« Je n'avais pas besoin de tremper mes habits », protesta le shoanti, surpris qu'Héléa le lui reproche maintenant. Elle avait pourtant approuvé, hier.
Et puis tenter quoi ? .. Oh.
« Sans façon, merci », ajouta t-il avec pas mal de retard.

En revanche pour l'idée de partir en exploration, il n'hésita pas longtemps avant de dire :
« Je suis un chasseur, un traqueur. Je vous accompagnerais également.
De quel fuyard parle t-on ? »

Le demi-orc n'hésita pas à taper dans le repas, il avait l'habitude de la frugalité,autant faire des réserves.

« Effectivement, je pensais plus à une attaque ciblée. Neutraliser leurs chefs les déstabilisera toujours. Mais, comme le dit Haldir, une fois la piste remontée, on analyse et on s'adapte. Je ne suis pas comme vous un combattant de première ligne apte à repousser des hordes Mais pour suivre une piste, ça je sais faire. »

« Nous parlons de l’empaffé qui avait mené l'attaque par les souterrains jusque sous la verrerie. Celui qui détenait le carnet où sont notés leurs différents plans d'invasion et leurs objectifs finaux :
« Cramer-Raser Pointesable et Invoquer Lamashtu ... ».
Ça aide un peu de savoir ce qu'ils veulent et ça motive pas mal pour les en empêcher ... » répondit Mérisiel sans relever les provocations suggestives d'Héléa.

Tout nu ! La remarque d’Héléa concernant les habitudes vestimentaires de Lakan estomaqua Chorune. Elle imagina le magicien, déjà peu vêtu, sans vête... et préféra arrêter d’imaginer.
Mais ... trop tard.
(en shoanti) « Ha ben dis-donc, tu y vas franco, toi » lui fit-elle remarquer, à la fois amusée et un poil dérangée. Mais, visiblement, il ne s’était rien passé avec Héléa, même si celle-ci n’aurait pas dit non. Donc, ça ne semblait pas bien grave.

Chorune avait dû rater des épisodes intéressants la veille, car Mérisiel semblait maintenant en couple avec un demi-orc, selon les allusions d’Héléa. Et celle-ci faisait une drague appuyée à Laurel. Mais ça, Chorune avait compris depuis le début qu’ils finiraient ensemble. C’est comme dans les histoires : Les héros se détestent au début, mais à la fin ils finissent mariés avec plein d’enfants.

Deux ou trois phrases plus tard, Chorune fit un geste de la main indiquant Hladir, d’un air de dire « je vous l’avais bien dit ». Quelques secondes plus tôt, n’avait-elle pas proposé de suivre la trace de cet homme dans les souterrains ? Elle se retint cependant de confirmer ce geste par la parole : Ce n’était pas dans ses habitudes d’approuver ouvertement les propositions d’un prêtre de Gorum, tout elfe était-il.
« On part quand ? » demanda-t’elle, pour confirmer qu’elle ferait partie de l’expédition. Ca la changerait des rondes dans le village. Et le plus tôt serait le mieux.

La prêtresse soupira en secouant la tête:

« Pour que tu puisses m'accompagner, encore faudrait-il que j'y aille, gros malin. Première règle, quand on veut accompagner quelqu'un dans une expédition, on attend que cette personne ait indiqué vouloir y aller...

Quand au possesseur du carnet, si on le retrouve, je vous rappelle qu'on doit le ramener en vie. »

Héléa se pencha en avant, pour parler à voix basse, après s'être assuré que la tenancière ou son assistante soit suffisamment loin:

« Je vous rappelle que c'est le frère d'Ameiko et il est, accessoirement, d'une des familles nobles de la ville. Quand bien même ça a l'air d'être un foutu connard, je pense qu'Amy mérite le droit de clore cette histoire avec lui... J'sais pas, ça serait sympa pour elle, non? »

Après tout, Ameiko prenait soin d'eux, les nourrissait alors qu'elle venait à peine de perdre son père. La tenancière était sûrement en deuil et pourtant, rien ne transparaissait, aussi Héléa fit-elle la seule chose à faire: elle se leva et se dirigea vers la tenancière pour lui faire un gros câlin. De l'inattendu, de la surprise, du Héléa pur jus.

