« Je suis bien au courant de la situation. » J'étais là aussi quand Aldern s'est présenté et que Mérisiel a soulevé le problème. « Mais je pense à plus tard. Une fois que ce problème sera réglé, une fois que nombre de problèmes seront réglés en fait. »

« Que je me rappelle, tu n'étais pas avec nous quand la mairesse a donné ses consignes. Donc, tu ne peux pas être au courant de la situation comme tu dis, à moins qu'un des autres ne soit venu tout raconter... Mais après, on va dire que je chipote parce que je ne t'aime pas, moi... »

La prêtresse soupira. Le barde lui tapait sur le système, tout en elle lui hurlait de le frapper une petite dizaine de fois pour le faire taire et lui faire passer son obséquiosité, sa langue de bois et son coté pompeux. Aussi s'accorda-t'elle un sourire en ajoutant:

« Mais je t'en prie, continue à parler... »

Donne moi une bonne raison de te faire taire...

Un air fatigué passa sur le visage du barde qui ne put s'empêcher de souffler. Il passa sa lagnue sur ses dents puis parla.

« Pourquoi m'avoir demandé de venir m'exprimer si c'est pour détourner tout ce que je dis et chercher la moindre erreur dans mes propos pour me causer du tord ? Je suis au courant de la situation car quand Aldern et venu nous... vous chercher, Chorune et Mérisiel ont souligné le fait qu'elles ne pouvaient pas quitter la ville sans autorisation préalable de la mairesse. »
« Et ceci étant dit, j'attends maintenant de savoir ce que vous en pensez, notamment de ma participation future à VOS aventures. »

« Te causer du tort? Mais bien sur, votre seigneurie, je n'ai rien de mieux à faire que de chercher à vous causer du tort! Je m'en vais d'ailleurs désormais vanter vos pathétiques performances sexuelles à toute l'assemblée, histoire de vous causer plus de tort... »

Héléa pouffa de rire:

« Tu t'écoutes parler de temps en temps? Redescend de ton piédestal une seconde, tu n'es pas sur la scène d'un grand opéra en train de t'adresser à un public de riches seigneurs et nobles dames. Là, ici, maintenant, tu es avec une couturière qui manque terriblement de gout en matière d'hommes, un garde-forestier amateur de thé, deux filles muettes à l'air un peu louche et une prêtresse tout ce qu'il y a de plus respectable et pleine de dignité... D'accord, d'accord, elle a encore bien plus de qualités que ça mais nous ne sommes pas là pour faire son éloge donc...

Lâche toi un peu, Laurel. Personne ne va te faire la leçon si tu ne parles pas comme on le fait dans la haute-cour de Trouduculdenobleville. Tu veux faire un bout de route avec des gens? Tu as juste à le demander, simplement. »

« Avant tout chose, il y a un point sur lequel je me dois de réagir. » Le visage de Laurel affichait désormais un air amusé. Il començait à comprendre Héléa, même s'il était loin d'adhérer à ses idées.
De plus, l'intervention d'Ameiko lui permit de se recentrer. Dans le pire des cas, la seule chose qu'il risquait serait de devoir trouver d'autres personnes. « Aucune femme ne s'est jamais plaint de ma compagnie à la nuit tombée. Aucune. Et je ne laisserai personne ternir cette réputation. » Même s'il est vrai que découcher avant leur réveil ne les enchante pas toutes.

« Ceci étant dit je ne pensais pas en avoir trop fait, aussi je vais recommencer. J'ai besoin de gens pour m'accompagner à l'extérieur des terres dites civilisées. Et j'aimerai, pour la plupart d'entre vous, que vous soyez ces personnes. Est ce que cela intéresse quelqu'un ? »

Chorune protesta : « Comment ça, un manque de gout dans le choix des hommes ? »
De toute façon, à part des violeurs, qui j’attire, moi, hein ?
Quelques idées noires revenaient dans l’esprit de la couturière.

« Laurel… c’est gentil de penser à moi… mais je suis très occupée, tu vois. Entre les bêtes et les habits à faire, je n’ai plus beaucoup de temps pour voyager… »
En plus, ce prétentieux vient de se vanter d’être un coureur de jupon émérite. Pfff.
Et pis, ce qu’il me faut, c’est un homme costaud qui sache manœuvre la Gertrude quand elle est en colère. Elle tenta de s’imaginer Laurel face à la vache capricieuse, et soupira en secouant la tête. Et peut-être capable de me calmer moi. pensa-t'elle, une larme à l'oeil.

Héléa avait peut-être raison sur cette histoire de manque de gout.

