Ichabod continua à suivre le nain, courbé dans le couloir.

« Nous espérions obtenir son aide, ainsi que celle des vôtres. Notre dernier contact avec Ormen nous l'a montré très affaibli, peut-être pouvons-nous l'aider. »

« Pourriez l'aider, hein? P't'être bien. Ou pas. Suis-moi, humain, je te mène à lui, on verra ce qu'il dira. »

Et le nain repartit de plus belle. Passant par un tunnel dérobé, il le mena jusqu'à une grande salle où le prêtre put voir une bonne vingtaine de nain en arme qui attendait et surveillait la grande porte. Un immense dragon de bronze se trouvait également là et ouvrit les yeux faiblement, les posant sur Ichabod:

« Et bien... Je devrais dire que c'est un plaisir de vous voir mais les circonstances sont un peu... catastrophiques... »

S'adressant au nain, il enchaîna:

« Tolrik, il n'était pas seul, n'est-ce pas? Peux-tu mener ses compagnons jusqu'ici? »

Le nain repartit alors, laissant le prêtre seul avec le dragon et les autres nains.


Ichabod avait disparu depuis quelques temps quand le bruit de pas refit son apparition, rapidement suivi du nain qui entra dans la pièce:

« Suivez-moi, Ormen veut vous voir. »

Celui-ci repartit sans même s'inquiéter de voir si on le suivait.

Sania suivit le nain, sans se préoccuper des autres. Elle jetait des regards fréquents à la petite dragonne.
J'en connais un qu'a bien fait de pas venir avec moi dans toutes ces emm...es.

Tara suivit le mouvement, entraînant les siens à sa suite.

Alessa leva les yeux au ciel avant d'attraper ses affaires et de se mettre en route, tirant son bagage derrière elle, à la traîne du reste de la petite troupe. A peine rentrée dans la grande salle, elle leva les yeux timidement vers le dragon, que sa taille de fillette rendait encore plus gigantesque. Hésitante, elle s'avança au milieu des autres, l'air un peu intimidée.

Le nain guida donc le petit groupe, les villageois restant en arrière avec Justine. Ils furent ainsi emmené à travers de petits couloirs, nécessitant pour les plus grands de se voûter et finirent par déboucher dans une grande salle où ils purent voir un groupe de nain ainsi qu'un dragon de bronze visiblement en piteux état.

Ichabod s'inclina en direction du dragon :

« Effectivement, la situation ne semble pas meilleure ici qu'à Vigil et vous m'en voyez désolé. Comme nous en avons discuté, nous soupçonnons une seule et même responsable derrière les événements qui troublent votre royaume comme le nôtre, et nous sommes persuadés qu'il est nécessaire d'allier nos efforts si nous ne voulons pas sombrer dans le chaos. »

Le prêtre se tût le temps que ses compagnons les rejoignent :

« Nous sommes donc ici pour vous proposer notre aide, autant que pour protéger les quelques malheureux malades qui nous accompagnent. »

Le dragon fut pris d'une intense quinte de toux qui dura plusieurs minutes. Quand enfin sa toux fut calmée, il baissa son regard vers le groupe:

« Je crains qu'il ne soit trop tard pour cela... »

Un énorme coup fut frappé contre l'immense double porte qui trônait au bout de la salle, suivi de plusieurs hurlements rageurs. Ormen attendit que le calme revienne avant d'ajouter:

« Cette cité est perdue. Je suis le dernier dragon encore en vie et ces gens les seuls à n'avoir pas été infecté par la maladie... Notre cité comptait 22 dragons de tous ages en plus de moi, qui ont tous été infecté et transformé... Il n'y a rien à faire pour eux, je le crains... »

Les coups recommencèrent de l'autre coté de la porte. Visiblement, du monde voulait rentrer et pas pour discuter...

