La grande Sania prit les parchemins, et déroula celui qu'avait entamé Alessa.
« Alors, "Au 9ème jour, il n'y avait plus âme qui vivait en ces lieux." Comme ici ? "Les anciens avaient succombé, provoquant la mort des plus jeunes dans leur chute et les serviteurs " Comme ici. " n'étaient plus que quelques uns, s'efforçant de garder la surveillance de la couveuse..." Hum ... ça ne doit pas être le premier parchemin, ou alors ... je me demande qui a écrit ces textes. » Elle n'avait pas de problème, comme si elle lisait un langage qu'elle connaissait bien, mais Sania trichait comme à son habitude. Son besoin d'entrecouper le texte de commentaires baissait un peu la qualité du récit, déjà entamée par les "terribles conteurs dragons".
Elle en ouvrit un autre, pour voir, et commença à le lire. Sans commentaires, cette fois-ci.

Il y en a combien ? Sania veut tous les lire, au final.

« La couveuse ? Les dragons seront capables de revenir malgré tout alors. » commenta Tara, laissant définitivement tomber ses tentatives de lecture des parchemins.

Alessa déplia les parchemins les uns après les autres et, aidé de Sania, les mit dans le bon ordre pour lire toute l'histoire:

(en draconique) « Lorsque l'étrangère arriva sur nos terres, réclamant une entrevue, elle ne reçut que le silence devant nos portes. Son attitude était étrange, de même que ses vêtements. Portant vêtements légers au coeur de l'hiver en pleine montagne, nos éclaireurs n'ont pourtant pas rapporté d'équipage l'accompagnant.

Au 3ème jour, nombre de nos serviteurs semblait en proie à une terrible maladie. Quelques uns, les plus faibles, étaient déjà agonisant alors que tous ou presque semblaient présenter les mêmes symptômes: faiblesse, raideur musculaire et faim dévorante. Quelques vieilles écailles semblaient aussi porter quelques symptômes mais le noble art permettait de combattre l'infection.

Au 6ème jour, les 3/4 de nos serviteurs sont mort ou en passe de l'être. Plus personne ne se déplace dans la cité, les dragons se sont relevés, agressifs et dangereux envers quiconque s'approcherait...

Au 9ème jour, il n'y avait plus âme qui vivait en ces lieux. Les anciens avaient succombé, provoquant la mort des plus jeunes dans leur chute et les serviteurs n'étaient plus que quelques uns, s'efforçant de garder la surveillance de la couveuse...

Au 12ème jour, l'étrangère revint et pénétra dans l'enceinte désormais vide de ces lieux pour y accomplir ses noirs méfaits. Il n'y a qu'en découvrant la couveuse pillée que nous avons compris ce qu'elle était venue chercher mais aussi un portail menant on ne savait où. L'expédition s'engagea vers la destination inconnue...

Au 38251ème jour, l'une de nos patrouilles a découvert l'un des membres de l'expédition de secours, la même partie à travers le portail. Il a eu le temps de babiller quelques mots avant de mourir:

"Iskandelis... Khidarym... la guerre approche... Ils ont pris nos dragons... " »

Le dernier parchemin semblait référencer les différents types d'onguents et autres potions utilisés pour combattre la maladie, de même que leurs effets à court et long terme. Les essais ne furent pas concluants mais l'éventualité de leur utilisation sur d'autres races, moins résistantes aux produits utilisés, y était évoqué...

Sania lut les parchemins un à un, à haute voix et sans omettre un détail, ni en ajouter cette fois.
A la fin, elle commenta ses lectures.
« C'est déprimant ... mais on a peut-être une chance de combattre cette maladie. Si quelqu'un ici s'y connait mieux que moi, avec ce dernier parchemin on pourrait ... faire quelque chose. Régler les problèmes. »

Les écrits des anciens résonnaient dans l'esprit d'Alessa à mesure que Sania en faisait la lecture.

«Lorsque l'étrangère arriva sur nos terres, réclamant une entrevue, elle ne reçut que le silence devant nos portes. Son attitude était étrange, de même que ses vêtements. Portant vêtements légers au coeur de l'hiver en pleine montagne, nos éclaireurs n'ont pourtant pas rapporté d'équipage l'accompagnant.

