Le coup de Chorune aurait pu fracasser le crâne de n’importe quel adversaire, mais il manqua sa cible. Heureusement, l’elfe avait achevé le gobelin d’un de ses traits d’énergie.
Rageuse, la couturière tourna son arme vers le chien. Son coup, donné horizontalement au milieu de tout ce fatras d’herbes folles, manquait cependant de force. L’hideuse créature, qui ne ressemblait en rien à un chien normal, se jeta sur la gamine aux épaules larges, qui put l’éviter grâce à une protection sur son avant-bras.
Malheureusement, son arme était trop longue pour juste frapper la créature à côté d’elle. Chorune recula d’un pas, et abbatit son arme sur le chien gobelin.

Héléa observa la jeune fille s'en prendre au gobelin et la prêtresse se déplaça non loin d'elle, non pour s'occuper du gobelin mais voir si elle pouvait encore faire quelque chose pour le pauvre chien étendu non loin. Elle avait toujours aimé les chiens...

Il ne restait à priori que le chien gobelin qui se retrouvait enchevêtré. Aussi, l'elfe décida de mettre un terme à sa misérable vie. Impassible, Anuël marcha vers la zone où s'entortillaient les ronces, puis pointa sont doigt. En un instant un projectile lumineux en jaillit et s'abattit directement sur la bête.

Samuel ne tenait pas particulièrement à achever un chien gobelin sans véritable raison. C'étaient de sales bêtes, mais ça n'était pas une raison pour achever un adversaire sans défense ou presque. Il préféra donc rester en retrait, allant voir le monsieur qui avait été assailli.

« Chorune, montre-moi ta blessure. Personne d'autres n'est blessé? »

La jeune femme s'était tournée vers la blonde après avoir constaté la mort du chien, la Teigne de nouveau à ses cotés. C'est en s'occupant de regarder la plaie de la jeune femme qu'une voix fort peu agréable se fit entendre, à laquelle elle répondit:

« Non, c'est le vent. Nous, on s'est juste baigné dedans une fois fini...

A votre avis? »

Héléa était de mauvaise humeur. Elle n'avait pu sauver le chien, et maintenant voilà qu'un crétin arrivait sur les lieux d'un massacre et visant un groupe de gens dont certains couvert du sang des ennemis prend la peine de poser une question aussi stupide... Soupirant, elle releva la tête et accorda un sourire enjôleur au cousin de Chorune:

« Oui, ça peut aller, Vic. Merci. »

« C'est en effet nous. » insista Anuël. Encore sous le choc du combat qu'il venait de livrer. Les questions fusaient dans son esprit et il se demandait encore comment des gobelins avaient pu pénétrer dans une si charmante bourgade, pourtant bien gardée.

« Ces gobelins se sont invités au festival alors qu'ils n'y étaient pas les bienvenus. Nous leur avons montré les manières des gens civilisés. » renchérit l'elfe, sur un ton prétentieux.

Chorune fut soulagée de voir l’énorme chien sombrer sous ses coups et les éclairs qu’envoyait le magicien.
« Ca va, Héléa… Merci. Ce … monstre… ne m’a pas blessée, il a juste touché l’armure… »
Les effusions de Vic, vite reprises par le prévôt, et les remerciements d’Aldern, faisaient du bien. Cette fois-ci, Chorune n’avait pas laissé sa colère l’emporter sur sa raison. Merci, grand-père... et Sarenrae..., pensa-t'elle, comme une prière, attribuant cet auto-contrôle au souvenir du général.

Malgré ce, l’adolescente n’aurait su répondre à la question de Ciguë… Etait-ce vraiment elle, la pauvre couturière qui vivait à l’écart du village, qui avait participé à ces combats ? Drôles de sentiments mélangés, que ceux de la satisfaction du résultat, du dégout de soi, de la sensation d’avoir quand même fait ce qu’il fallait, et de l'impression de n'avoir pas été complètement consciente d'agir…

« Je m'appelle Martigan. Désolé pour Falgant. »

Samuel regardait la dépouille du chien d'un air désolé. Il était clair que pour lui les chiens étaient des proches comme n'importe quel humanoïde.

Il se tourba vers ses compagnons. Sa mine étaient grave mais ses yeux brillaient. Tout cela sentait l'aventure.

« Il faut trouver qui a envoyé ces gobelins. Un shaman ou un truc du genre. Ceux qui ne sont pas menés nese battent pas comme ça. »

La voix du petit bonhomme vibrait de détermination, et, malgré sa taille, il y avait quelque chose d'imposant en lui, comme une sorte d'aura héroïque.

« Samuel a raison... » renchérit Anuël, « Je vois mal comment des créatures aussi lâches auraient pu vouloir attaquer Pointsable sans qu'on ne les y ait poussés. Aussi, je crois à présent comprendre quelle était l'origine du feu de ce matin... »

Beorn rengaina sa hache et demeura silencieux. L'halfelin et l'elfe pouvaient bien ce rengorger quant à la facilité des combats et à la lâcheté de leurs opposants. Ce qu'il avait vu lui-même c'est qu'ils avaient toujours affronté ces gobelins en ayant l'avantage numérique de leur côté, et que ceux-ci n'avaient pas retraité pour autant : pour des gobelins, ceux-ci s'étaient bien battus. Cependant, il demeurait curieux quant aux intentions de leur chef : quelle raison pouvait expliquer le déploiement d'un aussi grand nombre de gobelins à Pointesable, et qui plus est en ce jour particulier. Il préféra néanmoins garder ses réflexions pour lui-même, histoire de laisser les autres célébrer la victoire l'esprit tranquille.