« Viiiiic ! C’est bien toi ? » Chorune sauta au cou de son cousin. « C’est vous, les renforts ? Fais attention, hein, c’est dangereux, ici. » lui-dit’elle, pleine de prévenance envers son ainé masculin, soldat qui plus est.
« Des nouvelles de là-haut ? Et puis, si vous êtes prêts, on peut repartir, alors ? » L’adolescente était prête à reprendre la tête du groupe.

« Allez ! On te suit zébulon ... » lâcha Mérisiel pince-sans-rire « Mais fait attention à toi quand-même, hein ... » avant de laisser à nouveau les autres passer devant « J'assure l'arrière-garde, allez-y ... »

Ils les avaient retrouvés ! Ashley poussa un soupir de soulagement en entendant les autres les appeler.
Elle fut étonnée du ton sur lequel Héléa s'adressa à Vic, et ne comprit pas son allusion, même si son instinct lui disait qu'il avait dû se passer quelque chose qu'elle ignorait.

Se rapprochant, elle observa le lieu dans lequel le groupe se trouvait et, près du bassin d'eau qu'elle trouvait incongru en cet endroit, se trouvait une drôle de chose, par terre. Une espèce de... crâne... tête... Mais elle eut à peine le temps de se demander ce que cela pouvait être que Chorune redémarra en prenant la tête de la petite troupe, Mérisiel la poussant légèrement pour fermer la marche. Observant l'elfe du coin de l'œil, elle se demanda si elle ne ferait pas mieux de l'imiter et de prendre son arc, avec lequel elle se montrait plus à l'aise qu'à l'épée.

Tout en marchant, elle rengaina son épée et sortit son arc, y encochant une flèche, au cas où... Un coup d'œil à Vic, derrière elle, lui permit de voir son assentiment.

Raffermissant sa prise sur l'arc, elle essaya de voir ce qui se passait en avant, et tout ce qu'elle put voir fut Chorune, Héléa et Laurel. Si ce dernier avait l'air un peu inquiet, les deux premières avaient l'air de faire une petite promenade de santé. C'est dingue, ça... Qu'est-ce qu'elles sont courageuses ! Elle en avait autant pour Mérisiel qui s'était spontanément proposée pour assurer leurs arrières, mais l'elfe avait l'air plus consciente qu'ils se trouvaient dans un souterrain plein de créatures hideuses.

Elle réprima un frisson en repensant aux êtres bizarres qui avaient emprisonné les gardes.

« Je passe derrière. Si une de ces bestioles nous tombent dessus dans le dos, tu préfères quoi, Mérisiel? Lui opposer ta fine armure de cuir ou que je lui colle ma couenne protégée par presque 2 mm de bon acier du coin entre les crocs? »

La prêtresse gloussa après ses mots et attendit que le convoi reprenne la route, incluant Vic et Ashley entre eux.

« Bon ... d'accord ... » grommela Mérisiel « Mais essaye de ne pas cliqueter trop fort dans ta belle armure, qu'on puisse entendre si on est suivis ... »

Chorune descendit des marches avant d’en remonter aussi sec dans un escalier circulaire. « Là, c’est bloqué… Il y a eu un éboulement… » dit-elle dépitée. Cet escalier remontait-il à la surface ? Ou dans une habitation de Pointesable ? Possible. Il faudrait passer du temps à déblayer le passage pour en avoir le coeur net. Mais les compagnons n'en avaient pas le temps.

Mal fichu, ce souterrain… On fait quatre escaliers en descente, puis on remonte… Pourquoi pas faire tout plat ? Se questionnant sur les lubies de l’architecte qui avait conçu ces lieux, elle se rappela que plus tôt, ils étaient dans des pièces situées à un étage plus élevé. Se pouvait-il que des passages existent, menant à des pièces situées sous celles qu’ils avaient explorées ? « C’est bizarre, ces escaliers dans les deux sens. Faudrait voir s’il n’y a pas des passages à travers ces murs… » Elle-même se mit en quête de trouver des éléments qui laisseraient supposer de tels passages.

Au fur et à mesure que l'expédition avançait le barde se fatiguait. Plus habitué à courir la demoiselle que les souterrains et complètement inexpérimenté pour la chasse au monstre, son désir d'aventure se montrait bien plus exigent qu'il ne l'avait imaginé.
Je vois mal pourquoi on aurait placé des salles secrètes dans un souterrain déjà secret. Mais bon, peut-on dire que le Mal soit rationnel ?
Se perdant dans ses pensées, Laurel se contenta de suivre la troupe.

Chorune devint rouge de colère aux propos d'Héléa. « Hé ! Faut ce qu'il faut pour se défendre, d'abord ! Si ton dieu te prévoit une vie courte, c'est pas le cas du mien. Alors si ça te fait marrer de combattre, ben pas moi ! Quand on se bat, c'est pas désinvolte, hein ? » Peut-être que sa colère était proportionnelle à la véracité de la remarque de la prêtresse, et de la honte qu'elle en éprouvait ?

« Au lieu de dire des bêtises, on continue ? Ou on fait salon ? On n'a qu'à continuer par le couloir que l'on a croisé plus tôt. »
Furieuse, l'adolescente prit encore une fois la tête du groupe, et se dirigea dans le tunnel qu'elle avait précisé sans attendre.