Au 3ème jour, nombre de nos serviteurs semblait en proie à une terrible maladie. Quelques uns, les plus faibles, étaient déjà agonisant alors que tous ou presque semblaient présenter les mêmes symptômes: faiblesse, raideur musculaire et faim dévorante. Quelques vieilles écailles semblaient aussi porter quelques symptômes mais le noble art permettait de combattre l'infection.

Au 6ème jour, les 3/4 de nos serviteurs sont mort ou en passe de l'être. Plus personne ne se déplace dans la cité, les dragons se sont relevés, agressifs et dangereux envers quiconque s'approcherait...

Au 9ème jour, il n'y avait plus âme qui vivait en ces lieux. Les anciens avaient succombé, provoquant la mort des plus jeunes dans leur chute et les serviteurs n'étaient plus que quelques uns, s'efforçant de garder la surveillance de la couveuse...

Au 12ème jour, l'étrangère revint et pénétra dans l'enceinte désormais vide de ces lieux pour y accomplir ses noirs méfaits. Il n'y a qu'en découvrant la couveuse pillée que nous avons compris ce qu'elle était venue chercher mais aussi un portail menant on ne savait où. L'expédition s'engagea vers la destination inconnue...

Au 38251ème jour, l'une de nos patrouilles a découvert l'un des membres de l'expédition de secours, la même partie à travers le portail. Il a eu le temps de babiller quelques mots avant de mourir:

"Iskandelis... Khidarym... la guerre approche... Ils ont pris nos dragons... "»

Elle hocha doucement de la tête avant d'ajouter :

« On dirait bien que les incidents relatés font référence à une époque reculée. Les évènements semblent se répéter, à quelques détails près. Je pense qu'à présent l'identité de l'étrangère porteuse de l'infection ne fait aucun doute dans l'esprit de personne. Elle aurait donc dérobé la progéniture des dragons pour l'emporter à travers une... sorte de portail, dont l'un des survivants de l'expédition partie à sa recherche aurait mis plus d'un siècle avant d'en revenir, et annonçant une guerre prochaine impliquant les Khidaryms. Ça coïncide avec le titre que lui ont attribués les anciens toute à l'heure de "reine d'Iskandelis". »

Son regard se porta naturellement vers la petite dragonne nichée sur l'épaule de Sania.

« Le survivant a tenu plus d'un siècle sans ravitaillement, à moins que le portail ne l'ait emmené dans un lieu ou le temps suit un autre cours. Ça ressemble à s'y méprendre au rituel que tentait d'achever Marlak sur Naanshan. Tout ça mériterait des recherches approfondies dans les archives, notamment sur Iskandelis et son lien avec les Khidaryms, mais pas dans notre état. Certains ici sont à bout de force. »

Ses petites mains sortirent quelques baumes présents dans le coffret, les levant devant la lumière pour en étudier l'aspect.

« Les écrits mentionnent des notes sur un remède qu'ils essayaient de mettre au point contre l'infection. Si celle dont nous souffrons est similaire, et que ces onguents sont aussi bien conservés que ces écrits, ça me semble un bon point de départ pour mettre au point le nôtre. »

La baronne, assise non loin, écouta la lecture des parchemins avec attention, acquiesçant aux commentaires de Sania et Alessa.

« Ouais, ça peut être une bonne idée d'essayer de concocter un remède ! Je commence à fatiguer moi. » une grimace barra son visage.
Le front plissé, et le regard dans le vague elle ajouta : « Il est donc possible qu'elle se serve des oeufs de dragons pour réaliser je ne sais quel rituel... comme Marlak sur Nanshan... Et son plan nécessitait suffisamment de temps pour être conduit sur plusieurs siècles... Quand on sera guéris, je crois que la suite est toute tracée : on va l'attaquer chez elle. » Nouvelle grimace.

« Euh. Avec un plan cette fois. »

Point de défaitisme dans la voix de Tara, mais ils savaient tous pertinemment qu'ils ne feraient pas le poids plus de quelques minutes contre Elle sur son propre terrain.

Alessa eut un échange de regard avec sa peluche, avant de lui répondre à voix basse.

« ... t'es sûr d'avoir des notions en alchimie? Parce qu'à te regarder comme ça... non non c'est pas ce que je voulais dire... bon d'accord, tu pourras être mon assistant. »

Etraignant l'animal rembourré avec affection, elle releva la tête en direction des autres tout en rassemblant les diverses notes et flasques qui avaient été sorties du coffret.

