Au réveil, Héléa s'étira calmement et se leva... Pour se laisser tomber au sol et faire quelques pompes, histoire de se réveiller les muscles. Elle prit ensuite le temps de faire une petite toilette avant de s'habiller et de revêtir son armure. Elle avait quelque chose à faire et ça ne pouvait pas attendre:

« Seigneur de Fer, moi, Héléa Parthenios, te jure fidélité en ce jour et jusqu'au jour de ma mort! »

Elle frappa alors son armure de son arme avant d'enchaîner:

« Je combattrai encore et toujours pour ta gloire, mon dieu et vaincrai tous ceux qui s'opposeront à moi. »

Un autre choc fit vibrer son armure:

« Que ce serment marque un nouveau jour qui m'est offert pour me dépasser! »

Le métal résonna contre le métal:

« Jamais je ne renoncerai. Jamais je ne tuerai gratuitement et jamais, oh grand jamais, je ne faillirai à la mémoire de ceux qui se sont battus! »

Un dernier choc sourd fit grincer les oreilles de la prêtresse, se promettant la prochaine fois de ne pas porter son casque pour accomplir son serment, avant qu'elle ne mette un genou à terre, Néaloria posée sur son épaule:

« A ce jour, mon seigneur et maître, j'ai combattu maintes fois!
J'ai vaincu et massacré seule les pillards qui s'en prenaient à mon village.
J'ai survécu à la Forteresse des Lames et me suis liée à Néaloria.
J'ai participé à la défense de Pointesable contre les infâmes gobelins et les ai traqué jusque dans les tunnels qui serpentent sous la ville
J'ai combattu une créature démoniaque et l'ai vaincue, accompagnée de ceux qui ont choisi de se battre à mes cotés en ces occasions. Qu'ils en soient honorés!

Et tout ça, en ton nom, seigneur de Fer. »

Héléa inspira alors profondément avant d'expirer, sentant la puissance divine s'écouler dans ses muscles. Elle avait fait son choix et, désormais, elle allait devoir honorer correctement celui l'avait reconnu comme sienne et qui, en échange, lui avait offert la force de continuer le combat.

Se redressant, elle s'étira un peu avant de se diriger vers la porte de sa chambre et de se rappeler qu'il y avait surement d'autres personnes à dormir... Enfin, qui avait peut-être dormi jusqu'à ce qu'elle hurle son serment. Elle ouvrit la porte en catimini, tombant sur Béthana qui la regarda et toussota, les bras croisés, le regard noir et tapant du pied sur le sol. La prêtresse lança un léger sourire gêné:

« Désolée? La prochaine fois, je ferai ça dehors, promis. »

Mérisiel était en train de s'étirer paresseusement du fond de son lit avec une moue de satisfaction toute féline quand ses oreilles furent agressées par le tonitruant serment d'Héléa.
L'oreiller fourni par l'auberge étant insuffisant pour stopper les ondes sonores de cette proclamation, Mérisiel dut en supporter chaque mot et chaque coup de gong.
C'est pourquoi elle attendit d'être certaine qu'Héléa en avait fini avant de s'octroyer 5 mn de calme et de volupté supplémentaires avant de se lever.

Puis elle procéda à ses ablutions matinales en contemplant la ville par la fenêtre grande ouverte, avant de se vêtir pour une nouvelle journée qui s'annonçait au moins aussi dense que celle de la veille.

Ayant retrouvé son petit sourire mutin en se souvenant de son délicieux rêve, c'est en sautillant qu'elle rejoignit la salle où serait servi le petit dej' qu'elle avait bien l'intention de prendre copieux et hautement énergétique.

N'ayant rien à faire de spécial en ce jour, Laurel se berçait dans ses rêves.
Il se trouvait dans un lieu éloigné de la civilisation, jouant dans un décor féérique pour des créatures qui l'étaient tout autant.
Sa voix fredonnait des airs joyeux jusqu'à ce qu'elle se transforme abominablement en un cri guttural et puissant.