Héléa hésita un instant mais l'occasion était trop belle. Aussi répondit-elle sournoisement au barde:

« Les chêvres se plaignent rarement, tu sais... Donc on peut pas vraiment dire que ton argument soit vraiment valide! »

Eclatant de rire, elle tourna son regard vers Chorune:

« Oh, je te taquine, blondinette. T'as laaaargement le temps de te faire tes propres goûts en matière d'hommes... Mais essaye d'en choisir un bien costaud, histoire que t'aies pas peur de le casser quand y'auras de "l'action"... »

La prêtresse pouffa de rire avant d'ajouter:

« Il n'empêche que Chorune a raison. On a du boulot... Mérisiel vient de se faire embaucher par la garde, Chorune a surement un travail ou un apprentissage à finir, je suis aux ordres de mon supérieur de paternel et suis confinée en ville jusqu'à nouvel ordre...

Faudrait trouver une bonne raison pour qu'on ait à bouger de la ville, si tu vois ce que je veux dire... Maintenant, ce que je peux te dire, c'est que la mairesse attend le rapport d'une éclaireuse sur l'attaque des gobelins. Qui sait, peut-être que ça mettra un peu de piment dans toute cette histoire et qu'il y aura besoin de volontaires... J'peux rien t'promettre mais on sait jamais...

Et toi, Ashley, tu en dis quoi des projets de Laurel? »

Chorune rougit légèrement lorsqu’Héléa parla d’hommes et « d’actions », puis se replongea dans son jus de cerise. Elle n’était pas intéressée par la proposition de Laurel, et écoutait ce que les autres avaient à en dire d’une oreille distraite.
Et ces histoires de Maire qui pourraient avoir besoin de volontaires pour elle ne savait quoi n’avait pas l’air de bien la concerner.

La pretresse eclata de rire en voyant Ameiko et Anauel puis vit Cigue arriver, avertissant ses camarades:

« Vu sa tête, soit on a pissé dans sa soupe, soit il ya du nouveau et pas du bon... »

Helea observa l'arrivee du prevot avec sérieux. L'homme n'avait pas l'air du genre à venir batifoler dans ce genre d'endroit...

Cigue était entré dans la taverne avec une mine qui tranchait avec l’ambiance joyeuse qui y régnait. De plus, de mémoire, Chorune n’était pas certaine d’avoir déjà vu le prévôt dans une quelconque taverne. L’heure devait être grave.
« Ouais. Doit pas avoir que de bonnes nouvelles… »
A la surprise de Chorune, celui-ci se dirigea vers leur table. Il… a quelque chose à dire… à nous ?
L’adolescente décida de briser le silence.
« Que ce passe-t’il, monsieur le prévôt ? »

« Bonsoir, Shalelu... Je vais finir par croire qu'il y a plus de membres non officiels que d'officiels, à ce rythme... »

Se tournant vers la mairesse, Héléa demanda:

« Non pas que je n'apprécie pas qu'on vienne me chercher en plein milieu de la soirée, serait-il possible d'aller droit au but sur la raison de notre convocation? »

Le prévôt n’avait pas voulu répondre à Chorune de suite, et avait préféré laisser la Maire leur exposer la situation.
Chorune ne connaissait pas cette Shalelu. « Membre non officiel… ». Faudra que je demande à Vic s’il la connait…
L’adolescente attendit impatiemment la suite. Et pourquoi ils veulent nous parler ? Qu’est-ce qu’on a fait ?

Mérisiel essaya de rassembler ses idées pour comprendre ce qu'elle faisait dans cette galère ...
L'épisode du sanglier n'étant pas vraiment digéré, elle commença à douter de ses capacités ...
Dans le doute, elle écouta ... en priant pour qu'il s'agisse d'une mission simple ...

« Voilà effectivement ce qui ressemble fort à une mauvaise nouvelle » soupire Mérisiel

J'espère que ce mage ne lui mettra pas des étoiles dans les yeux, il manquerai plus que je me fasse doubler par un quelconque aventurier.
Il se reprocha d'avoir penser ainsi. Ameiko peut bien faire ce qu'elle veut en fait, je suis surement le plus mal placé pour faire un reproche de ce genre à qui que ce soit.
Cette dernière phrase le fit rire si bien que ceux qui l'aperçurent devaient se demander ce qu'ils auraient pu rater qui soit si drôle.

Décidément, Laurel n'avait plus grand chose à faire. Et se trouver loin de la maladresse de Chorune et du tempérament houleux d'Héléa lui donnait l'impression de ne pas vraiment vivre sa vie.
La solitude n'est pas pour toi bel homme. Regarde toi assis à cette table avec pour seule compagnie une enfant, et discrète qui plus est.
Le barde se leva alors de sa chaise, bu cul-sec la fin de sa bière et parti rapidement dans sa chambre pour revenir en salle avec son violon.

C'est parti pour un peu de divertissement, et il y aura peut-être une jouvencelle qui se plaindra de la froideur de la nuit.
« Mesdames et Messieurs. Pour chasser cette ambiance trop silencieuse et calme à mon goût, je vous propose à tous une danse. »
S'adressant à un groupe d'homme assez costaud « Mes braves, voudriez-vous bien pousser quelques unes des tables au centre afin de faire de la place. Merci beaucoup. »
Tout en finissant de s'adresser aux trois badauds, il commença à jouer du violon sur un air gai et entrainant.