« Mais c'est qu'elle mordrait, en plus! Ah ah ah! »

Héléa s'esclaffa de la réponse de Chorune avant qu'elle n'enchaîne sur un ton narquois:

« Si ça ne te plaisait vraiment pas, tu ne serais pas ici. Inutile de me sortir l'excuse du "y'as personne d'autres pour le faire", y'as surement 2 ou 3 autres candidats potentiels pour pouvoir te remplacer, c'est ton choix d'arpenter ces foutus tunnels... Ça te plait d'être là, de pouvoir enfin te lâcher sans crainte des conséquences, d'être autre chose qu'une simple couturière, et en plus, d'être payé pour le faire... Plus tôt tu l'accepteras, moins ça te pèsera sur les épaules.

Bon, maintenant, si on pouvait en finir avec ces souterrains, ça m'arrangerait. J'aimerais passer un poil du peu de temps qu'il me reste à boire et trouver un homme potable pour me tenir compagnie quand je m'ennuie. »

« T'es pas obligée d'être si directe. » Laurel se surprit lui-même d'être si vif à reprendre celle qu'il craignait, aussi douloureux soit-il de se l'avouer.
« Et il parait assez logique que la cohésion de groupe est une chose primordiale si on veut s'en sortir vivant. »
A la suite de ses mots, il jeta un regard compatissant à Chorune. Cacher quelque chose n'était pas agréable, surtout quand on en voulait pas et qu'on nous l'avait collé de force.

Chorune n’apprécia pas les commentaires agressifs et déplacés d’Héléa. Ses défenses lâchèrent d’un coup. Une colère sourde venant du plus profond de son être sembla l’aider à répondre. C’est d’une voix roque et sur un ton méprisant que les sons sortirent de sa bouche : « Et bien, casses-toi, vas te faire sauter, si tu préfères, Prêtresse de Gorum. » Le titre de « Prêtresse » avait comme été craché par Chorune.
« T’as la prétention de te croire si supérieure pour donner des leçons à tout le monde ? Tu ne connais rien de ma vie et de ce que je veux. » Le regard de l’adolescente était fixé sur Héléa, d’autant plus dérangeant qu’il ne cillait pas.
Le sourire malsain qui déformait le visage de Chorune n’était pas le sien, et alarma immédiatement Vic, qui la tira en arrière en lui parlant doucement.

Héléa regarda Laurel d'un air qui voulait dire "on t'a pas sonné" avant d'enchainer:

« Oh mais ça viendra après! Enfin, j'espère, ça manque de candidat valable en ville... Pour le moment, je me livre a une autre activité que j'affectionne bien plus: me battre.

Malgré tout, ce que je t'ai dit, libre a toi de mal le prendre, ça ne change rien a ce que je pense de toi. Mais on en rediscutera plus tard, Laurel a, pour une fois, raison. Merde, je pensais pas dire ça un jour... Ayest, j'vais déprimer aussi, tiens... »

Le barde ne prêta pas la moindre attention à la remarque d'Héléa. Il avait eu le temps de s'y faire et il préférait qu'on le tourne en ridicule plutôt qu'on lui graisse la patte du matin au soir.
Chorune l'inquiétait bien plus. Il ne connaissait pas grand chose à la magie et encore moins aux malédictions et sortilèges mais il n'y avait pas besoin d'être un génie pour se rendre compte que cet état était au moins aussi handicapant qu'utile.

La tension pesée de plus en plus sur le groupe. Héléa n'allait pas lâcher le dernier mot et Chorune semblait sur le point de ne plus être capable de discuter. Laurel sorti instinctivement son instrument et commença à faire courir l'archet sur les cordes.
Celles-ci laissèrent échapper une mélodie à la fois douce et mélancolique. Une mélodie qu'il n'avait pas joué depuis fort longtemps, depuis son enfance, et les souvenirs qui lui revinrent firent perler une larme sur sa joue.
Dans un mouvement des plus élégant, il se retourna pour la cacher en faisant mine de trouver un meilleur endroit pour se poser.

Ashley suivait la troupe, bouche bée. Elle n'en revenait pas de l'échange qui avait lieu entre Héléa et Chorune, se demandant où la première voulait en venir.

Cherchait-elle à se défouler, voulait-elle mettre Chorune en colère ? Cela avait l'air de fonctionner, en tout cas, à en juger par la réponse de la jeune barbare qui fit monter le rose aux joues d'Ashley. Heureusement, Vic intervint avant qu'elles n'en viennent aux mains. Ashley recommençait à respirer quand Laurel commença de jouer un air sur son violon.

Il joue presque aussi bien que maman...

Penser à sa mère lui rappela que celle-ci n'était plus là et cela l'attrista, lui mouillant les yeux. Non, je ne dois pas pleurer. Il faut penser à autre chose. Voyons... Comment pourrais-je demander à Laurel de me donner des conseils pour mieux jouer du violon ?

Se concentrant sur les diverses réponses à sa question pourtant simple, Ashley marchait au milieu des autres mais ne prêtait plus attention à l'ambiance alourdie par l'échange entre les deux femmes...

Le barde trouva la remarque du soldat à son sujet complètement inutile. De toute évidence leurs ennemis étaient organisés, et ils savaient déjà à quoi ils avaient à faire.
Ceci dit, et au vu de la situation, Laurel ne fit aucune remarque et se contenta de ranger son instrument en faisant un signe d'accord de la tête.

Borcht suivit le groupe sans mot dire, il ne voulait pas s'immiscer dans l'altercation entre la prêtresse et la barbare. Au vue de leurs prouesses martiales, il ne voulait pas risquer de s'attirer leur courroux et risquer de se prendre un coup en retour. Il fit donc ce pour quoi il était formé, repérer les traces de magie et ainsi éviter au groupe d'éventuelles mauvaises surprises.