Enfin. Elle était morte, finalement libérée des contraintes de la chair pour ne plus souffrir. Héléa contempla la montagne avec surprise avant de voir la forme étrange lui adresser la parole et, hélas, le mauvais caractère de la prêtresse reprit le pas très vite devant l'étonnement

« On a pas gardé les cochons ensemble, que je sache? »

Soupirant un instant devant sa bêtise, la jeune femme se reprit bien vite:

« Je suis Héléa Parthenios, fille aînée de Memnon Parthenios, prêtresse de Gorum.

Et vous êtes? »

« Dans le doute, pour éviter d'écorcher votre nom, je peux vous appeler comment? »

La prêtresse, observant les alentours, ajouta:

« Et on est où, là? J'imaginais un endroit différent après la mort... Moins calme... »

« J'ai connu mieux, en effet... »

La prêtresse vérifia son ventre, pour s'assurer de la gravité de la blessure, avant de relever la tête:

« Ne te leurres pas. Même avec un pied dans la tombe, j'ai encore de quoi t'en remontrer, tu sais... On ne m'a pas si facilement que ça... Et j'y suis pour rien, pour ton nom. T'as qu'à articuler et pas parler comme si tu avais une patate chaude dans la bouche, ma grosse! »

« Blablabla... C'est toi qui a une épée, qui me défie et c'est moi qui ai que de la gueule? Bah, tiens... »

Héléa ricana avant de se préparer. Elle était à mains nues face à un adversaire maniant une arme à deux mains. Elle connaissait cette arme et ses possibilités, tout comme sa grande faiblesse: la distance. Si elle pouvait se rapprocher assez, elle pourrait l'empêcher de la manier et la récupérer... Mais encore fallait-il risquer de prendre un coup...

Respirant calmement, elle observa longuement son adversaire avant de simplement relâcher la tension des muscles de son et de se jeter en avant, visant la garde de ses deux mains pour l'attraper...

« Elle est à moi autant que je suis à elle. »

L'humaine se jeta en avant de nouveau, visant cette fois la forme indistincte de son poing:

« Elle m'a choisie comme je l'ai choisie. Elle est mon âme sœur comme je suis la sienne! »

« Qu'est-ce que je peux faire de plus que je ne fais déjà? Nous partageons tout! »

La main sur son arme, elle ne lâcha pas un pouce de terrain.

« Forte? »

La prêtresse raffermit sa poigne et demanda:

« C'est donc tout ce qu'elle veut? De la force? Ne suis-je donc que ça? une personne forte, destinée à la porter? »

Plantant son regard dans celui de l'apparition, elle enchaîna:

« Je ne suis pas une simple porteuse. Si elle veut de moi, je lui apporterai ce qu'elle souhaite, de la force. Mais pas seulement... La force est un moyen et pas une fin en soi, nous nous devons, en tant que véritable force, de savoir mesurer nos pouvoirs et d'accomplir notre devoir en toute circonstance...

Alors, oui, je serai forte... Mais je serai aussi sage et disciplinée... L'esprit et le corps, l'épée et son porteur... Ils ne sont rien, l'un sans l'autre... »

Un léger sourire fit son apparition sur le visage de la prêtresse:

« Alors, fais ton choix, soeurette? Me laisseras-tu te porter? Ou pas? »

Un sourire s'épanouit sur le visage de la prêtresse. Le sentiment d'être enfin complète la tenait et elle posa son regard sur l'instructeur:

« Oui. Mais avant ça... »

Le poing d'Héléa s'envola, garde en main, et alla s'écraser sur le nez de l'instructeur:

« On est quitte... »

Se relevant avec peine, ponctuant son ascension de "Aïe" et autres mots que la décence interdit, elle posa son regard sur l'elfe:

« Tiens, Mérisiel, comment va? »

« Qui dit que j'aurais envie de vous parler? »

Récupérant son arme, la jeune feemme alla s'installer dans un coin et ferma les yeux. Assise en tailleur, son épée sur les genoux, elle laissa dériver son esprit, modulant sa respiration et se remémora les instants précédents. Elle avait agi de façon inconsidérée, comme toujours, et aurait pu en mourir mais il n'en était rien. Rouvrant les yeux, elle posa un regard affectueux sur son arme et murmura:

« Néaloria... »

« Est-ce que vous allez essayer de me tuer pendant ces 5 minutes? Non, je demande car j'ai prévu d'aller boire un verre de vin avec un des gardes ce soir et, comment dire, si je dois être indisponible, j'aimerais autant annuler, vous savez... »

La jeune femme pouffa de rire puis opina du chef:

« Allez-y, je vous écoute. »