La baronne remit son épée au fourreau, l'acier blanc étincelant comme s'il était prêt à combattre de nouveau. A la présentation faite par la sorcière elle inclina la tête respectueusement.

« Désolée que vous ayez dû assister à ce massacre, ce n'était pas de gaieté de coeur que nous l'avons fait, croyez moi. »

Visiblement les combats avaient dû être difficile pour le groupe d'aventuriers, en tout cas, c'était le cas de la combattante : un mélange de sang séché, de brûlures et de marques de griffures suintantes parsemaient son armure et son corps.

« Pour le moment, nous n'avons pas trouvé de remède à ce mal, même si mes amies » -elle désigna de la tête Alessa, Sania et Aravilan- « ont fait quelques découvertes intéressantes... Quoi qu'il en soit, la seule solution pour se débarrasser des créatures ramenées à la vie par la maladie est de les terrasser et de brûler leurs chairs à l'acide. Pas très noble comme mort mais efficace. »

La jeune femme eut un rictus de dégoût.

« Venez avec nous à la couveuse, nous avons tous besoin de soins et nous pourrons discuter là bas. »

Béryl écouta Tara lui expliquer qu'ils n'avaient pas eu le choix : « Je n'en doute point. Malheureusement il arrive qu'on doive commettre des actes contre notre volonté. »

Il s'approcha alors du groupe jusqu'à en faire partie. Etait-ce son immunité aux maladies qui le rendait aussi inconscient du danger ou bien était-il plus inquiet pour les survivants que pour sa propre vie ?

« Allons donc à cette couveuse. Je vous suis. »

La sorcière accompagnée du reste du groupe rebroussa donc chemin en direction de la salle de couve.

« Nous y sommes. »

Désignant le seuil d'un geste de la main à Béryl, elle s'avança la première pour rejoindre le reste des réfugiés, adressant un simple regard en direction de Tolrik avant de s'avancer vers ses affaires.

« C'est fait, je pense que les abominations qui hantaient les lieux ne vous poseront plus de problèmes. Et nous revenons plus nombreux que nous ne sommes partis. »

Rassemblant ses effets personnels, elle s'assura du séchage d'une peluche en piteux état avant de la glisser avec le reste.

« A présent que mon aide n'est plus utile ici, je vais rentrer à Sanctuaire, trouver des réponses à mes questions. Quant aux autres, avez-vous pris votre décision sur la suite des événements? »

Sania haussa les épaules. « Que j'aille tout de suite au GorUnTha ou que j'accompagne Tara un moment, le résultat sera le même. C'est le chaos ici, c'est le bazar sur le continent.
On peut aussi rester ici et attendre un signe. Bon, si c'est une étoile qui doit l'apporter, on ferait mieux de sortir dehors. »

Tara sourit à la bardesse-guerrière-amie des dragons :
« Donc c'est d'accord ? On fait route ensemble jusqu'aux baronnies ? »

La baronne était visiblement heureuse de ne pas devoir faire la longue route vers Ebelern sans autre escorte qu'elle-même pour sa famille.

« Moi-même, mes petites affaires à Sanctuaire ne devraient pas prendre longtemps, et une fois réglées je vous retrouverai en chemin. »

Semblant réfléchir un instant, elle posa les yeux sur la servante de Séléma.

« Justine, j'imagine que vous comptez rester veiller sur les réfugiés. Vous aviez, je crois, les moyens de nous contacter à distance. Pourriez-vous d'ici disons... deux jours, joindre les autres à la nuit tombée afin de vous informer de leur avancée, et me le communiquer dans la foulée? Je ne devrais pas en avoir pour plus longtemps, et ça faciliterait grandement mes efforts pour les retrouver. »

« Elle et moi restons ici, avec eux. »

Ichabod observa le groupe de réfugié avant d'ajouter:

« C'est une période sombre et ces gens auront besoin de toute l'aide possible... »

Justine répondit alors à Alessa:

« Non, c'est Linéa qui a ce moyen. Tenez. »

Elle tendit un cartouche avec une clochette à la sorcière avant d'enchaîner:

« Quand la clochette tinte, c'est qu'un message vous est destiné. Vous pouvez aussi faire passer un message dans l'autre sens, Linéa le recevra. Si vous allez à Sanctuaire, vous la retrouverez sans peine, j'imagine... »

La jeune femme opina doucement, refermant la main de Justine sur le cartouche.

