Dans la forêt de la Pierre, c'est d'abord un bruit qu'on peut entendre. Un grondement, comme un tonnerre.
Puis c'est un groupe de daims affolés qu'on voit passer.
Ensuite arrivent les hurlements, ce sont les chasseurs qui arrivent.

Mais ils s'arrêtent soudainement. Ce n'est pas un daim ça. C'est bien plus intéressant. Ils observèrent les nouveaux venus, baissant leurs arcs. Il ne s'agirait pas de les effrayer.
Après une courte conférence faite dans leur langue gutturale, l'un des centaures s'approche. Il bute atrocement sur les mots.
« Tu ... ami ? Moi *grognement* Ulmur. »

Le peuple du dragon comprenait à l'origine de nombreuses ethnies : C'était des vagabond à la recherche de sécurité après la grande catastrophe, un groupe hétéroclite que le Dragon Protecteur avait prit sous son aile. Au fur et à mesure des générations, l'ensemble de la très restreinte population s'est mélangée, créant un peuple hybride humanoïde à la peau pâle et aux yeux noirs. Ils étaient généralement d'une bonne taille, fins et athlétique et aimaient porter des cheveux et une barbe longues et tressés.
Une quantité importante de bijoux et de détails luxueux s’étalaient sur leurs vêtements de haute qualité.
La troupe d'explorateur furent aussi surprit qu'enthousiastes face à de nouveaux êtres pensants. Devant la difficulté de communication évidente, le chef parla lentement en utilisant des phrases simples :

« Bonjour ! Oui, amis. Moi Lwyle. »

La curiosité était grande, ils les observaient tous de près avec des yeux d'enfant face à une vitrine de jouets, sans pour autant les toucher.

« Nous Fils du Dragon. Vous aimer ? »

Il tendit un bracelet de biceps d'argent gravé de feuille et de branche à l'imposant centaure. Sans doute que pour lui ce serait tout au plus un bracelet de poignet.

Le grand centaure hésite, mais attrape le bracelet après quelque hésitation. Puis il fit signe à l'un de ses compagnons, une femelle poitrine nue, pas vraiment plus petite ou moins musclée, qui le rejoignit et ouvrit une sacoche pleine de fruits qu'elle offrit aux bipèdes avec un sourire encourageant.

« Nous ... retour. V..Gr..maison. Tu viendres ? »

Les daims attendraient bien un autre jour. Et ils venaient d'offrir leurs en-cas à ces bipèdes.
Le centaure faisait tourner le bracelet entre ses mains, étonné par les reflets de la lumière.

« Ulmur .. heureux. Vitre ? »

Le dernier mot, quoiqu'avec un certain accent, fut prononcé d'une façon moins hésitante que pour les précédents.

Lwyle eut un air interrogatif. Qu'est ce que "vitre" ? Il prit le sac avec gratitude, ces créatures étaient non seulement intelligentes, mais polies.

« Non, argent. »

Il fit l'inventaire de ses possessions en les pointant du doigt.

« Saphir. Or. Cuivre. Rubis. Ebène. Plumes. »

« Oh ...argent ... cher. » Le grand centaure eut l'air déçu. Il rendit le bracelet à l'humain, ennuyé.
Mais il se ressaisit bien vite et entrainèrent les visiteurs à leur suite.
« Voir Ulmur. Tu viendre. »

Avec ses compagnons, guide les humains jusqu'à une clairière à quelques heures de marche de là.
Autour de la clairière, des maisons de bois, aux fenêtres vitrées. Au centre, une grande pierre, haute comme cinq centaures, dressée vers le ciel et penchant vers le nord-est.
Quelques centaures s'approchent, certains juste curieux, d'autres avec des cadeaux de nourriture.

Après une conversation animée avec certains chasseurs, voilà qu'un espèce de chamane, l'air plutôt jeune et avec un accent terrible mais un vocabulaire à peu près correct s'approche des étrangers.
« Je suis Managur. Ulmur est occupé pour l'instant, mais il ne devrait tarder. Nous vous souhaitons la bienvenue dans notre contrée verdoyante. Nous sommes les enfants d'Ulmur. Nous sommes les centaures.
Qui êtes-vous, mon ami ? »

Le fils de Dragon resta perplexe un instant quand on lui rendit son cadeau. Cher ? De la beauté, chère ? Quel genre de barbare ferait payer un cadeau à fortiori fabriqué pour le plaisir ? Lwyle insista donc pour le lui donner.

« Pas vendre. Cadeau. prends. »

Accompagné d'un sourire, ça ne se refusait pas. D'ailleurs les autres aussi donnait quelques babioles pour le plaisir d'offrir de belles choses faites soi-même à de pauvres personnes sans rien sur elles. D'ailleurs elles avaient quatre jambes, comme c'est curieux.

