Etre la terreur des gobelins paraissait aussi irréel que d’être l’héroïne de Pointesable à Chorune.
Ne comprenant toujours pas pourquoi la Maire de la ville les avaient fait venir, Chorune attendit la suite. Il était évident pour l’adolescente qu’aller voir ce que tramaient ces créatures malignes et désagréables serait l’apanage de gens responsables, comme Shalelu, par exemple.

« Hm, hm... Ca veut donc dire qu'acheter une maison à Pointesable en ce moment serait vraiment un très mauvaise idée, vu le voisinage qui risque d'être turbulent... Et bien, en tout cas, merci à vous de nous prévenir, madame...

Je vais plutôt attendre deux ou trois pillages, que le prix du terrain baisse... »

Héléa pouffa de rire à sa blague de très mauvais gout, avant d'ajouter:

« On parle de combien de gobelin, là? »

La Maire voulait leur demander un service. De rester en ville quelques jours de plus, en attendant le retour du Prévôt.
Chorune commençait à trouver ce travail plutôt ennuyeux. Mais il était très bien payé. Du moins espérait-elle une rémunération équivalente à celle qu’elle avait déjà reçue. Avec ça, je pourrai m’acheter une épée encore mieux… se dit-elle. Et puis, défendre Pointesable, mon grand-père aurait été d’accord. Il l’a fait, en son temps…
« Je veux bien. »

Les informations parviennent au compte-goutte jusqu'aux méninges de Mérisiel ...
« Si toutes les tribus s'allient il faudra compter entre 200 et 300 gobelins ... »
« Le prévôt Ciguë, Samuel et Anuël partent pour Magnimar ce soir ... »
« Le jeune Camovar prendra la tête de la caserne pendant ce temps. »
La maire demande d'une voix suppliante aux autres membres du groupe : « Puis-je espérer votre soutien le temps que Bélor revienne avec de l'aide ? »

« Vous pouvez compter sur mon aide ! » lance alors Mérisiel avant d'ajouter entre ses dents « du moins autant que je puisse aider, je ne me sens pas hyper opérationnelle en ce moment .... »

« Notre soutien? C'est à dire? Rester en ville et parader ou envisager quelque chose de plus... actif? »

Se tournant vers Cigüe, elle demanda:

« De combien de temps on parle, là, avant votre retour? »

« Madame la maire, quelle est notre marge de manœuvre, dans les jours à venir? »

Se tournant vers Cigüe, elle demanda:

« Trois jours aller-retour? Y allez-vous seul ou emmenez-vous des hommes avec vous? De combien d'hommes dispose la garde en ville? Combien de gobelins ont pu rentrer en ville dans la dernière attaque? »

Héléa avait l'air sérieuse, chose étonnante comparée à d'habitude...

« Je ne parle pas de gobelins planqués, Ciguë. Je parle du fait que l'attaque qu'on a subi pouvait servir à acquérir des renseignements sur les défenses de la ville en vue d'une plus grosse attaque.

Combien de membres inactifs de la garde pourraient être appelé en cas de besoin? »

Se tournant vers la mairesse, la prêtresse enchaîna:

« Rien, rien... Vous savez, chassez le naturel, il revient au galop... Je suis une prêtresse de Gorum. La guerre est mon art et ma passion... Donc je préfère envisager toutes les éventualités quand un nombre important d'ennemis potentiels se regroupent dans un objectif inconnu... Je pensais à quelques petites choses mais ce n'est ni l'heure ni le moment d'en parler. J'en discuterai avec Vic qui me dira ce qui est déjà en place...

Désolée. Non, vraiment... C'est juste que... Ahem... Non, rien... »

Un grand sourire trahissait l'excitation d'Héléa.

