Melwyn était comme à son habitude, une vraie ombre. Il se baladait sans se faire remarquer, parfaitement silencieux. C’était un exercice naturel pour lui.
Duncan quant à lui, avait du mal à suivre la cadence. Pour essayer d’être ne serait-ce qu’un petit peu discret, il devait fournir un effort considérable. Il fallait bien se rendre à l’évidence, la furtivité, ce n’était pas son truc.

Le petit groupe arriva à la taverne de la Tarasque Asthmatique et comme convenu, les Corbrays étaient là.

Avant d'entrer dans la taverne, Duncan donna quelques instructions au "beau gosse" avec trois piécettes :
« Tu rentres à l'intérieur un peu avant nous et tu te mets dans un coin. Tu gardes un oeil sur la famille de ma femme et en particulier sur mon Corwin : il a bien poussé depuis son dernier passage à Castelune.
Nous allons ensuite sur le port trouver les vaisseaux de Boragon de Folrieu. En cas d'imprévu, tu devrais nous trouver la bas. Sinon, préviens mon frère ou mon cousin à notre hôtel.

Consommes avec modération ! »

Il laissa William entrer en premier puis s'approcha de Lyonel Corbray et lui déclara à voix basse :
« Je n'ai pas encore pu consulter mon frère. Je vais voir si l'on peut vous ramener au Val.
William -l'homme qui vient de s'asseoir à la table à gauche -restera ici. Il pourra servir de messager si besoin.

Je repasse tout à l'heure : je dois chercher un transport. »

Les ordres de Duncan était simple et précis, le "beau gosse" comme on l’appelait acquiesça, c’était un homme de confiance, il ferait ce qu’on lui avait ordonné. Il pris position dans la taverne comme demandé, il commanda une pinte de bière qu’il ne commença pas.

Lord Lyonel Corbray fit un grimace et regarda l’homme que Duncan avait placé dans la taverne.

« Il est facheux que vous n’ayez put contacter Lord Alrick, mais je peux comprendre qu’il a d’autre priorité…
Faite ce que vous avez à faire, nous attendrons ici. »

Duncan retourna donc sur le port à la recherche de son armateur.

Melwyn salua les Corbrays en pénétrant dans la taverne mais resta silencieux. Il trouvait Lyonel louche et préférait ne pas trahir ses sentiments en lui adressant sèchement la parole. Il resta donc aux côtés de Duncan et observa les alentours alors que son frère cherchait un bateau.

Duncan conseilla à son frère de continuer à utiliser son oeil d'aigle pour repérer une éventuelle filature. Les Rochelune accompagnés de Fred "le taiseux" se rendirent à la capitainerie pour se renseigner sur la positions des navires de son nouveau beau-frére - tout en gardant l'oeil ouvert à la recherche d'un signe des Elesham.

En arrivant à la capitainerie, Duncan se renseigne sur Boragon de Folrieu et apprend que trois de ses navires sont stationnés non loin de la capitainerie cet homme, beau-frère de Duncan, passe son temps à inspecter ses bateaux, qui d'ailleurs sont facilement reconnaissable du fait du de leur figure de proue à tête de dragon aux yeux rouge.
Le petit groupe trouve rapidement les navires en questions. Devant le premier navire, un homme discute avec ce qui semble être le capitaine de ce navire.

Duncan s'approcha ouvertement des deux individus. Il écarta un pan de son manteau pour laisser apparaître le blason familial : D'argent, à la montagne de sinople, le chef d'azur chargé d'un croissant d'argent, accosté de deux étoiles du même.

Il attendit poliment un trou dans la conversation pour prendre la parole , tout en tendant discrètement l'oreille pour savoir de quoi les deux hommes parlaient

tLes deux hommes discutaient d'une histoire de vol de marchandise. Il semblerait qu'un marchand de la ville ce soit fait voler une grosse cargaison de pierre précieuse de contrebande. Quand les deux hommes remarquent que tu écoutes, ils s'arrêtent et l'armateur prend la parole.

« Bonjour... »

Il prend un moment pour te jauger ainsi que Melwyn et Fred.

