Le mage se réveilla après ce combat épique et but la potion avec lenteur. Le combat s'était révélé compliqué et il avait bien cru mourir quand le démon avait retrouvé toutes ses forces. C'était dommage qu'un tel démon soit mort, il l'aurait bien utilisé pour ses plans personnels, mais soit. Mieux valait la mort d'un atout de choix que la sienne. Baltor suivit donc Erias et vit la dépouille de l'ex reine. Aucune émotion de notable ne put se lire sur son visage. La reine leur avait accordé une certaine part dans la victoire de ce jour, mais sa mort ne le touchait en aucune façon, pas plus que l'état dramatique dans lequel était ce cher Erias. Après tout qu'était la vie d'un être humain face à l'envergure de ses projets?

Restant tout de même quelques minutes face au corps par respect de ce qui était son ex-souveraine maintenant qu'il était redevenu archimage d'Archéon, il fila des lieux sans un mot pour rejoindre Hitsumo. L'homme était très attaché à l'étiquette, pour l'instant il jouait sa fonction, mais bientôt ça allait changer.

Le nain était prêt à partir pour la dernière attaque...

L'équipée était arrivée à l'entrée de la ville, et après les derniers préparatifs, étaient enfin prêts à partir.
C'est la boule au ventre qu'ils mirent un pied dans la ville de Frozen-Hope.



La ville avait été certainement autrefois une ville pleine de vie et d'agitation, mais à présent, les routes étaient jonchées d'ossements humains, nains, et animaux.
Malgré l'ambiance lugubre et le silence maître en ces lieux, il semblait évident qu'aucun démon ne se trouvait dans les environs : Pas le moindre son, pas la moindre attaque.

Le groupe de compagnon progressait lentement en suivant, comme le leur avait recommandé Erias, la route.

L'objectif était simple : L'extrémité nord de la ville, où devait se trouver le palais e la ville, selon les mages au centre du bouleversement magique qui touchait à présent leurs terres.

Mais la neige, les pavés déchaussés, et les ossements, ne rendaient pas la progression aisée.
C'est au bout de dix minutes de marche que les compagnons aperçurent le premier signe de vie... Ou de non vie.

C'était un homme, translucide. Il était apparu de nul part, marchant à leurs côtés, en dehors de la route.

« Melva... Melva où es tu ? » Demandait-il, ignorant la présence des compagnons.

Il disparu comme il était apparu, comme emporté par le vent.

Il fallut cinq nouvelles minutes avant que les aventuriers ne croisent un autre signe.
Cependant, cette fois-ci...
Ce n'était pas une surprise du même genre.

Ils venaient d'arriver à un carrefour, pour y trouver un homme au visage familier.

Dorian était là. Dans un harnois couvert de fioritures dorées... cachées sous le sang.
Il s'était assis sur un rocher, certainement un projectile de catapulte qui s'était enfoncé dans le sol au vu de la destruction alentour, les bâtiments étant en ruine.
Il respirait lourdement et on pouvait deviner à sa posture, quelques blessures profondes.

« Putains d'élus...
Pourvu qu'ils réussissent... » Dit-il en crachant du sang sur le côté.

Des bruits de pas attirèrent l'attention des aventuriers derrière eux, puis sur les autres issues du carrefour.
De chaque côté, trois soldats arrivaient au pas de course, aussi pâles et fantomatiques que le premier fantôme croisé.
Trois d'entre eux contournèrent les aventuriers, sans leur prêter attention, mais prenant le temps de les éviter.

« Commandant !
Nos éclaireurs sont formels !

Les derniers démons battent en retraite.
Ils quittent la ville et s'enfuient dans toute les directions. » Annonça un homme

« Bien.
Ne les poursuivez pas.

Les élus et les 2 centuries restantes de la troisième cohorte, sont au palais, l'assiégeant.

Nous devons les rejoindre et leur prêter assistance ! » ordonna-t-il.

