En voyant qu'Héléa était menacée par une gobelin, Anuël s'avança de quelques pas, puis pointa sa main, la paume plate, vers le gobelin. Un missile d'énergie violacée quitta alors le bout des doigts de l'évocateur, puis contourna agilement la cohue de la mêlée pour terminer sa course sur le gobelin qui s'attaquait à la femme.

Samuel, son adversaire tué par Héléa, talonna Bucépholle tout en dégainant à nouveau son arc, et décocha une flèche sur un gobelin se tenant encore à l'écart de la mêlée.

« La Teigne, à toi. »

Le chien s'élança en avant, se jetant sur le gobelin vindicatif qui avait voulu s'en prendre à la prêtresse, pendant que sa maîtresse frappait dans sa direction.

Samuel, le petit homme, venait de se faire frapper par l'une de ces créatures veules et lâches, qui l'attaquaient par tous les côtés !
Il y eut comme une digue qui lâcha dans l'esprit de Chorune, horrifiée par la vue du sang sur son ami. Son cœur se mit à battre plus vite, alors que son sang brûlait sa peau, gonflant ses muscles. Ho non ! Pas encore! pensait-elle, ressentant en même temps un sentiment contradictoire d’exultation, de libération.
Dans un rugissement sourd, la jeune adolescente au visage déformé par la colère fonça vers la source de son ire, l'épée bien haute.

Beorn chargea vers un second gobelin, levant sa hache pour l'entailler de toute sa force.

Ces créatures sont vraiment plus coriaces que je l'aurais pensé! pensa Anuël.

Aussi, le mage tenta une autre de ses attaques magiques. Il répéta l'opération qu'il avait fait quelques instants auparavant et envoya un autre projectile de force sur le gobelin qui venait de blesser Beorn.

« Ça devrait aller. »

Héléa observa le chien allongé à ses pieds et, rapidement, incanta quelque chose et le toucha. Elle ne savait pas si il était mort mais dans le doute, elle devait faire quelque chose. Elle avait toujours aimé les chiens. Se tournant vers les autres, elle demanda:

« Besoin de mes services? »

Tendant l'oreille, elle jeta un œil vers la Teigne, celui-ci restait campé sur ses pattes à l'affût. D'autres gobelins se trouvaient surement aux environs...

Anuël s'était sortit indemne de ce combat. Aussi répondit-il à l'elfe par la négative.

« Moi ça va, mais vous devriez vous occuper des autres... Je crois que Beorn a reçu un coup d'épée. » dit l'elfe, alors qu'il tentait toujours de voir s'ils s'étaient débarrassés de tous les gobelins.

Chorune vit devant elle le gobelin qu'elle souhaitait mettre à mort tué par le chien et le petit hobbit. Rouge de colère contre cette issue imprévue, elle se retourna, agressive, vers celui même qu'elle venait secourir. Celui-ci lui avait enlevé SA victime !
L'adolescente écarquilla subitement les yeux, surprise par sa propre réaction. Son esprit était tiraillé entre la déception d'avoir raté son coup, le soulagement que le combat se soit terminé sans encombres, et l'horreur de ses propres réactions anormales.

Epuisée, honteuse de ce que les gens avaient pu voir d'elle, Chorune tomba à genoux, les larmes aux yeux.
Mais déjà ses sens en alerte percevaient l'agitation alentour...

Au cours du combat, Beorn n'avait reçu qu'une petite entaille; de ce qu'il se souvenait de sa vie, il avait déjà connu pire. Il n'était pas un vrai combattant, pas au même titre qu'un guerrier. Aucun entrainement, juste un peu de pratique. Et bien qu'il ne soit pas trop prompt à la violence, lui qui aimait vivre une vie tranquille, il savait reconnaître qu'en certaines situations le combat était inévitable. Aussi, lorsque Vic leur demanda de s'occuper des gobelins qui jouaient avec des feu d'artifice, le nain répondit à l'appel pour s'occuper de ces créatures.

« La Teigne, tu le surveilles. »

La prêtresse cria bien fort en voyant les personnes affluer dans leur direction

« Que les blessés se regroupent autour de moi! »

Joignant les mains, la prêtresse commença à invoquer la puissance de Gorum:

« Gorum, Notre Seigneur du Fer, que les plaies soient refermées et les blessures guéries. J'en appelle à ta clémence pour ceux qui les subissent et à ta colère pour ceux qui les infligent. »

Des vagues de lumières émanèrent de la prêtresse, guérissant tout ceux qui l'entouraient, avant qu'elle n'attrape la poignée de son arme:

« Nous ne reculerons pas. »

Lorsque les feux d'artifice se mirent à exploser, Anuël comprit qu'ils n'en avaient pas fini avec les gobelins. Aussi, se retourna-t-il d'un bond pour regarder au bout de la rue. Les silhouettes de ces petits airs mesquins trahissaient leur présence et l'elfe sentit qu'il aurait rapidement à faire à eux.

« Là bas! » s'écria alors le magicien, tout en pointant les gobelins qui avaient mis le feu au dépôt de feux d'artifices.

Samuel eut à peine le temps de grogner de douleur et de porter une main à sa plaie, que d'autres gobelins étaient en vue, cette fois-ci armés de torches.

« Tous aux abris ! »

Puis il talonna Bucépholle, à l'avant des gobelins, tout en décochant une nouvelle flèche. Ça n'allait pas se passer comme ça, ah mais !

Se reprenant, la jeune fille releva la tête. Vic a besoin de moi...

Chorune se releva, plus en forme qu'il y a quelques instants. Elle devait se battre, protéger les habitants de Pointesable de ces horribles créatures malfaisantes. Elle était en armure, elle avait ses armes, pas eux !
Étrangement, le fait que le combat ne soit pas fini la revigorait.
« Vic, mènes-les au Sud ! »

A la fois apeurée des risques qu'elle prenait, décidée à faire son devoir, et heureuse d'être là, Chorune serra ses deux mains autour de la garde de son épée à en faire blanchir ses articulations.
Plissant les yeux pour évaluer la situation, elle énuméra les personnes autour d'elle prêtes à en découdre. Le nain qui parle shoanti, la prêtresse de Gorum – Évidemment ! -, le magicien elfe... et ce satané hobit qui me vole mes proies.