« Pas la peine de perdre plus de temps alors, maintenant qu'on est tous au calme, nous deux on va regarder ces notes de plus près, voir si on peut en tirer quelque chose. Si l'un ou l'une d'entre vous s'y connait un peu dans ce genre de chose, un peu d'aide ne sera surement pas de refus. »

Et joignant le geste à la parole, elle se hissa sur un des tabourets avant d'installer le lapin sur le bord de la table, lui-même semblant très absorbé par la lecture des notes qui se retrouvaient bientôt éparpillées dans tous les sens, passées au crible de l'examen de la petite fille.

Par curiosité plutôt que par certitude de pouvoir être utile à quelque chose, Tara s'approcha de nouveau de la table et se pencha sur les notes, fioles et éprouvettes.
Ce manège ne dura qu'un instant, les textes illisibles ayant achevé de convaincre la baronne qu'il valait mieux qu'elle ne touche rien pour le moment.

« C'est comme de la cuisine en fait hein ? J'suis pas très douée pour ça. » justifia-t-elle en coulant un regard gêné vers sa mère.
« Mais si je peux aider, servir de cobaye ou quoi que ce soit, dites moi surtout ! » Cette dernière proposition qui semblait la dédouaner d'une certaine forme d'incompétence en la matière parut lui redonner un certain aplomb.

Elle resta à côté de ses camarades, prête à aider en cas de besoin.

La petite sourit de bon cœur à la curiosité de la baronne.

« J'espère que c'est pas trop comme la cuisine, d'habitude je préfère laisser ça à Evaine qui s'en tire bien mieux moi. Je vais finir par regretter de lui avoir donné un congé... Non, je crois que les anciens étaient sur une piste, mais qu'ils n'avaient pas les bons spécimens pour mener leur étude à terme, à moins qu'ils aient juste manqué de temps.
Enfin, si jamais je pense pouvoir en tirer un remède viable, c'est bon d'avoir une volontaire sur qui compter! En attendant, vous devriez en profiter pour vous reposer un peu, je ne sais pas trop le temps que ça va prendre. »

Alessa prit une longue respiration avant que son regard ne retombe sur les notes. Les autres semblaient porter leurs espoirs sur ce qu'elle pourrait en tirer, et avec Tara qui se proposait comme cobaye, elle n'avait pas le droit à l'erreur. L'espace d'un instant, ses pensées allèrent vers son alter-ego, qui elle avait passée des siècles à étudier ce genre de chose... et qui ne lui en avait pas laissé grand chose. Rassemblant ses esprits sur la tâche qui l'incombait, elle reprit son étude, ses pieds se balançant doucement sous son tabouret.

L'enfant qui n'en était pas vraiment une s'attabla et se mit à vérifier les notes. Les minutes passèrent et devinrent des heures. Sur les fioles et sachets observés, Alessa put déterminer ce qu'était 2 d'entre eux, l'un contenant de la poudre de cristaux arcaniquement chargé en énergie positive et l'autre s'avérant être une fiole d'eau bénite. L'un des sachets contenait des racines que la fillette pensait être de l'érédoine, une racine très rare qu'on ne trouvait que dans le climat chaud des montagnes où elle avait grandi.

Pour ce qui était des 3 autres sachets et pot, hélas, elle ne pouvait en dire plus...

A mesure que les heure s’égrainaient, la petite commençait à dodeliner de la tête, visiblement gagnée à son tour par la fatigue. C'est un profond soupir qui marqua sa reddition, avant de sauter de son siège, la mine déconfite.

« J'ai pu en identifier une moitié mais pour les autres, ça reste une énigme. Après, si quelqu'un veut tenter sa chance, j'ai mis ceux que j'ai trouvé de côté, le reste est toujours sur la table. »

Sania était repartie fouiller les trésors des dragons, mais il faut bien dire qu'au bout d'un moment, même elle s'ennuyait.
Du coup, quand la fillette finit ses études, elle était en train de jouer de sa lyre, se distrayant ainsi.

Quand Alessa proposa qu'on la remplace, Sania sauta sur l'occasion de changer d'idée. D'accord la petite fille avait mis des heures pour trouver, mais Sania n'avait pas vraiment pensé à ce genre de détails. De toute façon, soit elle allait reconnaitre ce bazar, soit elle ne le reconnaitrait pas, c'était aussi simple que ça.

