Le barde invita la danseuse à s'asseoir sur le lit alors qu'il se levait et entreprenait de raconter leurs aventures. « Il y avait, perdue dans nos vastes contrées, une ville paisible. Le soleil s'y levait, les gens effectuaient chaque jours leur labeur et rien ne semblait pouvoir les retirer de cette monotonie. Mais voilà qu'un beau jour s'y retrouve réunit des hommes et des femmes dont le destin pourrait faire pâlir celui des héros des grandes guerres, ils sont de ceux que tous finissent par se jalouser ; peut-être même les Dieux. Même s'il est vrai qu'ils s'occupent peu des affaires des mortels, qui peut dire s'ils le sont vraiment. Les mauvaises langues diront qu'un tel rassemblement porte avec lui le Mal et le Chaos, que les maux du monde lui incombent ; mes paroles sont tout autres. C'est le destin lui même qui guide leurs pas où le Mal s'enlise et réfléchissons ensemble à qui peut deviner de telles choses, vouloir les corriger, mais se voir dans le besoin de déléguer à des êtres biens moins puissants que lui. » Marquant une pause au milieu de son récit, un large sourire fendit son visage comme pour appuyer les idées germant dans l'esprit d'un public factice. Après tout, il leur avait lui même susurré cette idée seulement quelques mots plus tôt. « Non, il me parait évident qu'ils ne peuvent être que de bonne fortune. Et quand bien même des doutes persisteraient, il vous faut savoir que leur premier voyage - éprouvant je vous l'assure - nécessitait qu'ils déjouent un plan machiavélique préparé plusieurs mois, voir même plusieurs années à l'avance alors qu'eux même venaient à peine de se rencontrer. Mais je vois dans vos yeux que mes promesses ne suffisent pas. Vous voulez entendre toute l'histoire pour pouvoir juger par vous même ET BIEN SOIT ! Je me ferai un plaisir de vous conter leur premier chapitre. » Les bras grands écartés, une perle de sueur coulant le long de sa tempe, le barde continua ses envolées lyriques.
« Tout commença alors que nos héros s'apprêtaient à passer la nuit dans une auberge. Chacun était présent pour des raisons diverses bien entendu mais n'oublions pas qu'il y a des puissances à l’œuvre. Le lieu était plein comme à l'accoutumée ; les habitués y avaient leur place, les nouvelles têtes s'installaient où elles le pouvaient et un barde - des plus doués m'a-t-on raconté - y faisait montre de ses talents pendant que la charmante aubergiste s'affairait à ce que tout le monde soit confortablement installé. L'âtre brûlait, l'ambiance était chaleureuse et seul un bref courant d'air frais vint s'installer, signe que de nouveaux clients venaient de se présenter. Au même moment ils furent guider vers la même table, la dernière libre à dire vrai, et de cette scène se dégageait une énergie que je ne saurais vous décrire. Ces gens n'étaient pas mieux vêtus que vous et moi, ils n'arboraient aucun signe distinctif et pourtant tous savaient qu'ils possédaient quelque chose de spécial sans que personne ne sache vraiment quoi. Alors que la soirée laissait place aux étoiles et que chacun s'évertuait à ne rien perdre de son assiette ou de son verre, la tenancière vint quérir l'aide dont elle avait tant besoin. En effet, il se passait depuis quelques temps déjà nombre d'évènements inquiétants au sein de l'entreprise familiale. Des bruits se faisaient entendre tard le soir, à peine audibles par les passants qui longeaient la bâtisse, des objets se trouvaient déplacés ou parfois disparaissaient tout simplement, quand ce n'était pas d'honnêtes travailleurs qui refusaient de remettre les pieds dans ce lieu qu'ils supposaient hanté. Touché par ces problèmes et certains de pouvoir apporter leur aide d'une manière ou d'une autre, nos héros acceptèrent de se charger du problème. » Réfléchissant un instant, Laurel commenta pour lui-même. « Il serait parfait qu'on questionne au sujet de la récompense. Les actes désintéressés ont toujours leur effet sur un public. »
« Les premiers rayons du soleil caressant à peine la terre que notre troupe était déjà prête, rejoint tardivement par un confrère, celui-la même qui avait fait montre de ses talents la veille à l'auberge. Alors qu'ils commençaient à fouiller les lieux, les compétences particulières de l'elfe lui permirent de découvrir l'existence d'un souterrain secret. Lorsqu'ils ouvrirent le passage, une odeur nauséabonde sans échappa et l'air qui s'y engouffra laissa entendre un écho semblable aux râles d'une âme en peine. Ne souffrant d'aucune peur, tous s'y engagèrent le cœur vaillant et alors que l'ouverture se refermait dans leur dos, ils avancèrent éclairé par la lueur d'une torche. Après plusieurs heures à arpenter ces longs couloirs, il se trouva que les galeries se glissaient partout en dessous de la ville et il leur fallut s'appuyer sur toutes leurs forces pour venir à bout des nombreux combats qu'ils eurent à affronter. En bas, d'horribles créatures rôdaient profitant de l'obscurité. Leur nombre était conséquent mais nos aventuriers réussirent à se défaire de ces hordes et continuèrent à avancer encore et toujours vers le centre du labyrinthe. Il était clair pour tous qu'ils ne pouvaient pas faire marche arrière, il fallait qu'ils se débarrassent de ces monstres afin que les habitants puissent enfin retrouver un sommeil paisible. Et ce à n'importe quel prix. Ils ne devaient rien à personne, et de toute façon personne n'aurait pu décemment leur en demander autant, mais ils ne se posèrent nulle question, se contentant de faire ce qu'ils estimaient juste et bien. Alors que la fatigue se faisait sentir plus que jamais, leurs membres alourdis par les combats et leur esprits affaiblit de devoir rester constamment en alerte, ils arrivèrent dans une pièce qui ne ressemblait à aucune autre. Au fond de celle-ci, sur une petite estrade se trouvait un bassin posé sur un piédestal et à son pied une petite créature verdâtre dotée de deux ailes et au visage disgracieux. Alors qu'elle gronda dans une langue furieuse et infernale, un être gobelinoïde apparu au centre de la pièce, arborant une immense épée suintant de magie, il ne faisait aucun doute que nos amis avaient devant eux le champion gobelin Koruvus, qui s'était tristement fait connaître par le passé. S'ensuivit alors un combat acharné contre l'abominable créature. Leurs premières attaques furent infructueuses malgré la fureur qui les animaient, il ne faisait aucun doute qu'un sortilège agissait sur les réflexes du monstre, bien trop agile pour sa taille. Malheureusement, impossible d'arriver jusqu'à l'invocateur sans abattre le monstre surtout que les assauts de ce dernier finissaient par porter leur fruit. Utilisant tout ce qui était à leur disposition pour combattre, le barde usa de ses talents pour faire retentir un hymne qui renforça ses alliés et sans attendre ils firent pleuvoir une série de coups dévastateurs sur leur adversaire. Surpris mais acculé, il répondit avec encore plus d'acharnement et après plusieurs échanges, levant son arme pour emporter avec lui l'un de ses opposant, il périt par la lame de la cadette qui vint le trancher de l'épaule au flanc en une seule frappe. Le béhémoth vaincu, celui qui l'avait invoqué ne tarda pas à le rejoindre et ce n'est qu'après cela que nos héros prirent le temps pour un repos dix fois mérité. »
Laurel se pencha en avant, salua, et se redressa pour finalement atterrir sur une chaise. « Il y a certains points qui ne demandent qu'à être amélioré mais pour une ébauche qu'en penses-tu ? »
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