sortis du temple, les Corbray obliquent dans une rue adjacente ...
et se dirigent vers un estaminet où ils prennent place en fond de salle ...

Melwyn et Duncan s'assirent aux côtés des Corbray. L'éclaireur connaissait bien sa relative inaptitude pour toutes les questions sociales et leurs hôtes étaient visiblement boulversé au point qu'il ne voulait pas leur imposer sa maladresse verbale. il attendit donc que Duncan ouvre la conversation et se contenterais principalement de conseiller, chose qu'il savait bien faire.

En attendant, il observa attentivement la petite taverne où ils se trouvaient et cherchait du regard les clients louches ou susceptibles d'avoir les yeux et les oreilles un peu trop baladeurs.

Duncan accompagna son frère et s'assit à côté de Lord Lyonel Corbray. Il faisait confiance à l'air féroce de Melwyn pour tenir à distance les oreilles indiscrètes.
Il parla à son beau-frère d'une voie sourde et mesurée :

« Décidemment c'est un jour funeste qui s'est levé ce matin. Toutes mes condoléances et ma sympathie.

Je suis désolé de vous importuner mon cher Lyonel, mais je dois absolument vous prévenir de ce qui se trame.
Et je rentre très bientôt dans le Val donc hélas cela ne pouvait attendre. Vous comprendrez pourquoi...

Vous avez probablement entendu parler de l'arrestation de Tyrion le nain par lady Lisa et des accusations portées par sa soeur lady Catelyn sur l'accident de son fils.
Il y a des tensions entre la femme de la main du roi et la famille de la reine.

Mais en plus de cela, les Lannister essaient de mettre la main sur les terres de ma famille maternelle, les Elesham.
Ma chère mère, Mathilde, nous a demandé d'intervenir avant qu'il ne soit trop tard.

Ainsi donc les Rochelune risquent de se trouver -au minimum- en conflit larvé avec les Lannister.

Vu nos lien, je me devais de vous prévenir et de vous consulter à ce sujet.

Mais il me semble que le moment est mal choisi... »

C'est d'une voix éteinte que Lord Lyonel Corbray répond à Duncan :
« Le moment ne saurait être plus mal choisi. C'est d'ailleurs probablement aussi bien.
Je ne risque pas de mal prendre quoi que ce soit, j'ai l'impression d'être déjà mort.
Vous m'informez. C'est délicat.
Vous repartez dans le Val, grand bien vous fasse.
Rochelune et Elesham ensemble en conflit contre les Lions, bon. Vous savez que vous ne ferez jamais le poids ? »

Duncan décida de poser franchement la question qui lui trottait dans la tête depuis un moment :

« Qu'est-il donc arrivé pour vous mettre dans cet état ? Nous ferons - bien sur - tout ce qui est possible pour vous aider. »

Duncan répondit avec véhémence :
« Votre frère et vous me semblez toujours présents parmi nous. Il me semble que sir Lyn veille actuellement sur Cordial. Et mon Corwin est le fils de votre soeur Elayne. Tout n'est pas fini ! La vie est source d'espoir.

Les Rochelune ont vécu des heures sombres lorsque mon père Albéric le Fastueux s'est laissé dominer par ses passions. Les Corbray nous ont aidés à passer ce moment difficile et à remonter la pente. Nous sommes liés par le sang. Ma défunte femme viendrait hanter mes nuits si je n'essayais pas d'aider sa famille ! »

De voir un tel désespoir chez les Corbray énerva sensiblement Melwyn. Comment pouvaient-ils abandonner ainsi et laisser tomber ainsi les leurs ?
« Une maison peut s'éteindre dans le déshonneur et la lacheté mais elle peut aussi se battre et résister à son triste sort. Regardez notre histoire, nous avons combattu les dragons et les clans et nous sommes toujours là. Malgré des siècles d'affrontement, les clans sont également toujours là. Ce n'est pas une poignée de lions engraissés et carapaçonnés qui pourront les déloger des montagnes, pas plus qu'ils ne pourront le faire avec nous. »
Le regard du vieil éclaireur s'enflammait, il ne supportait pas cette vision fataliste des choses et ne laisserait pas un homme être responsable de la mort de ses enfants sans rien faire pour le faire changer d'avis.

Il tapa alors du poing sur la table.
« Par le Père, faites votre devoir et sauvez votre famille ! Ecoutez votre beau-frère, il a perdu sa femme et continue de se battre pour elle, donc sortez de votre déprime et bougez-vous ! »

« Vous devez bien sur faire au mieux pour votre famille. Mais les doigts de la Main ont intérêts à rester unis pour ne pas se faire grignoter petit à petit par les estrangers.

Nous vous tiendrons au courant de nos projets.

Tenez vous sur vos gardes et suivez votre conscience. Je pense que la paix ne sera bientôt plus qu'un souvenir sur Westeros. »

Et j'espère qu'il ny aura pas de "Pluie de Castelune".

Duncan fit une grimace avant de continuer sur un autre sujet.
« Nous sommes passés par votre demeure avant de venir ici.
Personne de vivant à l'intérieur et nous avons cru voir l'arrivée de la garde au moment de repartir.
Je tenais à vous en informer. »

Melwyn acquiessa aux paroles de Duncan. Néanmoins quand il eut finit de parler, il se pencha vers son frère et lui sussura :
« Ne devrait-on pas demander pour l'infant ? »

Duncan demanda doucement :
« Que s'est-il donc passé ? Un accès de folie ? »

Duncan répondit :
« C'est ce que l'on craignait.
Que l'étranger et le père prennent soin de ces âmes tourmentées. »

Il ébourriffa (une fois de plus) Corwin et continua :
« Que comptez vous faire ? Rentrer dans le Val ? »