Melwyn fit une révérence lors de l'entrée de la reine, plus par réflexe que par respect mais il le fit néanmoins. « Votre majesté. »
Par la suite il écouta simplement l'échange, essayant de se remettre en tête ce qu'il savait de la relation entre le roi et sa femme. La façon dont elle avait pénétré la pièce, interrompant de fait son sire et ses invités avait profondément déplut à Melwyn, l'absence de réaction de Robert ne faisant qu'aggraver son ressenti. Encore une qui pense que le monde entier lui appartient et doit la servir...
Voyant qu'Alrick avait très envie d'étrangler la mégère, il essaya de prendre la parole, donnant ainsi un peu de répits à son seigneur. De par sa qualité de chef des éclaireurs Rochelune, Melwyn était très au fait des luttes contre les clans sauvages et il profita que la reine en fasse mention. D'une certaine façon, il était heureux de pouvoir parler de ce sujet qui lui tenait à cœur. En aucuns cas il n'aurait put parler de l'état de la femme de son seigneur, c'était bien trop risqué et les erreurs ne le concerneraient pas uniquement. « Hé bien, comme vous le savez sûrement, depuis que notre bon Alrick a repris la lutte après la chute du Fastueux les clans sauvages sont beaucoup plus maîtrisés et se contentent d'attaquer les convois de voyageurs mal défendus. Nous faisons bien évidement de notre mieux pour limiter ces échauffourées mais cela n'est pas toujours évident. Les bougres sont nombreux et presque partout. Peu avant de venir à Port-Réal, nous avons lancé une opération afin d'estropier les clans des Chiens Peints et des Serpents de Lait. Je vous passerez les détails mais via quelques petites escarmouches éclaires avec des armes dérobées chez les Freux, nous sommes parvenus à attiser la rage de ces deux clans pour les lancer sur leur ennemi commun bien plus puissant. Une fois les deux adversaires des Freux réunis, et quelques incendies bien placé dans leurs campements à proximités des Freux, nous les avons fait se retourner les uns contre les autres. Ce n'était pas évident du tout, on a cru abandonner plusieurs fois, par chance il fait souvent un temps médiocre dans les montagnes, la pluie nous a beaucoup aidé à nous caché mais lors d'une escarmouche, je me souviens qu'on a tous faillit mourir à cause d'un coup de froid, ces brutes ne savent pas faire de feu qui tiennent longtemps. Alors que nous évoluions dans le camp des Chiens Peints, un de nos jeunots n'a pu retenir un éternuement. Ça a réveillé leurs molosses, déjà qu'avec la pluie on dut mettre plusieurs couches d'urine de porc sur nos tenues pour pas attirer ces monstres mais on a pas de pièges pour noyer les sons. Faudrait quand même que des gens se penchent la dessus, rien que pour la chasse ça serait très pratique, non ? Vous devez connaître des gens qui peuvent peut-être... Mais je m'égare, voyez-vous, ces manœuvres n'étaient pas simple et ont pris quelques cycles lunaires pour arriver à maturité. Ces sauvages ne sont pas des flèches en matière de réflexion hahaha. Bref, nous sommes fiers de dire que grâce aux méthodes préconisées par notre seigneur Alrick Rochelune, nous avons fait du Val d'Arryn un endroit plus sûr pour les voyageurs de tous bords. »
Après une très courte pause, il reprit : « C'était pas comme ça avant. Dans ma jeunesse on nous empêcher de sortir trop loin des villes tellement c'était dangereux en dehors. Les clans faisaient régner le chaos dans toutes les Montagnes de la Lune. Les voyageurs osaient pas venir, les marchands non plus. Feu notre ancien seigneur avait tenté de faire quelque chose mais la tâche n'est pas aisée. Alors si on rajoute les guerres et autres rebellions en parallèle, autant dire impossible. Ce qu'est parvenu à faire notre bon Alrick tient du miracle si on prend tout ça en considération. Je me suis toujours demandé pourquoi on ne parvenait pas à s'entendre avec eux. Ça va faire des siècles qu'on lutte l'un contre l'autre sans résultats, c'est juste un énorme massacre et un gros gâchis. Trop de bonnes gens meurent sans raison dans ces royaumes, trop de bonnes gens, je vous l'dit moi. Mais je vois que je vous ennui avec mes histoires, excusez-moi ma reine, c'est de parler des clans, je ne peux plus m'arrêter. »
Sa dernière phrase fut soulignée d'une légère révérence. Il n'aimait pas ça mais au moins, son monologue devrait donner du temps à ses proches pour trouver de bonnes réponses. Avec un peu de chances, la reine abandonnera la discussion et les laisserait de nouveau seuls avec le roi.
|