Se redressant en sursaut, une perle de sueur sur son visage, il reconnut enfin la voix d'Héléa.
« Mais c'est pas possible. Même dans mes rêves il faut qu'elle soit là. » s'exclama-t-il à voix haute, mais pas trop. Pour s'assurer de ne pas être entendu par la principale concernée.

La mine fatiguée, il s'extirpa de son lit sans vraiment réussir à quitter sa torpeur et entreprit, mal peigné et mal vêtu, de trouver un quelconque remontant aux cuisines.

Ashley ne se sentait pas bien...

La veille, il y a avait eu ces créatures, les gardes aux réactions bizarres qu'ils avaient trouvés, pas mal de sang versé... Elle avait pris la décision de faire partie de ce groupe de gardiens de la ville, de protecteurs, d'explorateurs ou de nettoyeurs, elle ne savait plus trop bien.

Il faut dire, les rêves de la nuit l'ont mise mal à l'aise. Enfin, les rêves. LE rêve. Celui qu'elle fait tout le temps...

Elle avait été réveillée par les hurlements d'Héléa, un peu trop tard, malheureusement. Elle aurait pu hurler avant ce maudit cauchemar.

Elle se leva et s'habilla tranquillement. Quand même, elle est bizarre, cette femme...

Finalement, elle rejoignit les autres dans la salle de l'auberge pour le petit-déjeuner.

« Bonjour », les salua-t-elle.

« Salut ! » répondit joyeusement Mérisiel attablée devant son copieux petit dej'

Chorune, même dans son sommeil, était choquée par ses rêves de cette nuit.
La rencontre avec son aïeul avait l’air si réelle ! Elle avait failli sombrer dans la folie, surtout quand l’être maudit avait parlé de Laurende. Cette confrontation, dont elle ne pouvait nier la réalité, expliquait bien des choses concernant ses penchants violents. Chorune prenait conscience que l’influence néfaste de son ancêtre magicien ne cesserait de croître.
Heureusement, le soutien de Salfon l’avait tiré des griffes du démon. Son grand-père semblait être revenu d’entre les morts pour la sauver, par l’intervention divine de Sanrenrae. Tout cela, bien que réel, semblait fou : Pourquoi chercher à la protéger, elle ? Une simple couturière paysanne, sans avenir...

Laurende est-elle sous l’emprise du démon ? Cette pensée horrible venait de traverser l’esprit de l’adolescente. Elle aussi descendait d’Istas. Etait-il possible que le magicien maudit puisse pervertir plusieurs jeunes filles de la même génération ? Si le démon en avait parlé, ce n’était pas pour rien. Il faudrait que Chorune lui parle, et ce, dès ce matin.

Chorune se réveilla, trouvant sa mère en pleurs. Celle-ci avait vu son agitation nocturne. « Tout va bien, maman. » L’adolescente se leva, et ressentit immédiatement une douleur fulgurante au niveau du genou gauche. Se penchant pour mieux le voir, elle vit une nouvelle partie cornée recouvrant l’articulation. Sa mère s’inquiéta. Il ne fallut que quelques pas pour que Chorune comprenne comment marcher sans réveiller la douleur. Ces mouvements la ralentissaient considérablement...
Si elle avait eu besoin d’une autre preuve que ce qu’il s’était passé pendant la nuit était bien réel, et bien, elle était servie ! Mais elle répondit à sa mère : « Le combat d’hier... Ca passera... » Il n’en serait rien, elle en était sûre.

Lentement, elle descendit les marches menant au petit déjeuner. Son pied gauche avait tendance à se déplacer de travers, vers son pied droit.

