens, l'origine étrangère de son interlocuteur faisait de lui non pas une menace incompréhensible mais une figure de sauveur venu d'ailleurs. Elle renifla avant de lâcher avec une voix plus ferme :
« Je suis désolé de vous décevoir, mais... Les autorités du village ne vous aideront pas. Je les connais, et vous prendriez trop de risques à les rencontrer. Par contre, je peux - »
Les yeux de la femme s'écarquillèrent brusquement. Ses lèvres palpitèrent comme si elle cherchait vainement à inspirer l'air autour d'elle. Elle tomba à genoux, les mains serrées autour de sa gorge, tentant vainement d'émettre un mot. Sa peau pâle se grisait déjà tandis que ses lèvres prenaient une couleur lavande. De maigres râles s'échappaient de sa bouche tandis qu'elle se battait pour ne pas s'écrouler face contre terre.
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×1 Message Publié : 12 Novembre 2015, 03:26 
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La femme semblait clairement en souffrance. Ce fut si soudain et inattendu que Zahug se figea d'incompréhension. Mais l'instinct le propulsa vers la femme pour lui porter secours. Il tomba à genou près d'elle. Il lui tint les épaules pour lui éviter la chute. Il chercha à comprendre ce qui pouvait causer ce brutal changement de condition et surtout, s'il avait moyen de la soulager.
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Soins: Puncho lance 1d20+4 et obtient 14 (10) À tout hasard...
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Message Publié : 12 Novembre 2015, 22:39 
Hors-ligne Nécromancien
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La mère de Tom ouvrit vainement la bouche, produisant des râles effacés, en fixant Zahug avec des yeux écarquillés par la souffrance de l'apnée. Le githzerai n'était pas un grand expert des maladies et des soins, mais la détresse respiratoire était évidente. Le visage de la femme se marbrait déjà tandis que ses muscles faiblissaient et que son corps s'affaissait dans les bras du chasseur.
La femme lâcha un dernier souffle avant que sa tête bascule en arrière. La peau grisée, les yeux rougis et exorbités, elle avait cessé tout mouvement.
Zahug leva les yeux vers les arbres autour de lui, tentant de comprendre ce qui venait de se passer. Le silence était total. L'Esprit s'était tu, pour ne plus lui reparler. Pas un animal ne venait troubler la mort de la jeune mère. La scène vira à l'écarlate lorsque le soleil glissa derrière les monts à l'Ouest. Des teintes sanglantes vinrent danser dans les bois silencieux pendant que la luminosité baissait doucement. Le githzerai restait silencieux, fixant avec compassion la vie fauchée tandis que le jour s'effaçait.
Il remarqua alors un dard, plus gros que celui d'une guêpe ou une abeille, fiché dans la nuque de la femme. Il ne ressemblait au picot d'aucun insecte, animal ou arachnide que le traqueur ait pu rencontrer. Un dépôt de sang frais à la base de la piqûre supposait une pénétration récente dans les chairs. Quoi que ce fut, c'était ce qui avait tué la mère de Tom.
Zahug se sentit, pour la première fois de sa vie dans ce monde, mal à l'aise dans cette forêt. Il ne la comprenait plus.
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Message Publié : 13 Novembre 2015, 17:10 
Hors-ligne Magicien
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Zahug était impuissant devant le coup du sort. Le femme lutta férocement avait de rendre son dernier souffle. Puis le corps de la femme s'amollit dans le bras du rôdeur. Cette soudaine promiscuité conjuguée au circonstance tragique éveilla un inconfort. Il ne pouvait plus rien pour elle. Même si sa première idée fut de retraiter dans les profondeurs de la forêt, il réalisa que ce n'était pas la chose à faire. Ce n'était plus la voie à emprunter.

Le githzerai affligé ferma les yeux encore ouvert de la femme. Elle n'avait pas eu le temps de lui apprendre son nom. Il remis sa capuche pour couvrir le haut de son visage. À la faveur d'une obscurité grandissante, il souleva le corps inerte de la femme, puis il se mit en route vers le village. Sans détour ni précipitation, il avança à la rencontre de son destin.
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