« Mensonge! Jamais Kazak Kirn n'a été victime de quelques maladies que ce soit! Qui êtes-vous pour colporter pareilles billevesées? »

Un rire sarcastique émana de non loin derrière Oriane tandis qu'un homme s'asseyait à table:

« Ne t'en fais pas, petit. Elle a toujours eu le sens du dramatique... C'est une exagératrice reconnue, de par le monde... »

Il accorda un sourire en coin à la petite fille avant d'ajouter:

« Bonjour, Alessa. C'est toujours un plaisir de te revoir, et encore plus sous une forme plus appropriée que d'habitude. Au moins, tu as le physique qui va avec les chouineries... »

Aenyr attrapa un gobelet de vin et le vida en riant tandis que Braid secouait la tête en soupirant:

« Parfois, il n'est pas vraiment facile à vivre. Et, hélas, souvent, il est pire... »

Qu'est-ce qu'un gosse comme lui connait des cités naines, d'abord ?

Deux autres parlèrent, un nouvel arrivant s'installant à table. Souriant à Aenyr, Sania, ou Camalle comme elle se faisait appeler aujourd'hui, répondit à Braid.

« Ça donne envie de le voir dans ses bons jours.
En ce qui concerne la cité, on s'en moque un peu, ce qui compte c'est son état actuel. Et il fait pas plaisir à voir. D'ailleurs si vous croyez l'un ou l'autre dragon zombie ces jours-ci, il vient sans doute du coin.
Qu'est-ce qui vous amène dans le coin, vous autres ? »

Alessa ne semblait même pas avoir relevé l'incrédulité du jeune garçon. Au son d'une voix familière, le visage de la fillette se ferma pour devenir glacial, fixant son propriétaire sans ciller le moindre instant alors qu'il venait s'installer à leur table.

« Je dois comprendre qu'il voyage avec vous? C'est donc la Rose qui vous envoie. La dernière fois que je lui ai parlé, elle a feint d'avoir oublié les agissements passés de son roquet, j'ai pourtant pris soin de lui rappeler... et en dépit de ça, c'est lui qu'elle envoie à ma rencontre. De toute évidence, elle n'espère pas te voir revenir Aenyr, pour te ramener vers moi une nouvelle fois. Peut-être a-t-elle enfin réalisé que c'est grâce à des agents aussi "fiables et loyaux" que toi que son organisation n'est plus qu'une ruine.

Bien, puisque visiblement le concept a du mal à passer auprès de certains, je l'exposerai ici une dernière fois... cet homme a le sang de l'intégralité de mes proches sur les mains, acte qu'il a exécuté de lui-même sans dissimuler son plaisir. Maintenant Aenyr, cette rencontre n'a que trois issues possibles.
Tu quittes cette table maintenant, et tu retournes sagement vers celle qui t'envoie, ou bien tu meurs, ici et maintenant, une solution que j'affectionne tout particulièrement même si j'imaginais m'occuper de toi de façon moins improvisée, mais passons... ou bien vous jugez que sa présence ici est plus profitable que la mienne, auquel cas je m'engage à vous laisser entre vous et à partir de mon côté, et je quitterai cette région sur le champ jusqu'à la fin du conflit. »

Elle échangea un regard brièvement avec Tara.

La fillette pianotait sagement sur la table. Au ton qu'elle avait adopté, son avertissement était à prendre au premier degré et sa déclaration était sans appel. Elle n'était ni disposée à entendre ceux qui voudraient la raisonner, ni à écouter le prochain sarcasme d'Aenyr.

A l'entrée en scène du dénommé Aenyr, Oriane avait commencé par se demander comment il était arrivé là, puis s'était contenté de le foudroyer du regard pour son impolitesse. Décidément, les manières de ces humains la dépassaient.