Puis ils le suivirent jusqu'à un autre, visiblement plus jeune et mieux équipé niveau grammaire.
Ils joignirent les mains comme un seul homme pour saluer.

« Bonjour, et merci pour votre accueil. Nous sommes d'humbles voyageurs, explorant le monde au nom de la curiosité. nous sommes des Fils de Dragon et sommes très heureux de vous rencontrer. Veuillez accepter ce petit cadeau pour vous. » Fit-il en lui tendant cet fois un des nombreux colliers composées de fils d'or et de pierres.
« Vous vous dites fils d'Ulmur, est-il un dragon, lui aussi ? »

Managur prit respectueusement le cadeau, mais le conserva entre ses mains.
« Nous n'avons pas grand chose à vous offrir, mais nous pourrons nous fournir des provisions pour la suite de votre voyage. Si vous avez des blessés ou malades, nos guérisseurs sont habiles et sauront sûrement remettre sur pattes vos compagnons.

Ulmur n'est pas un dragon, c'est notre mémoire et notre rédemption. Il a vécu de longues années et en vivra encore beaucoup d'autres. Si votre maître dragon a connu les anciens temps, sûrement connait-il déjà l'histoire des centaures et le nom d'Ulmur.

Il nous faudra amener de la nourriture des villages voisins le temps de votre séjour, mais peut-être certains d'entre vous souhaiterons visiter nos villages. Vous êtes à la clairière de la Pierre, le seul village au cœur de la forêt. Les autres sont dans le bocage, ou se déplacent dans les plaines.
N'hésitez pas à demander de l'aide ou des renseignements, nous ferons de notre possible pour vous aider. La majorité des porteurs de paroles sont dans leurs villages, mais je ne doute pas que certains nous rejoindront bientôt pour vous servir de traducteurs.

Vous venez du Nord, n'est-ce pas ? »

« Je crains ne pas savoir. Nos seuls contacts avec des étrangers sont un groupe venu sur des bateaux il y a de nombreuses années. Ils reviennent de temps en temps nous échanger des provisions et du cuir contre certains artisanats, mais j'ignore si vous les connaissez ou même si vos créations transiteraient par eux avant de nous atteindre.
Nous sommes plutôt isolés, peu de visiteurs ne traversent dans nos steppes. Lesquelles sont vastes. »

Bien sûr, entendre parler de steppes au beau milieu d'une forêt, voilà ce qui peut être étrange.
Un vieux centaure vous rejoint, accompagné de plusieurs archers. Certains étaient dans le groupe de chasseurs vous ayant conduit ici.

« Ah, voici Ulmur. Merci d'être venu maître, je vous présente les Fils du Dragon, venus du Havre-Montagne au Nord. Ces noms vous évoquent-ils quelque chose ? »
« Bienvenue chez nous, Fils du Dragon. Je suis Ulmur. Je crains n'avoir jamais entendu parler des vôtres ou de votre montagne. Les dragons vivent-ils encore ? Je n'ai pas aperçu la queue d'un des leurs depuis des centaines d'années. »

« Des centaines d'années ? Comment est-ce possible ? Vous êtes sans doute plus âgé que le plus vieux de nos ancien ! Votre peuple est décidément merveilleux. En effet, notre maître draconique est bien vivant et nombreux sont ses congénères dont il faut se méfier. Ils ne sortent pas souvent, il est vrai, même nous, nous ne les voyons pas souvent. »

Encore une fois, le porte parole des explorateurs essaya d'offrir un de ses objets favoris fabriqué de ses mains.

« Que diriez vous de venir en visite chez nous ? Notre maître draconique est sans doute déjà au courant de votre existence, mais notre peuple serait si heureux de vous voir ! »

« Je suis ... peut-être le dernier être enchanté par les anciens à vivre encore. En tout cas, nous n'en connaissons aucun autre. Je suis la mémoire de mon peuple, de peur qu'il ne retombe dans ses travers anciens. Si nous oublions notre passé, les centaures risqueraient de le revivre. Et cela il ne faut.
Les anciens pourraient revenir.

Merci. »

Ulmur prit l'objet des mains de son interlocuteur et l'observa brièvement, avant de le remettre à Managur. Lequel étudia rapidement le cadeau avant de le faire passer aux centaures curieux.

« J'en suis bien désolé mais je ne pourrais venir. Je ne quitte plus les environs de la Pierre. Je me fais vieux. Je ne doute pas que de plus jeunes souhaiteront se joindre à vous pour découvrir votre contrée. Je m'assurerais qu'ils parlent la langue des anciens pour que vous puissiez les comprendre. Car cette langue n'est pas la langue de mon peuple.
Nous avons nos origines, nos erreurs, nos pêchés. Mais aussi notre histoire, notre force, notre fierté.

Nous avons bien le temps pour décider des détails de l'expédition. Voulez-vous parler d'autre chose pour l'instant ? Peut-être vous reposer, ou manger ? »