Ashley n’avait pas vraiment répondu à la question de Chorune concernant son état de voyageuse si jeune. Mais c’était compréhensible avec tous ces amis qui venaient d’arriver. Décidément, cette soirée était fort animée !
L’ambiance aidant, Chorune s’enivrait sans s’en rendre vraiment compte.
« Je vous présente Ashley… » commença la couturière. « Oui, c’est une robe. Hi hi ! Je suis belle, avec, hein ? Hey, Vic, tu te trouves entouré que de belles femmes, que va dire Esana ? Hi hi ! Et à ce sujet comment va le bébé ? »
Chorune vida son verre, et en commanda un autre, malgré les protestations de sa cousine. « Wouah, ce bin est très von… très bon. Vous devriez l’essayer. Oh, mais ! Il est pas encore viré, le tin qui kombera Torune ! le vin qui tombera Chorune. » dit-elle, bravache. « C’est quoi, ça, Nelcywian ? Hé, Mérisiel, tu devrais brendre un derre de pin, et bien rigoler. »
Entrainée par les chants du barde, Chorune dansait en rythme, assise sur sa chaise, insouciante, oubliant pour un temps tout ce qui la tracassait d'habitude.

« Esana? »

Héléa haussa un sourcil et tourna son regard vers Vic:

« Le bébé? »

Elle tendit la main vers la bouteille de vin devant Chorune et s'en servit un grand verre avant de le lamper cul sec.

Mérisiel attrape le cruchon de vin après qu'Héléa se soit servie,
et boit directement au goulot, finissant le cruchon cul sec
avant de conclure
« Comment peut-on refuser une candidature pour excès de performance ? »
Elle regarde (sans trop la voir) la tablée et ajoute :
« J'voulais me faire du fric, être garde de la ville, un petit poste normal, officiel, payé ...
Et je suis recalée ! Sous prétexte que je serais trop douée !
« De la Graine de Héros »
Vous comprenez ça, vous ?! »

Chorune eut une mine dépitée devant le cruchon vide. Ameiko étant appelée par ailleurs, et ne voulant pas se résoudre à attendre, Chorune se leva pour aller chercher du vin.
Se retenant un moment à la table, elle se souvint : « C'est vrai que la vaterne... taverne... d'Ameiko est zur un bateau. C'est pour ça que ça dangue... tangue. »

Elle fit quelques pas en direction du comptoir, puis, oubliant ce pour quoi elle s'était levée, se planta devant le barde trop mignon et se mît à danser langoureusement devant lui.

Devant la tendresse dont essayait de faire preuve la femme qui gesticulait à présent devant lui, Laurel cessa de jouer après avoir conclu son interprétation de "Ami Buvons !".
Apparemment Chorune a pris un peu trop au sérieux ma chanson. Il ne me reste plus qu'à trouver Ameiko afin de lui demander une chambre pour elle. De toute évidence la soirée de cette fille s'arrête ici. Après quoi je n'aurais plus qu'à jouer quelques morceaux et partir prendre un repos bien mérité.

Tout en l'aidant à marcher droit, il se dirigea vers le comptoir où il avait aperçu la tenancière il y a peu. Élevant un peu la voix en espérant se faire entendre il appela après son hôte. « Ameiko ! Il faudrait que tu me donnes une chambre pour Chorune s'il te plait. La pauvre risque de se réveiller avec une humeur affreuse demain. »

En attendant une réponse, Laurel commença à prêter attention aux phrases qu'on baragouinait à côté de lui. « Oui je sais que tu ne dois pas avoir envie de quitter la soirée maintenant, mais crois moi, cela vaut mieux pour toi. » Se retournant vers la tablée et se rappelant du fait que la plupart de ses amis, et elle même, avaient mis en déroute un raid gobelin à eux seul il ajouta : « Et aussi pour tout les tristes braves qui se seraient essayer à te courtiser. »

Sans compter que me voir ravir une telle fleur par un quelconque pochtron serait extrêmement déplaisant.

« Bah, c'est pas si grave que ça, Mérisiel. Attend un peu, fais toi bien voir et repose ta candidature. Je l'avais un peu mis de mauvais poil en essayant de le tuer mais c'était purement fortuit... »

La prêtresse eut un petit rire nerveux avant de voir Chorune s'adonner à son manège. D'instinct, elle porta le regard vers son cousin, se demandant si il allait faire quelque chose, mais n'attendit pas une réaction de sa part. Se levant, elle se dirigea vers la jeune femme et lui attrapa doucement le poignet:

« Chorune, ça suffit. Crois-moi, c'est pour ton bien... »

Portant son regard vers le barde avec le sourire qui disait "Je te vois venir à 10 kilomètres avec ta chambre pour qu'elle se repose et en profiter après", Héléa enchaîna en direction de la tenancière:

« Inutile de t'embêter avec ça, Ameiko. J'ai de la place dans ma chambre et au moins, là, je suis sure qu'aucun "gentilhomme" ne tentera quoi que ce soit... Chorune, tu veux bien venir? »

