Chorune commença par saluer Savah, et la rassurer.
« L’arc va très bien… même si je ne l’ai pas encore trop utilisé. En fait, je viens pour trouver quelque chose de plus efficace pour me battre contre les gobelins… si jamais d’autres venaient. »
Chorune préférait rester évasive sur les attaques de gobelins. Il s’agissait de ne pas faire peur à la population. Et puis, l’avertir serait plutôt du ressort de la Maire que d’elle-même.
« Il me faudrait une épée plus équilibrée, et une meilleure armure. Mais pas trop lourde, quand même… une cuirasse, par exemple. Tu as ça ? »

Chorune se débarrassa de sa propre armure d'écaille, afin de revêtir la cuirasse que proposait Savah.
« Désolée », répondit-elle, « il me faudrait vraiment quelque chose d'un peu plus massif, comme arme... »
Le style de la combattante n'était pas tout à fait empreint de douceur, et la masse de l'arme proposée par l'armurière risquait de la gêner...

« Pour ma part je n'ai pas besoin d'équipement, merci. »

Sur ces paroles Borscht attendit donc que Chorune ait fini ses emplettes.

Chorune remercia Savah pour la cuirasse.
« Donc, c'est 170PO, et je te laisse l'armure d'écaille, c'est ça ? »
En retenant un peu sa respiration, la jeune adolescente paya cet objet, le plus cher qu'elle n'ait jamais payé. Mon grand père le disait : Le bon matériel coûte cher ! Mais ce prix ?
Le pire, c'est qu'elle s’apprêtait à payer encore plus cher pour une arme de meilleure qualité !

Une fois sortie de cette première armurerie, Chorune annonça sa deuxième intention à Borscht :
« Nous allons nous rendre chez Das Korvuth, pour l'épée... C'est sur le trajet pour rendre visite à Ilsoari. Mais Das est assez désagréable... »
La jeune fille appréhendait un peu cette rencontre. Mais elle finit par redresser le torse : N'était-elle pas l'une des héroïnes de Pointesable ?

Chorune était un peu honteuse d’avoir laissé une armure d’écaille en très mauvais état. Pas qu’elle ait beaucoup de trous, mais les nombreuses traces de sang de gobelin lui donnait un aspect usé.
Par contre, comme toutes les filles achetant une nouvelle robe, la couturière se tourna légèrement devant la vitre de l’armurerie de Savah pour vérifier comment cette cuirasse lui tombait dans le dos. C’est avec un petit sourire satisfait qu’elle rejoignit la deuxième armurerie.

Cet homme n’avait pas l’air d’apprécier les coquetteries.
C’est en espérant que l’individu se souvienne quand même que la famille Camovar était « bonne cliente » de ce genre de magasin qu’elle allait aborder l’artisan… quand celui-ci se réfugia dans son magasin.
Avec Borscht, elle entra à sa suite.
« Bonjour, monsieur Korvuth. Je viens trouver chez vous une épée de meilleure qualité que celle-ci… »
En disant cela, Chorune avait sorti sa propre épée.

… égal à lui-même…
Chorune ne releva pas la remarque sur son épée actuelle, ou sur ses capacités. Au contraire, elle abonda dans son sens.
« Quand je me suis battue il y a quelques jours, tu n’avais pas fini ton couteau à pain. J’ai dû faire avec ce qui m’est tombé sous la main. »

Même si Chorune avait essuyée son épée après les combats de ce matin, il restait encore quelques traces de sang séché, montrant que l’arme, si elle n’était pas exceptionnelle, n’en avait pas moins été suffisante pour son office. Reprenant son espièglerie, elle continua :
« Jusqu’à présent, je ne savais pas si je méritais une meilleure arme. Je ne m’étais jamais battue. Aujourd’hui, le rôle – et les moyens - que m’a donné la Maire sont différents. » Sans s’en vanter, Chorune avait fait allusion aux attaques de gobelins, et ce qui avait changé en elle qui permettait à Das de penser qu’elle avait eu l’évolution suffisante pour s’acheter une meilleure arme.