« Nianiania. »

Héléa était attablée et mangeait comme quatre, sans se préoccuper des regards sur elle. Il fallait dire qu'avec son armure et son arme dès le matin, elle pouvait avoir un petit coté dissuasif pour les casse-bonbons. Une fois le repas avalé en quatrième vitesse, elle se leva:

« Je vais voir Chorune. Si il y a des intéressés... »

« Mais non, maman, ce n’est que quelques gobelins... Et le démon, il était tout petit. » tenta l’adolescente pour rassurer sa mère.
L’esprit plus clair, Chorune imaginait ce qu’il s’était passé depuis la veille. Elle s’était probablement évanouie à la fin du combat, dans les souterrains, épuisée par le combat et l’énergie dépensée. Vic ou Héléa avaient dû la ramener chez son oncle. Sa mère avait probablement attendu à son chevet toute la nuit, la voyant agitée par ses cauchemars.
L’adolescente ressentit un mouvement de compassion à l’encontre de Desba, qui devait avoir du mal à comprendre l’engagement de sa fille pour la sauvegarde de Pointesable. « Maman... » Elle ne savait comment aborder le sujet, comment expliquer à sa mère que ces combats étaient utiles, que son grand-père la soutenait, qu’il ne lui arriverait rien...

Heureusement sauvée par le chef de famille, Chorune engloutit le petit déjeuner aussi rapidement que l’aurait fait le démon en elle. « Pour l’instant, ça va. Il va falloir que je dise à la Maire ce que l’on a trouvé. Et que je m’équipe un peu mieux, car je pense que les problèmes ne sont pas terminés pour Pointesable... Laurende est là ? Je voudrais lui parler, tout à l’heure... »

« Si tu attends que je finisse cette aimable collation matinale, je t'accompagnerais volontiers, mais si tu veux y aller tout de suite, part devant ... » répondit Mérisiel à Héléa : « Le pas qui se précipite court au devant des ennuis. » dit-elle en se coupant une épaisse tranche de pain
« La journée doit commencer dans le calme et la douceur pour être féconde » ajouta-t-elle en se servant un grand bol de lait.

« Bon... Bah, je vais aller voir si y'as pas quelque chose à faire en cuisine, histoire de me rattraper pour ce matin. Ayest, on fait une chtite prière de rien du tout et c'est la fin du monde. Mais où va-t'on, tsss... »

Et diligemment, Héléa rejoignit le comptoir pour demander:

« Quelque chose à faire en attendant les traînards? Genre couper du bois? Avec une hache, hein. Pas avec Néaloria. »

« Pas de souci. »

Héléa attrapa les bords de la table et souleva pour retourner. Mais la table ne semblait pas vouloir se laisser faire.

Attablé avec les autres, Laurel garda pour une fois le silence. Un simple geste de la main pour saluer tout le monde avant de commencer à beurrer ses tartines.
Un petit mot de remerciement pour le repas fut tout ce qu'il articula dans les premières minutes.

La caféine aidant, le barde s'étira et retrouva un peu de sa mine joviale. Il s'apprêta à accompagner Héléa quand il se rappela son état.
« Je vous retrouve dans un moment. » Se levant de table bien décidé à se rendre plus présentable, il quitta la pièce en faisant porter sa voix. « Mes compliments à la cuisinière ! »

Encore la tête toute ensuquée dans son sommeil et son cauchemar, Ashley mangeait doucement une tartine de pain au lard avec du confit d'oignons, tout en buvant un bol de bouillon... La table d'Ameiko était variée, et elle était contente de pouvoir peut-déjeuner à son goût.

Cela lui fit tellement de bien qu'elle parvint presque à sourire quand Héléa évoqua une chtite prière de rien du tout.

Elle finissait tranquillement sa tartine pendant que la femme musclée bougeait une table, prête à l'accompagner chez Chorune pour prendre de ses nouvelles.

« Bon, vous avez fini? On y va? Mais il est où, ce c.. »

Héléa grimaça en voyant que Laurel n'était plus là... Aussi haussa-t'elle les épaules:

« Bon, marre d'attendre. Moi, j'y vais. La lady saura me retrouver. »

La prêtresse ne se posa même pas la question de savoir si Laurel savait où vivait Chorune...

Tranquille, Mérisiel lui emboîta le pas