Laissant Chorune à son amie, Laurel éprouva tout de même le besoin de se justifier. Il ne pouvait décidément pas se laisser insulter de la sorte. Affichant un air sérieux, à la limite d'être grave, il s'adressa à Héléa. « Ma dame, je suis offensé par votre accusation. Je n'ai et n'ai eu aucune intention mal placée. Comme vous devez le constater, votre amie n'est plus très sobre, et le fait qu'elle vienne de la sorte contre un parfait inconnu me donne raison de façon indiscutable. Aussi, si vous aviez été plus prompte à réagir, je n'aurais pas eu à intervenir de la sorte. »

Laissant une pause, comme s'il lui avait adressé un reproche il continua : « Aussi, comme vous me voyez actuellement, j'exerce mon art, d'une manière plutôt réussie si j'en crois l'humeur de la taverne, et ce car je n'ai pas le sous et surtout parce que j'aime ce que je fais. Et jamais les cuisses d'une femme ne sauront me ravir à ma passion. » En faisant attention à ne pas parler trop fort cette fois ci, il s'approcha un peu plus d'Héléa afin de rester discret. « Et puis en toute franchise, votre Chorune, aussi mignonne soit-elle, se trouve bien loin de mes critères. J'avais d'autres idées quand à comment passer mes nuits que celles que vous vous êtes faites vous pouvez me croire. »

S'éloignant de nouveau en se dirigeant vers son violon posé à quelques mètres il conclu : « Si je n'ai pas encore fini de vous convaincre, sachez au moins que je ne suis pas sot. Je ne me mettrai jamais à dos tout un groupe que je compte côtoyer pour un long moment après aujourd'hui. Je ne sais pas si Béorn vous en a parler mais je viendrai moi même à la fin de la soirée ! »

Affichant de nouveau un large sourire, comme si rien ne lui avait vraiment porté préjudice, Laurel se prépara à chanter et sa voix vint de nouveau remplir la taverne.

Chorune n’avait pas vraiment envie d’aller se coucher, alors que l’on s’amusait tant dans la taverne. « Faudrait zavoir s’il faut que je me détende …ou pas, hein. Là, je me sens … détendue. » prononça-t’elle, la bouche pâteuse, le doigt levé. Elle ne s’adressait pas aux personnes qui lui avaient demandé de se détendre, mais cela ne semblait pas la déranger.
« Allons, buvons… » chanta-t’elle, sur l’air que le barde venait d’interpréter. Ne se souvenant plus de la suite des paroles, elle répéta une ou deux fois, concentrée : « Allons, buvons… »
Finalement, elle dut décréter que connaître la suite des paroles n’était pas si important, car elle passa à un autre sujet.
Surtout que le fait d’être – enfin – au comptoir lui rappela l’objectif qu’elle s’était donnée plus tôt : « … et vu din… du vin. Onana plus ! » demanda-t’elle.

En attendant qu’on lui réponde, elle regarda avec appétit les fesses de Laurel. Elle n’écouta pas ce qu’il racontait : Il parlait un peu trop, et était intéressée par d’autres choses. Puis elle s’approcha de l’oreille d’Héléa : « Il est mignon, hein. Tu crois que je lui plais ? Hi hi hi ! » lui chuchota-t’elle.

La prêtresse pouffa de rire et murmura elle aussi à l'oreille de la jeune femme:

« Vu qu'il dévisageait les fesses de Vic comme tu dévisages les siennes, je crains fort que tu ne sois pas son type. Navrée... Allez, viens, il faut que je te parle... Et j'ai du vin, là-haut... »

« Mais non ! Je … pas ses fesses. » protesta la blonde avec une mauvaise foi caractérisée. Voyant qu’Héléa n’en croyait pas un mot, elle expliqua : « Il… a un beau bandalon, c’est tout… Pantalon ! »
« Pfff. Avec Vic, ça marchera pas : Il est marié, alors. »
Le cerveau de Chorune, embrumé par l’alcool, mit un peu de temps à comprendre toutes les implications de la phrase d’Héléa.
« Bouhouhou ! Dès qu’il y a des beaux gars, c’est pas pour moi ! » pleurnicha-t’elle en s’affalant sur un tabouret. « Y a que les violeurs, que j’intéresse ! »
Dans l’esprit de Chorune, la bouteille de vin dans la chambre d’Héléa devint la seule issue à la situation. Surtout qu’Ameiko s’interdisait de servir encore la couturière. Chorune repéra l’escalier, se concentra sur cet objectif, et s’y dirigea en titubant. Elle grimpa les marches mécaniquement, avec une agilité qu’on ne lui aurait pas donné dans son état. Une fois en haut, elle tourna sur elle-même. Il y avait tant de portes ! Et elle ne savait pas laquelle elle devait ouvrir.
Elle s’approcha de la première venue. J’vais toutes les essayer, j’tomberai bien sur la bonne…

Marié. Vic était marié. Les mots de la blondinette eurent l'effet d'une douche froide sur Héléa. Son regard froid se posa sur Vic qui se levait pour partir en entrainant ses cousins. Elle laissa même filer le barde sans en venir aux mains avec lui:

« Plus tard. »

Rattrapant Chorune, elle opina aux propos d'Ameiko:

« N'hésitez pas à la laisser tomber, si elle gigote trop...ça lui fera un souvenir... »

Laurel accepta avec joie la proposition d'Ameiko. Lui qui n'avait plus grand chose dans sa bourse, se voir offrir le repas en échange de ses talents était la plus formidable des façons de passer sa vie. Si je n'étais qu'un simple barde, j'aurais pu me contenter de cette vie là. Avec une charmante femme à mes côtés je n'aurais pas à m'en faire d'avantage. Mais même s'il est vrai que celui qui ne fait rien n'échouera pas, il ne deviendra pas riche et connu pour autant.