La réaction de la petite fille la fit autrement réagir. Manifestement, d'après les quelques allusions qu'elle avait faites auparavant et le ton de son discours, elle avait quelques années d'expérience de plus qu'elle ne laissait paraître. A l'énoncé de l'ultimatum froid qui venait d'être délivré, et des raisons qui le motivaient, l'éclaireuse blêmit. Les exploits de l’Église de Céloth et de ses fidèles en matière d'extermination de familles diverses et variées lui étaient intimement connues. En rencontrant Braid et la Rose, elle avait bien voulu croire que certains membres de ce culte pouvaient être différents. Mais c'était un homme qui avait un passé tortueux qu'on voulait lui faire emmener dans la forêt ?

Elle se tourna vers son voisin de table, le regard glacial, et demanda simplement à Braid:

« Vous pouvez m'expliquer ça ? »

« Et bien... »

Le dénommé Aenyr coupa la parole de Braid:

« nonon, je t'en prie, laisse-moi faire, Braid. »

Se tournant vers Oriane, il ajouta:

« J'imagine que Rose vous a dit que nous sauvions un maximum de personnes et tout le tralala habituel qu'elle utilise pour justifier nos actes. Mais il faut aussi couvrir nos traces, vous savez. Alors, parfois, quand certains sont affligés de la folie des grandeurs et ont une cour de sujet, qu'ils attirent un peu trop l'attention des allumés de service, et bien, je récupère les personnes intéressantes et tuent leurs sujets, laissent croire que la personne est morte et pouf, problème réglé. Croyez-moi, c'est bien plus rapide avec moi que sur un bûcher de l'Inquisition et au moins, on sauve des gens...

Bien sur, certains prennent un peu mal ce que nous faisons et nous le reprochent mais en attendant, ils sont en vie. Même que certains ont travaillés pour nous, comme notre chère Alessa. Et si ils étaient aussi choqués à l'idée d'avoir survécu qu'ils le disent, ils s'ouvriraient les veines bien vite pour en finir.

Mais non, ils sont toujours là. »

Se tournant vers Alessa, il enchaîna:

« Inutile d'énumérer des choix qui ne seront pas tenus, le premier est impossible, on connait tous les deux l'issue du deuxième, qui te verrait fertiliser les plantes et le troisième n'a pas lieu d'être car je vais vers l'Est, alors inutile de monter sur tes grands chevaux, tu n'auras à souffrir de ma présence que ces quelques rares instants autour d'une table... Et inutile d'utiliser tes pouvoirs pour m'influencer, j'ai des ordres... »

Il revint vers Oriane:

« Je suis prêt à partir quand vous le souhaitez, maîtresse. »

« NE T'AVISE PLUS JAMAIS D’ÉVOQUER LES MIENS EN CES TERMES »

Le main de la fillette s'écrasa sur la table, le regard brûlant de haine. Ceux qui avaient fréquenté Alessa savaient qu'elle avait parfois ses humeurs, mais jamais rien de comparable.

« Je me moque des excuses que tu es allé colporter à tes supérieurs pour préserver leur petite conscience. Et ne compte pas non plus sur mon intention d'en finir avant d'avoir réglé ton compte, tu pourrais bien ravaler tes menaces plus tôt que prévu...
A présent sors d'ici, avant que je ne décide de renvoyer son cabot à la Rose plus tôt que prévu. »

Une bourrasque renversa Alessa et son siège. Un vent frais lui caressait le ventre, lui donnant des frissons. Son corps de fillette étaient trempé d'un liquide chaud tandis qu'Aenyr la regardait avec l'air mauvais:

« Qui devait renvoyer qui, déjà? Et on balaye devant sa porte avant de traiter les autres de monstres »

Tara se leva en un éclair, le visage fermé, un rictus de mépris sur les lèvres, la main sur le pommeau de son épée. Ses yeux brillaient d'une fureur contenue et à la lueur mystique.