Les soldats se mirent au garde à vous, puis prirent la route du palais au pas de course.
Dorian les regarde partir, puis se tourna vers les aventuriers.

« Ah, vous voilà vous.
ne perdons pas de temps soldat, nous devons nous presser. » Dit-il au groupe, avant de partir vers le palais à son tour.

Les avait-il vraiment vu ? En tout cas, il semblait à présent les ignorer.
Il marchait d'un pas décidé vers le palais.
Il leur fallut encore une dizaine de minutes pour y arriver.

Là, plus d'une centaine de fantômes livraient un combat contre une dizaine de démon fantomatiques, frappant, esquivant, assaillant, reculant dans un balais mortel.
Les compagnons purent voir des fantômes éventrés, dont le corps fantomatique venait s'écrouler sur des ossements bien réels.

Au devant de cette armée...

Quatre jeunes gens usaient de magie et d'une force sans égale, créant une percée dans les rangs démoniaques.

« On insiste les gars !
Azazel n'est pas loin ! » Criait un grand brun tenant fermement une lame déjà couverte de sang.

Avant que les compagnons n'aient le temps de faire quoi que ce soit, tout sembla s’accélérer autour d'eux, comme si ils étaient au ralenti. Les fantômes se mouvaient bien plus vite, se battaient, et mourraient en quelques secondes.
Puis tout ralentit à nouveau.

« NON !
Putain, NON !
Jessica ! » Cria le grand brun.

Il tenait le corps d'une jolie blonde entre ses bras... Le tronc du moins, ses jambes gisant plus loin.

« LUNA !
Fais quelques chose !
Elle est ta fidèle ! » S'écria l'homme, le visage couvert tant de sang que de larme.

Les aventuriers purent alors voir une petite brune. Une enfant d'à peine dix an qui se tenait à ses côtés, entourée d'un halo lumineux. Elle secouait doucement la tête.

« Cela dépasse mon pouvoir...
Azazel lui même l'a frappé depuis son golem...

Il... Je ne peux défaire ce qu'il a fait. » Souffla-t-elle.

« Allez vous faire foutre !
Putain !
Allez vous faire foutre bande de cons !

Toi, les dieux, le maître des jeux et... et... Azazel... » Acheva l'homme, se renfrognant.

Il déposa tendrement le corps de Jessica au sol... puis se releva...

« James... Stanis... Seuls nous trois devons atteindre Azazel vivant...
Souvenez vous de ce que disait Jessica... Tant que nous veillons les uns sur les autres... Rien ne pourra nous arriver... » murmura-t-il, les compagnons pouvant étrangement l'entendre.

Il extirpa sa lame d'une immense créature mi-démone mi-machine, ayant visiblement porter le coup fatal.
Puis en grognant, il fit signe à ses deux compères de le suivre, pénétrant le palais.

Tout s’accéléra de nouveau. Les aventuriers se retrouvèrent comme... téléportés...
Ils étaient dans un couloir qui semblait donner sur une unique porte dorée. Il ne restait plus qu'une dizaine de soldats et Dorian, ainsi que les élus.
Ils luttaient contre une poignée de démons.
Le combat touchait à sa fin quand un démon sauta sur Dorian.
D'une de ses mains, il traversa de part en part le commandant, traversant son cœur et le reste de son corps.

Le grand brun acheva le démon un instant plus tard, le décapitant.

« Dorian !
Dorian !

Merde...

Il est mort... » Dit le dénommé James, après s'être porté à ses côtés.

Il tenait fermement ce qui semblait être un bâton de mage.
Un lourd silence prit place, les soldats restant silencieux au décès de leur chef...
Puis le grand brun saisit son compagnon par l'épaule, et le fit se relever.

« Le dernier démon est mort.
Azazel est seul derrière cette porte.

Dorian a atteint son objectif : A nous de faire la suite.