« S'il ne permet que de communiquer avec elle, il ne me sera guère utile si nous sommes toutes les deux à Sanctuaire. Avec vous deux pour veiller sur eux, je suis certaine que ces gens sont entre de bonnes mains, mais vous êtes isolés ici. Si quoi que ce soit devait arriver, il vous sera plus précieux qu'à moi. J'irais trouver Linéa en personne le moment venu de retrouver les autres. »

Elle gratifia les autres d'un sourire avant de reprendre.

« Prenez garde, je doute que la route vers le sud soit sûre. A moins qu'une urgence ne me retienne, je vous retrouverai en chemin comme promis. »

« Et cela vous en fait 2, de toute façon. »

Justine pointa Aravilan et Sania:

« Elles sont surement revenues avec celui que Linéa leur avait confié avant leur départ. Linéa pourra ainsi nous contacter nous et ceux qui sont sur les routes, vous n'aurez qu'à la voir et vous enquérir de son état.

C'est que ça n'est pas tous les jours qu'on est massacré par une baronne. »

Elle accorda un sourire malicieux à Tara avant de retourner s'occuper des réfugiés.

« Un adversaire redoutable s'il en est, en effet. Bien, j'irais rendre une petite visite à votre pauvre victime, à plus tard. »

Appuyant son départ d'un sourire, elle disparut de la grande salle pour ne réapparaître qu'...

Tara n'eut même pas le temps de demander à Alessa d'appuyer bien fort sur les pansements de la grogna... de l'oracle de sa part.

« A dans deux jours alors ! » lança-t-elle simplement, avec un au-revoir de la main.

« Bon, eh bien, nous allons pouvoir nous remettre en route nous aussi... Départ à l'aube ? »

Le plus tôt Sania, Aravilan et elle se mettraient en route le mieux ce serait, mais après une journée comme celle là, une brève nuit de repos, agrémentée d'un dernier festin concocté par Ichabod serait le bienvenu. Et il restait encore deux détails à régler.

Le nain d'abord.

La baronne se tourna donc vers le prénommé "Béryl".
« Et vous maître nain, que comptez-vous faire à présent ? Comme vous l'avez vu, la citadelle a été décimée par le mal. A part Tolrik ici présent, et ces gens que nous avons secourus dans les montagnes, il ne reste plus rien. Et la prochaine génération de dragons n'est pas près d'éclore... »
Elle semblait jauger le nain.
« Si vous cherchez à venger votre peuple et à punir les coupables de ce carnage, vous auriez de bonnes chances d'en avoir l'occasion en vous joignant à nous. »

Béryl observa la situation. Tout était encore confus pour le nain qui venait à peine de quitter Nanda Parbat.Il faut absolument que je prévienne les autres.

Alessa disparut rapidement et la dénommée Tara lui proposa de faire route avec elle. Béryl la fixa de ses yeux verts : « Je vous accompagnerai mais je dois d'abord prévenir la cité de ce qu'il s'est passé ici. Ne vous inquiétez pas ce ne sera pas long. »

Puis Béryl se dirigea vers Tolrik pour obtenir des informations à transmettre aux autres cités naines.

Laissant les nains régler leurs affaires entre eux, Tara passa au second "détail" :

« Père, mère, j'ai longuement réfléchi... » - commença-t-elle - « je sais que vous souhaitez tout autant que moi... non, plus peut-être, rentrer à la maison. Mais c'est la guerre là-bas. Je ne pourrai pas assurer la protection d'Ebelern correctement si je dois m'inquiéter pour votre sécurité... En plus, qui sait si la jumelle d'Alessa ne nous attaquera pas de nouveau là bas ?... Si Ichabod et Justine restent ici, je... j'aimerais que vous restiez avec eux. »

La chose semblait plus facile à annoncer quand elle l'était mentalement.