« Des gobelins ont surement pu fuir, vu qu'ils ont emmenés un corps. Ou bien le fameux longue jambe est venu en personne... »

Laissant le prevot partir, la pretresse se tourna vers le halfelin:
« Ahem... Anuel est... Occupé. Je crois. Avec Ameiko... »

Samuel avait l'air jeune, trop jeune parfois, pour connaitre les choses de la vie, aussi Helea etait ennuyée et ne savait pas comment formuler que le mage et la tenanciere n'etait surement pas monté a l'etage pour enfiler des perles.

Chorune comprenait que l’heure était grave. Cinquante soldats, une cinquantaine de plus potentiels, contre deux ou trois cents gobelins ? Le compte n’était pas en faveur des habitants de Pointesable.
En tout cas, il valait mieux pour sa mère habiter en ville quelques temps. Il allait falloir y amener les animaux, si c’était possible.

En sortant de la Mairie de Pointesable, Chorune se sépara de ses compagnons. « Je vais avertir ma mère et ma famille qu’il faut qu’ils restent dans le village… » Certainement que Vic les aurait averti, mais comme il avait beaucoup de travail, Chorune préférait s’assurer que sa mère ne risquerait rien.
La jeune femme se rendit donc chez son oncle.

« Celle la... Ah, Shalelu... »

Se dirigeant vers la table, elle commanda de l'eau et des fruits sec. Une fois installée, elle demanda a la rodeuse:

« Si les gobelins décidaient d'attaquer, ils leur faudraient combien de temps pour arriver a la bordure de la ville? »

Mérisiel commençait à se demander dans quelle mesure cette taverne n'était pas l'annexe de la salle de garde ...
à moins que quelque chose ne lui ait échappé ...
En tout cas, personne ne lui avait parlé de son casernement ni de sa solde ...
et elle chercha du regard Vic, qui l'avait introduite jusque là ...
tout en maintenant ses oreilles aussi ouvertes que possible ...

Ce fut la première fois que Laurel supporta l'étreinte, même amicale, d'un autre homme. A sa grande joie, il pu confirmer ce qu'il savait jusque là.
Il n'y a bien que la peau d'une douce qui me plaise. Je ne comprends pas quelle satisfaction les gens peuvent bien trouver à de tels gestes amicaux d'ailleurs.

La surprise passée, il essaya de se remémorer tout ce qu'il venait d'apprendre sur une éventuelle invasion gobeline.
« Trois cents gobelins qui d'habitude se battent entre eux, regroupés et coordonnés sous une seule bannière. S'ils venaient à affluer sur Pointesable ou tout autre village, il est certain que les dommages seraient sérieux.
J'ai entendu Samuel et Anuël dire que d'habitude, ils se font la guerre, et qu'un gobelin a réussi à tous les réunir. Il ne fais aucun doute que si ce Un venait à disparaître, ils se retourneraient tous les uns contre les autres.
Comme vous le savez surement, je ne suis pas d'ici, et je ne connais pas le point de vue des habitants sur ces créatures, mais si leur présence n'inspire que mépris, avec assez d'hommes prenant part à la cohue qui les frappera lorsqu'ils auront perdu leur chef, il est possible que nous réglions définitivement la menace qu'ils représentent. »

Le barde pris une pause pour réfléchir à ses propos.
« Est ce que quelqu'un ici auraient des informations, ou saurait comment les obtenir, concernant les us et coutumes des gobelins ? »

« Les « Saletés de Grandes Guibolles », il se trouve que c'est nous autres ... » dit Mérisiel en embrassant la tablée d'un geste accompagnant la dernière partie de son affirmation. « Ce raid semblé destiné à ... un cimetière ou un truc comme ça, je n'ai pas tout suivi et il semble qu'ils n'aient pas pu accomplir ce pour quoi ils étaient venus. Et on ne sait pas non plus combien de fuyards survivants ont pu échapper au nettoyage imposé par leur agressivité envers les citoyens d'ici.
Quelqu'un pourrait peut-être compléter ... Je ne suis pas au mieux de ma forme ... »