« Des membres de la famille Rochelune hein. Enchanté de vous rencontrer, je suis Boragon de Folrieu, armateur et depuis peu, mari de la douce Amélide. »

L'homme s'approche pour vous serrer la main. Il a une bonne poigne, la poigne d'un homme qui a connu la dureté du travail manuel.

Duncan apprécia la poignée de main en connaisseur avec un sourie et prit la parole :
« Effectivement, je suis Duncan, l'un des frères d'Amélide. Je suis accompagné de notre parent Melwyn Stone et d'un de nos fidèle gardes, Fred.
Désolé de venir me présenter à vous de façons aussi abrupte mais c'est une journée.... compliquée.
Avez vous eu des nouvelles récentes de votre épouse ou de Dame Mathilde ? »

L'homme sourit.

« J'ai été très pris depuis quelques heures, je ne suis pas retourné à mon bureau depuis ce matin. Je dois savoir quelque chose ? »

L'homme gratta sa légère moustache.

« Excusez moi, je manque à tous mes devoir. Je vous présente Amon Solidemain, le capitaine du bateau que vous voyez là-bas, Le dragon bleu. »

Le capitaine fit une révérence.

« C'est l'un des meilleurs capitaines que vous pourrez trouver ici, à Port-Réal. »

Duncan se passa machinalement la main dans les cheveux en soupirant. Il vérifia l'absence d'oreille indiscrète, prit sa respiration et répondit :
« Enchanté.

Je vais être direct : le temps presse.
Et me limiter à ce qui concerne directement notre famille. Le jeu des trônes est complexe et depuis peu il y a une tension certaine entre le Val -auquel nous appartenons- le Nord et les Lannister.

Ce matin, je suis allé consulter à ce sujet oncle Archibald et sa sœur, notre mère Mathilde. Nous avons eu la surprise de voir que l'hôtel était rempli de suppôt des lions.

Et notre oncle nous a appris qu'il venait de donner délégation à un homme de Tywin sur la gestion de la maison Elesham. Et connaissant les Lannister, cela revient à perdre pour toujours les terres ancestrales.

Mère a été furieuse d'apprendre cette nouvelle et a décidé d’organiser la délégation temporaire de l'intendance des terres Elesham à mon frère, Alrick le seigneur de Rochelune. elle compte mettre les voiles avec l'ensemble de la maison Elesham et ma présence - mon frère m'a délégué cette tâche- pour les Piz. Votre femme aurait le mal du pays.

Dame Mathilde compte sur vos navires pour faire la traversée le plus vite possible : il faut devancer l'émissaire des Lannister qui est déjà en route.

Nous avons reçu les lettres de créances signés par mon oncle à l'heure du thé - comme convenu.
Je pensais que Mathilde ou Amélide vous aurait prévenu... »

Il rajouta :
« Par ailleurs une maison alliée qui m'est très proche a besoin de rentrer au plus vite dans le Val. Je me demandais s'il vous était possible de trouver de la place pour quelque personne. Dans les cas où un départ pour le Val est possible, bien entendu. »

Et Duncan conclut avec un sourire gêné :
« Bienvenu dans nos affaires de famille, messire Boragon. »

Pendant que Duncan parlait, Boragon grattait sa petite moustache. Son visage gardait la même expression, une sorte de demi sourire qu'il semblait arborer quand les choses devenaient sérieuse.
A la fin du récit de Duncan, Boragon prit la parole en prenant soin de ne pas parler trop fort.

« J'avais entendus dire que les choses devenaient tendue entre les Lions et les Loups, c'est d'ailleurs pour cela que je veux faire partir mes bateaux au plus vite, mais je ne savais pas que le Val était impliqué... Et encore moins que ma belle famille était entrain de se faire manger par les Lions. »

L'homme fit une pause durant laquelle il regarda fermement son capitaine qui se mit à sourire comme s'ils venaient d'avoir une discussion.
C'est le capitaine qui brisa le silence.

