Chorune applaudit en entendant Laurel jouer du violon, et calmer par la même occasion le cheval. « Bravo ! Hi hi hi ! C’est plus efficace que de tenter de le maintenir. »
Qu’est-ce qu’il est chou ! pensa-t'elle malgré la criticité de la situation pour Mérisiel.

L’adolescente aida le druide à construire le hamac de fortune, puis revint vers le village avec les autres. « Finalement, nous n'avons rien à rapporter de notre chasse... Et Mérisiel est blessée. »
Le constat était cuisant : Cette chasse était un échec.

« Il faudrait retrouver Héléa » proposa Chorune, « Elle saura certainement quoi faire pour remonter Mérisiel : C'est une prêtresse. »
Bon... une prêtresse de Gorum, le dieu de la destruction. Mais ça ne voulait rien dire : Certains prêtres de Gorum étaient gentils, aussi.

Le mieux pour retrouver Héléa était de se rendre à l’auberge du Dragon Rouillé. La jeune femme y avait sa chambre, c’est là à priori qu’ils auraient le plus de chance de la trouver.
Chorune dirigea donc le groupe dans cette direction.

« Quoi??? »

Se levant prestement, elle demanda:

« Qu'est-ce qui s'est passé? Allez, bouge toi, fillette, mène moi à elle... »

« Comment ça, fillette ? J’ai seize ans, quand même ! »
Mais il n’était pas temps de discuter. Aussi Chorune conduisit Héléa à l’extérieur le plus vite possible, où la prêtresse put « admirer » l’étendue de leur réussite à la chasse : Entre deux chevaux, un brancard avait été installé. Mérisiel y gisait, sans vie. Tous les « chasseurs » faisaient une tête d’enterrement. Il ne manquait qu’une ode funèbre jouée par le barde pour parfaire l’image.

« Seize ans? Dit comme ça, on dirait pas. »

Suivant la blonde, elle se retrouva a l'extérieur devant le corps alité de Mérisiel:

« Le principe de la chasse, c'est de chasser un animal sauvage, pas l'un des chasseurs... Qu'est-ce qu'il s'est passé, Beorn? »

Posant ses mains sur le corps de l'elfe, Héléa psalmodia pendant que les blessures se refermaient, attendant de pied ferme des explications sur un tel échec...

La shoanti répondit à la place du nain.
« Ben… Un sanglier l’a chargé. Son cheval a été blessé. Je suis venu à son secours. Mais Mérisiel a fait des mouvements avec son arc, et le sanglier l’a frappé par en dessous. Il s’est ensuite enfui parce que je l'avais blessé à mon tour. »
Donc pas de quoi manger, et Mérisiel à terre. Pas la peine de faire un dessin plus complet à Héléa. La fierté n'était pas le sentiment qui dominait leurs esprits, en ce moment.

« Tout ça pour ça... »

Se relevant, la prêtresse epousseta son pantalon avant d'ajouter:

« Bah, c'est pas grave, personne est mort de votre coté. Maintenant, si vous avez plus besoin de mes services... »

Retournant sur ses pas, Héléa se dirigea donc vers la taverne

Voyant Héléa s'éloigner, Laurel s'adressa à Chorune avec un regard étonné.
« Elle est toujours comme ça ? Je veux dire, je pensais que vous étiez amis. »

Chorune haussa les épaules. « En fait, je ne la connais pas tant que ça. Tu sais, les héros, ça s’engueule, ça se réconcilie, tout ça… » fit-elle, comme si elle savait de quoi elle parlait.

Ce qui préoccupait le plus Chorune, c’était le sous-entendu d’Héléa. « Personne n’est mort de votre côté ». Aussi la jeune fille de seiza ans (quand même) poursuivit la prêtresse. « Il s’est passé quelque chose, ici ? »

« Hein, quoi? Ah, oui, un gobelin qui s'en est pris à une famille. Coup de chance, y'en avait qu'un et je suis intervenue à temps pour sauver ce qui pouvait l'être, on ne déplore qu'un chien mort, encore et une grosse frayeur pour le père de famille passé à deux doigts de laisser une veuve et deux orphelins... Mais si il y en avait eu plus, le bilan aurait été plus lourd... »

Attrapant son gobelet de vin, elle le vida d'un trait avant d'ajouter:

« Allez, c'est pas grave, venez prendre un verre... Et amenez Mérisiel, elle va avoir soif. Et faim... »

« ouais, les autorités compétentes et ceux qui ont été designé pour le faire... donc pas toi. Et en quoi ça te regarde? Tu cherches encore une opportunité de t'incruster quelque part? »

La prêtresse ricana avant de vider son verre.

« Écoutes, maintenant ça suffit. »
Il regarda la prêtresse dans les yeux sans ciller du regard. Non pas qu'il venait d'accepter la mort comme une fatalité, mais il ne se laisserai pas trainer dans la boue. Qu'il soit renié ou non, il reste tout de même un Eksos et il avait visiblement hérité de la fierté propre aux hommes de sa famille.
« Je ne sais pas pourquoi tu ne m'apprécies pas, et en toute franchise, je m'en moque éperdument. Si tu ne veux rien avoir affaire avec moi libre à toi mais dans ce cas je te prierai de bien vouloir garder tes sarcasmes. » Il appuya ses paroles avec des gestes vifs qui traduisaient parfaitement son agacement.
« Et surtout, surtout, je ne vois pas pourquoi j'aurais besoin de ton autorisation pour aider des villageois. » Il failli dire que ce comportement était l'apanage d'un milicien corrompu, mais la brise qui venait de lui souffler au visage le ramena à lui et il pu se souvenir qu'il n'était pas homme à se chamailler en pleine rue.

