Marion ne trouva pas la blague à son gout, sans doute l'ambiance sombre et les cadavres alentours n'aidant pas à la

« Non, la clochette a sonné, on a un message qui nous demande de ne pas nous séparer, que des renforts arrivent... »

La jeune femme observait les alentours avec appréhension:

« On y va? »

« Des renforts? De la part de la Rose j'imagine... bon d'accord, allons-y. »

La petite donna la main à la jeune femme.

« Ce serait dommage de se perdre dans ce dédale! »

Les deux repartirent donc en arrière, retournant à la pièce où ils avaient trouvé refuge. Au bout de quelques minutes, un halo lumineux fit son apparition et 4 silhouettes bien connues se téléportèrent sur place. Duke, Sania, Aravilan et Yael se trouvaient donc de nouveau avec eux...

Alessa se faufila entre les jambes des adultes avant de découvrir l'identité des nouveaux arrivants, avec une certaine surprise.

« Ah, c'est vous. Je ne sais pas ce qui vous a amené ici mais... bienvenue dans ce refuge improvisé, en compagnie des autres malades. Je vous croyais en route pour le Krisma, c'est Justine qui vous a prévenus de la situation? »

Elle interrogea l'intéressée du regard, s'étonnant qu'elle ait pris la liberté de les appeler, et encore plus qu'ils aient tous acceptés vu la nature du mal invisible qui les guettait ici.

« En fait », commença Sania, « On nous a pas dit grand chose. Yael, on est où là ? C'est quoi ce traquenard ? »
Sania avait suivi sans trop protester, mais elle n'aimait pas ça, pas ça du tout. Prise par les événements, elle n'avait pas encore eu le temps de trop réfléchir, mais lorsqu'elle l'aura fait .... ouais, des chances qu'elle râle plus et plus encore. Et qu'elle regrette de ne pas être partie faire cavalier seule.
Déjà payés ? Je savais bien qu'il y avait une arnaque quelque part.

Bref, Sania était Sania, et quiconque en douterait est libre de lui poser la question.

« Linéa demande à ce que vous soyez là... »

Le magicien sembla hésiter un instant avant d'ajouter:

« Elle a laissé une lettre... »

Son regard se posa sur Tara, se durcissant un instant, avant d'enchaîner:

« Les événements qui se déroulent ici nécessitent votre présence, surtout la tienne, Sania. Désolé... On se retrouvera plus tard, je dois m'occuper d'elle, j'espère que vous comprendrez... »

Le mage incanta rapidement et disparut dans une débauche d'étincelle, laissant tout le monde sur place...

Duke s'épousseta.

« Nan, moi, j'ai rien compris. On nous a juste dit que Sania avait attaqué une autre fille, puis s'était barrée. Et après Alessa, tu viens de nous dire qu'il y avait des malades ici. Voilà. »

Il leva la tête et demanda en souriant :

« Bien. Rien que de très normal, en somme. Quelqu'un a à manger ? »

Puis il regarda la pièce dans laquelle ils étaient en fronçant le nez.

Alessa ouvrit la bouche au moment où Yael commençait à incanter, mais elle n'eut pas le temps de l'arrêter.

« Il manquait plus que ça... alors c'est Linéa qui vous a fait venir, sans vous tenir un mot de ce qui se passe ici? »

La fillette marqua une pause, l'air affligée, avant d'entreprendre le résumé des évènements.

« Vous êtes à Kazad Kirn, nous avons dû nous réfugier ici pour mettre ces gens à l’abri. Après notre départ de Sanctuaire, nous avons pris la route du nord, en direction de la baronnie de Tara et nous sommes allés trouver la Rose en chemin, en espérant pouvoir mettre nos ressources en commun pour résoudre la crise politique qui secoue Vigil.
Notre rencontre n'a pas été très fructueuse, la Talion n'est plus que l'ombre de lui-même et n'a plus les ressources qui étaient les siennes. Sa seule préoccupation était le sort de ces gens que vous voyez autour de vous. Le Talion les tenait jusque là à l'abri dans un refuge au nord du royaume, à quelques kilomètres d'ici.