Tout en jouant, Laurel commença à fantasmer sur ce que ses aventures pourraient lui réserver, car il ne fait aucun doute que ces héros ne refuseront pas sa proposition. Même si certains paraissent dubitatifs, visiblement il y en a aussi que ne rechignent pas devant des échanges de politesses musclées. Aussi, leur proposer défi, gloire et richesse devrait suffir à les convaincre.

Beorn dévisagea le barde d'un air lorsqu'il proposa de reconduire Chorune à une chambre. Il savait ce que ce genre de type avait en tête : profiter des jeunes femmes. Chorune faisait en quelque sorte partie du peuple qui l'avait recueillit après son amnésie; il était un peu de son devoir de la protéger. Il commençait à se lever...

Oh, toi là, tu vas goûter de ma hache.

... lorsque, par chance, Vic le retint juste au bon moment, lui montrant que Héléa s'approchait de Chorune pour prendre la relève. Avec un aire bourru, le druide se rassit et relâcha le manche de sa hache. Les paroles du barde n'eurent aucun effet : pour lui, il était coupable d'office (ça couche avec des jeunes femmes ivres, et après ça tente de se justifier en disant qu'elles étaient consentantes). Beorn retourna à sa tasse de thé, qu'il vida d'un trait. Normalement, il aurait dû se sentir détendu avec ce breuvage mais, en cet instant, il se demandait encore par quel miracle la tasse n'éclatait pas entre ses doigts.

Plus tard, Vic repartit avec d'autres membres de sa famille. Juste avant son départ, Beorn lui glissa :
« T'inquiète, on veille sur elle. Ce barde ne s'en rapprochera pas, parole de Shoanti. »

Ashley avait regardé la scène sans réagir. C'était à la fois inattendu et un brin marrant.
Elle se détendit face à la joie du groupe et rit avec eux.

Un grand sourire sur les lèvres, la prêtresse se rappelait avec extase le moment où elle-même avait subi cet affront de la part de son père. Elle opina du chef avec l'impatience d'un enfant:

« Oh que oui! »

Prenant énormément d'élan, Héléa assena un magnifique coup de louche dans un "Dong" magnifique suivi rapidement de plusieurs coups rapides, alternant gauche et droite pour finalement porter 3 grand coup sur les cotés de la pauvre victime(bien consentante par manque de réponse contraire):

« Allez, on s'lève!! »

Chorune ne résista pas beaucoup aux efforts combinés d’Ameiko et d’Héléa pour la coucher. S’endormant du sommeil agité de la femme qui a trop bu, elle dormit mal…

… et fut réveillée dès les premières heures du jour (donc plus tard que ses habitudes de fermière) par un tintamarre assourdissant et des coups portés à son flanc.
« Oh… M’enfin… » répondit-elle, sans assez de force pour se protéger des plaisirs sadiques de ses agresseuses, qu’elle venait de reconnaître.
Après une ultime tentative – ratée – de se protéger avec l’oreiller au-dessus des oreilles et la couverture enroulée autour d’elle, elle consentit à s’assoir au bord du lit. Elle s’aperçut alors qu’elle portait toujours la superbe robe achetée la veille.
« Bande de z’affreuse. » commença-t’elle par dire d’une voix pâteuse. « Vous trouvez ça drôle ? Pfff. » conclut-elle avec un bâillement à briser la mâchoire.
Oui. A voir leurs visages les deux femmes trouvait ça drôle. Pfff.

« Je suis où, là ? » demanda-t’elle, se tenant d’une main sa pauvre tête qui menaçait d’exploser alors qu’elle rabattait ses cheveux blonds en arrière de l’autre, pour faire venir de l’air frais.
« Y s’est passé quoi ? » Elle s’était levée de table pour aller chercher du vin, puis… plus rien.

« Rien, rien, promis. Même si je ne t'aurais pas pensé du genre à vouloir emmener les hommes en groupe avec toi dans la chambre... Je ne juge pas, hein. »

Héléa observa Chorune d'un air sérieux avant de légèrement pencher la tête sur le coté et de lui accorder un sourire léger:

« Ne t'en fais pas. Tout au plus as-tu aguiché le violonneux d'hier soir et dit quelques âneries. Rien de bien méchant... Tu aurais du me voir à ma première soirée avinée... Je crois que l'auberge a fermé après ça... Trop de travaux à faire, reconstruire était plus simple. »