Venez. » Dit-il froidement.

La plupart des soldats hochèrent la tête, non sans retenir une larme.
Le grand brun poussa la porte, et les derniers soldats ainsi que ses compagnons rentrèrent.

La porte se referma aussitôt, au nez des compagnons.
Derrière eux, ils purent entendre une voix...

« Dorian...
Le combattant le plus courageux de ce monde...
Tu me servira à présent... » Disait un homme en robe rouge.

Il enfonça un énorme cristal dans la plaie béante laissée par le démon. Le cristal se gorgea de sang... Et Dorian rouvrit les yeux.

Presque aussitôt, les deux disparurent...

Et Dorian réapparut.
Les bras croisés, torse nu laissant voir la pierre.
Il n'était pas le même que ce Dorian du passé qui venait de mourir.

« C'est là que mon chemin s'est terminé, et se termine à nouveau.
Le Maître des jeux m'avait confié la charge de l'aider jusqu'à ce qu'un nouveau groupe parvienne ici...
Et c'est chose faite à présent.

Derrière cette porte se trouve les derniers fantômes d'un monde sur le déclin que vous devez sauver à tout prix... Et votre ennemi... »

Baltor était déjà au courant de la mort de Dorian, mais ce petit saut dans le passé lui apprenait comment il avait pu être réanimé de nouveau.

« Ainsi un groupe est déjà parvenu en face de la bête, intéressant. »

Le mage était pris de doute en ayant vu la puissance des héros du passé. Visiblement la simple puissance ne suffisait pas, Azazel était au delà de tout ça. L'homme devait absolument localiser sa dernière relique s'il voulait une chance de s'en sortir dans ce combat mortel.


Espérant capter l'énergie de son ultime artefact de pouvoir avant la fin, Baltor était aux aguets.

« Incroyable »
Sous les yeux du nain psionique se reflétait une histoire entière de batailles.
Les héros de l'autre temps étaient arrivés ici, et leur puissance semblait bien supérieure à celle que possède le groupe.
Pourtant, ils ont échoué. Cela amena à Karnel une flopée de question, qu'il balaya d'un revers de la main
Il n'était plus temps de réfléchir sur le sujet. Trop de gens étaient morts, et leur univers entier risquait le même sort.
Il inspira un grand coup. Il était prêt, et décidé.
Il regarda ses compagnons, mais ne dit rien
Il espérait qu'eux aussi, ils étaient prêts

« Pas trop tôt. Je rêve d'un bon bain après tout ça... »

La vampire soupira en observant la scène. Combien de vies gâchées? Pourquoi? Pour en arriver là? Elle n'espérait même pas comprendre, elle qui avait toujours voulu une vie simple...

Baltor pouvait sentir la puissance de son artefact tout proche.
Il devait se trouver dans une pièce voisine de toute évidence. Il faudrait surement revenir sur leurs pas et fouiller les pièces des environs.

La porte menant à Azazel était là.
Elle semblait solidement fermée.
Trois serrures entouraient les poignées aussi massives que tâchées de sang.

Les aventuriers de la vision semblaient les avoir ouvert sans mal, mais à présent, la porte semblait bien verrouillée.

La chance semblait enfin lui sourire, comme depuis le départ en fait. C'était inespéré de pouvoir se réapproprier tant d'objets de puissance laissés à l'abandon depuis plus d'une centaine d'années. Le visage souriant malgré la situation, l'homme ne cachait pas sa joie. Se ressaisissant, il décida d'informer le groupe.

« Enfin je l'ai retrouvée. Je vous laisse ouvrir ces portes, moi j'ai quelque chose de primordial à récupérer pour rétablir ce qui m'appartient de droit. »

Sans un mot de plus, il fit demi-tour et se mit à la recherche du fameux objet. Marchant sur les ossements qui craquaient sous ses pas, la scène avait quelque chose de sinistre face à cet homme armé d'une immense faux et d'une robe sombre. Une petite voix familière lui parvint dans sa tête. Cette fois elle n'était pas moqueuse et commençait même à devenir faible.