En arrivant là-bas, nous avons trouvés les survivants touchés par un mal étrange, certains y avaient déjà succombé... ceux que la maladie emportait se sont relevés, à l'instar de ceux que nous avons rencontrés dans le sous-sol de Naanshan. Nous avons traqué ceux qui s'étaient égarés, mais une dizaine d'entre eux manquent encore à l'appel. Mais il y a plus grave, la maladie avait déjà gagné Kazad Kirn. Nous n'avons trouvé aucun survivant chez les nains qui vivaient ici, mais ceux-là ne se sont pas relevés. Et puis, il y a les dragons, qui n'ont pas été épargnés. L'un d'eux est responsable de l'attaque du refuge, c'est lui qui nous a forcé à nous réfugier ici. Nous avons contacté un autre de ses pairs qui vit ici, du nom d'Ormen. Il avait l'air affaiblit mais il était encore de ce monde. Nous lui avons offert notre aide à ce sujet, dans l'espoir que les dragons en retour intervienne dans les troubles qui agitent Vigil... mais son état a interrompu notre échange précipitamment, et maintenant nous sommes à sa recherche. Il est quelque part ici, à Kazad Kirn. »

Son regard passa sur le visage des nouveaux venus, comme sur le point d'annoncer une mauvaise nouvelle.

« Comme nous tous ici, vous êtes maintenant porteurs de l'infection. Et même s'il n'a été en contact avec nous que brièvement, le départ de Yael pour Sanctuaire m'inquiète ... mais tout cela est dans les mains des dieux désormais. »

« Je n'ai pas tout compris. Vous avez vu des dragons ? A part le tout petit qu'on a sorti de son oeuf ? Ça existe encore, ces gros machins-là ?

Enfin ! C'est pas ce qui est important, je suppose...donc, on est malades. Super. Je crois qu'on a bien fait de revenir. Et donc, c'est mortel votre truc ? »

Duke semblait toujours aussi peu émotif. Il avait entendu parler de cette histoire de toutes petites bêtes, tellement qu'elles étaient invisibles, qui vivaient dans les gens et dont certaines étaient venimeuses. Mais il n'en croyait rien.

« En tout cas, moi, je suis pas médecin. D'ailleurs ça se soigne ?
...Vous êtes sûrs qu'on est les bons renforts ? »

Sania était devenue pâle. A croire qu'on avait dit des choses qui ne lui plaisaient pas.
« J'ai jamais attaqué une autre fille ! », aboya t-elle. « Et puis c'est pas la question, c'était Tara dans les explications, qu'elle aurait attaqué Linéa et que les cultes la cherchaient du coup. Et puis m'en fous ! »

Fébrile et sur les nerfs, elle manqua d'arracher la peau de son cou en retirant l'amulette pendante à son cou, et de mettre avec empressement un colifichet tiré du sac contenant son paiement pour "l'escorte" de Hélène.
Une fois l'échange de colliers effectué, elle parut se calmer un peu, mais restant prête à bondir au moindre problème.
Elle marmonnait frénétiquement dans sa barbe, de façon indistincte.

Charme de bonne santé hein ? Les grands esprits se rencontrent on dirait. Ou alors c'était tellement évident que ça crevait les yeux ^^

« J'ai dit Sania ? La fatigue, sans doute. Moi je veux bien essayer de retrouver Tara, mais si on se met tous à tousser du sang, on aura peut-être d'autres choses à penser. »

Pour Duke, la question restait la même : qu'est-ce qu'ils fichaient là ?

Alessa secoua la tête.