Si quelqu'un ignorait encore que Laurel était arrivé en ville, ce n'était plus le cas. Ayant parlé plus fort que ce qu'il aurait voulu, son teint avait viré au rouge et il se sentit légèrement essoufflé.
Son calme revenu, il inspecta de nouveau Héléa et tous aurait pu le voir pâlir si son sang ne lui était pas monté à la tête.

« C'est peut-être là le problème, Joséphine. Tu t'incrustes avec des gens dont tu te moques pour obtenir ce que tu veux... »

Se balançant sur sa chaise, la jeune femme leva la main:

« Mais que tu le veuilles ou non, je vais t'éclairer plutôt que de te clouer sur place, par respect pour Ameiko et l'accueil qu'elle nous accorde en ces lieux...

Premièrement, donc. »

Héléa leva un doigt:

« Que je ne me trompe mais à ma connaissance, t'étais pas là hier à sauver les miches d'Aldern pendant l'attaque des gobelins et pourtant, ce matin, quand il est venu nous proposer de nous inviter à chasser pour nous remercier, tu t'es posé comme une fleur et sans même demander la permission ou même si ça nous dérangeait, tu t'es incrusté... Tu es un opportuniste et c'est une chose que je n'aime pas... »

Levant un deuxième doigt, après avoir bu une gorgée de son vin, elle enchaîna:

« Deuxième point... Fameux, ce vin, Ameiko... Tu te soucies vraiment du bien-être de la populace? Tu étais où ce matin? A la chasse pendant que JE me coltinais un gobelin, à une chasse où quelqu'un qui est vraiment intervenu hier pour sauver des gens a failli claquer et vous êtes venus me chercher pour rattraper vos boulettes. Et là, tu viens me faire la leçon sur ce que je peux te dire ou non? »

Reposant son verre et se redressant au dessus de la table, appuyée sur ses poings fermé et son visage proche de celui du barde, c'était un regard froid qui plongeait dans celui de Laurel:

« Donc je te conseille simplement de choisir correctement tes mots, à l'avenir, si tu es dans la même pièce que moi. Tu restes en vie parce que Chorune t'apprécies et que je m'en voudrais de t'éparpiller à travers l'auberge... Déjà parce que ça ferait fuir la clientèle de l'établissement, que je m'en mettrais partout et surtout, qu'Ameiko me forcerait à nettoyer derrière et que tu n'en vaux même pas la peine... »

Se rasseyant, elle se servit un autre verre avant de le vider cul-sec et d'ajouter d'un ton rieur:

« Tu as quelque chose à ajouter, Joséphine? »

« Pour répondre directement à vos dires et lever toute ambiguïté. Oui, j'ai quelque chose à vous demander ; mais je ne me qualifierai pas d'opportuniste pour autant. J'aime la compagnie, j'aime la chasse, je me trouvais à la même table que tout le monde et lorsque Aldern s'est présenté il m'a salué tout autant que les autres. Aussi, je me suis naturellement senti inclus dans la question, sentiment qui se trouve d'après moi justifié sachant que personne n'a eu d'objection à ma venue. » Laurel avait définitivement retrouvé son calme. Et cette dernière phrase le montrait bien.
Cherchant à présent ses mots, son air se fit plus grave. « Pour ce qui est d'aider son prochain, je trouve ça assez maladroit comme reproche. Je n'étais pas là ce matin, c'est vrai. Je n'affiche pas la même carrure que vous et pendant un combat c'est surement la peur qui est la plus présente à mes côtés. Mais cela ne changera rien au fait que si j'avais été là avec mon arc dans mon dos, ce gobelin aurait eu à craindre mes flèches en plus de votre lame. Seulement cette attaque n'était pas de ma volonté, comme les autres problèmes qui sévissent sur le monde d'ailleurs et même si une mort m'attriste, je ne vais surement pas m'en sentir coupable pour autant. Et seul un hypocrite pourrait affirmer que cela fait de moi un monstre, car en ce moment même des guerres font rage, assez loin pour que leurs enjeux ne nous atteignent jamais, certes, mais les vies qui y sont prises ont autant de valeur que les autres et pourtant personne ici ne blâmera qui que ce soit de ne pas y être intervenu.
En attendant, j'étais à une chasse où une personne a failli perdre la vie fasse à un sanglier. Et j'aime me dire que la flèche qui s'est plantée dans la bête a peut-être suffit à la faire fuir contribuant ainsi à sauver quelqu'un. Tout comme les coups de Béorn, Chorune et Ashley. »

« Maintenant, » dit-il « je m'excuse le plus humblement du monde si mon comportement a pu vous froisser. » En même temps qu'il parlait, il s'inclina devant Héléa. Son geste ne dégageait rien d'autre que de la sincérité. En ce redressant, il attendit de voir la réaction de la prêtresse avant de continuer.