Chorune admira les armes, toutes trois parfaites... ou presque. Elle prit les armes une à une, les faisant tourner dans sa main, tentant de percevoir celle qui accompagnait le plus le mouvement de son poignet, celle qui nécessitait le moins de force pour compenser ses déséquilibres.
Les reposant, elle désigna celle de droite. « Celle-ci me demande moins d'efforts. »

Chorune eut du mal à masquer son excitation. Elle avait vu juste, même si cela avait été difficile.
« Merci. Voici donc les 330 pièces d’or. »
Il restait encore beaucoup d'argent à l'adolescente, mais elle les garda pour l'instant.

Ressortant de l’armurerie avec ce beau matériel neuf, elle se dirigea vers le lieu qui lui permettrait de trouver Ilsoari.
« Donc, tu n’es pas d’ici, disais-tu ? » demanda-t’elle à Borscht. « On s’est à peine présentés, tout à l’heure. Moi, ma famille habite Pointesable depuis deux générations. Mais avec ma mère, on est dans une ferme, un peu à l’écart du village. En fait, je suis couturière. »

Borscht resta silencieux pendant toute la durée des emplettes de Chorune chez Savah. Lorsqu'il arrivèrent chez Das Korvuth, il remarqua aussitôt le regard peu amène que le forgeron darda sur lui. Voyant Chorune discutait et marchandait avec le forgeron Borscht se recula, premièrement car il n'avait pas d'achats à faire ici et deuxièmement afin d'éviter que l'antipathie que le forgeron semblait avoir à son égard (chose à laquelle il était habitué et qui était courante lorsque l'on était un demi-orque) ne déteignent sur le marchandage de Chorune.

Une fois leurs courses terminées, il se dirigèrent vers l'académie afin d'y retrouver Ilsoari. C'est à ce moment là que Chorune décida, sans doutes par pure politesse, d'interroger Borscht sur ses origines. Pas sûr qu'elle appréciera si je lui révèle qu'il y a quelques mois je faisais partie de la tribu de Burdak dont l'activité principal était le pillage et le massacre de marchand qui venaient probablement livrer Pointesable.

« Non effectivement je ne suis pas originaire de Pointesable, disons que je suis plus du genre vagabond allant ici et là afin d'en apprendre plus sur la magie. »
Lorsqu'elle lui avoua être un couturière; Borscht ne put s'empêcher de lever les sourcils : « Ma foi vu le sang qu'il y avait sur ton armure lorsque tu m'as libéré, tu as l'air de bien savoir te battre pour une couturière. As-tu eu besoin d'apprendre à te battre afin de vous protéger ta mère et toi d'éventuels dangers rôdant à l'exterieur du village? »

Chorune s’arrêta pour réfléchir à la remarque opportune de Borscht. Elle haussa les épaules avant de repartir de l’avant.
« Ben, non. C’est mon grand-père qui m’a appris : Je suis l’ainée. C’est tout. »
Après quelques pas en silence, elle tenta : « Et la magie, c'est intéressant ? C'est que ça a l'air rébarbatif, tout ces trucs techniques... »

« Disons que je n'ai pas vraiment eu à lire des livres afin d'apprendre la magie, cela m'est venu assez naturellement. Je suis plus du genre à apprendre via la pratique, la lecture n'est pas mon passe temps favori. C'est aussi pour cela que j'étais aller voir Ilsoari lorsque je suis arrivé à Pointesable, j'espérais qu'il puisse me montrer quelques nouveaux sorts. »

Au fur et à mesure qu'il discutait avec Chorune, Borscht révisa l'avis qu'il s'était fait d'elle. Au premier abord, il l'avait prise pour une femme se délectant des combat et n'étant contente que lorsqu'elle baignait dans le sang de ses ennemis ( un peu comme ses anciens compagnons de la tribu). Cependant, il se rendait compte que si elle savait se battre quand il le fallait ce n'était pas du tout son occupation favorite. Il se réjouit donc d'être venu à Pointesable, cotoyer des gens qui avait du vocabulaire et qui ne pensait pas qu'à se battre était très stimulant.