« Bien sûr ! Vous vouliez aller à quelle épreuve après ça ? »

Samuel était ravi. La journée s'annonçait pleine d'aventure.

Héléa fronça les sourcils après qu'un de leurs adversaires s'en soit pris à Sabyn. La jeune femme avait été blessé par sa faute, elle ne tenait pas à l'entraîner là-dedans mais maintenant, il fallait jouer du poing:

« C'est toi que je traite de bâtard consanguin, ordure. Alors, tu frappes les femmes, hein? Ça t'aide à compenser quelque chose? Quoi? Monsieur est impuissant?

Allez, viens, enflure, viens, je vais t'apprendre les bonnes manières que ton père ne t'a pas appris, surement qu'il était trop occupé à picoler pour oublier que tu existes... Remarque, j'le comprends en voyant ta gueule de crevure. »

Elle n'était pas aux anges mais pas loin. Elle avait promis de ne pas faire d'esclandre mais ses adversaires lui avaient manqué de respect, elle n'avait fait que leur rendre la pareille. Et puis, ça n'était pas la première et ne serait pas la dernière fois que ce genre de choses arrivaient:

« Anüel, restez en dehors de ça, si vous pouvez. Sinon, visez les cotes ou claquez les oreilles, ça devrait les calmer vite fait bien fait, ce TAS DE CREVURES CONSANGUINES QUI ME FILENT LA GERBE! »

Les poings levés, Héléa était prête à se battre et charger dans la mêlée...

Chorune n’avait pas apprécié la façon dont se comportaient leurs futurs adversaires, aussi, quand l’un d’eux commença la bagarre en envoyant Sabyn à terre, ses poings s’étaient serrés.

Une lueur se folie passa dans ses yeux bleus, ce qui eut pour effet… de lui faire peur ! Peur d’elle-même, et de la fureur dont elle était capable.

Interrogative, elle se tourna vers son oncle, qui s’était précipitée vers la pauvre femme à terre. Il lui demandait d’aller rosser les ivrognes !
« Mais… je… »
La jeune blonde inspira un grand coup. La bagarre, ce n’était pas ce qu’elle voulait, mais il semblait que le monde s’acharnait à la précipiter dedans.
Le combat interne que livra Chorune ne dura que quelques fractions de secondes. Elle devait aider le trio. Si le nain et l’humaine semblaient pouvoir combattre, ce n’était pas le cas de l’elfe, qui risquait de finir le nez écrasé. Et puis, en tant que femme, la remarque sur les « grognasses » ne pouvait pas lui faire plaisir.

Vic et elle accoururent pour se positionner à côté de la femme qui renouvelait ses injures. Chorune était d’ailleurs impressionnée de l’audace de cette jeune femme, qui, seule avec un nain et un elfe tout maigre, provoquait une équipe complète de tir à la corde…
« Besoin d’aide, pour équilibrer les forces ? » annonça-t’elle en arrivant.
Cette phrase lui était venue toute seule, comme si quelqu’un d’autres avait décidé de la prononcer à sa place, et qu’elle avait juste obéi. Pourtant, cette assurance feinte masquait les incertitudes et les questionnements de l’adolescente. Que faisait-elle là ?
Machinalement, Chorune se mit en position de combat. Mue par une force invisible, elle se prépara même à frapper la première.

« Rester en dehors de ça!? » s'exclama Anuël alors qu'il regardait Sabyn au sol. « Non, mais vous êtes folle? On va leur donner une bonne leçon! »

L'elfe se surprenait à adopter les comportements va-t-en-guerre de ses homologues humains, mais il se surpris à apprécier une telle réponse de la part de ses compagnons. Ces hommes n'étaient que des vils tricheurs, et ça Anuël aurait pu l'accepter, mais frapper ainsi Sabyn était tout à fait inacceptable. Le mage n'était pas le plus fort, mais la seule directive qu'il avait reçue était de ne pas utiliser ses armes. Soit...

Anuël s'avança, restant quelque peu retrait, tout en tirant les manches de sa robe. Il était prêt à en découdre.

Mérisiel salue et remercie Jobar.
Elle observe discrètement autour d'elle pour vérifier si elle fait l'objet d'une attention particulière ...

« Désolée que tu aies été blessée à cause de moi, Sabyn. Celui-là, c'est pour toi... »

La prêtresse accorda un sourire malsain à son adversaire du moment:

« Alors comme ça, on vient chercher des noises à une prêtresse de Gorum? Tu sais que y'as des moyens plus simples pour se suicider, quand même? »

Elle tourna la tête vers ses camarades du moment et ajouta négligemment:

« Celui-ci est à moi... »

Elle frappa directement au visage de son adversaire avec toute la détente et la force à sa disposition, visant le menton pour le mettre de combat directement...

Anuël ne perdit pas un seul instant. Même s'il n'avait pas combattu maintes fois par le passé, l'elfe savait qu'il fallait agir vite s'il voulait prendre l'avantage sur ses adversaires. Si Héléa avait opté pour la manière forte, Anuël préféra user de magie.

Il mit alors la main dans sa main dans sa sacoche de composantes magiques, puis en quelques gestes et quelques incantations, une spirale violacée apparut entre deux des idiots, puis éclata, répandant une fine poudre mauve dans un rayon de trois mètres à la ronde.

« D'accord ! On a affronté bien assez de démons et de gobelins pour aujourd'hui ! Un petit cochon devrait nous faire du bien. Allons-y ! »

Toujours aussi enthousiaste, le halfelin attendit que ses camarades lui montrent la direction à prendre.