Tu n'as pas le droit, oublie cet objet humain. Il signera ta perte, comme jadis. Tu ne peux maîtriser autant de puissance sans en subir de conséquences, ce n'est pas dans les règles.

Murmurant à voix basse pour répondre une ultime fois à cette chose inconnue en lui qui le torturait depuis trop longtemps, il adopta un ton triomphal et froid.

« Je suis Baltor, je suis l'archimage d'Archéon, celui qui a découvert le royaume démoniaque. La puissance démoniaque est ma découverte et ma propriété. Tu as peut-être consumé tous mes mages jadis, mais ne me compare pas à eux. Ta volonté va disparaître d'ici peu. »

Sans tes misérables objets tu n'es rien.

Ne se départissant pas de son sourire, le mage réussit à clore le débat, toujours à voix basse.

« Tu ne m'as jamais contrôlé, seulement en partie. Je demeure le seul à avoir réussit cet exploit, il faut admettre ton échec et une réalité. Je suis bien plus fort que toi. »

Les yeux rivés sur le sol et fier d'avoir pour une fois cloué le bec à cette voix intérieur, l'homme continuait de chercher avec une concentration à toute épreuve. Azazel aurait pu défoncer la porte et tuer les aventuriers que ça ne l'aurait pas ébranlé dans ses fouilles.

Baltor finit par trouver son objet, un diadème à la pierre rouge, posé en évidence sur un piédestal, autour duquel des dizaines de cadavres semblent se tenir comme un avertissement.

Ne faisant pas de cas de l'avertissement, le mage s'approcha de l'objet pour récupérer son objet. Il n'avait pas besoin de faire une quelconque détection arcanique, il savait que c'était le sien. S'approchant au plus près, il posa la main dessus, près à le sertir autour de sa tête.

Baltor récupère son objet, débloquant les derniers stades de pouvoir qui lui manquaient.

Triomphant, tel un roi dominant ses sujets, l'homme était comblé sur l'instant. Le diadème légèrement caché sous sa capuche, cela lui donnait un air étrange, mais il s'en fichait. Il n'aimait pas exposer sa tête à l'air, malgré le fait qu'avec son diadème cela aurait eu plus d'allure. Pour la première fois depuis plus d'un siècle, il se sentait complet et surtout en paix. Il ne ressentait plus aucune présence maléfique à l'intérieur de lui. Le pouvoir était toujours là, mais c'était le sien.

« J'ai brisé les chaînes, désormais je redeviens libre. »

Sourire fugace aux lèvres, il n'oublia pas qu'en cet instant il allait livrer un combat mortel et entreprendre une chose qui dépassait le simple risque. Restant une petite minute au calme pour méditer, il tourna enfin les talons pour voir si ses compagnons d'infortunes avaient évolués sur l'énigme qu'était l'ouverture des portes ou bien s'il devait plancher sur le sujet.

Le nain continuait à regarder la porte.
Les mécanismes, c'était pas son truc, et cette porte blindé l'était encore moins

Revenant parmi ses compagnons d'infortune, l'homme poussa un soupir en voyant que rien n'avait bougé. S'approchant de celle-ci, il râla légèrement mais sans plus du fait de ses retrouvailles avec son objet.

« Quand on veut que les choses soient bien faite, il vaut mieux les faire soit-même. »

Regardant attentivement la porte, il se mit d'abord à l'observer sous différents angles, mais sans la toucher. Elle était peut-être piégé, il ne voulait pas courir ce risque. Peut-être trouverait-il quelque chose permettant de l'ouvrir ou qui pourrait lui donner une idée de ce qu'il fallait faire. Le mage décida également d'effectuer une recherche magique pour vérifier si c'était une banale porte ou autre chose de plus subtil.