« Je vous ai perdus une fois. Je ne veux pas recommencer... Je serai en sécurité de toutes façons, il y aura les filles avec moi, et Brent aussi. Dès que les choses seront arrangées là-bas, je reviendrai vous chercher moi-même. Et cette fois, nous pourrons rentrer tous ensemble. »

La voix suppliante mais le regard résolu, Tara repensa à cette sombre nuit il y a avait 22 ans. « Je vous le promets. »

« Tu prends tes désirs pour des réalités, ma fille. »

Ce ne fut pas son père qui objecta mais sa mère:

« Il est hors de question que je laisse mes enfants partir à l'aventure et risquer leur vie pour le domaine de notre famille et la demeure de nos ancêtres en restant tranquillement à l'abri alors tu peux d'hors et déjà compter sur notre présence dans ce voyage. »

Le baron tenta de calmer le jeu:

« Ce que ta mère veut dire, c'est que... »

Mais fut aussitôt coupé par Héléna:

« Elle sait parfaitement ce que je veux dire... Tu es en train de dire que je n'étais pas claire, c'est ça? A moins que tu ne sois pas d'accord? »

William leva les mains calmement:

« Hein, quoi, non, non, pas du tout, je suis d'accord avec toi, il est hors de question qu'on laisse nos filles chéries prendre des risques inconsidérés pour une responsabilité qui m'incombe... »

La baronne croisa les bras, un sourire satisfait sur le visage:

« Je préfère ça. Bien, Tara, je crois qu'il va falloir que tu nous supportes. »

Pendant ce temps, Béryl qui s'était mis à l'écart après un rapport détaillé de Tolrik s'assit calmement en tailleur, prenant de lentes respirations à la recherche de la sérénité intérieure nécessaire à sa méditation.

Son esprit se détacha de son corps, accédant à un plan de conscience supérieure mais ne trouva personne sur place à qui transmettre les informations. Formulant une bulle d'idées, il lui donna la forme d'un écritoire sur lequel il trouva du parchemin de pensée et de la plume de conscience, relata les événements survenus à Kazad-Kirn...

Une fois les informations transmises Béryl quitta son état de transe. J'aurais préféré pouvoir parler à quelqu'un directement. J'espère qu'ils vont tous bien.

Il remercia Tolrik pour les informations et retourna vers Tara.

« Voilà, j'ai fait mon rapport. Je suis donc prêt à rechercher les responsables de cette horreur. Si mon aide vous sied alors je voyagerai avec vous. »

Il s'adressa ensuite à ce qui semblait être les parents de la jeune fille : « Béryl Forgepierre, enchanté de vous rencontrer. »

La jeune femme s'attendait à un refus de ses parents, mais peut-être pas aussi catégorique.

« La responsabilité ne vous incombe plus depuis plus de vingt ans père ! Sauf votre respect, vous êtes trop vieux pour partir à la guerre, et les filles sont trop jeunes pour ça. Je ne veux pas avoir à supporter une deuxième fois votre mort ! »

Je me doute bien que ça sert à rien d'insister, mais Tara est tétue. Goku, je te réponds juste après la réponse de ses parents.

« La responsabilité de veiller sur toi nous incombe à ton père et moi, jeune fille. Alors, maintenant, ça suffit. Nous venons, un point c'est tout. »

La mère de Tara se montra aussi inflexible qu'elle, son père se retrouvant bloqué entre deux feux. Héléna en rajouta une couche:

« Et si tu ne veux pas que nous t'accompagnions, très bien. Nous irons de notre coté mais nous ferons ce qu'il faut pour rejoindre Ebelern, que ça te plaise ou non. »

Tara poussa un soupir mi-amusé, mi-exaspéré : « L'obstination doit être une vertu de famille... Entendu alors. Mais promettez moi que vous ne ferez rien de dangereux, d'accord ? »

Elle se tourna ensuite vers le nain, qui avait accepté de les accompagner :

« Merveilleux ! Plus nombreux nous serons pour gagner cette bataille, mieux ce sera, merci Béryl. Avez-vous pu contacter votre clan ? »

« Je n'ai hélas réussi à joindre personne. J'espère que le message que je leur ai laissé leur parviendra. »

Le nain récupéra son maigre paquetage. Il aurait bien profité de l'occasion pour inspecter les murs à la recherche de nouvelles pierres mais il préféra toutefois s'abstenir devant leur caractère potentiellement contaminé.

« En ce qui me concerne je suis prêt. Mais peut être désirez vous vous reposer avant de reprendre la route ? »

« Oui, si ça ne vous dérange pas d'attendre quelques heures. »

Tara se tourna vers Sania et Aravilan : « La journée a été longue, un peu de repos ne fera de mal à personne je crois, au moins pour que nous ayons le temps de reprendre quelques forces et de faire un dernier dîner en compagnie d'Ichabod. »