« Ca suffit Aenyr. Vous réglerez vos comptes une autre fois, ou bien c'est ma lame qui vous tranchera la tête. » Pour ajouter à la menace elle tira la lame de son fourreau, d'à peine quelques centimètres.
« Alessa est mon invitée sur ces terres et mon amie, personne ne lève la main sur mes invités sans avoir à faire à moi. Est-ce clair ? »

Son ton était glacial, aussi tranchant que l'acier de sa lame, et son regard aussi ardent que la plus brûlante des flammes.
« Délivrez votre message, et allez remplir la mission que vous a confié la Rose. »

Elle tourna la tête vers Oriane, à qui elle n'avait pas encore directement adressé la parole.
« Dites à votre garde du corps d'arrêter ça immédiatement. S'il-vous-plaît. »

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J'enclenche ma perception des auras et je scanne le monsieur.
Et un petit jet d'intimidation si c'est utile :
Intimidation: Tauth lance 1d20+20 et obtient 29 (9)

« Moi? Mais je n'ai rien fait, voyons. M'avez-vous seulement vu bouger? »

Aenyr eut un rictus mauvais à l'intention de la baronne. Il n'avait pas bougé de son siège, son verre toujours en main. Braid soupira en levant les yeux au plafond avant de se diriger vers Alessa et de s'arrêter près d'elle. Tout le monde dans la taverne les regardait, murmurant quand à l'identité des personnes attablées. Des mots comme "baronne", "il a attaqué une fillette", "monstre" circulaient allègrement...

Lorsque la petite fille tapa sur la table Béryl laissa échapper un soupir : « Il va encore falloir taper ? »

Mais lorsque la petite fille tomba au sol le nain se mit à observer l'homme assis ainsi que les alentours pour essayer de comprendre ce qu'il venait de se passer.


Tout en examinant la taverne du coin de l'œil il posa une main sur la jeune fille et marmonna une incantation.

Sania intervint. A sa façon. Parlant fort et plus à l'intention du public qu'aux autres à la table, elle s'écria :

« Et des fois il est pire hein ?! La magie sans agiter les bras, bien évidemment que ça existe, ne nous prenez pas pour des cons Aenyr. Qu'est-ce que vous avez fait à la gamine, merde ?! »

« Je reste à votre disposition, maitresse... »

Aenyr disparut apres une derniere reverence. Béryl usa de sa magie sur les plaies mais rien ne se passa. Les plaies se refermaient pour se rouvrir de suite, ne laissant guere d'autres choix que d'esperer une guerison naturelle, visiblement.

La foule, elle, ecouta les paroles de Sania avec circonspection, avant qu'un badaud plus courageux que les autres ne s'avancent:

« C'est bien vous, m'dame Auraniel? »

Repoussant sa chaise en arrière et visiblement énervée, Sania posa les pieds sur la table. Puis croisa les bras.
« Ouais, c'est elle. De retour dans la région après avoir buté le sorcier qu'elle pourchassait. »

Qu'a-t-il fait ? se demanda le nain en voyant que les blessures ne cicatrisaient pas.

Si la magie ne faisait pas effet il ne restait donc que la vieille méthode. Béryl fouilla son sac et prit une trousse de premiers secours dont il sortit des bandages.

Il tenta alors de calmer les saignements dont souffrait Alessa.

Et merde...

Cet imbécile d'Aenyr les avait-il provoqués en sachant que la situation dégénérerait de la sorte ? En tout cas, Sania avait encore une fois fait preuve de sa capacité à rebondir en n'importe quelle situation.
Tara s'approcha d'Alessa et lui posa une main sur le front, se voulant réconfortante, elle lui murmura quelques mots :« Alessa, tu sais ce qu'il t'a fait ? Ca va aller, on va s'occuper de toi. »

Tara héla l'aubergiste : « Hé là, de l'eau chaude, de l'alcool et une chambre, mon ami peut la soigner mais il lui faut du calme. »

Restait à s'occuper de répondre à la rumeur qui grandissait dans la salle... Mentir n'était cependant pas son point fort à elle. Et heureusement - d'une certaine manière - Sania avait jugé bon de ne pas lui prêter une autre identité en répondant.