« On ne sait pas comment soigner ça, on espérait qu'Ormen ait quelque chose à ce sujet. En fait, la seule certitude qu'on ait là dessus, c'est son origine. L'infection ressemble à celle que nous avons observé dans les ruines Khydarim sur Naanshan, et avant notre arrivée, ces gens ont reçu la visite d'un autre jeune femme blonde, enfin vous saisissez... elle est la clé de tout ça.
Elle a toujours su bien s'entourer de ce côté là, Ashur et sa compagnes, que vous avez vaincu lors de notre confrontation avec Marlak étaient deux de ses anciens disciples, qui s'étaient illustrés de leur vivant en semant des épidémies sur leur sillage, avant d'être tués par la vindicte populaire.

En tout cas, j'ai eu le temps de consulter brièvement les archives de Zalios avant de venir ici, et j'ai trouvé la trace d'une infection qui avait touché les dragons il y a bien longtemps, lorsque les autres peuples se sont levés contre leurs anciens oppresseurs. Peu de trace à ce sujet, mais les dragons semblaient atteints au niveau des voies respiratoires, avant que leur flamme draconique ne finisse par s'éteindre à son tour. Lors de notre échange, Ormen affichait les mêmes symptômes et une profonde fatigue.

Et pour la maladie en elle-même, c'est assez complexe. Disons qu'elle est assez bénigne dans les premiers stades avant de gagner en virulence jusqu'à la mort du sujet. La maladie détruit les tissus sains et les régénère par une sorte de magie curative dégénérée. Ça rend la maladie plus indétectable les premiers temps, et la magie curative véritable ne peut rien pour les tissus déjà régénérés par l'infection. A terme, l'infection se généralise et les derniers tissus sains sont remplacés, provoquant la mort du sujet, et sa réanimation comme celle à laquelle vous avez été confronté dans le laboratoire. »

« Dans le labo ? Tu veux dire le gros qui croyait que tu étais à sa mère ? Donc ça rend complètement crétin ? Embêtant. Et ça ne se soigne pas. Que du bonheur. Et donc, vous avez besoin d'un coup de main pour quoi ? Retrouver la femme blonde qui te ressemble ? Ça me va. On a un moyen de remonter sa trace ? »

Puis il sortit un collier, semblable à celui que venait d'enfiler Sania, et le tendit à Alessa, qui avait presque sa taille désormais.

« Tiens petite. Si t'as pas de quoi te protéger, tu devrais enfiler ça. J'ai l'impression que si tu tombes malade, on saura plus où donner de la tête. T'en as besoin ? »

Yep, charme de bonne santé. Tu connaitrais pas l'équivalent pour le poison ?

Pour faire simple, lorsqu'on parlait de la maladie, Sania redevenait nerveuse. Enfin, plus nerveuse qu'elle ne l'était déjà. Lorsqu'on parlait d'autre chose, elle se calmait un peu. Mais pas tellement.
« Et .... pour l'instant on a pas moyen de soigner ça, c'est ça ? » Où était passée la bravade de Sania, son allant. Avait-elle peur des petites bêtes invisibles qu'elle ne peut pas trancher en deux ni carboniser avec une sphère incandescente ? Oui, et ses rhumes, rares heureusement, étaient terribles.

Le souvenir de la gifle monumental du colosse lui revenait brusquement en mémoire.

« Ah non, pas celui-là... lui, il était un peu bébête. Et puis j'ai pas l'âge pour être sa mère, je suis trop petite... je faisais référence au groupe de cadavres ambulants qu'on a croisé juste avant.
Rien ne me ferait plus plaisir que d'avoir une petite discussion en tête à tête avec la responsable de tout ça, mais d'abord il nous faut un remède pour éviter de tous finir comme ces choses. »

Elle ouvrit de grands yeux lorsque Duke lui offrit son collier. Elle appréhendait sa propre mort, pas tout à fait comme les autres, et sembla hésiter un instant.

« C'est gentil, mais tu devrais le garder pour toi. J'ai été exposée à l'infection depuis plusieurs heures et le mal est peut-être déjà trop ancré chez moi. Ça a plus de chance de marcher pour toi qui vient d'arriver... et puis pour le moment, je vais bien. Mais merci. »

La petite adressa au Duke un large sourire de gratitude, avant de reprendre.