« Vous avez deux heures. Aucun retard ne sera permit. Quoi qu'il arrive, nous partirons. Mon bateau va à Blancport, du coup je peux bien faire une escale chez vous. »

Le regard du capitaine passa furtivement sur l'armateur qui ajouta, « Les Piz dans le Val.
Nous sommes heureux de pouvoir vous aider.

Maintenant que nous sommes de la même famille, nous allons nous serrer les coudes. »

Il fit un clin d'oeil à Duncan et fit un signe de tête à Melwyn et Fred.

« Sur ce, il me reste encore beaucoup de choses à préparer. Soyez à l'heure. »

Melwyn resta silencieux sur les quais, il n'appréciait pas la situation et ne voulais pas la faire empirer en disant ce qu'il ne fallait pas. Il était quelque peu surpris que Duncan n'aient pas de soucis à presque tout révéler à l'armateur.

Cependant, il vit le léger signe de son frère et fit ce qu'il savait faire, observer, repérer les personnes louches et sentir les problèmes arriver.

Juste avant le départ de son nouveau parent, Duncanrépliqua :
« Les lions risquent de se casser les dents sur notre roc. Qui de plus n'est pas très digeste.
Qui prévient les dames ? Un de vos hommes peut-il s'en charger ? »


Ouf, j'ai joué gros sur ce coup là.

Melwyn ne vit rien de particulier, personne ne semblait espionner, personne ne semblait dangereux et l'homme en face d'eux, lui semblait même honnête. Enfin, aussi honnête en tout cas que peut l'être un armateur.

« Vous feriez mieux de faire attention malgré tout, les Lions ont la dent dur.

Un homme du capitaine ira les prévenir, ne vous en faite pas, j'y veillerai. »

Duncan remercia son beau-frère et s'éloigna un peu du quai.

Il se tourna vers Melwyn :
« Pfff !
Je sais, j'ai encore été un peu bavard mais pour le moment ça paie. Il fait partie de la famille.
Bon nous serons bientôt en route pour le Val si tout va bien. Je compte rester à la taverne avec les Corbray jusqu'à l'arrivée de ces dames ou l'heure du départ.

Je pense qu'il faut quand même garder un oeil sur le navire et envoyer un messager à l'hôtel de Rochelune.

Qu'en penses tu ? »

Qu'en penses tu ?
Melwn ne savait pas trop ce qu'il pensait. Son naturel méfiant reprenait le dessus et il aurait envie de suivre l'armateur, le capitaine, les Corbray et même fouiller le bateau.

« Si tu le souhaites, je peux rester et inspecter le navire, mais je ne connais pas l'équipage donc je ne serais pas efficace du tout. »

Après un profond soupir, il reprit :
« Que veux-tu faire porter comme message ? Je pense qu'entre la disparition de notre belle sœur, de la pupille et de John, ils ont déjà suffisamment de quoi s'inquiéter. »

Duncan sourit à la question de son frère :
« Au contraire, je veux les rassurer!
Il me semble utile de les informer que nous avons un bateau, et qu'il part dans un peu moins deux heures du port. D'autres membres de la maison pourraient avoir besoin de quitter rapidement la ville pour éviter de répondre à des questions trop embarassantes de la part de la garde.

Je me demande combien de crânes John aura fracassé aujourd'hui , et peut être que notre frère souhaitera éloigner Eléanore de la capitale pour éviter un reinegicide..... »

Duncan se tourna vers Fred pour l'inclure dans la conversation :
« Si - pour cette fois- tu ne t'arrêtes pas à chaque bar, tu devrais avoir largement le temps de faire l'aller-retour jusqu'à l'hôtel de Rochelune. Tu indiqueras à qui de droit les derniers évènements : notre nouveau beau-frère a un bateau, le dragon bleu qui part dans un peu moins de deux heures pour le Val et qui fera halte chez le Elesham au Pilz. Dame Mathilde et notre sœur devraient nous accompagner.

Retrouves nous vite à la Tarasque Asthmatique.

Rochelune, jamais ne cède ! »

Après le départ de Fred, Duncan se tourna vers Melwyn :
« Nous devons garder un œil sur le bateau. Tu t'en occupes ou on envoie William ? »