« Apparemment, il n'y a pas qu'un seul dragon qui cherche à venir nous dire bonjour. »
Sania avait arrêté de s'agiter, le temps de parler.
Elle reprit vite la parole. « Est-ce quelqu'un a la moindre idée de ce qu'on peut faire ? On nous a emmené ici mais Duke n'est pas magicien, je crois pas qu'Aravilan le soit, et je ne le suis sûrement pas. Je n'y connais rien à la magie, et le seul foutu magicien parmi notre groupe était Yael, qui est reparti.
Il lui arrive de penser, à cette Linéa ? »

Duke se posta face aux portes branlantes, un kykri dans chaque main. Il commença à faire de petits pas de danse, qui se rapprochaient plus des pas d'un homme ivre, même si à bien y regarder, le halfelin ne perdait jamais l'équilibre.
Ceux à l'ouïe fine purent l'entendre chantonner à voix basse.
« Je ne suis pas un magicien, j'ai jamais tué de dragon (pour l'instant) ; si j'en suis là c'est le Destin, qui m'a vraiment pris pour un con...  »

Les messieurs ailés à écailles semblaient être du gros gibier. Un peu la spécialité du petit bonhomme, donc.

L'heure n'était plus aux enfantillages, et le regard de la petite se porta vers la grande porte avant de revenir à Ormen, anticipant sa réaction.

« Les questions devront attendre, j'en ai peur. »

Et sans rien ajouter, la sorcière s'avança à son tour vers l'entrée, sa silhouette changeant jusqu'à retrouver son apparence originelle, et sa démarche reprenant l'assurance qui était la sienne. Arrivée devant les portes contenant l'arrivée des agresseurs, elle avait la désagréable sensation d'avoir oublié quelque chose, avant de se rendre compte qu'elle tenait encore sa peluche sous son bras.

« Hum... »

Comme si de rien n'était, elle la dissimula rapidement derrière son dos, ni vu ni connu, enfin prête à recevoir les intrus.

Tara ramena ses cheveux en un chignon, assura ses protège-bras et tira sa lame de son fourreau.
Elle répondit d'abord à Sania avant de poursuivre sur sa lancée.

« Si Linéa nous a fait nous regrouper ici, c'est qu'elle devait se douter qu'on trouverait une solution... Par contre, même à trois on a pas tenu contre un seul de ces lézards zombies. Alors une meute c'est pas la peine. Je n'aime pas refuser un combat, mais s'ils sont trop nombreux, on sera vite dépassés...

Sire Ormen, n'avez-vous pas pu étudier la maladie ? Comment se fait-il que certains nains soient résistants ? Peut-être que nous devrions orienter nos recherches dans ce sens là ? »

D'un coup d’œil et tout en parlant, elle analysait la pièce, les défenses possibles, les points de repli éventuels. Gérer des groupes de combat n'était pas sa spécialité, mais l'Archonte lui en avait appris les rudiments.

Ce fut Tolrik qui parla:

« Je suis un batailleur de Valakas et les autres ont le même rang dans leur culte respectif. C'est ça qui nous protège... Les maladies ne nous affectent pas... M'semble que chez vous, on les appelle Archonte. Ou paladin. »

Tara observa la salle. De petits couloirs d'accès semblaient partir de chaque coté et permettraient de fuir le cas échéant mais jamais Ormen ne passerait par là. Le vénérable répondit aux questions de l'humaine:

« C'est une obscure maladie, jeune fille. Elle prive les malades de leur capacité magique au fur et à mesure... Nous avons bien essayé de cloisonner les malades au début mais les choses ne se sont pas passées comme prévues. Comment était le dragon que vous avez rencontré dehors? »

Un autre coup retentit contre la porte, celle-ci commençant à légèrement se gondoler...

Ca aurait été bien trop facile... « Ichabod, une chance que vous réussissiez à accomplir un miracle en trouvant un remède ? Il vous faut juste un patient pour faire vos tests dessus, c'est ça ? »

C'est dans ces moments là que vous regrettez d'avoir été bannie d'un culte récemment...

Elle s'avança vers la porte, en restant suffisamment loin pour pouvoir charger le premier adversaire venu. Elle lança quelques "ordres" aux nains. « Okay, s'il y a des archers parmi vous, ou des combattants à distance, qu'ils se rassemblent ici et là. » elle désigna deux angles de la pièce offrant la meilleure ligne de mire vers la porte, sans être en plein centre, au cas ou une attaque de souffle viendrait directement de l'entrée principale.

« Il faudrait aussi un mur de protection autour d'Ormen ! Duke, ils devraient pas réussir à te toucher, mais ils sont vraiment solides. J'ai à peine égratigné le mien tout à l'heure. »

Elle finit par se tourner vers Ormen de nouveau.