« Les individus les plus faibles ont l'air de succomber un peu plus vite que les autres, ça n'augure rien de bon pour la petite dragonne. Ormen se réjouissait qu'elle reste loin de tout ça. »

« Ce collier dissipe aussi les maladies en cours.

Mais tu as raison, tant qu'on ne souffre pas de la maladie, pas la peine de le porter. Espérons que lorsque les symptômes se déclarent il n'est pas trop tard. »

Il fit tourner son collier du bout du doigt en allant s'asseoir, puis commença à se raser avec une de ses lames. Ça poussait, mine de rien.

« Bon, et bien j'attends que vous ayez trouvé le remède. Et quand on aura trouvé comment le cuisiner, je pourrai aider à couper les carottes. »

Dans sa conception primitive de la médecine, toutes les maladies se soignaient avec un bon potage, avec telle ou telle herbe médicinale. Et des carottes.

« On peut vaincre la maladie... »

Ichabod observa ceux qui parlaient en silence, à l'abri derrière son masque:

« Mais la question est comment? Il faudrait agir en plusieurs points, presque simultanément et je crains le résultat si on se trompe. »

S'asseyant sur un tabouret et se retrouvant avec les genoux trop haut, il se releva et expliqua:

« La maladie se présente en 3 points: le germe lui-même, les tissus nécro-régénérés et une sorte de barrière magique. La barrière protège les tissus nécrosés et régule leur apparition. Si on éradique le germe en premier, le temps de s'occuper du reste la maladie sera revenue car elle prend rapidement. Si on éradique la barrière, je crains que les tissus nécrosés ne prennent le coche et se multiplie encore plus vite...

Il faudrait un antidote ou encore, il faudrait... »

Le prêtre se tut et son regard se porta vers les villageois. Inutile d'être un génie pour comprendre qu'il parlait de faire des tests...

La fillette soupira un instant, perdue dans ses pensées.

« Si vous voulez tester votre intuition sur l'un des malades, on pourrait utiliser l'amulette de Duke pour déjà éliminer le germe et prévenir sa réapparition, le temps de s'occuper du reste. Par contre pour la barrière, je ne comprends pas bien sa nature. Quant aux tissus nécrosés, la seule chose qu'on sait capable de les détruire à coup sûr, c'est l'acide, mais ça serait surement douloureux...
Sinon d'ordinaire la magie de guérison détruit les tissus animés d'énergie nécrotique, mais avec cette forme curative dégénérée, difficile à prévoir. Il faudrait peut-être adopter la solution inverse, au risque d'endommager les tissus sains... pour être honnête, je n'en sais trop rien. »

Alessa leva les yeux vers le prêtre, l'air assez sure d'elle, après avoir pris le temps de vérifier son raisonnement en comptant préalablement sur ses doigts.

« Si vous pensez pouvoir soigner intégralement un malade mais que la seule chose qui vous arrête, c'est qu'il soit contaminé à nouveau par les autres, il existe une solution... enfin si Duke accepte, et que son charme permette de protéger un individu sain de tout risque de contamination.
Il suffit que vous passiez le collier, et que Justine vous emmène avec un premier malade loin d'ici. Justine reviens à Kazad Kirn, vous vous occupez de ce premier malade et lui dites de s'éloigner suffisamment une fois que c'est fait, quitte à ce qu'il fasse une bonne marche pour éviter les risques. Ensuite, Justine vous amène le second malade, etc. Comme ça, aucun risque de rechute puisque ceux qui seront guéris ne seront jamais en contact avec quelqu'un de contaminé. »

Elle ajouta avant de laisser un autre prendre la parole.

« Je pense à une dernière chose, c'est que si c'est la même maladie que celle qui affectait ces morts sur Naanshan, je ne me rappelle pas qu'on en soit ressortis malades après cette confrontation là-bas. Peut-être que seuls les porteurs encore vivants peuvent contaminer leurs pairs... auquel cas, la dizaine d'affamés qui nous a échappé toute à l'heure n'aurait aucun risque de se multiplier au premier village venu. »