Tara se redressa, et fit face à l'homme qui s'était avancé, son regard bienveillant contrastant avec l'inquiétude qu'elle ressentait pour son amie.
« C'est bien moi oui... Je suis désolée, j'aurais aimée revenir plus tôt, et dans d'autres circonstances. Mes amis et moi sommes venus pour empêcher les orques de saccager vos villages. Mais je vous demande de ne pas ébruiter mon retour, s'il-vous-plaît... »

Eh ben, pour la discrétion, on repassera...

Oriane était sur le point d'intervenir quand la fillette s'était mise à crier. La suite immédiate la laissa sans voix. Sidérée, elle s'était à moitié levée, trop surprise pour pouvoir agir tout de suite, ou même commenter. Dire que ce qu'elle venait de voir la contrariait était un euphémisme de compétition.

Non seulement, le dénommé Aenyr avait provoqué un esclandre assez peu discret par ses manières provocatrices, non seulement il s'était avoué un assassin, mais en plus, il venait visiblement de s'en prendre à la fillette.

« Que... »

Elle essaya de comprendre ce qui se passait, mais la scène se déroula trop vite, et Aenyr était parti avant qu'elle réussisse à se reprendre. Poussant un grand soupir, elle rejoignit Braid et le nain auprès de la jeune fille qui baignait dans son sang.

« Je crois qu'on va devoir avoir une explication très sérieuse, vous et moi. Si vous voulez vraiment que je travaille avec ce type, il faudra aussi clarifier certaines choses. Je ne réponds de rien s'il finit piétiné par une troupe de centaures furieux d'avoir été provoqués. »

D'après le ton de la voix de l'éclaireuse, la chose était à prendre au premier degré, sans le moindre humour. En réalité, elle était en train de faire un grand effort pour contrôler sa colère. Se tournant vers Tara, elle poursuivit:

« Pardon, je n'ai pas eu le temps de me présenter. Oriane. Je suis envoyée par Elloë... enfin, la reine... et le roi... qui n'ont plus de nouvelles du coin, pour voir comment les choses se présentent et faire en sorte de mettre les gens à l'abri. Y compris les gens qui vivent dans la forêt. Je suis vraiment désolée de ce qui vient de se passer, vraiment. »

« Croyez bien que je suis navré pour ce qu'il a fait mais les choses auraient pu être bien pire. »

Braid aida à transporter la petite jusqu'à l'étage avant de l'installer dans une chambre.

Pendant ce temps, en bas, dans la salle, le chef des badauds reprit la parole:

« Oh, bah, c'est trop tard, vous savez... Les orques sont déjà là, m'dame... Même qu'ils sont au château... Mais on peut rien y faire, m'dame... »

Tara jeta des regards vers l'entrée de l'auberge avant de reporter son attention sur celui qui avait parlé pour les autres clients de l'auberge.

« Au château ?... Je crois que vous avez beaucoup de choses à nous raconter... En commençant par m'expliquer comment des orques ont pris le contrôle de la baronnie. » Tara avança une chaise, en invitant à l'homme de venir les rejoindre à leur table.

Elle se tourna vers le reste du groupe : « Je crois que c'est fichu pour la discrétion. Ça devient une habitude en fait.

Enchantée Oriane. J'ignorais que Vigil avait suffisamment détendu ses relations avec les elfes pour qu'Elloë épouse le roi. En tout cas, si ils vous ont envoyée ici pour protéger les habitants de la baronnie, nous sommes du même côté. »

« Dix contre un que ce sont nos potes de Sanctuaire, tu achètes Jeanne ?
Et la discrétion, parles-pour toi. Moi j'suis toujours discrète, sauf quand y a des foutus mages qui veulent pas. »
Elle parle trop, cette Sania. Mais elle décroise les jambes et les enlève de la table et se lève même pour laisser sa chaise au nouvel arrivant. Elle lui fait signe de venir à sa place et va rejoindre Alessa, qui semble être dans un état plus grave que la baronnie, en cet instant.