« Les 2 faces d'une même pièce »
Jadis, nous étions navigateurs ... Les Anciens comptaient sur nous pour acheminer toutes sortes de marchandises. Nous étions des marchands, réputés pour notre honnêteté et notre fiabilité. L’œil sûr pour les estimations, toujours prêts à payer le juste prix, et particulièrement attentifs à être justement payés en retour.
Mais c'était avant le grand cataclysme qui modifia la face du monde et rendit caduques toutes nos cartes C'était avant que nos Maîtres marchands et nos Maîtres armateurs ne s'éteignent dans la catastrophe ...
C'est une poignée d'enfants, encore en apprentissage, qui parvint à prendre un bateau pour échapper au Fléau ... balloté par le vent et la tempête, après de longs mois de dérive aveugle, le navire finit par s'échouer quelque part.
Ce lieu marécageux a embourbé le bateau. Et le fleuve acide n'a pas tardé à le ronger. Coincés dans la mangrove, les enfants se réfugièrent dans les arbres où ils commencèrent à nicher. Mais les humains ne sont pas des écureuils et cet environnement n'avait rien de stable. Pour des enfants des océans cela ne posait pas de trop grandes difficultés, mais lorsque votre arbre s'enfonce dans le sol, vous vous languissez d'une terre ferme ou au moins d'un bateau de bonne flottabilité ! Alors la petite colonie se sépara en 2 groupes pour tenter de trouver un meilleur endroit. L'un suivrait la côte, l'autre remonterait le long du Fleuve, et au bout d'un an les 2 groupes se retrouveraient au point d'origine pour aviser de la suite.
Les plus agiles suivirent le fleuve, les plus solides suivirent la côte.
En remontant le fleuve, d'arbre en arbre, de branche en branche, les enfant découvrirent des choses brillantes et fabuleuses, à moitié ensevelies dans la vase. Ils décidèrent de nicher au dessus pour fouiller cette source d'objets précieux. Une antique cité aux murs magiques était ensevelie là. Cette cité était bâtie d'une sorte de pierre scintillante, qui se souvenait de ce qu'elle avait été, des gens qui l'avaient habitée, ... Entre ses murs, on pouvait voir les merveilles des temps jadis et entendre les pensées enfouies dans la pierre de mémoire ... Elle a dit aux visiteurs émerveillés qu'elle se nommait « Tréhaug ». Et que ce fleuve se nommait « La Puie ». La ville a demandé aux enfants de la réveiller et de lui redonner vie ...
En remontant le long de la côte, à contre courant pour éviter les relents du fleuve acide, les enfants parvinrent à trouver une terre ferme, solide, et saine. Terrilville fut ainsi fondée. La ville qui deviendrait notre foyer. Mais il y avait tout à y bâtir.
Au jour des retrouvailles, les uns et les autres avaient beaucoup à partager. Les merveilles de Tréhaug étaient si fabuleuses qu'on ne pouvait pas les négliger, mais les visites prolongées dans la cité avait tendance à modifier le corps des visiteurs. Et les enfants ne savaient pas comment redonner vie à la cité, ni comment lutter contre l'affaissement du sol ... Les travaux nécessaires à Terrilville allaient être conséquents, mais la ville pourrait devenir un port solide, un point de départ ferme pour relancer le commerce, d'autant plus si l'on essayait de vendre certains des trésors de Tréhaug ... un seul d'entre eux allait permettre d'acheter tout un troupeau de bétail, ou mieux encore ...
Il en a fallu du temps pour que les enfants de la Pluie ne parviennent à s'organiser pour vivre dans les arbres et descendre fouiller dans la cité ensevelie. Il en a fallu du temps pour que Terrilville s'organise et devienne le havre que l'on attendait d'elle.
A présent les premiers enfants ne sont plus que souvenirs dans les mémoires de leurs descendants. Mais leur rêve premier : « reprendre la mer et le commerce » est enfin à portée de main, de rame, de voile ... il est temps de prendre le large pour découvrir ce que le monde est devenu ...
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