« Il était... différent des autres zombies. Comme le disait Alessa, il semblait plus conscient que les zombies que nous avons croisés auparavant. En tout cas, il nous a observé de près avant de passer à l'attaque. C'était un dragon vert. Une chose intéressante : quand il a soufflé son acide, les zombies que je n'arrivais pas à tuer définitivement ont été anéantis. Et ils ne se régénéraient plus après ça. »

La sorcière écouta les consignes données par la baronne avant de rajouter :

« Tara, je pencherais plutôt pour les contenir à la porte, autant que possible, pour les garder à distance d'Ormen. La moindre blessure de leur part ou exposition à leur souffle renforcera considérablement l'infection... et je crains que dans son état, nous ne puissions prendre ce risque.
Ils ne doivent pas rentrer. »

Duke lança par-dessus son épaule, sans quitter la porte des yeux, des fois qu'elle explose ou que quelque chose en jaillisse :

« Ils sont intelligents ? Parce que si non, je me glisse entre leurs pattes, et je les emmène plus loin. Vous, vous avez juste à vous cacher. Mais s'ils ont un objectif sensé... bah je peux juste les taillader, mais s'ils sont déjà morts, ça risque d'être long et fatiguant. »

Il parlait toujours de sa voix décontractée, presque légère. La voix de ceux qui regardent la mort tous les jours et finissent par ne plus craindre de danser dans ses bras.

« Celui que nous avons affronté avait toute sa tête, il était bien différent des cadavres ambulants laissés par les autres contaminés... et assez ancien à en juger la taille. Je ne pense pas qu'il se laisse piéger par ce genre de ruse. »

La jeune femme s'était postée près des portes, suffisamment sur le côté de sorte qu'un intrus ne la voit qu'après en avoir franchit le seuil. Elle commença à s'étirer avec indolence, s'ébouriffant du même coup les plumes des grandes ailes noires qui se déployaient dans son dos.

Pendant que Tara donnait des ordres et que les autres se mettaient en place, Ichabod s'était mis à incanter dans une langue qui résonnait sombrement sous les voûtes de pierre :

(en infernal) « Diables et démons, apparaissez et obéissez ! Os et venins, à moi ! A moi ! »

Alors que le dernier mot claquait dans l'air, l'air se fendit devant le prêtre pour former une ouverture sur une banquise plongée dans l'obscurité. Bientôt, deux gigantesques créatures aux corps osseux franchirent l'ouverture, alors qu'un vent glacial balayait la pièce. Quand l'ouverture se referma, les deux diables lancèrent un regard mauvais à leur invocateur, attendant un ordre.

« Démons! »

Les divers guerriers nains entrèrent en action, se dirigeant vers le prêtre pendant que les deux créatures invoquées par Ichabod se désagrégeaient à peine invoquées. Point de mur de glace mais une dizaine de nains en colère, Tolrik en tête qui pointait son marteau dans sa direction:

« Comment osez-vous invoquer votre magie impie ici? Parlez ou il vous en cuira! »

Un coup plus puissant que les autres frappa la porte, un des gonds éclatant et propulsant un morceau de métal aussi gros que Duke sur le sol...

Alessa jeta un regard inquiet vers l'énorme débris de porte qui venait d'atterrir à quelques mètres de là. L'heure n'était pas aux longues plaidoiries, et la situation était en train de prendre une méchante tournure. Elle interpella les nains qui se dirigeaient vers le prêtre.

« Je vous en prie, cet homme n'avait nullement à l'esprit de profaner ces lieux, ni même de vous causer le moindre tort. Au vu du péril qui menace de franchir ces portes, il a jugé bon d'en appeler à ces créatures pathétiques et serviles pour les jeter contre nos assaillants et aider à les contenir. Certaines circonstances exceptionnelles appellent parfois à des mesures exceptionnelles. Une décision ... discutable certes, mais le moment est fort mal venu pour en débattre.

Les portes ne les retiendront plus très longtemps. Reprenez vos position, je vous prie, la survie d'Ormen et de nous tous compte plus que ces quelques maladresses. »

En dernier recours, la jeune femme tourna son regard vers le vieux dragon, comme pour l'implorer d'intervenir si elle ne parvenait pas seule à faire entendre raison à ses gardes du corps.