« Je vais jeter un œil, si ça ne te dérange pas. »

Sania se mit elle aussi à jeter un oeil, fouillant les sachets et pots. Elle n'avait pas grande connaissance en la matière et c'est un peu avec l'énergie du désespoir qu'elle se mit à fouiller dans sa mémoire...

Sania, apparemment surprise, regarda autour d'elle, et ne trouva apparemment que la dragonnette comme étant suffisamment intéressante pour qu'elle y fixe son regard.
Mais juste après elle fronça les yeux en voyant que le bébé lézard n'en savait pas plus qu'elle sur la question. C'était pour toi ce message, je crois. Vu son contenu, je suppose que c'est pas grave si je l'ai entendu aussi, tu me l'aurais transmis de toute façon n'est-ce pas ?
« Va falloir que tu te trouve un nom. Fille sombrécaille, ça fait un peu trop impersonnel, tu ne crois pas ? »

Reportant son regard sur les ingrédients secrets, la barde Sania se remémora le détail important de la discussion.
« Ah oui, la poudre noire, c'est de l'obsidienne pilée, la fiole verte contient un onguent fait de sang de troll et le dernier pot, c'est un fortifiant », répéta t-elle doctement.

La petite, occupée dans son coin à refaire son chignon, tendit l'oreille à l'annonce de la découverte de Sania.

« Tu as tout trouvé? En vrai? »

Elle s'approcha à nouveau de la table d'un pas pressé, passant brièvement les composants restants en revue avant de se rendre compte que les déductions de la jeune femme devaient être exactes.

« Joli travail. Si on récapitule en plus des derniers on a ici de l'eau bénite, une poudre cristalline imprégnée de magie positif et là des racines d'érédoine. Celui-là il était pas facile, mais ça pousse à côté de là où j'ai grandi, enfin là où j'ai grandi avant de redevenir petite... tu vois?
Bon, on dirait qu'on a tout et t'as l'air plus calée que Monsieur Floc, tu veux être ma nouvelle assistante? On va pouvoir passer à la préparation en elle-même. »

Sania haussa les épaules. Elle aurait pensé le lapin en peluche plus efficace qu'elle, mais si ça faisait plaisir à Alessa, au moins aurait une occupation.

Le lapin ne pouvait qu'opiner du chef à la proposition d'Alessa. Enfin, si il avait été vivant, c'est ce qu'il aurait fait... Et qu'il avait eu un système musculaire aussi. Et des os.

Pendant ce temps, l'état des autres patients ne semblaient pas aller pour le mieux et c'est une Justine affairée qui vint rejoindre Tara et lui chuchoter à l'oreille:

Alessa accueillit l'explosion d'enthousiasme de Sania avec un grand sourire.

« Alors au travail... je crois que c'est ces deux-là en premiers, je vais reprendre les notes. »

Les composants identifiés, la sorcière juvénile rassembla autant d'ustensile disponibles dans la pièce avant de tenter de répliquer la concoction mise au point par les anciens.

Heureusement que la petite sorcière était de bonne humeur. Entre les maladies un peu partout et Sania ... ben qu'est-ce qu'elle a Sania ? Elle a un espèce de sourire crispé, là, comme ça.
C'est quand même pas le Lapin qui l'a menacée, si ?

Attendez, c'est une blague hein. C'est ça ?

Pas de réponse. Le sourire montant plus haut à droite qu'à gauche, Sania leva une main peu sûre de sa trajectoire. Faisant brusquement disparaitre ses illusions, elle attrapa doucement les cheveux qu'elle avait maintenant naturellement noirs. Au lieu du rougeoyant qu'ils étaient avant ces aventures. Avant qu'elle ne touche la dragonne.
Elle amena une mèche devant ses yeux et son sourire s'effaçant doucement. Une expression d'incertitude dans son regard.

Merde.

Assis tranquillement sur le coin d'une banquette, inerte, la peluche surveillait l'avancée de leurs travaux. Son œil unique restait fixé sur l'assistante de sa maîtresse, torve et suspicieux, et il ne cillait jamais. Alessa de son côté, besogneuse, continuait de s'atteler à la préparation en essayant de faire la conversion, en notant ça et là des manques d'attention de Sania.

« Est-ce que ça va? Je peux poursuivre un peu toute seule si tu veux te reposer un peu. »