Chorune acquiesca à la femme du groupe qu’elle venait aider. Celle-ci voulait se « réserver » l’un des adversaires, particulièrement odieux. Rien de plus normal.
Elle se déplaça donc afin de protéger Falthryr et Sabyn. Dès son arrivée, son poing partit pour assommer l’un de ces malotrus qui avaient besoin d’apprendre la correction (et qui allaient en prendre une).


L'homme face à la jeune couturière prit son poing violemment sous le menton. Une nouvelle lueur de folie traversa le visage de la belle. « Prends ça, connard ! »
Chorune sentit une joie mauvaise l'envahir, et que son énergie demandait à se libérer. Elle résista à cette pulsion dévastatrice. Non ! Pas de nouveau !

Observant les autres soulard tomber, la jeune femme ajouta à l'intention de ses alliés du moment:

« Finissez le dernier... Lui et moi, on a un compte à régler. »

Relachant la tension un instant, elle prit un air consternée et ajouta avec un sourire moqueur:

« C'est tout ce que tu as dans le ventre? Non, sérieusement, tu commences à te battre quand tu veux, hein...

Non, vraiment, j'insiste, montre moi un peu ce que tu vaux parce que coller des gifles en traître, ça sait faire mais là, pour l'instant, je suis plutôt déçue... »

Héléa se remit alors en garde, sautillant sur ses pieds pour rester mobile puis asséna un crochet du droit à l'homme avant d'ajouter nonchalamment:

« T'as le droit de déposer les armes, tu sais... Mais si on continue, je préfère te prévenir...

Je vais t'arracher l'chou et te chier dans le cou... »

La prêtresse accorda un sourire mauvais à son adversaire, visiblement convaincue qu'elle pourrait mettre sa menace à execution. Elle était bien consciente d'être vulgaire mais elle savait que les hommes y étaient rarement habitués et qu'ils pouvaient, parfois, s'arrêter ne serait-ce qu'un instant pour réfléchir et se demander... Elle a vraiment dit ça?

Le combat tournait court.
« Rrrrhhh… »
Trop court pour Chorune, qui laissait échapper un grognement sourd, inquiétant.
Elle dut faire un effort sur elle-même pour ne pas rouer de coups de pieds l’homme déjà à terre, ou pour réveiller l’endormi, juste pour prolonger le combat. La présence du public, de Vic à ses côtés, la bloquèrent dans ses pulsions.

Visiblement, la femme s’y entendait en moqueries diverses et variées. Et en boxe, aussi. Son langage n’étant pas celui qu’une jeune fille devait entendre, Chorune partit combattre le dernier individu debout.

« Ça va très bien monsieur ! Et oui, on vient attraper le cochon ! »

Un autre halfelin. Samuel n'en avait pas vu depuis longtemps, mais cela ne lui semblait pas très important. Sans doute à cause du fait qu'il se sentait à l'aise au milieu de n'importe quelle race de gens.

Anuël comprit rapidement que le combat basculait en leur faveur. Aussi se jeta-t-il à corps perdu dans la mêlée en exhibant un gigantesque sourire.

« Que c'est excitant! J'arrive! » s'écria-t-il en atteignant l'idiot qui s'en prenait à Beorn.

Les propos du soulard qui affrontait la prêtresse de Gorum firent écho dans l’esprit de Chorune à ceux que ses agresseurs avaient proférés contre elle il y avait peu. Entendre parler aussi ouvertement de viol la mit dans une colère noire, qu’elle épancha sur son pauvre adversaire qui avait eu la sagesse de ne rien dire. Heureusement pour lui, elle ne se sentait pas en danger dans ce combat, sinon, la peur aidant, elle ne savait pas si elle aurait pu garder son contrôle.

« Rha ! Alors, ça vous fait quoi de vous faire dérouiller par des nanas ! » cria-t’elle en assenant un coup de poing supplémentaire, fort à casser une mâchoire.


Malheureusement, aveuglée par une colère qu'elle avait du mal à contrôler, l'adolescente, encore trop inexpérimentée, ne vit pas le mouvement d'esquive de son adversaire...

« Tu en as trop dit, mon gros, cette fois, je ne joue plus! »

La prêtresse ne souriait plus. Il était temps d'en finir et de donner une bonne leçon à ce gaillard:

« Mon cher, tu apprendras une chose à mon sujet. La femme que tu as traité de tous les noms est une prêtresse et pas de n'importe quel dieu, de Gorum, le Saint-père de la Bataille, Notre Seigneur de Fer.

Je suis Héléa Parthenios, Vindicatrice de Gorum et Gardienne de Gray. Au moins, tu connaîtras le nom de la femme qui vas te tuer, pour que le passeur t'envoie rejoindre ceux que j'ai déjà envoyé six pieds sous terre! »

Héléa arma son poing et frappa directement le mufle de son adversaire, non pas pour le briser mais pour clairement l'éclater...

Anuël se prit le nez à deux main aussitôt eut-il reçu le coup de poing.

« Aaaah! M... Mon nez! Il... Il m'a pété l'nez! » s'écria l'elfe aussitôt qu'il eut reçu le coup. Il recula de quelques pas, décidé à me pas laisser une telle chose se reproduire. D'une main, il tenait son frêle nez rudement éprouvé, puis de l'autre, il tendit le bas et présenta sa paume au voyou, histoire de le repousse s'il tentait une autre attaque.