Le demi-orc ne prendrait guère de temps à se préparer, il avait l'habitude de l'instabilité et de l'obligation de bouger rapidement, ses affaires étaient déjà prêtes.

« Le suicide ne fait pas partie de mes plans. Remontons la piste jusqu'à notre cible.
Je monte prendre mes affaires, cela sera rapide.
Vous me décrirez le frère d'Ameiko durant le trajet. »

Nakan hocha la tête suite aux propos de Haldir, et monta chercher ses propres affaires. Roulant des yeux lors de la mention du frère d'Ameiko, alors certains semblaient vouloir cacher à l'aubergiste l'implication apparemment mauvaise de celui-ci, le shoanti ne dit rien.

Lorsqu'il redescendit, il se dirigea droit vers la porte et l'ouvrit, afin de laisser Miashan entrer et se poser sur le dossier d'une chaise proche.
L'ensorceleur se mit alors à nettoyer les plumes de son familier tout en lui parlant à voix basse. Il lui demandait, en shoanti, comment s'était passé sa chasse nocturne.

Devant les réactions des différents mâles du groupe, Mérisiel n'émit aucune forme de commentaire.
En prévision d'un départ juste après la fin de la discussion-collation matinale, elle était déjà prête et avait déjà descendu tout ce qui lui fallait.
Elle prit donc le temps de finir son assiette et de se confectionner quelques sandwichs pour la mi-journée avant de se lever et de partir en direction du point de RV.

Chorune finit d’engloutir son énorme tranche de pain surmonté de fromage, but une rasade d’eau, et monta à sa chambre, en claudiquant avec célérité. Il fallait qu’elle fasse attention à sa cheville un peu folle, ce qui la ralentissait, mais elle arrivait encore à se déplacer aussi vite que ses compagnons.
Son paquetage était, comme toujours, prêt à l’emploi. Son grand-père insistait beaucoup sur ça. « Un soldat doit toujours être prêt », selon lui.

Au global, quinze minutes étaient confortables pour tout faire et se rendre au lieu de rendez-vous.

Dubitative et pas franchement décidée à tenter le plongeon, Mérisiel cherchait quelque sentier ou autre passage permettant de parvenir en bas sans se casser les os ...

Nakan tenta d'éclaircir la situation.
Son regard se promenant sur les falaises en contrebas, il demanda :
« Si je comprends bien, vous poursuiviez un homme qui a disparu en .. en plongeant ? En escaladant les roches ? »

« ... En prenant un passage souterrain qui partait de la verrerie ... on l'a perdu sur cette plage. » répondit Mérisiel qui cherchait le moyen de quitter (ou d'atteindre) cette langue de sable apparemment sans issue.
« Et vu le contingent de gobelins qui était avec lui, l'hypothèse du bateau est exclue. »

Nakan absorba ces informations.

« La nage peut-être ? On peut descendre sur la plage ? »

Le demi-orc s'était agenouillé pour observer la scène. Il essayait de comprendre le déroulé decequ'avait pu faire le fugitif, se mettant à sa place. La nage n'était pas une option, hors utilisation de la magie. Son regard se fixa sur un point en contrebas. Il pointa son bras vers cette direction.

« Là.
L'impact des vagues et moins fort sur la paroi. L'eau continue.
Il y a un passage. »

Chorune avait suivi l’elfe… et ça ne lui ressemblait pas.
En effet, l’adolescente avait l’habitude de se porter en tête de cortège, pour mieux protéger ses compagnons, aidée en cela par un physique musclé et une marche plus rapide. Aujourd’hui, sa claudication lui permettait juste de de marcher à la même vitesse que Hladir, sans pouvoir prendre d’avantage particulier.
Un peu perdue dans ces pensées, elle confirma l’observation d’Herk. « Oui, il doit y avoir un passage par là. Peut-être mène-t’il jusqu’en haut de la falaise. »
C'est pas vrai... Encore des passages souterrains...